HISTOIRE DES FRANCAIS PAR J. C. L. SIMONDE DE SISMONDI CORRESPONDANT DE L'INSTITUT De France, re l'académie impÉRIALE DE SAINT-PÉTERSBOURG DE L'ACADÉMIE Royale des sciences de prusse, DE L'ACADÉMIE Et de la société des arts de genÈVE, ETC., ETC. 15 BRUXELLES WOUTERS FRÈRES, IMPRIMEURS-LIBRAIRES 8, rue d'Assaut DES FRANÇAIS HUITIÈME PARTIE (SUITE) CHAPITRE XXVI. Retour du cardinal Mazarin. L'esprit de la fronde s'éteint en France. Condé commande en Flandre les Espagnols. Turenne lui est opposé. Condé surprend les lignes françaises, et fait lever le siége de Valenciennes. 1653-1656. (1653.) Dans aucune période l'histoire de France ne présente un intérêt plus vif, plus varié, plus soutenu que pendant la guerre de la fronde; dans aucune elle n'est plus riche en matériaux précieux; dans aucune ceux qui avaient part aux grands événements ne se montrèrent doués d'autant de talent pour les écrire, et n'ont laissé des mémoires plus dramatiques et plus attachants. Les peuples étaient entrés dans la lutte avec un zèle ardent pour la liberté, dont ils se faisaient, il est vrai, une idée fort confuse; les magistrats avaient prétendu à une participation importante à la législation et à l'administration du royaume, sans montrer qu'ils y fussent propres ; la noblesse recherchait, par instinct plus que par principe, une absolue indépendance; les grandes dames avaient combiné d'une manière jusqu'alors inouïe la galanterie avec la politique; la reine enfin, avec son astucieux ministre, n'avait jamais, au milieu des plus grands dangers, abandonné le projet d'établir le pouvoir absolu. Dans le cours de cette lutte, on avait vu tour à tour Mazarin, en 1649, s'allier avec la noblesse pour faire la guerre au parlement; puis en 1630, s'allier au parlement pour emprisonner ou proscrire les chefs de la noblesse. En 1651, il avait dû succomber quand les deux partis ennemis, qu'il avait tour à tour combattus, s'étaient réunis contre lui; mais en |