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de Baoussé-Roussé, qui ont donné un nombre extraordinaire de coquilles marines, bien que sur le bord immédiat de la Méditerranée, contenaient aussi quelques espèces océaniques, au moins six, contre soixante-seize espèces méditerranéennes. Les fossiles seraient tous de gisements assez rapprochés, sauf le cerithium cornucopiæ, connu avec son test seulement en Angleterre et à Valogne (Manche). M. Fischer cite aussi l'ammonites Lyelli, qui d'après la roche lui parait provenir de la Perte du Rhône (Ain); mais dans les Alpes-Maritimes cette espèce se trouve parfois avec un aspect à peu près semblable.

M. A. Quiquerez, l'infatigable chercheur du Jura bernois, qui a déjà fait connaître un gisement magdalénien dans cette partie de la Suisse, au moulin de Liesberg, signale une nouvelle station dans le lehm de Bellerive, près Delémont. Les silex taillés sont nombreux. Ce sont généralement des lames et des grattoirs, ainsi que des nucléus. La poterie fait entièrement défaut, bien qu'il y ait des traces de foyers. Mais le renne manque. Il est remplacé par le cerf et le chevreuil. On a pourtant trouvé une lamelle de dent de mammouth. A quelle époque appartient ce gisement? Est-il magdalénien? Sert-il de transition ou de passage entre la période paléolithique et la période néolithique ? C'est fort possible. Dans ce cas il présenterait le plus grand intérêt.

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III

L'époque néolithique dans l'arrondissement de Saint-Quentin, par J. Pilloy et G. Lecocq. Saint-Quentin, 1876, 71 pages et 1 planche in-8°, 1 carte in-folio et 72 figures. Excursion sur le littoral de Gascogne. Rapport, par Dulignon-Desgranges. Bordeaux, 1876, in-8°, 22 pages, 5 figures. Le Havre avant l'histoire et l'antique ville de l'Eure, par L.-Charles Quin. Le Havre, 1876, in-8°, 43 pages. A propos de quelques monuments celtiques du Dauphiné, par Eugène Chaper, 1876, in-12, 25 pages. Tiré à 100 exemplaires.- Miscellanées. Excursion du Club alpin français (section d'Auvergne) aux lacs de Servières et d'Aydat (Puy-de-Dôme), par Léon Chabory et Léon Vacher. Paris, 1875, in-8°, 6 pages. Nuove scoperte preistoriche nelle provincie napolitane, par G. Nicolucci. Naples, 1876, in-4o, 9 pages. Trouvailles de l'age de la pierre dans le bassin du lac de Neusiede, par Béla Széchenyi. Budapest, 1876, in-8°, 40 pages, 6 planches et 1 carte. Résultat des recherches exécutées dans les lacs de la Suisse occidentale depuis l'année 1866, par V. Gross. 1876. Zurich, chez Orell, Füssli et Ce, 8 fr., in-4o, vi, 70 et xv pages, 24 planches.

Une excellente monographie des restes de l'époque néolithique dans l'arrondissement de Saint-Quentin a été publiée par MM. J. Pilloy et G. Lecocq. Les auteurs, grâce à des recherches poursuivies avec sagacité et persévérance, sont arrivés à recueillir en abondance des débris de l'époque robenhausienne disséminés à peu près dans toutes les communes de l'arrondissement; ils en désignent nominativement soixante-cing où ces restes ont une certaine importance. Cela démontre: 4° que l'époque robenhausienne ou de la pierre polie a duré fort longtemps; 2° que pendant cette époque l'arrondissement de Saint-Quentin était déjà occupé à peu près dans toutes ses parties par une population assez dense. Un autre grand

mérite de la monographie de MM. Pilloy et Lecocq, c'est qu'elle est accompagnée de quelques plans et surtout de nombreux dessins donnant bien plus exactement l'idée des formes que les meilleures descriptions. C'est un modèle qu'il serait très-heureux de voir imiter partout en France. Dans une excursion sur le littoral de Gascogne, MM. Daleau, Motelay et Dulignon-Desgranges ont examiné plusieurs stations préhistoriques; l'une, commune de Soulac, à 150 mètres au sud de la Passerelle des Olives. Sous la dune, au milieu d'un sable noir et grisâtre, se rencontrent des débris de poteries et des silex taillés.

Au Gurp, commune de Grayan-et-l'Hôpital, à 9 kilomètres de Soulac, sur une falaise abrupte, également au-dessous de la dune, se trouve une couche sablo-cendreuse avec débris de poteries et foyers, mais sans silex. M. Daleau y a trouvé une véritable fibule et un disque en bronze qui peut être une monnaie fruste. Plus bas existe une couche marno-sableuse à la surface de laquelle se rencontrent des silex taillés, tous de petites dimensions. Ce sont des grattoirs, des perçoirs, des ébauches de pointes de flèche et quelques-unes de ces pointes finies, avec ailerons, enfin quelques fragments de haches polies. La petitesse des pièces vient de ce qu'elles sont faites avec les cailloux siliceux des environs, qui ne dépassent pas la grosseur du poing.

Plus au sud, à la Pinasse, il y a encore une station analogue.

Enfin, sur les bords de l'étang de Lacaneau, il y a aussi une station, ancien atelier, donnant des pièces encore plus petites que les précédentes, parce que les cailloux matrices sont aussi plus petits. Quelques personnes ont cru voir dans ces petits éclats des instruments de tatouage. M. Dulignon-Desgranges pense qu'ils étaient destinés à armer des harpons. Je crois tout bonnement que ce sont des outils usuels qui ne sont restés si petits qu'accidentellement, faute de matière première plus grande.

La position des stations sous les dunes montre combien le littoral de la Gascogne a varié depuis les temps préhistoriques. Des variations analogues s'observent à peu près partout sur le littoral. Dans son intéressante brochure: Le Havre avant l'histoire, M. Charles Quin en cite un curieux exemple. La ville du Havre est construite, au moins en majeure partie, sur une vaste couche de tourbe qui atteint jusqu'à 1 ou 2 mètres d'épaisseur. Cette couche a souvent sa surface à un niveau un peu inférieur aux hautes mers. De plus, des lits plus profonds se sont montrés bien au-dessous des mers moyennes et même des basses mers. Pourtant toute cette tourbe est de formation d'eau douce, sans aucune influence d'eau marine. De plus, elle ne contient ni vase, ni sable, ni cailloux. Il y a donc eu un mouvement du sol. Autrefois le territoire du Havre devait se trouver séparé de la mer et préservé des inondations vaseuses et sableuses de la Seine. Mais une hache polie de diorite provenant des fronts ouest de la ville et une trouvaille d'un groupe de haches votives de bronze, à douille et anneau, faite à Notre-Dame-desBois, prouvent que la formation de la tourbe est antérieure aux périodes néolithiques et bohémiennes.

Il nous reste en fait de courses à signaler deux brochures. L'une est une Requête adressée à MM. les touristes et membres du Clup alpin par un de leurs confrères, M. Eugène Chaper. Cambry, en 1805, a publié, d'après Hericart

de Thury, homme de beaucoup d'imagination, une série de monuments mégalithiques, menhirs, cromlechs et dolmens, se trouvant en Dauphiné. Personne n'a vu depuis ces prétendus monuments. M. Chaper, questionné par la Commission de la topographie des Gaules, dont il est un des correspondants, s'adresse à tous les touristes pour obtenir des renseignements.

L'autre est le récit d'une excursion de la section d'Auvergne du Club alpin aux lac de Servières et d'Aydat. Il existe un camp à double enceinte près du lac de Servières. Fossés et enceintes en terre sont partout nettement dessinés. Deux solutions de continuité, l'une au sud, l'autre à l'ouest, correspondent aux portes. L'espace circonscrit par le fossé intérieur est au moins de 4 hectares. Dans l'intérieur on a trouvé un fer de cheval. Au nord du camp se voit un tumulus de 120 mètres de circuit à la base, et de 9 mètres de haut, composé de terre prise autour, ce qui a constitué un fossé circulaire. Les fossés du tumulus et de l'enceinte sont au niveau du lac. Des fouilles ont été commencées dans le tumulus, mais les habitants du pays les ont empêchées, ne voulant pas laisser prendre le trésor qu'ils croient y être caché. On a reconnu que le tumulus, formé de terre, contenait du charbon et des tessons de poterie grossière. En remontant vers l'est du lac et allant dans la direction du Puy-deCouperet, on rencontre sur un parcours de plusieurs kilomètres de nombreuses dépressions de terrain rangées en files parallèles. Ces dépressions. artificielles sont identiques de forme et de dimensions. Elles mesurent 12 à 15 mètres carrés de superficie et présentent sur l'un de leurs côtés, le même pour chaque file, une saignée. Ce sont probablement des vestiges d'habitations, et la saignée correspond à l'entrée. Il y a de six à huit mille de ces excavations sur le flanc nord du Puy-de-Couperet, à une altitude de 1 200 mètres.

Passons à l'étranger.

Le 5 août 1876, M. Nicolucci a rendu compte à l'Académie des sciences physiques et mathématiques de Naples des nouvelles découvertes faites dans les provinces napolitaines. D'intéressantes et abondantes récoltes ont eu lieu dans presque toutes ces provinces. Parfois on y trouve des stations importantes; ainsi dans les Abruzzes, province d'Aquilana, commune de Campo di Giove, M. Alessandro Colaprete a découvert deux stations, à 1064 mètres d'altitude, dans lesquelles il a recueilli plus de 2000 silex travaillés.

Les grottes n'ont donné que des repaires d'ours ou des stations néolithiques.

Parmi les instruments recueillis, il en est quelques-uns en jadéite: une élégante hache, à bords rabattus, longue de 50 millimètres, large de 45, trouvée à Santa Croce, province de Chieti, et quatre autres petites haches dans l'île de Capri.

Les instruments en silex sont souvent fort beaux. Ainsi, un couteau en silex de Montorie ne' Frontani (Abruzzes) est long de 21 centimètres; un autre, des Calabres, a 20 centimètres. Les pointes de lance, en forme de pointes de flèche, se font surtout remarquer par leur fini et leurs grandes proportions; un échantillon de la Campanie mesure 125 millimètres de long sur 25 millimètres de large.

Des instruments de forme ancienne se trouvent parfois dans les couches supérieures du sol. Le major Angelucci a recueilli dans les Pouilles, à San Severo et à Torre Maggiore, des haches acheuléennes, et M. Nicolucci, dans la Terre de Labour, des pointes moustériennes.

Les instruments les plus intéressants trouvés dans l'Italie méridionale sont des marteaux-haches, avec sillon autour de la partie centrale, pour maintenir le manche qui les entourait, marteaux semblables à ceux qui sont si fréquents en Amérique. Ils proviennent des Calabres et sont en roches diverses: micaschiste, diorite, granite.

Les Calabres ont aussi fourni des gouges en diorite et euphotide, aussi bien taillées que celles de la Scandinavie.

L'instrument le plus curieux est une emmanchure de hache en bois de cerf. Elle provient d'une grotte du Monte Asperano, près Roccasecca, Terre de Labour. C'est un andouiller basilaire de cerf avec un tronçon du bois. Ce tronçon est creusé de manière à servir de gaîne à une petite hache en pierre. Cette emmanchure est semblable à celle trouvée à Concise.

Reste l'obsidienne. M. Cerio, à Capri, dans une seule station, a trouvé plus de mille pièces au milieu d'un nombre bien plus grand de débris. Il y avait là bien certainement un atelier de taille, bien que l'obsidienne ne se trouve pas naturellement dans l'île. Il a fallu l'apporter de l'île voisine de Procida ou des îles Eoliennes. M. Nicolucci a aussi trouvé pour la première fois des instruments en obsidienne dans la province de Labour, à Sora et dans deux autres localités.

Le lac de Neusiede, en Hongrie, est un de ces lacs singuliers, qui s'accroissent et diminuent successivement, qui disparaissent même parfois, pour reparaître ensuite. Pendant une période de grande décroissance en 1874, M. le comte Béla Széchenyi,'un des propriétaires riverains de ce lac, y a découvert de nombreux objets de l'époque robenhausienne, voire même de la fin de cette époque. Il y a 96 haches ou fragments de haches polies et 31 marteaux-haches, avec large trou d'emmanchure, le tout en roches diverses. Les fragments de poteries abondent, la récolte en contient plus de 260. Les os ou dents sont beaucoup moins abondants. Ces divers objets, répandus un peu partout, se trouvaient surtout groupés sur deux points principaux, à l'extrémité sud du lac. Pourtant, il ne parait pas y avoir eu là de stations lacustres. Les pilotis font complétement défaut.

M. Ferdinand Keller, le savant archéologue auquel nous devons la découverte des habitations lacustres, vient de publier le Siebenter Bericht ou septième rapport de ses Pfahlbauten. Il est tout entier consacré à un remarquable travail de M. le docteur V. Gross, de la Neuveville, intitulé: Résultats des recherches exécutées dans les lacs de la Suisse orientale depuis l'année 1866. L'auteur cite et décrit dans le lac de Bienne, comme stations de la pierre, Locras, Hagneck, Latringen, Sutz, Douane, Chavannes; comme station de la pierre et du bronze, Gerofin; comme bronze, l'île Saint-Pierre et surtout Möringen, station qu'il a principalement étudiée et qui lui a fourni les documents les plus curieux. Au lac de Neuchâtel, il ne parle que de la station du bronze d'Auvernier et de la sépulture mégalithique ren

contrée, dans la même localité, près du lac. Du lac Morat, il dit quelques mots de la station de Greng, qui paraît intermédiaire entre la pierre et le bronze. En guise de complément, M. Gross joint à son travail des notes : de M. F.-A. Forel sur les trois stations de Morges et sur celle de Nyon, au lac de Genève; de M. Rütimeyer sur quelques crânes d'animaux d'Auvernier et de Sutz; de M. Edmond de Fellenberg sur deux pirogues formées chacune d'un seul tronc d'arbre, de Vingelz; de M. Uhlmann, sur la flore de Möringen; enfin, de M. Ch. Studer, sur la faune terrestre de Locras et de Möringen. Les notes de MM. Rütimeyer, Fellenberg, Uhlmann et Studer sont en allemand, tout le reste est en français. Ce qui ajoute un grand mérite au mémoire de M. Gross, ce sont les vingt-quatre planches, contenant quatre cents figures différentes, un vrai musée lacustre.

IV

L'ela della pietra in Tunisia, par Giuseppe Bellucci. Rome, 1876, in-8°, 43 pages, 3 grandes pl.-Los aborigenes Ibericos o los Berberes en la Peninsula, par Francisco M. Tubino. Madrid, 1876, in-8°, 126 pages. Los habitantes primitivos de España, par G. Macpherson. Madrid, chez Aribau et Ce, 1876, in-8°, 39 pages.-Estudios historicos, climatologicos y patologicos de las Islas Canarias, par Gregorio Chil y Naranjo. Palmas de la Grande Canarie, chez G. Miranda, 1876 (Paris, chez E. Leroux), in-4o, par livraisons de 8 pages. Os dolmens, par Sa Villela, p. 164, 6 colonnes, et Descripção do dolmen de Gonlinhaes denominado Lapa da Barroza ou dos Mouros, par Cezario Augusto Pinto, p. 169, 2 colonnes, 1 planche in folio, dans le koletim architectonico e de archeologia da Real Associacao dos Architectos e Archeologos Portuguezes, Lisbonne, 1876, n° 11.

M. le professeur Bellucci, qui faisait partie, en 1875, d'une expédition. géographique italienne dans la régence de Tunis, a fait de curieuses et importantes découvertes concernant l'âge de la pierre dans cette région. Il a constaté, aux environs de Gabes, onze stations diverses qui lui ont fourni, pendant le court espace de son exploration, 2 982 pierres portant l'empreinte du travail humain. La plus considérable de ces stations est l'oasis de Mtuja, qui, à elle seule, a fourni plus de la moitié des pièces. Ily a quelques véritables grattoirs, quelques pointes de flèches à pédoncules et ailerons; mais l'ensemble se compose de silex à formes indéterminées, et surtout de déchets de fabrication. On distingue pourtant un certain nombre de ces petits tranchets dont on a voulu faire des pointes de flèche à tranchant transversal. Les découvertes de M. Bellucci viennent relier celles qui ont été faites en Algérie à celles faites en Egypte. Il est maintenant incontestable que l'âge de la pierre s'est produit sur tout le pourtour de la Méditerranée.

Si M. le professeur Bellucci, par ses silex de la Tunisie, relie l'Egypte à l'Algérie, M. Tubino, secrétaire de la Société anthropologique d'Espagne, par des recherches anthropologiques, archéologiques, linguistiques et historiques, prétend relier la population de la Péninsule ibérique à celle du nord de l'Afrique. Dans un savant mémoire sur les aborigènes ibériques et les Berbères de la Péninsule, il cherche à établir qu'à une première race

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