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j'espère le faire tout à l'heure, que nos ancêtres néolithiques croyaient à une autre vie.

En résumé, les trépanations posthumes se faisaient ordinairement et peut-être même exclusivement sur les sujets qui avaient survécu longtemps à la trépanation chirurgicale. Ceux-ci n'étaient pas nécessairement soumis à l'opération posthume, puisque l'on trouve un assez grand nombre d'ouvertures chirurgicales parfaitement intactes. C'est probablement parce que la famille s'opposait souvent à la mutilation du cadavre; peut-être aussi ne se décidait-on à pratiquer les sections posthumes que lorsque le nombre des amulettes en circulation ne suffisait pas aux besoins de la tribu.

(La fin au prochain numéro.)

DES ALAINS, DES THEIPHALES, DES AGATHYRSES

ET

DE QUELQUES AUTRES PEUPLADES SARMATES OU SLAVES

DANS LES GAULES

PAR M. GUSTAVE LAGNEAU

M. Miller et M. Marcus ont écrit l'histoire détaillée des Vandales ou Vénèdes (1), peuple considérable, assez généralement regardé comme étant de race sarmate; je désire parler brièvement aujourd'hui d'autres peuplades sarmates ou slaves beaucoup moins importantes : des Alains, des Theiphales, des Agathyrses, des Ruthènes ayant pénétré dans les Gaules et paraissant s'y être partiellement fixés d'une manière plus ou moins durable (2). Dès le milieu du premier siècle après Jésus-Christ, Pline fait mention des Alains, Alani, à côté des Sarmates ou Sauromates, des Rhoxolans (3). Au siècle suivant, J. Capitolinus en parle à propos de Marc-Aurèle Antonin, et semble également les placer à côté des Rhoxolans, des Bastarnes et des Peucins (4). Arrien, qui, dès ce deuxième siècle, écrivit une histoire des Alains (5), ce qui témoigne de l'importance alors accordée à ce peuple, ainsi que le remarque M. Egger (6), range ces Alains à côté des Sarmates en parlant de leur armement, de leur tactique militaire et de leurs incursions (7). Lucien semble les rapprocher des Scythes (8). Ptolémée indique les Alains Scythes, 'Ahauvot Exú0xı,

(1) Louis Marcus, Histoire des Vandales, 2o édit. Paris, 1838.

(2) En 1861, dans ma Notice-Questionnaire sur l'anthropologie de la France, j'ai déjà attiré l'attention sur les colonies d'Alains et de Theiphales dans les Gaules; voir Bull. de la Soc. d'anthrop., t. II, p. 363-366. 16 mai 1861. (3) Alias Sarmatæ, Græcis Sauromatæ... mox Alani et Rhoxolani. Pline, liv. IV, cap. xxv, t. I, p. 198; texte et trad. de Littré.

...

(4) Rhoxolani, Bastarnæ, Alani, Peucini, Castoboci. J. Capitolinus : Marc Antoninus Philosophus, XXII, Histoire Auguste, p. 347, coll. Nisard. (5) Arrien, Parthica, no 1, p. 248, coll. Didot.

(6) Nouvelle Biographie générale, de Didot; ARRIEN, par Egger, t. III, p. 356. (7) ... ἐν τῇ ἐπελάσει ἐξωθοῦντες, ὡς ̓Αλανοῖ καὶ Σαυρομάται. Arrien, Ars tactica, IV, p. 266, coll. Didot.

(8) ... xcɩvà yàp taũta Åλavcīç xai Exúαıç, Lucien, Toxaris seu amicitia, XLI, § 51, p. 440, coll. Didot.

comme habitant au-delà de la Méotide, la mer d'Azof, dans l'intérieur des terres, auprès des Rhoxolans, des Amaxobes, des Stananes et des Stournes (1). Au troisième siècle, Flavius Vopiscus, en énumérant les captifs des nations vaincues figurant au triomphe d'Aurélien, parle également des Alains à côté des Rhoxolans, des Sarmates et des Goths (2). Ces Alains, ainsi que le disent Claudien (3), Flavius Josèphe (4) et Procope (5), auraient habité au nord de la chaîne du Caucase et des Portes caucasiennes, ainsi que dans ces montagnes, à l'ouest de la mer Caspienne, au sud du Tanaïs et à l'est de la Méotide, auprès des Abasgues et des nations gothiques. Les monts Alana, tà 'Aλavá čpŋ, situés dans la Scythie en deçà de l'Imaüs, plus vers l'est, d'après Ptolémée (6), indiquaient aussi une station orientale de ces Alains, car Ammien Marcellin parle de peuples confondus sous la dénomination commune d'Alains, s'étendant dans les deux parties du monde, en Europe et en Asie jusqu'auprès du Gange (7). Au quatrième siècle, Marcien d'Héraclée les montre s'avançant plus à l'ouest, auprès du Borysthène, le Dniepr, et du Pont-Euxin, la mer Noire (8). Vers le dernier tiers de ce quatrième siècle, attaqués

(1) Καὶ ἐνδοτέρω τούτων (Ροξολανῶν) εἴ τε Αμαξόβιοι καὶ οἱ ἐλαυνοί Σκύθαι. Ptolomée, iv. III, chap. v, p. 200.

Καὶ Στανανοὶ μέχρι τῶν ἐλαυνῶν... μέχρι τῶν ἐλαυνῶν Στουρνο, Ptolémée, loc. cit., p. 201.

(2) Gothi, Alani, Roxolani, Sarmatæ, ... religatis manibus captivi præcesserunt. Flavius Vopiscus de Syracuse: Aurélien, XXXIII, Histoire Auguste, p. 581; coll. Nisard.

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(3) que bibens Mæotida Alanus. Claudien, Invectives contre Rufin, p. 568, coll. Nisard.

(4) Τὸ δὲ τῶν ̓Αλανῶν ἔθνος ὅτι μέν εἰσι Σκύθαι περὶ τὸν Τάναϊν καὶ τὴν Μαιώτιν λίμνην XXтсIXUVтEÇ πротepov... Flavius Josèphe, De Bello Judaico, liv. VII, cap. vu, § 4, t. II, p. 321; texte et trad. lat. de Dindorf, coll. Didot.

(5) ... ὄρος ὁ Καύκασος· ἐνταῦθα ἔθνη ἄλλα τε πολλὰ καὶ Αλανοί τε καὶ ̓Αβασγοὶ ᾤκηνται. Procope, De Bello Persico, liv. II, § 29, t. I, p. 288; texte et trad. latine de Niebuhr.

Ταύτην δὲ τὴν χώραν, ἢ ἐξ ὅρους τοῦ Καυκασίου ἄχρι ἐς τὰς Κασπίας κατατείνεν πύλας, A2avot youaty, autóveμev vs. Procope, De Bello Gothico, liv. IV, § 3, t. II, p. 469; voir aussi liv. I, p. 6.

(6) Ptolémée, loc. cit., liv. VI, cap. xiv, p. 427.

(7) Ibi partiti per utramque mundi plagam Alani... Ammien Marcellin, XXXI, § 2, p. 349.

(8) Τῶν ̓Αλανῶν Σαρμάτων ἔθνος, παρ ̓ εἰς τοῦ Βορυσθένους ποταμοῦ τοῦ εἰς τὸν Πόντον. Her. Marcien, Périple de la mer extérieure, § 39; Geographi Græci Minores, p. 559, t. I, coll. Didot.

par les Huns, les Alains, qu'Ammien Marcellin regarde comme les anciens Massagètes, en partie tués ou dépouillés de leurs biens, se seraient divisés en deux groupes. Les uns se seraient retirés dans la partie méridionale de leur territoire, sur le versant nord du Caucase (1), et auraient laissé de leurs descendants sur les bords du Terek et de l'Ouroup, où, sous le nom d'Ossètes, au nombre de quarante mille, ils vivraient encore, gouvernés par un chef résidant à Kasbeck (2). Ces Ossètes du haut Terek, d'après la carte ethnographique de Russie, de M. Rittick, habiteraient principalement à l'ouest de ce fleuve un territoire situé à l'est des Grouziens et au sud des Kabardiens.

La plupart des Alains, entraînés par l'impulsion migratoire qui portait tant d'autres peuples vers les frontières de l'empire romain, traversant l'Europe de l'est à l'ouest, se trouvaient à la fin du quatrième siècle auprès du Rhin, où Renatus P. Frigeridus les montre sous la conduite de Goare, s'alliant soit aux Romains, soit aux Vandales (3). Ils franchirent le Rhin en même temps que les Vandales, la veille des kalendes de janvier de l'année 406, ainsi que l'indiquent saint Prosper d'Aquitaine (4) et Paul Orose (5), et pénétrèrent dans les Gaules. De ces Alains immigrés dans les Gaules, quelques peuplades ou plutôt quelques corps ou troupes de soldats paraissent y être restés, mais la plupart d'entre eux, ainsi que les Suèves, ainsi que les Vandales, franchirent les Pyrénées pour aller se fixer en Hispanie, soit dans la Lusitanie, soit

(1)... hominum genus (Hunnorum)... ad usque Alanos pervenit, veteres Massagetes... Igitur Hunni pervasis Alanorum regionibus, quos Grecithungis confines Tanaitas consuetudo nominavit, interfectisque, multis et spoliatis... Ammien Marcellin, liv. XXXI, cap. 1 et 1, p. 247, etc.

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(2) Voir Prichard, Hist. nat. de l'homme, t. I, p. 241 et 342. Paris, 1843. Houzé, Atlas univ. hist. et géogr. Russie, carte I; Espagne, carte II, etc. (3) Goare ad Romanos transgresso... cunctis Vandalorum ad internecionem delendis, ni Alanorum vis in tempore subvenisset. Renatus Profuturus Frigeridus, cité par Grégoire de Tours, liv. II, cap. ix, p. 154 du tome I; texte et trad. de J. Guadet et Taranne.

(4) Vandali et Alani Gallias trajecto Rheno pridie kal. januarias ingressi. Prosper d'Aquitaine, Chronique: Magna Bibliotheca Veterum Patrum, t. V, pars III, p. 192, 1618; rapporté aussi par Dom Bouquet, Rec. des hist. des Gaules, t. I, p. 627.

(5) ... gentes Alanorum, ut dixi, Suevorum, Vandalorum, multæque cum his aliæ Francos proterunt, Rhenum transeunt, Gallias invadunt, directrique impetu Pyrenæum usque perveniunt. Paul Orose, liv. VII, cap. XL, ann. Chr. 406, dans Dom Bouquet, Rec. des hist. des Gaules, t. I, p. 597.

dans la Carthaginoise des deux côtés du cours moyen du Tage. En partie détruits durant leurs guerres avec les Suèves, les Romains et les Wisigoths, à la mort de leur roi Atax, en 418, les Alains d'Hispanie se soumirent aux Vandales et passèrent avec eux dans le nord-ouest de l'Afrique, dans la Mauritanie, actuellement le Maroc et l'Algérie (1).

Quant aux Alains restés dans les Gaules, ils paraissent s'être fixés sur différents points de notre territoire. Prosper Tiron dit que sous le règne de Théodose les campagnes désertes voisines de la ville de Valence sur la rive orientale du Rhône furent livrées aux Alains que commandait Sambida (2). La Notice des dignités de l'empire d'Occident indique qu'un corps d'Alains et de Sarmates résidait dans le pays de Roanne (3).

Vers 447, des Alains commandés par Eocarick, ainsi que l'indiquent Prosper Tiron (4), Constance (5) et Heric (6), les biographes de saint Germain, occupaient l'Armorique, qu'Aëtius leur avait livrée pour en prévenir la rébellion. Ils avaient dû en partager les terres avec les habitants. En 451, lors de l'invasion

(1) Procope, De Bello Vandalico, liv. I, § 5, p. 334 du tome I; texte et trad. latine de Niebuhr.- Voir Houzé, Atlas univ. hist. et géogr., carte d'Espagne, II.

(2) Deserta Valentinæ urbis rura Alanis quibus Sambida præerat partienda traduntur. Prosperi Tironis Chronicon, dans Antiquæ Lectiones Henrici Canisii, t. I, p. 172; Ingolstadii, 1601.

(3) Præfectus Sarmatarum Gentilium per tractum Rodunensem et Alaunorum. Not. Dignit., cap. XL, § 4, p. 122.

(4) Alani, quibus terræ Galliæ Ulterioris cum incolis dividendæ a patricio Aetio traditæ fuerant, resistentes armis subigunt, et expulsis dominis terræ possessionem vi adipiscuntur. Prosperi Tironis Chronicon, Antiq. Lect. H. Canisii, t. I, p. 172.

(5) Ann. Chr. 447. Offensus enim superbæ insolentia regionis vir magnificus Aetius, qui tum respublicam gubernabat, Eocarichi ferocissimo Alanorum Regi loca illa inclinanda pro rebellionis præsumptione permiserat, quæ ille aviditate barbaricæ cupiditatis inhiaverat. Constantius, Presbyter: Vita sancti Germani episc. antissiod. scripta circa ann. Chr. 488, apud Bolandianos, XXXI julii, dans Dom Bouquet, Rec. des hist. des Gaules, t. I, p. 643, in-fol.

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Pertæsus tumidæ mores et crimina gentis
Vastandam rigidis tandem permisit Alanis.
Rex erat his Eochar, belua crudelior omni.

Hericus, Vita sancti Germani, dans Dom Bouquet, loc. cit., t.1, p. 643, en note.

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