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LIVRE I

LES ÉTUDES HISTORIQUES

DEPUIS LA RENAISSANCE JUSQU'A LA FIN DU XVIII SIÈCLE

328. On dit communément que la critique historique date de la Renaissance. Quantité d'historiens modernes (Ranke, Sybel, Nissen, etc.) ont écrit, sous diverses formes : l'antiquité classique et le moyen àge eurent des poètes et des philosophes, mais point de critiques ni d'hommes capables de se représenter ou d'exposer correctement, d'après les sources, les choses du passé lointain; l'axptsiz est un trait caractéristique de la culture intellectuelle des anciens temps.

D'autre part, on a souvent exprimé le regret, sensiblement contradictoire avec les affirmations précédentes, que l'histoire de la Méthode historique (critique) pendant l'antiquité et le moyen âge restât à faire1.

Cependant il n'est pas tout à fait exact que la critique historique ait été totalement inconnue avant le xve siècle, ni que l'histoire de la Méthode historique avant la Renaissance soit encore un desideratum important de la science.

1. E. Bernheim, Lehrbuch der historischen Methode, 3e éd., p. 35.

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329. Et d'abord, s'il n'existe point d' « Histoire » proprement dite « de la Méthode historique dans l'antiquité » ou « au moyen àge »1, on sait déjà fort bien comment les principaux historiographes de l'antiquité et du moyen âge ont travaillé. En effet. leurs ouvrages sont depuis longtemps considérés comme des documents, dont ainsi de tous les documents que

il ne serait pas prudent de se servir sans les avoir préalablement critiqués, c'està-dire sans en avoir étudié la contexture et les sources. Chacun des érudits et des historiens grecs et latins et la plupart des historiographes du moyen âge3 ont été, dès à présent, l'objet de monographies où l'on a essayé de déterminer leurs procédés d'investigation et de composition. Il n'y a donc plus qu'à rapprocher ces monographies pour être en mesure de tirer les quelques conclusions générales que l'on peut juger à propos de formuler.

que

330. - Or, comparaison faite, il semble les lieux communs sur le manque de critique » qui « constituait à l'état d'enfance intellectuelle » les sociétés de l'antiquité et du moyen âge ne peuvent être acceptés.

Le sens critique est une des facultés les plus hautes de l'esprit et sans doute une des moins bien partagées. Elle était rare autrefois comme aujourd'hui, non seulement dans la masse indiffé

1. Voy. cependant A. Gräfenhan (Geschichte der klassischen Philologie im Alterthum. Bonn, 1843, 4 vol. in-8), et L. O. Bröcker (Moderne Quellen forscher und antike Geschichtsschreiber. Innsbruck, 1882, in-8) pour l'antiquité classique. Pour le moyen âge: A. H. L. Heeren (Geschichte des Studiums der classischen Litteratur. Göttingen, 1797, in-8. Einleitung [Geschichte der Werke der Classiker im Mittelalter]), et B. Lasch (Das Erwachen und die Entwickelung der historischen Kritik im Mittelalter. Breslau, 1887, in-8). La courte dissertation de B. Lasch, souvent citée à cause de son titre, ne traite que de la période du moyen âge comprise entre le vie et le xure siècle.

2. Voy. par exemple, sur Tite-Live, W. Soltau, Livius Geschichtswerk, seine Komposition und seine Quellen. Ein Hilfsbuch für Geschichtsforscher und Liviusleser (Leipzig, 1897, in-8). Sur Suétone, A. Macé, Essai sur Suétone (Paris, 1900, in-8). Bibliographie des travaux de ce genre par E. Hübner.

o. c., p. 171-211, et dans les Manuels d'histoire de la littérature grecque ou latine (§ 153).

3. Bibliographie des travaux sur les sources et la méthode des historiographes du moyen âge dans le Répertoire précité de Potthast (§ 145), et dans les Manuels bibliographiques sur les sources (§ 150).