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titution en elle-même, qu'aux résultats obtenus jusqu'à ce jour par ces assemblées annuelles. C'est, selon nous, en mal comprendre le but que d'espérer les voir faire progresser la science pendant la tenue de leurs Sessions. Composées le plus souvent d'hommes tout-à-fait étrangers les uns aux autres,ces réunions ne peuvent, au premier abord, offrir l'unité qu'on aurait droit d'attendre dans des conditions différentes. Mais l'intimité s'établit promptement entre ceux que l'étude d'une spécialité rapproche et auxquels un petit nombre de jours est accordé pour se connaitre. Alors s'échangent des observations locales d'un haut intérêt, alors naissent des relations dont on peut espérer plus tard les plus grands avantages; ainsi ce contact momentané finira sans nul doute par tourner au profit de la

science.

Il existe dans les provinces un nombre assez consiérable d'hommes qui,mus par un sentiment de modestie, redoutent de se faire connaître et tiennent cachés au fond de leurs cartons le produit de leurs consciencieuses recherches. Guidés par le seul désir de s'instruire, ils ne craignent pas de consacrer, aux investigations les plus minimes, un temps dont les réputations

acquises ne pourraient disposer de la même

manière.

Dès-lors, les Congrès n'auraient-ils pas déjà rendu un immense service, si, chaque année, dans leur déplacement périodique, ils appelaient l'attention sur quelques-uns de ces laborieux travailleurs. Mais là ne se bornent pas les avantages qu'on peut en espérer; chaque année aussi, ils portent, dans un coin de la France, le goût de l'étude, ils excitent l'émulation, ils font naître parmi les hommes les plus distingués de la localité le désir de ne pas rester étrangers aux questions discutées dans les séances, et leur passage éphémère laisse toujours après eux de longs et d'utiles souvenirs.

Nous parlons ici des Congrès dans l'état où ils se trouvent aujourd'hui, après quelques années seulement d'existence; mais si, par la suite, mieux généralement compris, ils parvenaient à réunir les hautes capacités de la science; si, dans leur marche encore incertaine, on les bornait aux travaux d'observation, aux investigations de l'histoire locale, aux statistiques particulières, et leur champ serait encore assez

vaste; alors, nous n'en doutons pas, ils deviendraient l'institution la plus favorable pour propager le goût des études sérieuses; ils offriraient un moyen assuré de réunir les matériaux épars, nécessaires aux élucubrations historiques et scientifiques, et la critique la plus malveillante ne pourrait plus même leur susciter de détracteurs.

Toutefois, nous le répéterons de nouveau, sans nous préoccuper de l'avenir, les Congrès ont déjà produit et produisent encore chaque année d'heureux résultats, et dussent-ils ne pas avancer dans une voie d'amélioration, il serait avantageux de les maintenir et de les encourager, ne fût-ce, comme nous l'avons dit, que pour nous révéler les noms des hommes qui, dans chaque contrée, s'occupent de l'histoire. de leur pays.

Pour nous, notre tâche est terminée et nous publions le Compte-rendu des travaux de la septième Session. Certes les matériaux ne nous ont pas manqué, car bien que nous nous soyons décidés à diviser cet ouvrage en deux parties, d'abord pour éviter les inconvénients d'un énorme volume, et, d'un autre côté, pour donner plus

d'extension à ce Compte-rendu, nous avons encore été obligés de passer sous silence un assez grand nombre de Mémoires, soit à cause de leur étendue, soit parce qu'ils se rattachaient d'une manière moins directe aux questions du Programme. Nous aurions pu, il est vrai, abréger quelques points de discussion dans les Procès-verbaux, mais comme ils avaient été approuvés par le Congrès, on eût été en droit de nous adresser de justes réclamations; nous aurions pu aussi peut-être faire quelques coupures dans les Mémoires, mais c'eût été exciter la susceptibilité des auteurs sans en retirer un véritable avantage. Nous donnons donc, aujourd'hui, ce Compte-rendu, sans nous dissimuler tous les inconvénients inséparables d'une semblable publication.

Au Mans, le 31 décembre 1839.

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