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Au meeting annuel de l'American Historical Association à Washington en décembre 1901, miss Lucy M. Salmon a traité des changements survenus, en ces derniers temps, dans les Universités américaines, et de ceux qui restent à accomplir. Elle conclut à la nécessité de réagir contre la tendance à s'enfermer dans le champ de l'histoire nationale. Mais, dès 1882, une American School of classical studies a été établie à Athènes sous les auspices de l'Archæological Institute of America; une autre American School of classical studies est installée à Rome, dans les mêmes conditions, depuis 1895. L'American Journal of Archaeology est l'organe de ces deux établis

sements.

449. La Librairie américaine ne produit guère que des ouvrages qui « paient », et, pendant longtemps, il n'y a guère eu en Amérique d'autres ouvrages historiques qui payassent que des compilations et des exposés « littéraires ». « The general public, écrivait J. Franklin Jameson en 1891, have not yet begun to care much for good historical work >>1. Les Revues « générales » qui font une place à des articles de vulgarisation historique sont innombrables, mais ce n'est que depuis 1895 qu'il existe une « Revue historique » à la manière curopéenne (The American historical review).

On peut dire que, jusqu'au commencement du xxe siècle, les ÉtatsUnis ont apporté fort peu de contributions de premier ordre à l'histoire de l'antiquité classique et à celle de la chrétienté du moyen âge. Le cas de M. H. C. Lea, auteur et éditeur de l'History of the Inquisition, de l'History of auricular Confession and Indulgences in the Latin Church et de tant d'autres écrits originaux relatifs à l'histoire ecclésiastique du moyen âge, est tout à fait isolé. C'est aussi une exception que la Jewish Encyclopædia (New York, Funk et Wagnalls, depuis 1901), qui s'annonce comme un monument scientifique de première importance. La littérature historique américaine de la fin du XIXe siècle n'est riche qu'en travaux sur l'histoire nationale, principalement traitée au point de vue religieux, économique ou

1. J. Franklin Jameson, The history of historical writing in America (Boston, 1891), P. 148.

2. E. Channing et A. Bushnell Hart, o. c., p. 101 (List of periodicals containing historical material).

sociologique la Narrative and Critical History of America, publiée sous la direction de M. Justin Winsor par des spécialistes associés, en est le chef-d'œuvre et le type1. Mais tout annonce que cet état de choses aura été transitoire comme en Europe, dès que l'érudition historique aura conquis droit de cité, elle s'étendra à tous les sujets et se créera des organes appropriés.

450. La littérature historique des États-Unis est dans l'enfance; mais les progrès en ont été si rapides en ces derniers temps que le moment n'est peut-être pas éloigné où elle rivalisera avec celle des vieux pays germaniques et romans. Quoi qu'il en soit, elle a été caractérisée jusqu'ici par des traits « très américains » : « Une nation singulièrement adonnée aux affaires a transporté dans ce champ d'activité [scientifico-littéraire] les habitudes des affaires industrielles. Nous nous appliquons à faciliter les travaux scientifiques et littéraires par d'ingénieux dispositifs pratiques : nous faisons des fiches, noust indexons. Pas de race au monde qui ait, autant que la nôtre, le goût de la bibliographie... ». C'est-à-dire que les Américains sont passés maîtres plus tôt, comme il est naturel, dans l'art de classer et de répertorier les documents que dans celui d'en tirer parti, de même qu'ils ont fourni d'abord plus de mécaniciens que d'artistes.

2

1. L'American historical review d'oct. 1902 annonce (p. 196) la publication prochaine (chez Harper and C°) d'une grande « Histoire coopérative des ÉtatsUnis », éditée par M. A. Bushnell Hart The American Nation. A History from original material by associated scholars, en 26 vol. in-8.

2. J. Franklin Jameson, o. c., p. 151.

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3. Voir H. H. Bancroft et Cie, dans Questions d'histoire et d'enseignement, ch. VIII.

451.

CHAPITRE VII

ITALIE

L'État italien, de date récente, n'a rien institué d'analogue à notre Collection des Inventaires-sommaires des archives départementales, communales et hospitalières pour ses archives, ni au Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France pour ses bibliothèques. Chacun des grands dépôts d'archives (Archivi di Stato) publie directement des inventaires de ses documents, suivant la méthode qu'il préfère'. C'est un particulier, G. Mazzatinti, qui a entrepris de faire connaître les archives de second ordre, municipales et rurales, en formant une collection systématique d'inventaires de ces dépôts : Gli archivi della storia d'Italia. Le Ministère de l'Instruction publique publie, sous le titre général d'Indici e Cataloghi, une Collection où figurent les catalogues de quelques grandes bibliothèques de manuscrits; mais c'est encore M. Mazzatinti qui s'est appliqué à procurer l'inventaire systématique des bibliothèques de second ordre: Inventari dei manoscritti delle biblioteche d'Italia (Forlì, 1890-1901, 11 vol. in-8)*. Quant aux Musées, ils ont un organe officiel, publié sous les

1. Voir l'historique sommaire de tous les Archivi di Stato au t. IV de Minerva (Jahrbuch der gelehrten Welt) et l'état à jour de leurs principales publications au t. XII (1905). Le Ministère de l'Intérieur a publié, à l'occasion du Congrès historique international de Rome (1903), une [Seconda] Relazione sugli Archivi di Stato d'Italia (1882-1900).

2. Cf. § 105. Le t. III du Recueil de M. Mazzatinti vient de paraître (Rocca San Casciano, 1903).

3. Biblioteca nazionale de Florence (nos 4 et 7 des Indici e Cataloghi); Biblioteca nazionale de Milan (n° 13); Riccardiana de Florence (no 15). Le n° 5 des I. e C. est un Inventario dei manoscritti italiani delle biblioteche di Francia.

4. Un Guida delle biblioteche e raccolte bibliografiche private italiane est en préparation, sous les auspices de la « Società bibliografica italiana », par les soins de G. Fumagalli et A. Bertarelli (1903).

auspices du Ministère : Le Gallerie nazionali italiane. Notizie e Documenti (Roma, 1894-1902, 5 vol. in-4). Quelques inventaires de Collections des Uffizi de Florence ont pris place dans la série des Indici e Cataloghi.

En 1890, on n'avait fait encore en Italie que des tentatives isolées et avortées pour inventorier les « richesses d'art » du pays2. Il existe en Italie des Offices régionaux (Uffici regionali) pour la conservation des monuments, qui publient des Rapports (Relazioni). Mais il n'est pas aisé de se procurer l'ensemble de ces Rapports. La « Direzione generale delle Antichità e Belle-Arti » au Ministère de l'Instruction publique essaie de former présentement une Collection de Cataloghi delle opere d'arte en faisant fondre et reviser ces répertoires partiels3.

452. C'est par l'intermédiaire d'instituts spéciaux que l'État italien, héritier des petits États indépendants de la péninsule, contribue au progrès des études relatives à l'histoire nationale.

Le plus ancien de ces instituts fut créé le 20 avril 1855, près de la Secrétairerie d'État pour l'Intérieur, à Turin, par le roi CharlesAlbert, sous le nom de Regia Deputazione sopra gli studii di Storia patria, « pour travailler à la publication d'une Collection d'œuvres inédites ou rares qui intéressent l'histoire nationale et à un Codex diplomaticus de nos États ». On doit à ce Comité des œuvres très importantes: 1o Monumenta historiæ patriæ (Aug. Taurinorum, 1856-1901, 20 vol. in-fol.); 20 une Biblioteca storica ita

1. Archivio storico italiano, 5e série, XX, p. 155. Cette belle publication est rare; les deux premiers volumes sont totalement épuisés.

2. Voir la notice de A. Venturi dans les Atti del quarto Congresso storico italiano (Firenze, 1890), p. 84 et suiv.

3. « Il Ministero dell' Istruzione pubblica ha dato alle stampe l'elenco degli edifizi monumentali d'Italia, compilato dagli Uffici regionali per la conservazione dei monumenti, col proposito di aver così il primo abozzo di un lavoro utile e in grado di ricevere tutte quelle aggiunte e correzioni, le quali ne possano rendere completa e priva di mende una seconda edizione » (Archivio storico italiano. 5 série, XXX (1902) p. 496.).

4. Miscellanea di Storia italiana, XX (Torino, 1882), p. 7 et suiv.

5. Voir le conspectus général de la Collection des Monumenta historiæ patriæ, ibidem, p. 53 et suiv. Principales séries: Chartæ, Leges municipales, Scriptores, Libri jurium Reipublicæ Genuensis, Edicta regum Langobardorum, Codex diplomaticus Sardinia, Comitiorum, Codex diplomaticus Ecclesiensis.

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liana c'est là qu'a paru la magnifique Bibliografia storica degli Stati della Monarchia di Savoia de Manno et Promis (2195), aujourd'hui terminée1; 5° le Recueil des Miscellanea di storia italiana, fondé en 1860 (( pour étendre à l'étude de la péninsule entière l'influence de la Deputazione » piémontaise.

C'est en 1860 seulement que l'exemple donné par Charles-Albert dès 1833 fut suivi. Cette année là, L. C. Farini, dictateur des provinces de l'Émilie, établit trois nouvelles « Deputazioni di storia patria », à Bologne, à Modène et à Parme. La R. Deputazione per le provincie di Romagna (Bologne, Ferrare, Forlì et Ravenne) at divisé depuis ses publications en cinq séries (1. Statuti; 2. Carte; 3. Cronache; 4. Atti e Memorie; 5. Documenti e Studi). La R. Deputazione de Modène (Modène, Reggio-Emilia, Massa-Carrara) a publié les Monumenti di storia patria delle provincie Modenesi (Ire série, Cronache; 2. Statuti; 5. Atti e Memorie). La R. Deputazione de Parme (Parme et Plaisance) a publié des Monumenti (1. Cronache; 2. Statuti; 5. Codice diplomatico) et une Bibliografia storica e statutaria delle provincie Parmensi3.

Un décret royal du 27 nov. 1862 institua une R. Deputazione sopra gli studi di Storia patria per le provincie toscane e per l'Umbria, en fondant ensemble deux établissements préexistants: la Commission historique de la R. Accademia Lucchese, et la célèbre Société florentine privée qui éditait depuis vingt ans l'Archivio storico italiano. Le libraire G. Vieusseux avait fondé en 1842 l'Archivio storico italiano, qui, comme M. Del Lungo l'a dit de l'œuvre de L. A. Muratori, « riconquistando all' Italia il suo passato, le preparò nella coscienza di sè medesima il primo avviamento a restituirsi nazione ». La Deputazione per le provincie toscane, définitivement organisée en 1864, a continué jusqu'à présent cette excellente

1. Le t. VII, qui contient l'Index général, est daté de 1902.

2. Voir La R. Deputazione di storia patria per le provincie di Romagna dal 1860 al 1894 (Bologna, 1894, in-8).

3. Le même Farini créa, en même temps que les trois Deputazioni d'Émilie, une Commissione dei testi di lingua pour la publication d'anciens textes italiens des xe, xive et xve siècles. Cette Commission a publié depuis 1861 une « Collezione di opere inedite rare dei primi tre secoli della lingua » (72 vol.), et la revue Il Propugnatore jusqu'en 1893.

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