Page images
PDF
EPUB

Style

en-Velay, de Saint-Hilaire de Poitiers, de] Loches. plantagenet églises à coupoles de Fontevrault, de Saint-Maurice d'Angers. Conclusion.

Dans la conclusion, M. de Verneilh résume les résultats acquis par ses recherches, en montrant que l'influence byzantine sur la France est considérable, mais exceptionnelle, et qu'elle s'est toujours manifestée très-nettement. Il prouve que, là où cette influence a existé réellement, on peut la prouver au lieu de l'affirmer, comme on l'a fait à tort et à travers.

Vingt grandes planches hors du texte, et quelques bois dans le texte, illustrent et complètent les 316 pages dont ce volume est composé. Ces gravures représentent Saint-Front en plan, coupes, élévations, ensembles et détails. Le plan et une coupe de Saint-Front sont mis en regard de ceux de Saint-Marc, comme on pose une fille devant sa mère pour constater les points de ressemblance. A la statistique des églises françaises à coupoles sont joints les plans, coupes, élévations, vues, perspectives des églises de Saint-Jean de Cole, Saint-Avit-Sénieur, Solignac, Boschaud, Fontevrault, SaintEtienne de Périgueux, Souillac, Bourdeille, Peaussac, Pauuat, Trémolac, le vieux Mareuil, des cathédrales d'Angoulême, d'Angers, de Cahors et du Puy.

Cette remarquable publication, aussi neuve et originale qu'elle est importante, paraît en même temps que cette livraison des Annales. Le format en est in-4°, texte et planches; les caractères et le papier sont exactement ceux des Annales Archéologiques. C'est un beau volume de plus que mon frère vient d'ajouter au fond de sa librairie archéologique de la rue Hautefeuille. Le prix en est de 20 francs, comme celui des Annales elles-mêmes.

DIDRON aîné.

(Annales Archéologiques de Didron, mars et avril 1852.)

Vous avez choisi, Messieurs, pour le sujet de vos dissertations dans cette séance l'amphithéâtre de Limoges : mon devoir est donc de rappeler à votre mémoire toutes les vicissitudes de ce monument depuis sa fondation jusqu'à l'époque de l'ouverture de la rue à laquelle il a donné son nom. Les travaux de cette rue en mirent au jour les vestiges, ensevelis pour long-temps sous la terre de la partie occidentale de la place d'Orsay.

Pour l'intelligence du plan et des termes qu'il me faudra employer, vous me pardonnerez, j'espère, Messieurs, une rapide digression sur les amphithéâtres romains.

Ces monuments devaient être très-considérables, à en juger par les diverses parties dont ils étaient composés.

L'amphithéâtre était formé de deux théâtres en demi-cercles réunis, et son nom signifiait un lieu d'où les spectateurs, rangés circulairement, voyaient également bien de deux côtés opposés : aussi les Latins le nommaient-ils visorium: Amphitheatrum quasi in unum juncta duo visoria rectè constat esse nominatum, dit Cassiodore. Cet auteur ajoute que, quoique le dehors en fût quelquefois parfaitement rond, l'intérieur était toujours de förme un peu elliptique, afin que les nombreux spectateurs pussent voir plus facilement les jeux et les spectacles qu'on y donnait (1).

Le nom de cavea, qu'on donna dans le principe, du latin cavus, creux, n'exprimait par la suite que le dedans ou le creux formé par les gradins en cône tronqué, dont la surface la plus petite, celle qui était au-dessous du premier rang de gradins et du podium (mur d'enceinte intérieur) s'appelait l'arène, parce que, avant de commencer les jeux de l'amphithéâtre, on y répandait du sable.

Autour de cette enceinte, fermée, dans toute la circonférence de l'arène, par un mur de quatre à cinq mètres de hauteur, étaient des loges ou voûtes, caveæ, qui renfermaient les bêtes destinées à com-battre on les nommait aussi cryptæ, carceres, fornices et specus subterranei. Au-dessus de ces loges, dont les portes (portula) se prenaient dans le mur d'enceinte, était pratiquée une avance ou saillie en forme de quai nommé podium, qui ressemblait à une longue tribune ou péristyle circulaire.

(1) Ovi speciem ejus arena concludens ut concurrentibus aptum daretur spatium, et spectantes omnia faciliùs viderent.

Au premier rang de siéges, orné de colonnes et de balustrades, s'asséyaient les consuls, le préteur, ainsi que l'éditeur du spectacle, les magistrats et les vestales, qui avaient aussi le privilége du podium. La loge de l'empereur s'appelait suggestus. On garnissait de coussins les siéges de l'édile, des sénateurs, des chevaliers et des vestales.

A partir de ce lieu, trois autres rangs de siéges s'élevaient en gradins jusqu'au sommet de l'édifice, collines des siéges, colles subselliorum; ils étaient coupés par des allées circulaires, præcinctiones ou baltei, baudriers, diazoma, cingula, ceintures, dont elles affectaient la forme. Des escaliers pratiqués de distance en distance entre les étages portaient le nom de scalaria, scale; et l'espace compris entre eux, cuneus, coin à cause de leur forme angulaire. Les intervalles entre chaque rang de siéges se nommaient viæ, voies, et les corridors qui correspondaient aux portiques extérieurs, aditus. Les vomitoria, suivant Macrobe, étaient les avenues ou portes percées au haut de chaque escalier on y arrivait du dehors par des voûtes couvertes; une porte particulière, porta libitinensis, porte de mort, servait à enlever les gladiateurs mis hors de combat; par les foramina on emportait les malades.

Pour préserver le public de la fureur des éléphants, tigres, panthères, léopards, lions et autres bêtes féroces, qui firent quelquefois irruption sur les spectateurs, on entourait l'arène de filets de treillis, ou de fossés pleins d'eau nommés euripes.

On ne se plaçait pas indistinctement à l'amphithéâtre. Chaque condition avait son quartier, et les designatores, locarii, maîtres des cérémonies, se chargeaient d'assigner à chacun sa place. Celle des ambassadeurs étrangers était près de la loge de l'empereur; les chaises curules des sénateurs occupaient les premiers rangs de l'orchestre à la suite, et les chevaliers, les quatorze rangs suivants; puis venait le peuple, qui s'asséyait sur les popularia, degrés de pierre. Dans les pays chauds, on tendait au-dessus de l'assemblée des toiles ou des étoffes de soie et de pourpre pour la préserver de la chaleur excessive ou de la pluie.

La partie supérieure de l'amphithéâtre était composée de portiques, et d'une espèce d'esplanade où les femmes et les gens vêtus de deuil se plaçaient; on nommait cathedra, chaises, les places réservées, dans les anfractuosités des murs, aux femmes des citoyens romains ou du peuple.

L'amphithéâtre était toujours consacré à une divinité dont l'autel s'élevait au milieu de l'arène.

En rappelant que Rome maîtresse du monde ne posséda d'abord qu'un amphithéâtre de bois construit par Scribonius-Curion; que Jules-César lui-même n'employa que cette matière peu durable pour celui qu'il édifia, l'an 707 de Rome (47 avant J.-C.), dans une circonstance particulière; que Statilius-Taurus, sous Auguste, n'en bâtit un de pierre qu'en l'année 728 (26 de notre ère); et que le Colysée fut commencé par Vespasien, et inauguré par Titus, son fils, l'an 833 de Rome (80 de J.-C.); nous détruirons sans réplique les prétentions de ceux qui attribuent à Duratius Méménion, fils de Sédulix, chef des Lemoviques, la fondation de l'amphithéâtre de Limoges.

Les vieux chroniqueurs et ceux qui les ont copiés ont confondu ce monument avec le théâtre dont il embellit la ville de sa résidence en même temps qu'il construisait (s'il faut en croire les chroniques manuscrites) le palais proconsulaire et ses somptueux jardins, le pont Julius, le forum dédié à Auguste, le palais de plaisance de Cruciacum (Crochat), les Thermes d'Evahon (Evaux), etc.

Lemovicum, que nos vieux historiens représentent comme une ville florissante et très-peuplée, triple par son étendue de ce qu'elle était de leur temps, ne pouvait néanmoins avoir vu élever sur son territoire un monument d'une aussi grande importance qu'un amphithéâtre lorsque Rome n'en avait pas, ou venait à peine d'en avoir un provisoire.

Nous devons penser que cette erreur est une suite du sentiment honorable qui porte tous les néophytes de la science, les historiographes topiques si l'on peut s'exprimer ainsi, à doter leur pays de monuments de toutes sortes, en tombant dans l'écueil où s'exposent les panégyristes passionnés.

Pour ne parler que de nos contrées, après avoir reconnu les ruines des amphithéâtres de Bordeaux, Saintes, Poitiers et Périgueux, celles d'Argenton, Tintignac et Chassenom nous ont paru très-contestables. Un amphithéâtre suppose un centre très-considérable de populations adonnées aux habitudes du luxe, aux divertissements publics et aux représentations dramatiques. On a pu prendre, dans les localités moins importantes, les ruines des cirques, qui servaient à la fois de place publique ou de marché, de forum pour les assemblées populaires, les réunions municipales ou commerciales, pour celles d'arènes de gladiateurs ou d'amphithéâtres.

Les médaillons d'Hadrien trouvés sous les piles des arènes lors de leur destruction ont fait penser que cet empereur avait édifié l'amphithéâtre limousin; quelques-uns font honneur de sa fonda

tion à Trajan, pour avoir mal lu les légendes qui portent Trajanus Hadrianus; d'autres enfin sont d'avis qu'Antonin-le-Pieux y fit travailler.

L'opinion la plus plausible serait celle qui établirait qu'Hadrien a commencé ce monument, et qu'Antonin-le-Pieux le termina. En effet, l'an 117, la première année de son règne, Hadrien prit sur ses monnaies, suivant l'usage, le nom de son père adoptif Trajan joint au sien. Antonin prit de même, l'an 138, par les mêmes raisons, le nom d'Hadrien qui figure sur ses médailles avec ses autres noms plus ou moins abrégés : l'interprétation de ces légendes, réduites souvent à de simples initiales, a causé ces erreurs.

On a découvert, outre les médailles d'Hadrien citées par M. Allou, un ou deux grands bronzes de cet empereur sur l'emplacement des arènes, ainsi que des bronzes de Néron, de Faustine et de Géta, auprès d'un vase de bronze antique, en 1830. Les médailles d'Antonin-le-Pieux sont encore plus communes à Limoges : il en a été trouvé plusieurs du grand module sous les fondations des anciennes tours de la porte Boucherie (rue du Collège). L'historien Spartien constate que cet empereur répara et éleva de nombreux édifices dans les diverses provinces de l'empire romain. L'auteur de cet article a recueilli à Limoges près d'un millier de médailles d'Antonin', de Faustine, sa femme, ou de son fils adoptif, dont la meilleure partie, le choix, est au musée (1). Il n'y a donc aucune témérité à appuyer l'hypothèse qui lui fait honneur de l'achèvement de notre amphithéâtre hypothèse qui serait encore fortifiée si l'on adopte comme authentique l'inscription sur marbre que Beaumesnil dit avoir vue, à Rome, chez M. de Troy, directeur de l'école française de peinture et de sculpture.

Cette table de marbre avait un mètre de largeur sur un peu plus d'un mètre de hauteur, et paraissait être un fragment d'une sorte de catalogue des amphithéâtres élevés par les empereurs. Les deux inscriptions qui y étaient gravées se rapportaient aux arènes de Limoges et de Nîmes, ville natale d'Antonin; une seule ligne appartenait à une troisième inscription. L'inscription concernant l'amphithéâtre de Limoges, mal transcrite dans quelques parties par Beaumesnil, qui paraît avoir été peu familier avec la langue latine; mal traduite par M. Allou, qui débutait dans l'étude de l'archéologie ; cette inscription, disons-nous, a été amèrement critiquée, et même

(1) Il serait fort étonnant, mais non impossible, que ces médailles provinssent des paiements faits pour les travaux de notre monument.

« PreviousContinue »