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Comte. C'est avec beaucoup de peine que j'en ai obtenu communication. Au même catalogue Fougères, no 533, se voit un denier de Pepin avec son nom précédé d'un H, et au revers LIMOVIX autour d'une croix qu'on voit sur chaque face. D'après la différence qui existe entre les deux monnaies, on pourrait attribuer l'une à Pepin Ier, et l'autre à Pepin II.

Les rois d'Aquitaine, comme plus tard les ducs de cette grande province, venaient prendre la couronne à Limoges, y frappaient des monnaies, et les répandaient dans les largesses du jour de leur

couronnement.

Deux oboles de Pepin ont été trouvées à Limoges l'une au doyenné, l'autre à Saint-Martial. L'une d'elles porte le mot AQVITAINA, et l'autre AQVITANIA; je ne puis dire si le premier mot est une transposition de lettres ou un patois.

Charles dit le Chauve fut également couronné à Limoges. Au n° 494 du catalogue cité, est dessiné un de ces deniers, sur lequel est empreint le monogramme de KAROLVS; autour, GRATIA DI REX; au revers, la croix et LIMOVICAS. Cette pièce dut être frappée avant l'édit de Piste de 854, qui fit fermer momentanément notre atelier monétaire, ou bien l'on n'obéit pas à son édit. Un denier de ce prince porte BRVCCIA. MO, qui peut être attribuée à Brosses, Bruccia, château-fort du diocèse de Limoges qui a appartenu à nos vicomtes.

Nous n'avons pas rencontré dans le pays de monnaies des rois Louis-le-Bègue et Louis III avec le nom de notre ville. Une obole de Louis-le-Bègue, où on lit LVDOWIC en deux lignes, et au revers Aquitania, faisait partie de la découverte du doyenné; on connaît aussi de lui un denier de Benebentum, qui ne peut s'appliquer qu'à une localité de l'Aquitaine,

Charles, second fils de Charles-le-Chauve, dit d'Aquitaine, frappa des monnaies portant Carlus Rex et Aquitanix ou Aquitania et Aquitana en deux lignes. Le catalogue Fougères donne à Carloman, fils de Louis-le-Bègue, un denier à peu près semblable à celui que nous avons attribué au frère de Charlemagne à cause de la fabrique ancienne; on y lit: LEMOVIX. J'ai décrit parmi les méreaux de Limoges une pièce d'argent de cette époque de l'évêque Gerlo et de l'église Saint-Etienne.

Le couronnement d'Odon, Eudes, fils de Robert-le-Fort, à Limoges, vers la fin du Xe siècle, eut un grand retentissement. Rodolphe de Turenne, archevêque de Bourges, passa au doigt de ce vainqueur des Normands l'anneau de sainte Valérie, suivant le cérémonial

anciennement usité. De nombreuses monnaies furent frappées en son nom à Limoges, et les numismatistes n'en ont expliqué l'abondance qu'en supposant que leur type fut continué par les rois ses successeurs, comme cela eut lieu dans d'autres provinces. Nous en connaissons plusieurs variétés : les deniers larges portent, d'un côté, dansle champ, ODO avec des O cruciformes, et autour GRATIA DI REX; au revers, LIMOVICAS CIVIS autour d'une croix; d'autres portent LEMOVICAS et LIMODICAS. Dans le catalogue de M. Fougères, une obole présente la lettre D renversée avec une queue comme le Q. Il en fut exhumé des fondations de Saint-Martial, lors de la construction du théâtre, une vingtaine, où je remarquai des diversités de légendes et de poids, depuis 18 jusqu'à 27 grains, les mots EVTVF, ETMEV et simplement E à la suite de REX, en écriture barbare, qu'on n'a pu raisonnablement expliquer. Le Gratia Dei est souvent altéré. On lit Gilatia, Glacia, Glatiad, Grata, et le nom de la ville y est écrit Limovica, Limiuca, Limovosa civis, cus avec des points sur les jambages du v, cris, div., etc., etc. Dans le nombre il y en avait de faux en cuivre ou billon. La rapidité et la clandestinité de cette fabrication coupable donnent la raison de ces légendes barbares et mutilées. On doit au travail d'une taupe la découverte, près de Paulhac, d'une certaine quantité de deniers d'Eudes d'une assez belle conservation. Charles-leSimple, compétiteur d'Eudes, vint aussi se faire couronner à Limoges nous n'avons pas de ses deniers.

On fait honneur à Eudes de l'établissement des vicomtes de Limoges, qu'il créa pour contrebalancer la puissance ambitieuse des comtes de Poitiers, ducs d'Aquitaine. Les vicomtes de Turenne commencèrent au même temps, car leurs deniers ont dans leurs légendes des O cruciformes comme ceux du roi Eudes.

Fulcherius fut choisi en 887, et fut le premier vicomte. Gérald de Ségur, Guy ler, vicomte de Limoges et de Brosses, Aymar 1, II et III, Guy II, Aymar IV et V et Guy III se succédèrent jusqu'à Guy IV nous n'avons aucune monnaie d'eux.

Avant de donner la description des deniers des autres vicomtes, l'ordre chronologique nous impose le devoir de parler des barbarins, qui, dans mon opinion, étaient la monnaie frappée par les abbés de Saint-Martial. Les abbés, pendant le triste règne de Charles-leSimple, se fondant sur ce que sainte Valérie, souveraine du pays, aurait laissé son patrimoine aux pauvres pour leur être distribué selon les règles de la primitive église, se déclarèrent seigneurs de Limoges, et exercèrent le droit de monnayage. Ils mirent sur leurs

deniers le chef barbu du saint patron de Limoges. Ce chef, grossièrement empreint, à cette époque où l'art était retombé dans l'enfance, fut pris par quelques personnes crédules pour la tête du fabuleux Lemovix, fondateur de Limoges. Le nom de barbarin, donné à ces deniers à cause de la barbe du premier évêque limousin, conviendrait mieux à leur fabrication barbare. Le plus ancien et le plus mal frappé de ces deniers est attribué par l'abbé Legros à Charles-le-Simple, qui, suivant la chronique d'Adhémar de Chabannes, combla la basilique de riches présents, et passa la nuit en prières auprès du tombeau de saint Martial. Ce denier présente, d'un côté, le buste du saint, revêtu de la chape, avec la barbe et les cheveux très-longs; légende, S. MARTIAL; revers, croix latine LEMVICENSIS, avec un petit o sur le M. M. Allou en décrit un très-grand, où se voient les deux lettres S et M de chaque côté d'une tête à longue barbe, ceinte d'une auréole et de trois rayons lumineux ; je le prendrais plutôt pour un méreau de la confrérie de Saint-Martial, qui fut appelée dans le principe de Saint-Sauveur. Il existe plusieurs variétés des deniers ordinaires, où on lit tantôt S. MARTIALIS du côté du buste, et LEMOVICENCIS par deux C autour d'une croix cantonnée de douze points ou étoiles, trois par angle; tantôt, autour d'une tête à cheveux hérissés coupant le chapelet de perles, S. E. S. MARCIAL, signum ecclesie sancti Martialis. Au revers LIMOVICENSIS en légende. La croix du champ a ses bras et son jambage ornés d'un léger filet pointillé; le buste est revêtu d'ornements pontificaux. Une maille ou obole, moitié du denier, dessinée par M. Allou, présente le buste de saint Martial empreint sur un petit bouclier rond. Les Annales affirment que les anciennes monnaies de Lemovix présentaient ainsi placé le buste de ce personnage. Tobiesen-Duby, dans les planches de son ouvrage, a fait dessiner des deniers où on lit STS au lieu de SES HARCIAL, mettant un Hà la place du M, et la croix du revers, sans étoiles ni filets, avec la légende LIMOVICENSIS au lieu de Lemovicencis. C'est sans doute le dernier type de ces deniers, ce mot se rapprochant le plus du nom actuel de Limoges. Ces deniers pèsent de dixsept à dix-huit grains.

Avant de décrire les deniers qui nous restent de nos vicomtes, je dois citer une pièce d'or dont M. Allou a fait la description, et sur laquelle on lit RICARDVS en trois lignes; de l'autre côté, LEMOV, en lettres placées dans les angles d'une croix simple. Les initiales du mot Lemovicum et le nom de Ricardus ne peuvent se rapporter qu'à des monnaies frappées lors du sacre de Richard

Coeur-de-Lion comme duc d'Aquitaine par l'évêque Gérald-Hector du Cher.

Un denier d'argent qui a beaucoup de rapport avec cette pièce d'or montre aux yeux de l'examinateur le mot IOHANNES, dont les lettres cantonnent deux par deux les angles d'une croix simple; au bas est l'abréviation LEM.; au revers, dans le champ, V et C, continuation du mot Lemovicum, ou signifiant vicecomes. On ne peut l'attribuer qu'à Jean-sans-Terre, qui résida long-temps à Aixe; car les deniers des vicomtes de la maison de Bretagne se font remarquer par les mouchetures d'hermine, leurs armoiries.

C'est à Geoffroi Plantagenet que j'attribue, en attendant une meilleure explication, le denier d'argent, trouvé dans le pays, qui porte GOFREDYS. CO et REX AQVITANIE. Cette monnaie, dont la fabrique rappelle celle du commencement du XIIIe siècle, est aujourd'hui au cabinet de Paris, après avoir embarrassé bien des savants par ses légendes extraordinaires.

Un denier qui paraît intermédiaire entre ceux des abbés de SaintMartial et ceux des vicomtes a occasioné diverses interprétations. Je me bornerai à le décrire: d'un côté, dans le champ, S et M, surmonté d'un signe affecté aux noms religieux, sorte d'oméga fort ouvert; autour, LEMOVICENSIS avec des S droits; au revers, VICECOMES entourant la croix latine. Cela signifie-t-il Sanctus Martialis, vicecomes Lemovicensis, comme le pensent quelques-uns, cause de la grande vénération des Limousins pour leur patron, qui l'auraient proclamé leur vicomte, ainsi que d'autres provinces l'ont fait de leurs patrons; ou faut-il lire Signum Mariæ ou Margaritæ, vicomtesse ou comtesse douairière? Dans ce cas, faudrait-il au moins comitissa, au lieu de vicecomes.

à

Marie, fille et héritière unique de Guy IV, vicomte de Limoges, épousa, en 1275, Arthur II, fils de Jean II, duc de Bretagne, comte de Richemont et de Montfort. Les deux époux, encore sousla tutelle de Marguerite de Bourgogne, veuve de Guy IV et régente de la vicomté, firent frapper, la même année, des deniers dont nous avons deux variétés : l'une à l'écusson rond, l'autre à l'écusson triangulaire avec les armoiries ainsi expliquées : champ de Dreux, parti de Limoges, c'est-à-dire bandé ou coticé d'or et de gueule de dix pièces; ou de Dreux, au franc quartier de Limoges; ou de Bretagne, coupé de Limoges, parti de Dreux; ou enfin écartelé de Bretagne et de Dreux. Ces variétés se voient aussi sur les deniers de ses deux fils Jean et Guy. On lit autour de la croix, inscrit dans un chapelet de perles ARTVRI. VICEC., et au revers, entourant

Fécusson, LEMOVICENSIS. L'obole de ce dernier est beaucoup plus rare je n'en ai pu trouver encore qu'une.

Arthur, étant devenu duc de Bretagne, mit en possession de la vicomté de Limoges, dès 1301, son fils aîné Jean, qui devint à son tour duc de Bretagne, en 1312, à la mort de son père. Ses deniers portent le même écusson; on y lit JHES. VICECOMES; les deux avant-dernières lettres sont liées; une moucheture d'hermine, ressemblant à une grenade, est placée, en point secret, sous le E de comes.

On vient de trouver dans le département une sorte de poids en cuivre, rond et très-régulier, dont nous devons faire mention. quoique l'étude n'en soit pas complète. On lit autour d'une croix cantonnée d'un point aux premier et quatrième quartiers.+. I. DVX. BRITONVM; au revers, autour du chastel,+TVRONVS. LEMOVIX. Ce poids qui pèse deux cent vingt-six grains, nous paraît avoir été un type légal du tournois limousin, que le duc Jean de Bretagne aurait fait frapper comme vicomte de Limoges après l'ordonnance de 4345.

On connait un denier de ce Jean, frappé en Bretagne, sur lequel on lit I. DUX BRITANNIE et VICEC. LEMOVIC.; on remarque dans les armoiries une croix recroisettée. Il céda sa vicomté de Limoges à sa femme Isabelle de Castille, ce qui explique les armes de Castille sur un de ses deniers que m'a donné M. Morin de Lyon. Il mourut en 1341.

Guy de Bretagne, son frère, ne fut vicomte de Limoges que pendant trois ans; étant comte de Penthièvre, il épousa Jeanne d'Avaugour, dont il n'eut qu'une fille unique, appelée Jeanne-laBoiteuse. Il est resté de Guy V un denier presque entièrement semblable, à la légende près, à ceux de Jean, son frère; on y lit GVIDO. VICECOMES. LEMOVICENSIS; l'hermine du point secret y est placée sous le V du mot Gvido.

Jean son frère, lui ayant survécu, redevint comte jusqu'en 1341. Tobiesen-Duby a fait dessiner un de ses deniers comme duc de Bretagne, portant au revers la légende VICECO. LEMOVIC. autour d'un écusson rond, mi-parti de Dreux et de Bretagne, échiquier et hermine. La lettre L cantonnée au quatrième quartier s'explique par Limoges ou Léon; d'autres variétés portent VIC. Lemovicen et C. Lemovicensis. Une obole trouvée à Limoges présente les mots entiers Johannes-Dux.

Jeanne-la-Boiteuse, fille unique de Guy V, mariée, en 1338 à Charles de Blois, lui porta en dot la vicomté de Limoges on doit

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