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Le directeur: P. BROCA.

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Le secrétaire de la rédaction: P. TOPINARD.

Le gérant: E. LEROUX.

SUR L'ANGLE ORBITO-OCCIPITAL

PAR M. BROCA.

J'appelle angle orbito-occipital l'angle qui mesure l'inclinaison du plan du trou occipital sur le plan biorbitaire, c'est-à-dire sur le plan horizontal déterminé par les deux aiguilles orbitaires.

Avant d'étudier cet angle, il est nécessaire de donner d'abord quelques explications sur le plan biorbitaire, puis d'apprécier la valeur des procédés auxquels on a eu recours jusqu'ici pour déterminer le degré de l'inclinaison du plan du trou occipital.

§ 1. LE PLAN BIORBITAIRE.

Tous ceux qui ont étudié le problème si compliqué de l'attitude de la tête humaine, savent qu'aucun des plans déterminés anatomiquement sur le crâne n'est réellement fixe, qu'aucun surtout n'est absolument et constamment horizontal. Les recherches craniologiques exigent cependant que le crâne soit orienté d'une manière précise, et chaque auteur choisit à cet effet le plan qui lui paraît à la fois le moins variable et le plus rapproché de la direction horizontale; l'un donne la préférence au plan de Camper, d'autres au plan de Baer, ou au plan de Merkell, ou au plan alvéolo-condylien, etc. Ces divers plans sont loin sans doute d'avoir le même degré de précision et d'exactitude; tous néanmoins donnent au crâne humain une direction qui, le plus souvent, ne s'éloigne pas beaucoup de l'attitude naturelle.

Mais les anthropologistes se priveraient d'une de leurs ressources les plus fécondes et les plus instructives, s'ils renonçaient au concours de la craniologie comparée. Lorsqu'on veut apprécier la signification des différences que présente, suivant les individus et suivant les races, un caractère morphologique ou craniométrique, il est nécessaire d'étudier le même caractère dans la série des mammifères, ou au moins dans la série des primates. La question de l'attitude de la tête ne se pose donc pas

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seulement pour l'homme; elle se pose aussi pour les autres animaux. Or, il est de toute évidence que tous les plans anatomiques qui donnent au crâne humain une direction plus ou moins naturelle, donnent au crâne de la plupart des animaux une attitude très-fausse et très-choquante.

Au milieu des divergences énormes que présentent chez les mammifères tous les caractères craniologiques, à raison du développement relatif des diverses parties du crâne et de la face. il n'y a qu'un fait constant, et ce fait n'est pas de l'ordre anatomique, il est de l'ordre physiologique : c'est la direction naturelle du regard vers l'horizon. Un animal doit pouvoir vivre avec ses pareils; c'est avec eux qu'il entretient ses relations les plus essentielles; ce sont eux surtout qu'il a besoin de voir. En outre, dans toutes les actions de sa vie, soit qu'il cherche sa proie, soit qu'il surveille l'ennemi, il a besoin d'explorer au loin les objets qui l'entourent. La direction la plus utile et par conséquent la plus ordinaire de ses yeux est donc celle qui les porte vers l'horizon. Lorsque les yeux peuvent, sans effort ni travail, prendre cette direction, la tête est dans son attitude naturelle. Laissons dire au poëte que l'homme regarde fièrement le ciel, et que l'animal regarde humblement la terre. Tous deux regardent naturellement l'horizon, et c'est précisément là ce qu'il y a de commun entre eux.

Des expériences physiologiques que j'ai exposées ailleurs (1) prouvent que le point le plus sensible de la rétine est celui qui reçoit les rayons horizontaux, lorsque l'homme debout regarde naturellement devant lui. Ces expériences, que l'observateur fait sur lui-même, ne peuvent être répétées sur les animaux; mais il est extrêmement probable que les conditions physiologiques sont les mêmes chez eux, et que les objets placés au niveau de leur tête sont ceux qu'ils voient le plus nettement.

Ce plan de la vision horizontale est purement physiologique. On peut néanmoins le retrouver sur le crâne, avec une approximation suffisante, à l'aide d'un procédé fort simple. Supposez une ligne tirée, de chaque côté, du trou optique au centre de l'ouverture, orbitaire; cette ligne représentera assez exactement la direction naturelle de l'axe de l'œil au repos; on la détermine aisément à l'aide de l'aiguille orbitaire et de l'orbitostat.

(1) Sur le plan horizontal de la tête, et sur la méthode trigonométrique, dans Bull. de la Soc. d'anthrop., 1873. 2e série, t. VIII, p. 66-68.

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