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M. CASTEL, membre de la commission chargée d'examiner le Tableau figuratif de la Structure Minérale du Globe de M. Boubée et la lettre qui l'accompagne, lit,en son nom et en celui de M. Odolant-Desnos, un rapport sur ce travail. Il en repousse les conclusions, lesquelles renversent la plupart des notions admises jusqu'à ce jouren Géognosie et constatées par des faits nombreux; les observations sur lesquelles l'auteur appuie sa théorie, ne lui semblent nullement concluantes. Néanmoins, tout en combattant les opinions de M. Boubée, M.Castel rend pleine justice à son zèle et à son talent, et propose à la Section de voter des remercîments à l'auteur du Tableau figuratif de la Structure Minérale du Globe, pour la communication qu'il a bien voulu lui faire.

M. DROUET, ancien maître de Forges et membre du Conseil-Général de la Sarthe,lit un mémoire sur l'Éphé mère diptère. Il raconte que, le 30 août dernier vers le soir, par une température de 23° à 24°, on a observé à Pontlieue une grande quantité de ces insectes, qui sortirent de la rivière de l'Huisne en formant une nuée considérable, et s'abattirent dans la cour de M. Vétillart. Leur nombre était si prodigieux, qu'ils formèrent comme une couche de neige épaisse de trois ou quatre pouces. Il ajoute que souvent, vers le coucher du soleil, il sort des bords de la Sarthe et de l'Huisne des essaims d'Éphémères de diverses espèces.

Comme l'espèce dont il s'agit n'a pas encore été signalée dans le pays, M. Drouet croit devoir en donner une description succincte que voici :

L'Éphémère diptère (Ephemera diptera, Lin. Fab.), seule de toutes les espèces du genre, n'a que deux ailes, transparentes et d'un beau blanc avec une bordure extérieure brune; les anneaux de l'abdomen sont bordés de rougeâtre, et les filets de la queue,au nombre de deux sculement, sont marqués de quelques petits points noirs.

M. BOURJOT-St-HILAIRE a la parole sur la question du Programme ainsi conçue: «A quelle cause peut» on rapporter les migrations accidentelles de certains. oiseaux? Ces migrations peuvent-elles devenir périodiques ? »

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Sur cette question M. Bourjot-Saint-Hilaire donne les développements qui suivent, à peu près dans ces termes, et s'en tenant aux propositions principales.

Il commence par établir que le type des oiscaux, bien que le plus identique en lui-même dans toute la série animale, n'en offre pas moins une variété infinie de formes relativement aux instruments de préhention ou du bec, et de locomotion, les pattes et les ailes : que la loi de finalité, ou d'harmonie nécessaire entre un besoin préfixe de telle ou telle nourriture, et les moyens de se la procurer, domine la création ornithologique comme toute autre, de telle sorte qu'un oiseau étant donné il sera facile à un naturaliste même de cabinet, de préjuger à l'avance qu'elles seront les mœurs et les habitudes de l'espèce soumise à son examen. Il est certain que cela ne sera pas pour tous les types aussi nettement tranché que pour quelques-uns, et que les passages intermédiaires dans la forme indiqueront une sorte d'hésitation dans les habitudes.

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A ce sujet, l'orateur présente un assez grand nombre d'oiseaux empaillés qu'il dit tenir de l'obligeance de M. Guéranger, naturaliste habile, exerçant la pharmacie au Mans. Il les passe en revue, et montre combien il est facile, en prenant presqu'au hasard, de tomber juste sur les habitudes observables, par la simple inspection du bec, des pattes, des ailes. Bientôt prenant une Bécasse, il fait sur cet oiseau une disgression dont les éléments lui sont propres.

»

La Bécasse, la Bécassine, ont le bec droit et subulé

ou en alène ou plutôt en forme de sonde de chirurgien. Une particularité anatomique toute singulière, c'est qu'au contraire du bec des autres oiseaux, qu'une corne solide revêt à l'extérieur, couvrant dans son épaisseur des rameaux nerveux, organe d'un sens tactile délicat, le bec de la Bécasse est mou à l'extérieur et les rameaux nerveux viennent s'y terminer en sortes de papilles. Voyons quel rapport de finalité nous allons trouver entre ce bec tactile au plus haut degré et les besoins de l'animal, ou sa proie habituelle.

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Il convient d'abord de dire que la Bécasse se nourrit de lombrics, ou de vers de terre eh bien, quel moyen emploie un jeune pêcheur qui veut se procurer des vers de terre pour amorcer sa ligne? Il enfonce en terre un bâtonnet, et faisant le moulinet, il communique au sol frais et perméable un ébranlement qui est ressenti dans toute la masse du terrain par les lombrics qui l'habitent, et qui s'échappent au dehors pour éviter un ennemi souterrain bien plus terrible, la taupe, ce mineur insectivore, dont les appétits gloutons sont la désolation des Annélides, et des larves d'insectes vivant sous terre. Alors le pêcheur prend les lombrics et en fait provision d'amorces.

»

Mais la Bécasse fait, de temps immémorial, et depuis qu'il y a eu une première Bécasse mâle et femelle, qui n'en avaient rien appris de personne pour se procurer des vers, ce que devra accomplir le pêcheur instruit par l'exemple des autres. Elle enfonce en terre son bec long de trois pouces, ça et là, partout où le sol frais et meuble peut lui indiquer une chasse abondante. Par ce sondage, elle effraye les vers, les fait sortir de leur trou, en même temps qu'elle même, par un sens d'une délicatesse excessive, elle comprend que le sol est habité. Ainsi l'instinct d'abord lui indique le genre de proie qu'elle doit chercher, mais en même temps elle se trouve pourvue d'une sonde exploratrice pour juger

les lieux, et, dans son bec effilé, de l'instrument le plus propre, bien que peu gracieux sans doute, pour porter à une certaine profondeur l'effroi et une crainte d'autant plus fàcheuse qu'ici, comme bien souvent, la crainte d'un mal nous conduit dans un pire.

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C'est de son long bec et aussi de l'attitude assez niaise que lui fait prendre son habitude de sonder le sol, opération qui demande du tems, que la Bécasse a pris et a donné à des gens plus niais qu'elle, son nom français, véritable sobriquet que l'on s'octroie assez facilement dans le cercle de l'intimité.

» Que ne pourrais-je pas dire, continue l'orateur, si je vous montrais une analogie fondamentale entre les fanons des baleines et les dentelures crénelées des canards et des harles ici le besoin est de tamiser l'eau de la mer, ou des mares pour arrêter à la fois, comme dans une vaste nasse (la bouche immense de la baleine), une masse considérable de Glaucus et de Clio; tandis que notre canard domestique au fond de notre bassebarbotant dans la fange, sait encore retenir pour contenter son appetit grossier, des myriades d'Infusoires, des particules de matière animale, que ces crénelures animées par des nerfs tactiles délicats, arrêtent facilement.

cour,

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Ce serait à n'en pas finir, s'il fallait passer en revue les appétits et les moyens de vivre même de chaque groupe déjà considérable d'oiseaux, depuis l'oiseau de proie chasseur de tout vol, et se saisissant en plein jour en brigand hardi, d'une proie vivante et qui résiste. Celui-là aura le bec crochu et acéré, les pattes robustes. Ce sont elles qui tiennent captif le passereau pauvret, pendant que le farouche Gerfaut, l'Emouchet, terreur de nos poulaillers, le déchire à coups de bec, et l'engloutit par lambeaux. - Chez d'autres ignobles rapaces, tels que les Vautours, au bec peu crochu,

à la tête chauve jusqu'au milieu du col, au regard lâche et craintif joint à une grande puissance de vol, lesquels répandent encore l'odeur des cadavres, quelles seront les habitudes? la police de la terre, pour dévorer les chairs mortes et en putréfaction.

Enfin, quelques-uns voués à un service très-actif et très-lugubre de nuit, Chouettes, Hiboux, Scops, etc., n'ont qu'un vol léger; leur plumage duveteux les rend en tout semblables à une balle de coton qui tombe sans bruit. Ces rôdeurs de nuit, véritables préposés à empêcher la maraude, font la guerre à ces rats, à ces mulots, qui dévoreraient nos subsistances, à ces honteux crapauds qui souilleraient nos demeures de leurs générations coassantes.

»

Mais nous avons a parler des émigrations des oiseaux ces oiseaux de proie émigrent-ils, quittentils,pour un tems,une contrée pour en envahir une autre? Non, car qui ferait leur service de haute salubrité publique, et le braconnage utile en ce sens qu'ils tiennent en de justes bornes, les générations de petits animaux qui, d'après la loi signalée par Buffon, pullulent dans une effroyable proportion. Puis nous posons un fait, continue l'orateur, c'est que l'émigration n'est imposée qu'aux espèces qui vivent en troupes, et qui voyagent par bandes. Les ménages à part n'épuisent pas une contrée, ce ne sont pas d'isolés voyageurs qui ravagent une province, mais une masse d'individus comme une armée; les oiseaux de proie ne pourront donc pas vivre en troupes, pour eux la vie commune n'était pas possible il n'est pas facile de se procurer une proie qui fuit ou se dérobe par la ruse, la chasse et la pêche ne sont pas toujours bonnes; aussi ces espèces forcées au combat, à la guerre, au brigandage à main armée, vivent isolées par couple, chassent hors de la circonscription qu'ils habitent, parents, amis, enfants même.... ils n'ont pas trop peu, mais aussi, ils ont

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