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toate la réalité quelle est susceptible d'offrir. Sans doute, le caractère moral d'un sujet donné se présume déjà par les traits physiques de son tempérament; sans doute aussi, les proportions relatives de son crâne et de sa face font pressentir, chez lui, la prédominence de la raison sur l'instinct, de l'intelligence sur les appétits sensuels et vice-versa; mais il est des vérités physiognomoniques plus positives encore et moins susceptibles de nombreuses exceptions. Ainsi, nos idées, nos passions s'expriment par des attitudes, des gestes, des inflexions de la voix, des modifications nombreuses dans les traits du visage, par l'écriture, le style, et même par les dispositions que nous imprimons à nos vêtements, à nos habitations, etc. La répétition habituelle de ces expressions donne, à tous ces moyens de les effectuer, une manière d'être particulière et toujours conforme à la nature de la disposition morale qui les a sollicitées. N'est-il pas, dès lors, tout naturel de retrouver, dans ces modifications acquises, le caractère des idées et des passions qui les ont effectuées; et dès lors facile d'apprécier ainsi le moral de l'homme par les dispositions actuelles de son physique, surtout en agrandissant la sphère de cette observation, en donnant à la physiognomonie toute l'extension quelle doit présenter. L'examen d'un seul caractère peut induire en erreur, le concours et surtout la concordance de tous ces caractères, dans l'expression d'une même aptitude, garantit presque toujours des résultats positifs et vrais ; s'il existe encore quelques exceptions, du moins on les trouve en si petit nombre, qu'elles sont incapables de détruire la règle générale. Et dès lors, on est forcé de convenir que la physiognomonie raisonnée fait connaître l'homme moral par l'homme physique, et peut offrir les plus grands avantages au moraliste, au philosophe et surtout au médecin.

M. HUNAULT Combat également la localisation des aptitudes et des facultés intellectuelles. Il borne les avan

tages de la physiognomonie aux applications qu'en peut faire le médecin légiste.

M. GENDRON. Tout en rendant justice à la manière dont mes honorables confrères ont exposé leurs idées, je ne partage nullement leurs opinions sur le système de Gall que je préfère, comme théorie physionomonique à celui de Lavater. Les aptitudes, les passions et les facultés intellectuelles étant différentes, il faut nécessairement des organes distincts; et le développement comparatif de ces organes doit donner la mesure proportionnelle de ces facultés, de ces passions et de ces aptitudes.

M. LEPELLETIER. La différence des aptitudes, des passions et des facultés intellectuelles ne nous semble pas entraîner la nécessité d'un organe approprié à chacune d'elles. Autant vaudrait dire que les opérations manuelles se diversifiant à l'infini dans l'application des arts mécaniques, il faut à celui qui les exécute autant de mains différentes qu'il existe d'opérations diversifiées. N'est-il pas plus naturel de penser que la volonté, l'intelligence, l'instinct de l'homme, étant susceptibles de se modifier indéfiniment, peuvent, avec un même organe, effectuer un grand nombre de résultats diversifiés comme on voit la main d'un chirurgien habile s'affranchir de ces machines spéciales inventées dans l'enfance de l'art, et pratiquer, avec le même instrument, des opérations essentiellement différentes.

La réponse à la troisième question, est formulée, mise aux voix et adoptée par la Section.

La séance est levée à 11 heures.

SÉNCE DU 18 SEPTEMBRE 1839.

Présidence de M. ETOC-DEMAZY, père.

Lecture et adoption du procès-verbal.

M. ETOC-DEMAZY (fils,) demande un tour de faveur pour lire, en Section, un mémoire sur la Statistique de l'établissement des aliénés, dont il est médecin ; accordé pour la séance de demain.

:

L'ordre du jour amène la lecture du mémoire de M. GENDRON, relatif à la dixième question ainsi formulée « Quels sont les avantages et les inconvénients » de la taille et de la lithotritie envisagées d'une ma» nière absolue et relative dans leurs applications? La discussion est ensuite ouverte sur cette même question.

n

M. GENDRON: Dans la grande majorité des cas, la lithotritie présente des avantages incontestables sur la taille, mais il est impossible de l'admettre d'une manière exclusive.

M.HUNAULT : La lithotritie présente un grand nombre d'inconvénients que la pratique révèle chaque jour. Lè meilleur moyen de ne pas la compromettre consiste à ne pas lui demander plus qu'elle ne peut réellement donner. Peut-être la solution de la question n'est-elle pas encore possible dans l'état actuel de la science.

M. BOURJOT: La lithotritie, chez l'adulte, chez la femme plus spécialement encore, présente, des avantages réels sur la taille, mais, chez les enfants, ces avantages n'existent plus, et d'ailleurs tous les calculs ne sont pas de nature, soit par leur composition chimique, soit par leur volume, à céder aisément à l'action des instruments destinés à les broyer.

M. LEMERCIER de Mayenne : Il est bien difficile d'établir la supériorité de l'une ou l'autre des deux méthodes; leurs succès relatifs dépendent bien souvent de l'habileté de ceux qui les pratiquent ; et le praticien donnera toujours la préférence à celle qu'il a le plus souvent employée. Aussi dans la province, trouverait-on peut-être, même encore aujourd'hui, plus de chirugiens partisans de la taille que de la lithotritie.

M. LEPELLETIER Pour juger convenablement la question, il faudrait en quelque sorte prendre en particu lier chacun des cas de maladies calculeuses. Si l'on envisage le sujet d'une manière générale, on sent aussitôt les difficultés de la solution. D'une manière absolue, la taille mérite la préférence,pouvant répondre à toutes les indications; la lithotritie au contraire n'étant plus applicable chez les très-jeunes enfants du sexe masculin, pour les calculs ou très-durs ou très-volumineux, dans les complications de rétrécissement du canal de l'urètre, de maladies organiques de la prostate, de la vessie, etc. Aussi la discussion qui s'éleva sur ce terrain, au sein de l'Académie de Médecine, et dans laquelle on voulut décider la question par la comparaison des statistiques de l'une et l'autre méthode, ne produisit-elle aucune solution. Les statistiques ne seraient pas d'ailleurs un moyen impartial de juger, puisque la lithotritie laisse à la taille tous les cas graves,soit par eux mêmes, soit par les complications qu'ils peuvent offrir. Toutefois, en considérant la question d'une manière relative, en se renfermant dans le domaine des calculs peu volumineux, friables, sans lésions organiques de l'appareil urinaire, affectant un sujet adulte surtout du sexe féminin, la lithotritie présente des avantages réels sur la taille.

La réponse est formulée, et adoptée par la Section. Communication. M. DESNOS, pharmacien à Alençon, a trouvé dans les eaux minérales de Dangeul et de René, une matière gélatineuse qu'il propose de nommer gela

tine minérale ; des alcalis: potasse, soude; des bicarbonates, etc. Il ajoute que ces sources, qui paraissent avoir été fréquentées autrefois, le seraient encore aujourd'hui avec avantage. La place de ces eaux, sous le rapport de leur action médicale, paraît, à M. Desnos, entre celles des Contrexeville et de Vichy. Voici au reste les détails que M. Desnos nous fait parvenir sur cette communication:

Comme la plupart des médecins éclairés sont portés à chercher, dans l'usage des eaux minérales naturelles, des moyens de guérison contre quelques-unes des maladies chroniques que notre état de civilisation semble multiplier de plus en plus, ce qui, dans nos contrées rend tributaires d'autres pays les personnes que leur position ou la modicité de leur fortune empêchent de se déplacer, il nous a paru utile de vous communiquer nos recherches sur la composition chimique des eaux minérales froides du Saonois (1). Ces eaux sont assez remarquables, tant par leur alcalinité bien sensible,que par l'abondance permanente de leur écoulement et le dépôt d'une matière organique floconneuse jaune-oranger,qu'elles fournissent en notable quantité, ainsi que par les légendes et traditions populaires dont l'une des sources est l'objet, à cause sans doute des ruines et vestiges de constructions romaines qui s'observent encore près et aux environs de ses bords, dans le pré du goufre de la Georgette (nom de cette source) appartenant à Madame la comtesse de Gallew, sur le territoire de la commune de René (Sarthe.)

La température habituelle de l'eau des sources dont il s'agit, est d'environ 14 à 15 degrés centigrades, dans le bassin. La surface est pour l'ordinaire recouverte d'une légère pellicule irisée, que viennent rompre et traverser des bulles gazeuses qui se dégagent du fond par intervalles plus ou moins rapprochés, suivant l'état de

(1) Cette partie de l'arrondissement de Mamers, qui portait autrefois le nom de Saonois, paraît avoir été traversée en sens divers, pendant l'époque romaine, par des voies ou chemins qui servaient à faire communiquer entr'elles les cités des Eburons, des Carnutes, des Diablintes, des Cénomans et autres peuplades plus ou moins importantes. Ces chemins devaient se croiser et s'embrancher dans le voisinage de ces sources, où l'on remarque en divers lieux des vestiges et débris de matériaux d'origine romaine, comme briques, tuiles, ciment, etc.

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