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points de la France s'élèvent des réclamations, avec chiffres à l'appui, contre le régime économique de notre agriculture.

Voilà, Messieurs, l'ensemble de la situation; si maintenant nous portons notre examen sur l'état de notre département, nous constaterons d'abord qu'il est encore un des moins atteints; en effet, dans le Nord et l'Est. le prix des baux a sensiblement baissé; ici ce n'est encore qu'une tendance et cependant voici les chiffres que votre Commission a relevés de 1862 à 1877, la moyenne du prix de l'hectolitre de froment, relevée sur des comptes d'agriculture tenus avec soin, ne dépasse pas 22 francs. L'année 1878 s'est présentée avec une récolte des plus médiocres, comme chacun sait, nous avons eu pour l'alimentation du pays une insuffisance de 19 millions d'hectolitres. Néanmoins, nous voyons le prix de l'hectolitre de froment tomber de 20 à 20 fr. 50. Or, votre Commission a cherché à se rendre compte du prix de revient du froment, pour le cultivateur de notre département. Deux de nos honorables collègues, éminemment compétents, ont établi avec beaucoup de soin l'état des frais de culture d'un hectare de blé,

L'un de ces états donne pour prix de revient de l'hectolitre, 21 fr. 82 c.; l'autre, 23 fr. 06 c. (1).

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2/3 fumure: 65 mètres à 3 fr. 50... 227 50 Conduite et chargement....

18

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Cette différence entre les deux résultats provient principalement de ce que la fumure supposée est plus forte, ainsi que le rendement, dans le premier état que dans le second. Quoi qu'il en soit, il ressort de ces observations

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317 12

Semences, 2 hectolitres....

50 D

Intérêt à 5 p. % des labours, fumure, loyer, semences, etc., soit de 374 fr.......

18.70

Semeur...

0 60

Frais généraux, bénéfice des deux années dont 1/2.. l'autre moitié applicable aux profits des bestiaux.

20 >

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Hersages et roulages....

Conduite du fumier à 0,60 c. le mètre cube....

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Semence: 10 double-décalitres à 5 fr. le double-déca

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que le cultivateur vend son blé en perte cette année et en moyenne sans aucun bénéfice.

On nous objectera qu'il trouve une compensation dans la vente du bétail, cela a été vrai en partie pour les sept ou huit dernières années, pendant lesquelles le bétail a obtenu des prix rémunérateurs. Mais déjà la baisse se fait sentir, on a commencé des importations considérables, soit d'animaux vivants, soit de viandes conservées par divers moyens.

Le jour où l'introduction de cette viande à bas prix se sera généralisée, et ce jour est très-prochain (nous expliquerons tout à l'heure que ce sera cette année ou l'année prochaine), la culture n'aura plus de ressources.

On nous dit volontiers: la culture changera ses produits comme l'industrie a changé son outillage, sans examiner même si cela est désirable; il est certain que cela est commencé depuis longtemps. N'avons-nous pas vu mettre en herbages, en prés artificiels ou naturels, toutes les terres qui comportaient cette culture; n'at-on pas allongé l'assolement et par conséquent diminué l'emblavure annuelle en froment; n'a-t-on pas retiré à la culture du blé de vastes territoires pour les transformer en vignes?

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Mais, d'abord, ces modifications ont été faites en partie aux dépens des jachères. D'ailleurs, tout cela est fort limité; il reste et il restera toujours, dans notre département, de vastes plaines propres au blé, propres exclusivement au blé. Bien oublieux de l'intérêt du pays serait celui qui s'en plaindrait! Et puis, enfin, nous avons passé en revue l'état de tous les produits agricoles : céréales, viande, textiles, oléagineux, plantes industrielles, tous sont en souffrance; aucun n'est rémunérateur. A supposer donc que la nature du terrain se prêtât à n'importe quelle culture, l'embarras serait le même. Mais, pour notre département, il ne peut fonder de sérieuses espérances que sur les céréales et le bétail.

Nos laines, qui autrefois étaient un produit important, sont tombées à des prix insignifiants: Nous trouvons comme moyenne, depuis 1861, 1 fr. 82 c. le kil. : ce prix n'a pas été atteint en 1878.

L'industrie sucrière, qui donne à l'agriculture un si brillant essor, n'a pu s'établir sérieusement dans notre département; le régime auquel elle est soumise lui permettant à peine de se soutenir là où elle est installée depuis de longues années.

Les bois eux-mêmes, qui couvrent une partie du département du Cher, sont menacés de dépréciation par l'emploi, en Amérique, de nouvelles matières tannantes.

Quelles sont les causes de cet état de souffrance de l'agriculture, de l'avilissement du prix de ses produits et, à un point de vue plus général, du développement extraordinaire de nos importations à côté de la marche si lente des exportations? Il y en a évidemment de plus d'une sorte. Mais la crise actuelle n'a pas le même caractère que toutes celles que les agriculteurs ont supportées avec tant de patience. L'avenir est plus inquiétant encore que le présent. Nous assistons à une véri

table révolution dans les conditions économiques de l'agriculture, et l'abaissement exagéré de nos tarifs, qui a eu pour résultat d'ouvrir notre marché à toutes les nations, n'y est certainement pas étranger.

L'Angleterre fabrique à outrance et l'énorme masse. de sa production écrase les marchés.

Cependant, au point de vue agricole, ce n'est pas de ce côté qu'est le danger. Mais l'Australie, et surtout l'Amérique, pays vierges, peu chargés d'impôts, où le prix des terres est presque nul, où la production agricole est indéfinie et à bas prix, nous font une concurrence meurtrière; et si l'on considère que nos marchés sont ouverts, que ceux de l'Amérique nous sont fermés par son système de droits protecteurs élevés, nous pouvons dire que la partie n'est pas égale.

En effet, sous l'influence de leur nouveau régime douanier, voici les résultats que les États-Unis ont

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Voici un tableau (1) d'où il résulte que, de 1868 à

1878, leur production s'est multipliée :

En animaux vivants, par.

En grains et farines, par.......

En fruits, par.............

En comestibles, par

7.37

2.63

3.38

4.08

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