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M. l'archiviste a proposé, pour l'année 1852, un budget qui a été adopté. Une somme de 50 fr. sera consacrée à l'impression d'un Questionnaire archéologique, qui sera envoyé à MM. les maires et à MM. les curés du département, à l'effet d'obtenir des renseignements utiles sur les curiosités archéologiques de chaque localité.

M. Navières fait une réclamation de la part du conseil de fabrique de la cathédrale. Sur le tableau de la première croisade qui se trouve au musée, on lit ces mots : offert par le conseil de fabrique de la cathédrale. C'est inexact le tableau n'a pas été offert, mais seulement déposé au musée. M. Alluaud répond que la rectification demandée aura lieu.

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M. Chapoulaud demande quelques détails sur l'excursion archéologique faite récemment au champ de bataille de La Roche-l'Abeille par quelques membres de la Société.

M. le secrétaire fait le récit de ce pèlerinage scientifique. Après quelques détails sur l'église de La Roche-l'Abeille (xe siècle) qu'on répare aujourd'hui, sur les tableaux et statues remarquables qu'elle renferme, il a parlé du champ de bataille, objet principal de cette excursion: M. le lieutenant d'Hennin, du haut d'un monticule qu'occupait autrefois le château de La Roche-l'Abeille, a montré à ses compagnons de voyage les positions respectives que devaient occuper les deux armées, catholique et protestante, et les points principaux où le fort de l'action avait eu lieu. M. le secrétaire a terminé par le récit de la course faite au village de Giaud, où se trouvait une statue antique de Jupiter, découverte, près de là, dans un champ semé de briques romaines cette statue, achetée, ce jour-là même, pour la Société, au prix de 25 francs, par MM. Nivet et Lavaud, curé de La Roche-l'Abeille, a été depuis transportée au musée, dont elle est un des plus curieux ornements. M. le secrétaire désire qu'on en voile un peu la nudité, afin que les personnes aux yeux délicats qui viennent visiter le musée ne puissent pas s'en offusquer.

M. Alluaud, après avoir parlé de la perte que la Société vient de faire par la mort si regrettable de M. le conseiller Grellet-Dumazeau, demande que le procès-verbal de la séance consigne ce témoignage de regret rendu par la Société à sa mémoire. Puis il donne lecture d'une lettre dans laquelle M. le baron de Vernon annonce que, à la prochaine séance, il se propose de lire la biographie de M. Grellet-Dumazeau. La Société accueille cette communication avec une sympathie marquée.

Le secrétaire lit une lettre de M. le vicomte de Kerckhove, président de l'Académie d'Archéologie de Belgique, qui, ayant appris la mort

de M. Grellet-Dumazeau, demande la biographie de ce savant pour l'insérer dans les Annales de l'Académie d'Archéologie.

M. le président, après avoir payé un autre témoignage de regret à la mémoire de M. Deluret de Feix, officier supérieur du génie, viceprésident de la Société, annonce qu'on va procéder, par la voie du scrutin, à la nomination d'un vice-président.

Au premier tour de scrutin, aucun candidat n'ayant réuni la majorité absolue, on procède à un scrutin de balottage. M. Mazard, ancien maire de Limoges, est nommé vice-président.

M. Ardant (Maurice) est nommé membre du bureau, et M. Thévenin (Edmond), secrétaire adjoint.

M. Maurice Ardant lit la seconde partie de son travail sur les médailles et monnaies limousines, et il fait, en quelque sorte, l'histoire monétaire de la province du Limousin.

Il a donné, pour l'époque mérovingienne, la liste des noms de monétaires inscrits sur les fractions de sous d'or frappés à Limoges et dans diverses localités de la province, depuis le fameux sou d'or de l'église cathédrale jusqu'aux pièces frappées à Uzerche pendant la lutte acharnée entre Pepin-le-Bref et l'infortuné Waïfre, duc d'Aquitaine. Il a cité en particulier une monnaie d'or de Clovis II, frappée par notre saint et habile compatriote Eligius (saint Eloi).

Arrivé à la dynastie carolingienne, il a décrit les deniers d'argent frappés par Charlemagne à son passage à Limoges, ceux de Louisle-Débonnaire et des rois ses successeurs qui se sont fait couronner à Limoges, jusqu'à Eudes et Charles-le-Simple.

Abordant ensuite les monnaies frappées sous la dernière dynastie, il a traité des monnaies barbarines (qu'il attribue aux abbés de Saint-Martial), et des monnaies vicomtales forgées, soit à Limoges, soit à Aixe, par les vicomtes de Limoges. Il a expliqué les diverses armoiries qu'on y trouve par les alliances de ces seigneurs avec les maisons souveraines de Bretagne, de Bourgogne, de Navarre, de Dreux, etc.

Il a donné pour raison de la grande abondance de monnaies royales à Limoges la dévotion de nos rois envers saint Martial, et les largesses qu'ils faisaient au peuple à l'époque de leurs pèlerinages , ou de leur couronnement; il a expliqué par les longues guerres du moyen-âge et les guerres de religion la présence sur le sol limousin de monnaies de presque tous les pays de l'Europe.

Voici maintenant la liste des ouvrages offerts à la bibliothèque de la Société et des dons offerts au musée :

1o A LA BIBLIOTHÈQUE par M. l'abbé Delor, curé de Saint-Pierre :

Un Mot aux familles, in-8°, ouvrage sur l'éducation, publié en 1839; Discussion de M. Thiers sur la question de l'enseignement, in-8°, 1845; Par M. Elie Berton, professeur d'histoire Essai de synthèse d'histoire, brochure in-8°;

Mémoires de la Société Archéologique de l'Orléanais, t. Ier, 1851; Deux Bulletins de l'Athénée du Beauvaisis, 1er et 2e semestres de 4851;

Un Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie, no, 4er, année 1852;

2o AU MUSÉE par M. Lavaud, curé de La Roche-l'Abeille : écu d'argent à l'effigie de Charles IX (1565), trouvé sur le champ de bataille de La Roche-l'Abeille;

M. Verdure, peintre sur porcelaine trente-trois médailles ou monnaies anciennes et modernes ;

M. Lesme, fabricant de porcelaine
M. Benassis, professeur de peinture

de Florence);

quatre médailles;

surmoulage d'un plat (école

M. L. Frugier, de Nexon un chat à double corps et à huil pattes;
Mlle Veyrier, propriétaire à Morcheval: un cochon à deux tétes;
M. Barret père un fourmilier;

Mme Joliet une tête de renard disséquée;

M. Frédéric Tarnaud, banquier une petite cigogne tuée sur les bords de la Vienne;

M. Lesme, horloger un oiseau exotique (de Cayenne);

M. Chapoulaud (Edouard): coucou gris (cuculus canonus);

M. le major Fabre un merle noir et blanc; un nid de penduline; M. Ruaud, fabricant de porcelaine: bec-fin, gorge-bleue;

M. Lavialle-Lamaillive: cinquante-deux espèces d'œufs d'oiseaux du pays.

Le secrétaire général, ARBELLOT.

SÉANCE GÉNÉRALE DU 19 JUILLET 1852.

Présidence de M. le Préfet.

Sont présents: MM. Migneret, préfet de la Haute-Vienne, présidentné; Alluaud aîné, Mazard, le baron Gay de Vernon, Blondin, rece-

veur général, Navières-Laboissière, Talabot, le docteur Bardinet, de Beaulieu, le major Fabre, Ardant-Masjambost, Fizot-Lavergne, Fayette, de Burdin, Moulnier, R. Chapoulaud, Auguste DuBoys, Astaix, Maurice Ardant, Perdoux, Vanginot, Nalbert, de SaintGenis, Gustave Poncet et Arbellot, secrétaire. D'autres membres, entre autres M. l'abbé Michon, arrivent dans le cours de la séance. Au commencement de la séance, M. Alluaud, président de la Société, adresse à M. le préfet l'allocution suivante :

<< MONSIEUR LE Préfet,

» La Société Historique et Archéologique du Limousin se félicite de l'empressement avec lequel vous avez bien voulu accepter la présidence que ses règlements vous confèrent. Elle sera heureuse de la part que vous prendrez à ses travaux, et elle espère que, à l'exemple de vos prédécesseurs, dont elle conserve un souvenir reconnaissant, vous aimerez à les encourager par votre présence, et par l'appui de votre crédit auprès du gouvernement et du conseil général, dont le généreux concours lui sera long-temps encore nécessaire.

» Fondée sur la fin de 1846, à la veille d'une révolution qui dispersa ses membres, et l'obligea de suspendre ses réunions,'cette Société est d'une création trop récente pour s'être illustrée par de nombreux travaux. Le recueil de son Bulletin, qu'elle vous prie d'accepter, vous en fera connaître les résultats les plus importants, et vous donnera une idée de ceux qu'il est permis d'attendre de son zèle dans une province où tant de sujets d'histoire et d'archéologie s'offrent chaque jour à ses recherches et à ses études.

» Afin d'en faciliter et d'en propager le goût, elle a réuni dans son musée les antiquités les plus remarquables du Limousin. Bien qu'il soit regrettable que cette fondation ait été si tardive, ce n'en est pas moins un sujet de satisfaction pour la Société que d'avoir conservé au pays une foule d'objets précieux que les étrangers lui enlevaient chaque année.

» Ce n'est pas, vous le savez, pour satisfaire une vaine curiosité que les archéologues recherchent ces sortes d'objets avec tant de soin et de sollicitude. Une pensée plus digne et plus élevée les anime! C'est que tous ces débris, vieux témoins des gloires et des splendeurs évanouies des différents âges du monde, en révèlent les usages, les coutumes, les croyances, les mœurs, les arts, la civilisation tout entière, et que leurs collections, classées méthodiquement, sont comme autant de tableaux vivants de leur histoire chronologique.

» Nos règlements nous enlèvent à bon droit toute espèce de discussions politiques... Mais, lorsque, en explorant les ruines éparses çà et là sur la terre, les monuments démantelés qui rappellent la puissance des nations éteintes, l'historien remonte aux causes de leur décadence, de leur démembrement et de leur extinction, que d'utiles enseignements n'en tirerait-on pas pour les générations contemporaines si l'expérience ne nous apprenait que les plus sages leçons de l'histoire n'ont malheureusement qu'une bien faible influence sur les rêves chimériques d'une fausse philanthropie, et sur les passions désordonnées qui, à des intervalles séculaires, égarent périodiquement l'esprit humain !

» Dans cette voie, Messieurs, la Société, fidèle à ce vieil adage : << Fais ce que dois..., advienne que pourra... », est trop vivement pénétrée de reconnaissance pour l'immense service que le PrincePrésident de la République lui a rendu en l'arrêtant au bord de l'abîme où le socialisme allait la précipiter; elle est trop convaincue que, sans l'appui de la religion, sans le respect trop méconnu des lois, la nation la plus civilisée tomberait bientôt, de chute en chute, dans la barbarie la plus grossière, pour ne pas poursuivre sa tâche avec persévérance, et se tenir prête à concourir, dans sa modeste sphère d'action, au succès des mesures propres à raffermir le principe d'autorité que vous représentez parmi nous. »

M. le préfet, dans une improvisation facile et pleine d'à-propos, a répondu que ses sympathies étaient acquises à la Société Archéologique; que lui aussi, à une autre époque, où une position différente lui laissait plus de loisir, s'était occupé beaucoup d'histoire et un peu d'archéologie; qu'il était heureux de se voir en communauté d'idées avec la Société de Limoges. Il a manifesté son antipathie pour l'école historique du dernier siècle, qu'il a comparée à un aveugle qui marche sans guide et sans bâton; il a témoigné sa répulsion pour cette école du xvIIIe siècle qui se base, en philosophie, sur le Contrat social. Il a dit, en terminant, qu'il serait heureux de s'associer aux travaux de la Société Archéologique.

Ce discours, écouté avec la plus vive sympathie, est suivi de nombreux bravos.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. Alluaud donne lecture des communications suivantes : M. le président de la Société Scientifique et Littéraire de Limbourg, fondée à Tongres (Belgique), écrit à M. le président de la Société

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