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logue à celui d'Eygensbilsen pour les dimensions, mais d'un dessin différent. Gerhard pense que cet objet a appartenu à un diaḍème ou ornement de front; et le docteur Brunn considère ces objets comme remontant tout au plus au II° siècle avant Jésus-Christ.

Enfin dans la forêt de Hatten, auprès de deux œnochoés dont nous avons déjà parlé, lesquelles étaient renfermées dans une grande bassine de bronze, ou espèce de cratère, on a trouvé un cercle d'or fin, enroulé, mesurant 16 milliinètres de largeur et 72 centimètres de longueur, de l'épaisseur d'une feuille de papier. Cette bandelette d'or est, selon nous, la couronne qui décorait soit l'espèce de cratère, soit l'une des deux œnochoées; par exemple, celle qui était la plus large et qui aurait pu être entourée deux fois par le bandeau d'or, et dont il n'est resté que l'anse et le col (1).

LA COUPE ÉTRUSQUE.

Nous avons adressé à la Société des Antiquaires de France, une note avec un dessin à l'appui, représentant la coupe étrusque trouvée à côté de l'œnochoé, afin d'être renseigné sur l'âge de ce vase, le premier de ce genre, croyons-nous, trouvé en France. A la séance du 15 avril 1874 cette note a été lue, et M. de Witte, si compétent en pareille matière, a présenté les observations suivantes,

(4) M. Schuermans, dans son 4 opuscule sur la Découverte d'Eygenbilsen, cite deux bandeaux d'or, qu'il serait intéressant de comparer avec le nôtre, trouvés dans un tumulus à Allenlüften (canton de Berne), sépulture analogue à toutes celles où l'on a découvert des objets étrusques de ce côté-ci des Alpes.

que nous transcrivons ci-après, ne pouvant mieux que lui donner du vase une intéressante description. Nous ne pouvons cependant nous empêcher de protester ici contre un mot échappé à ce savant qui laisserait dans les esprits le doute que ce vase n'aurait pas été trouvé dans la sépulture. A défaut d'autre mérite, nous voulons au moins avoir celui de la franchise. S'il n'est malheureusement que trop vrai, que certains industriels aient cherché à tromper quelques archéologues (1), nous n'entendons nullement leur être assimilé. Dans nos quinze années de fouilles archéologiques, si naturellement nous avons tenu à augmenter notre riche collection, nous n'avons jamais perdu de vue l'intérêt de la science, ni la recherche de la vérité.

Ceci dit, nous transcrivons textuellement la note de notre collègue.

«La petite coupe à deux anses, en terre peinte, dont M. Morel envoie un dessin, est tout à fait semblable aux vases de terre peinte que l'on découvre en si grande quantité dans les nécropoles de la Toscane et de l'Italie méridionale. Cette coupe à couverte noire et à dessins rouges, montre à l'intérieur un discobole qui court de droite à gauche, tenant à la main un palet ou disque qu'il se prépare à lancer. Les exercices de la palestre et du gymnase sont souvent représentés sur les vases peints, et au nombre de ces exercices figure le jeu du disque. J'ai décrit dans mon Catalogue Durand, nos 710, 711, 712, plusieurs vases qui montrent ces discoboles. La coupe que l'on prétend avoir été trouvée dans une sépulture gauloise, offre un

(1) Revue des Sociétés savantes, 5e série, tome VIII, pages 18, 26 et 33, à propos de vases grecs trouvés, disait-on à Quimper.

(Note de M. Chabouillet, dans la Revue, tome I, 1875.)

dessin négligé; elle est d'une fabrique dont on rencontre les produits non-seulement en Étrurie, dans la grande Grèce, en Sicile, mais encore dans l'Attique, dans les Cyclades et jusqu'en Crimée. Quant à l'âge qu'on peut assigner à cette coupe, il est évident pour tout homme tant soit peu familiarisé avec les monuments de la céramique, que cette coupe ne peut pas remonter au-delà du IIIe siècle avant l'ère chrétienne, soit 200 à 250 avant Jésus-Christ.

« Ce serait la première fois, autant que je sache, qu'on aurait rencontré dans une sépulture gauloise un objet qui évidemment appartient à l'art des Hellènes. »

Voici en outre ce qu'a bien voulu nous écrire M. Schüermans, sur le même sujet :

« Les vases peints, à figures rougeâtres sur fond noir, ont, comme vous le savez, leur âge parfaitement déterminé. M. de Meester de Ravestein (Musée de Ravestein, Catalogue descriptif, 1, page 89) nous dit que les vases à figures rouges sur fond noir, ont été fabriqués postérieurement aux vases à figures noires.

« Aussi trouve-t-on les dessins les plus corrects et les formes les plus élégantes dans les vases à figures rouges. C'est au siècle de Périclès qu'appartiennent la plupart des amphores de Nola, dont la terre est extrêmement fine et dont les figures sont d'un jaune rougeâtre sur fond noir brillant. Donc, v° siècle, Ive siècle, pour les fonds mats, la décadence se rapportant au IIIe siècle avant l'ère chrétienne.

M. Agemans (Un cabinet d'amateur, p. 138) fait remarquer que les figures des vases de l'Apulie, au lieu d'être rouges comme celles des vases de la Grèce, sont jaunes; ce serait donc l'Italie du vo ou Ive siècle qui nous aurait apporté notre cylix ou calix. »>

Le cimetière de Marzabatto, soigneusement étudié par M. le comte de Gozzadini a fait voir un de ces vases peints, mais à figures noires sur un fond clair, par conséquent, bien antérieur à notre coupe, attendu qu'il est constaté que les vases de l'espèce ont été fabriqués du vie au Iv siècle avant Jésus-Christ. Parmi les nombreux vases étrusques, du musée du Louvre, provenant de la collection Campana, nous n'avons remarqué qu'une seule coupe du même style, de la même forme et de pareille grandeur (13 centimètres de diamètre). Le sujet représente un Satyre saisissant un renard par la queue, cette dernière partie étant seule visible. (Catalogué sous le n° 264, salle Charlemagne.)

Le n° 5 du Bulletin Monumental de l'année 1875, nous donne le dessin d'un vase style Italo-Grec récemment découvert à Alcaçer do Sal (Portugal), par M. da Silva, architecte du roi. Ce serait la seconde découverte de vase étrusque, connue de nous, en dehors des lieux où on les trouve habituellement.

LE VASE DE TERRE.

Le grand vase de terre rouge qui avait été placé aux pieds du guerrier, à côté de l'œnochoé et de la coupe étrusque, est entièrement brisé; à en juger par les nombreux débris qui nous restent, il devait être en tout semblable à celui que nous avons trouvé intact dans une large fosse du cimetière de Marson, laquelle avait été l'objet d'une violation de sépulture (1).

(1) Ce vase figure dans la première livraison de notre Album du cimetière de la Marne, ou Matériaux pour l'Histoire de la Champagne souterraine (figure 5, planche V).

Cette terre rouge est essentiellement gauloise et ne ressemble en rien à la terre dite de Samos, qu'on ne retrouve qu'à l'époque romaine.

Nous avons fini la description et la comparaison des objets trouvés dans la fosse principale, il ne nous reste plus maintenant qu'à inventorier rapidement les autres objets, non moins intéressants, qui avaient été déposés au moment des funérailles du guerrier, à l'endroit qui avait été creusé au pied de la fosse pour recevoir le timon du char, en même temps que les harnais des chevaux. Nous devons mentionner d'abord les six terminaisons de bronze qui, selon nous, devaient servir à consolider le bout du timon. Elles sont cannelées, faites au repoussé et présentent deux rainures creuses à l'intérieur. A la partie extérieure elles sont revêtues chacune d'une lamelle de fer martelé, faisant saillie et destinée à leur donner plus de solidité. Elles affectent une forme demi-ovale, et ont été trouvées en place, se touchant toutes.

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De chaque côté de l'extrémité du timon, avaient été placés intentionnellement dans leur position normale et non jetés au hasard, les deux mors des chevaux. Ces mors, que l'on désigne sous le nom de mors brisés, sont en fer. Leur longueur, entre les anneaux, n'est que de huit centimètres, ce qui laisse à penser que les chevaux étaient de petite taille. Les anneaux des mors sont en bronze, d'une largeur d'un centimètre; le diamètre extérieur est de sept centimètres; ils ne sont pas ronds, mais un peu aplatis.

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