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LISTE CHRONOLOGIQUE DES ÉCRIVAINS QUI ONT SOUTENU L'APOSTOLAT DE SAINT MARTIAL DEPUIS LE XI SIÈCLE JUSQU'A NOS JOURS.

› Ceux de nos lecteurs qui aiment les travaux d'érudition ne seront pas fâchés de trouver ici la liste chronologique des écrivains qui, depuis le x siècle jusqu'à nos jours, ont adopté l'antique tradition, et ont assigné la mission de saint Martial au rer siècle. Sans doute ' nous n'avons pas la prétention de donner une liste complète; mais ce que nous citerons suffira pour démontrer que, dans tous les siècles, on a cru à l'apostolat de saint Martial.

Nous allons d'abord citer un témoignage plus ancien, que nous avons découvert trop tard, et qui aurait dû trouver sa place dans le second chapitre de notre Dissertation, parmi les témoignages du Xe siècle.

FLODOARD, chanoine de Reims (930), que Mabillon appelle le principal ornement du x siècle. compte saint Martial, avec saint Trophime, saint Paul de Narbonne et saint Valère de Trèves, au nombre de ces premiers disciples que les apôtres envoyèrent dans les Gaules. Voici la traduction de ce passage, extrait d'un ouvrage important de Flodoard qui a pour titre : Des Triomphes du Christ en Italie, récemment mis au jour dans la Patrologie de Migne, et qui est un recueil considérable de petits poèmes sur les apôtres et les martyrs. Le chapitre neuvième du premier livre, intitulé Des Disciples des apolres et de saint Apollinaire, commence ainsi : « On lit que ces glorieux et bienheureux princes ordonnèrent plusieurs évêques, 'destinés à prêcher dans les diverses contrées du monde les éclatants mérites du Christ. Parmi eux, voici ceux qui partent pour les Gaules Trophime, Sabinien et son compagnon Potentien, Front

avec Georges, Paul, Martial et Valère, et notre Sixte, Memmius, Sinicius (1). »

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XI SIÈCLE.

Nous avons déjà cité, pour le xie siècle, les nombreux prélats, les savants abbés, les princes, qui assistaient aux divers conciles de Limoges, de Bourges, de Paris, de Poitiers à cette liste si imposante nous ajouterons les noms suivants :

4006.

DIEDERIC, moine d'Hersfeld en Thuringe, qui écrivait vers l'an 1006, donne à saint Martial le titre de premier disciple de saint Pierre (2).

1020. LA LÉGENDE DE SAINT ALPINIEN, qui se trouvait dans un manuscrit du XIIe siècle avec les sermons du moine Adémar, et que l'abbé Nadaud croyait avec raison être l'œuvre du même écrivain, cette légende dit non-seulement que saint Martial a été envoyé par saint Pierre (3), mais encore qu'il donna des évêques aux habitan's de l'Auvergne, de Rhodez et du Puy-en-Velay (4), et qu'il établit des siéges métropolitains à Bourges, à Tours, à Toulouse et à Bordeaux (5).

1020.

(1)

La légende de saint Justinien, que Nadaud croyait du même

Jsthinc beati et gloriosi principes
Plures leguntur ordinasse præsules,
Ad prædicanda clara Christi insignia
Diversa mundi destinandos per loca.
Quorum profecti competunt hi Gallias :
Trophimus, Sabinianus, ejus et comes
Potentianus, Fronto cum Georgio,
Paulusque, Martialis et Valerius,

Sixtusque noster, Memmius, Sinicius.

́(De Christi Triumphis apud Italiam, L. I, C. IX, de Discipulis apostolorum, etc.': Patrolog., T. CXXXV, col. 609.)

(2) Biblioth. Floriac., pars I, p. 223. Acta SS. Bened., sæc. IV, pars II,

p. 351.

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(3) Beatus Petrus cum per unum annum Romanos converteret, etc., jubente Domino B. Martialem, qui cum eo et cæteris apostolis a Domino enutritus fuerat, etc., in Aquitaniam ad prædicandum direxit. (Ap. BONAVENT., T. I, p. 505.) - Cette légende est tirée d'un manuscrit du XII siècle, où elle se trouvait à la suite de la légende d'Aurélien. (Ibid., p. 558.)

(4) Arvernis quoque, ac Ruthenis, atque Anicio montuoso oppido in titulo S. Mariæ, episcopos per omnes disposuit Martialis. (AP BONAVENT., T. II, p. 259 ) (5) Beatus quippe Martialis urbes tunc metropolitanas quas Christo prædicando acquisivit, hoc est, Bituricam, Turohis, Tolosam, Burdegalam, constituit, ut haberent primates successores suos episcopos Lemovicenses. (Ap. BONAV., T. I, p. 264.)

auteur, et qui doit dater de la même époque, regarde saint Martial comme un disciple de J.-C. (1).

-

1028. Inscription du tombeau de saint Martial. Un fragment de marbre blanc, veiné et tacheté de brun et de rouge, porte sur ses deux faces une inscription ainsi conçue :+HIC REQUIESCIT MARTIALIS : APOSTOLUS XPI : Cette inscription, trouvée, à l'époque de la révolution, dans le tombeau de saint Martial, fut recueillie par M. Périer, et elle a été cédée par M. Maurice Ardant au musée de Limoges, où on la voit aujourd'hui. Comme une pierre, couverte d'une inscription à peu près semblable, et trouvée dans le même tombeau, portait sur la tranche ces mots : Ademari miserere tui, on a conjecturé que ces deux inscriptions avaient été déposées par Adémar à l'époque des conciles de Limoges, lorsqu'on ouvrit le tombeau de saint Martial (1028). Quoi qu'il en soit, cette inscription, qui, à en juger par la forme des caractères, date au moins du XIe siècle, renferme en faveur de l'apostolat un témoignage que nous n'avons pas voulu omettre ici. On en trouve un fac-simile dans l'important ouvrage que notre savant archéologue M. l'abbé Texier a publié sur les Inscriptions du Limousin (2).

1084. HEBRETIUS, moine de Cluny, qui écrivait en 1084, fait envoyer saint Martial par les apôtres à la ville de Lugnonicum (pour Lemovicum) (3).

1090. ANSELME DE LAON, chanoine et écolâtre de cette Eglise, qui florissait vers la fin du xie siècle (4), dit, dans ses Commentaires sur les Evangiles, que saint Martial de Limoges était le petit enfant que Notre-Seigneur plaça au milieu des apôtres, et qu'il proposa comme modèle d'humilité (5). C'est la mention la plus ancienne que nous connaissions de cette tradition particulière, dont il n'est point parlé dans la légende d'Aurélien, et qu'on ne trouve point rapportée dans les conciles tenus au commencement du XIe siècle.

(1) Insignis discipulus Christi Martialis, a Christo Domino cui se mancipaverat degenti in terra, est directus in Galliam. (Ap. BONAV., T. I, p. 503.)

(2) Inscriptions du Limousin, p. 118, planche 5.

(3) Acta SS., T. III april., p 726.

(4) Anselmus, Laudunensis Ecclesiæ canonicus, ac postea decanus, florebat sub finem sæculi undecimi. (CASIMIR OUDIN, apud MIGNE, Patrolog T. CLXII, col. 1469. (5) Volens superbiam eorum contundere, proponit exemplum humilitatis, ne alii aliis velint præferri. Et ideo statuit in medio puerum, ut innocentiam parvuli quam ex natura habebat et industria et virtute imitentur. Multi dicunt illum parvulum fuisse sanctum Martialem Lemovicensem. (Enarr. in Matth., C. XVIII: Patrolog, T. CLXII, col. 1405.)

XII SIÈCLE.

4404. YVES, prieur de Cluny, étant venu à Limoges au commencement du XIIe siècle, y composa, en l'honneur de saint Martial, l'hymne qui commence par ces paroles Martiali apostolo (1) : or cette hymne rend témoignage à l'apostolat de saint Martial et aux traits principaux de sa vie d'après la légende d'Aurélien (2).

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1105. Epitres de saint Martial. Geoffroi de Vigeois raconte dans sa Chronique (3) que, sous le règne de Philippe I, et vers le temps de sa mort (arrivée en 1408), on trouva dans le sanctuaire (in sacrario) de la basilique de saint Pierre, dans le tombeau d'un personnage inconnu, et dans le lieu où se trouvait autrefois la sépulture des évêques, deux épîtres de saint Martial, adressées, l'une aux habitants de Bordeaux, l'autre à ceux de Toulouse. Ces lettres, à demi consumées de vieillesse, étaient écrites en caractères anciens et presque illisibles (4). Dans ces épîtres, saint Martial prend le nom de Martial-Céphas, et se donne le titre d'apôtre. Bellarmin, qui combat l'authenticité de ces lettres pour diverses raisons plus ou moins solides, avoue qu'elles sont pieuses, et qu'elles pourraient servir à confirmer plusieurs dogmes catholiques, si l'on connaissait positivement le temps où elles ont été composées (5). Quelle que soit cette époque, on peut croire avec fondement qu'elles ont été écrites pour remplacer des épîtres réelles de saint Martial, perdues, comme la vraie légende écrite par saint Aurélien, dans l'invasion des barbares. Ces lettres prouvent au moins une chose, c'est que, à l'époque ancienne où on les a composées, on croyait à l'apostolat de saint

(1) GAUFRID. VO IENS., apud LABBE, T. II, p. 297.

(2)

Martiali Apostolo
Aquitanorum domino
Psallat mater Ecclesia
Colens ejus solemnia.

Hic adolescens nobilis,
Usus Christi colloquiis,
Adamavit cœlestia
Parvipendens terrestria.

Linquens Judææ patriam,
Devenit Antiochiam,
Apostolorum principi
Corde junctus unanimi.
Cum ipso Romam petiit,
Hinc Aquitanos adiit,
Datus pastor divinitus
Lemovicinis civibus, etc.

(3) C. X, apud LABBE, Bibl. nov., T. II, p. 288.

(4) Mss. S. Martial, apud BONAV., T. III, p. 70.

(5) Alioqui autem piæ sunt, et ex iis non pauca dogmata ecclesiastica confirmari possent adversus nostri temporis hæreticos, si de tempore quo scriptæ sunt plane Constaret. (De Scriptor. Eccles., ad ann. 71 j

Martial; car on n'a jamais attribué de semblables épîtres qu'aux apôtres ou aux hommes apostoliques contemporains des apôtres.

1108.HUGUES DE SAINTE-MARIE, moine de Fleury ou de SaintBenoît-sur-Loire, dit, dans la Vie de saint Sacerdos, qu'il traduisit en latin vers l'an 1108 (1), que saint Sacerdos était le vingt-neuvième évêque de Limoges depuis saint Martial, disciple de l'apôtre saint Pierre (2).

1110. PIERRE-LE-SCOLASTIQUE (Petrus Scolasticus). écolâtre du monastère de Saint-Martial, qui écrivait, comme nous l'avons montré plus haut (3), au commencement du xe siècle, a fait une traduction en vers de la légende d'Aurélien, traduction dont on trouve de nombreux fragments dans le second volume du P. Bonaventure. Il dit en particulier que le nom hébreu de saint Martial était Céphas, ainsi qu'il l'a trouvé dans de vieux manuscrits, et que ses lettres (découvertes vers l'an 1106) étaient lues par les doctes habitants de Bordeaux (4); que saint Martial était du collége apostolique, et qu'il avait reçu sa mission des trois personnes de la Sainte-Trinité (5), etc. On voit que, à cette époque, on ne doutait guère de l'apostolat de saint Martial.

1123. PIERRE MAURICE dit le Vénérable, abbé de Cluny, a écrit une lettre aux religieux de Saint-Martial dans laquelle il fait le plus grand éloge de leur régularité, et donne à leur saint patron le titre d'apôtre du Christ et de leur apótre (6); puis, dans son, ouvrage

(1) Patrolog., T. CLXIII, col. 803.

(2) Exstitit etiam (S. Sacerdos) vigesimus nonus Lemovicensis ecclesiæ episcopus a B. Martiale, primo ejusdem civitatis episcopo, Petri apostolorum principis discipulo. (Patrolog., T. CLXIII, col. 991.)

(3) Chapitre IV, 1′′ objection, p. 123, note 1.

(4)

Quod memini titulis antiquis me didicisse,
Quos apices ejus legit Burdegala doctus.

Cephas quoque dicitur idem

(Lib VI. cap. XI, ap BONAV., T. II, p. 442.)

(5) Sortis apostolicæ quis te provexit honore ?

Nonne tuus doctor Christus, nosterque Redemptor?
Nonne pater Christi? Numquid non Spiritus almus?
Qui lectum docuit legemque fidemque docere
Præcepit populos? Ipsius apostolus exstas, etc.

(Lib. IV. ap. BONAV, T. II, p. 114.)

(6 Venerandis et dilectis fratribus nostris apud Lemovicas Deo et sancto Marciali ejus et suo apostolo servientibus, frater Petrus humilis fratrum Cluniacensium abbas, salutis, gratiæ et benedictionis a Deo plenitudinem. (PETRI VENERAB., abbat. Clun. IX, Epistol., L. VI, epist. XIII: Biblioth. Vet Patr. T. XXII, p. 945.)

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