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qu'ils remontent plus haut que le dépôt des alluvions modernes. Ils ont été charriés par les eaux dans les cavernes, ou ils y ont été apportés par des animaux carnassiers.

M. BOURJOT donne quelques détails sur les cavernes à ossements en général, et passe à la description de pièces qui ont été soumises à son examen. La plupart sont des dents de mammifères. Les deux premières sont des dents molaires qui lui semblent, par la nature de leur couronne plate à rubans multiples et par les cannelures dont la surface cubique est creusée, appartenir à l'espèce du cheval. La troisième lui paraît avoir appartenu à une espèce qui opérait la mastication par diduction latérale, à un boeuf ou à une vache, et peut-être aussi à un individu du genre élan ou cerf, mais alors de la plus grande taille. La quatrième,plus petite que la précédente, est aussi une dent de ruminant; la preuve s'en trouve dans ses collines bisaiguës, coupées par un sillon d'engrenage. Enfin la cinquième, par le cube très-large que présente la base de la couronne et par sa taille, appartient à une espèce perduc; malheureusement c'est une dent très-jeune, dont la couronne émailleuse a été séparée, et dont le centre n'a pas été usé, de sorte que l'on ne pourrait y trouver les usures en trèfle des hippopotames. Tout me porte à croire, continue M. Bourjot, en restaurant ce morceau fruste, que la couronne était mammelonnée, sinueuse en son contour, ce qui indiquerait que le mammelon central était défendu par les contreforts latéraux, et n'a pu être usé; que c'était donc une dent de Mastodonte à dents étroites, plutôt que toute autre. Toutes ces dents, sans être complètement agathisées, m'ont paru déjà plus lourdes que leur volume, comme os,ne comporte. Aussi sont-elles déjà spathiques, et par le fait fossilisées.

Les os longs, soumis à mon examen, sont trop frustes pour pouvoir déterminer à quel animal ils ont ap

partenu; ils ne me paraissent humains, ni par les courbures, ni par les arêtes, et je pense qu'ils ne peuvent être que des os du bras et de la cuisse d'une espèce assez grande mais faible d'animal coureur, de la taille et probablement de la forme du daim ou d'un autre petit

cerf.

Je termine ce rapport, dit M. Bourjot, en proposant à la Section de voter des remercîments à M. de Lasicotière, et de l'engager, lui si habile à rechercher les âges de notre monde historique, à ne pas négliger de recueillir les restes qu'on a ingénieusement appelés les médailles des créations antérieures à la nôtre.

La Section adopte avec empressement les conclusion s de M. BOURJOT.

M. BLAVIER prend la parole pour rendre compte à la Section de l'examen qu'il a fait des fragments vitrifiés, rapportés de Ste-Suzanne par M. de Lasicotière, et détachés des murs d'enceinte de cette ville.

Mais avant de s'occuper de la partie du rapport qui lui a été confiée, M. Blavier, qui connaît la caverne des Erves, dans laquelle ont été trouvés les ossements fossiles dont M. Bourjot-St-Hilaire vient d'entretenir la Section, et qui a visité et fouillé quelques autres grottes semblables à celle des Erves, existant dans la même contrée, donne des explications sur la position de ces grottes. Il dit que la caverne dont il s'agit, est ouverte dans le calcaire-marbre; qu'à l'époque où il la visita, la cavité ou grotte dans laqu'elle M. de Lasicotière a recueilli ces ossements, n'était point une cave complètement découverte; qu'on apercevait seulement une fissure assez étendue en longueur, mais d'une faible largeur; que les ouvriers lui avaient assuré que c'était dans les portions rétrécies de cette fissure que les ossements, dont il recueillait des fragments dans les déblais, avaient été trouvés; et qu'il avait été conduit à considérer cette fissure comme la cheminée ou l'ouverture de

de la grotte qui a depuis été mise à découvert, et où M. de Lasicotière a trouvé des ossements.

M. BLAVIER dit avoir trouvé des ossements fossiles dans une grotte existant aussi au milieu des couches de calcaire-marbre, qu'on exploite à la carrière de SaintPierre-La-Cour, dans le sol de laquelle il a fait faire une fouille. Il annonce que, comme celle des Erves, cette grotte communique avec le jour par une fissure assez étroite, par où les animaux, auxquels les ossements ont appartenu, n'ont certainement pas pu pénétrer; en sorte qu'il considère comme hors de doute que ces ossements ont été entraînés dans les grottes par des courants. M. Blavier continue sa communication et dit qu'il a aussi fait faire des fouilles dans le sol d'une grotte fort curieuse par son étendue et par la tradition populaire qui s'y rattache. Cette grotte, appelée Caves à Margot, est située près du village de Saulges. Il n'a trouvé aucun ossement fossile dans la grotte, qui présente une série de cavités ou chambres plus ou moins vastes, et communiquant entre elles par des espèces de couloirs.

Aprés avoir terminé cette communication qui a été écoutée avec intérêt, M. Blavier s'occupe des fragments de mur qui ont été particulièrement soumis à son examen. Il n'y voit autre chose qu'une matière quartzeuse vitrifiée, empâtant des fragments de calcaire dénaturé par l'action du feu, mais dans lequel on peut encore reconnaître la texture oolithique. Il annonce avoir lui-même examiné, il y a quelques années, ce bloc vitrifié, qui offre dans le parement de la muraille de Ste-Suzanne une surface de quatre à cinq mètres carrés, et, de la situation de ce bloc, avoir conclu, 1° Que la vitrification n'avait pu se faire sur place, c'est-à-dire dans la muraille même; 2° que cette masse ainsi vitrifiée en très-grande partie devait provenir, suivant toute apparence, de la dissolution, soit d'un four à chaux, soit d'un fourneau à fer, si dans l'emplacement même où la muraille a été

faite, le fourneau n'avait lui-même existé, et si, par conséquent, les débris de cette ruine n'avaient été mis à contribution, dans leur position primitive, à l'époque de l'édification des murs d'enceinte de la ville.

M.de LASICOTIERE demande l'autorisation de lire quelques fragments d'un mémoire de M. de la Pylaie, inséré dans les Mémoires de la Société des antiquaires de France,relatif aux murs vitrifiés de Ste-Suzanne et de la Courbe (Orne), que l'auteur prétend avoir été vitrifiés sur place; M. de Lasicotière contredit plusieurs des assertions de M. de la Pylaie, et lit également une note sur l'opinion émise par MM. Battier, Williams et Joseph Bleck sur les forts vitrifiés de l'Écosse.

M. de CAUMONT, dont le témoignage a été invoqué, donne les renseignements qui suivent sur les remparts de la Courbe :

Le rempart de la Courbe a la forme du vallum d'un camp retranché : mais au lieu d'être formé de terres amoncelées, il se compose de fragments d'un schiste argileux phylladifère,entassés les uns sur les autres d'une manière confuse, et soudés au moyen d'un commencement de fusion qui, faute d'un fondant,ne s'est opérée que d'une manière fort incomplète. Ainsi, l'on peut très-facilement, à l'aide d'un marteau, détacher les uns des autres les fragments qui entrent dans la composition de ce rempart, dont l'intérieur n'a subi aucune fusion, mais qui a été plus ou moins fortement chauffé ou altéré.

Ainsi le mur ou le rempart de la Courbe, dit M. de Caumont, n'est pas un mur vitrifié : il présente des caractères qui le distinguent tout à fait de ceux que vient de décrire M. de Lasicotière, et qui se trouvent à SainteSuzanne. Quant à l'objet du rempart, il sert à isoler, des terres ou d'un plateau voisin, un cap facile à défendre. Un second rempart, élevé à quelques pas du premier, est formé de fragments de pierres amoncelées, qui n'ont

pas été chauffées, ou qui n'ont pas subi de commencement de fusion.

M. le Docteur TEILLEUX fait observer que les murs de Ste-Suzanne n'étaient point, il y a 30 ans, tels qu'ils sont aujourd'hui. Les fragments de matières vitrifiées qu'on trouve dans ces murs lui paraissent provenir d'un four à chaux ou d'un fourneau à fer.

L'ordre du jour est la discussion des articles du programme relatifs à la géologie.

M. le Président donne lecture de l'article 9, ainsi conçu :

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« Les débris organiques, rencontrés dans l'écorce du globe, doivent-ils être considérés comme appartenant >> aux types et aux principes des espèces qui peuplent ac»tuellement le globe ou comme les vestiges d'une création différente ? »

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M. BOURJOT-St.-HILAIRE, inscrit le premier pour parler sur la question, obtient la parole et s'exprime à peu près en ces termes :

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Cette question est une des plus immenses qui soient posées au programme, elle embrasse à la fois la paloeontologie toute entière, et la Géologie dans les parties les plus ardues de cette science. Il faudrait ici tout le savoir des Buckland, des Cuvier, des Blainville, des Deshayes, pour repasser devant vous, Messieurs, tous les terrains, et couche par couche, étage par étage, » montrer que les espèces animales ou végétales, ren» contrées dans la masse terrestre, ont été particulières à chaque création, ou plutôt disons que pour chaque » continent à mesure qu'il sortait de l'immersion générale, pour une première, pour une seconde, pour une » troisième fois, (Car ces empiétements de l'eau sur la » terre, ces retraites fréquentes, sont constatées et no» tariées pour ainsi dire par des dépôts marins, fluvia» tiles ou lacustres,se supperposant à plusieurs reprises); Il y avait une création végétale et animale,locale,nou

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