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Darcos, Godebœuf, Sauvage, Pradié, Richard, archiviste de Rouen, et Vivenel le généreux fondateur du musée de Compiègne.

Enfin vous avez inscrit parmi vos correspondants, M. L. Paris de Reims, l'éditeur de la Chronique de cette ville, et des Négociations concernant le règne de François I. et M. Serrure, professeur d'histoire à l'université de Gand, l'un des plus habiles numismates de la Belgique.

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Voyons maintenant par quels travaux, depuis notre dernière séance générale, nous avons accompli notre mission. Si la tâche qui m'est imposée est laborieuse du moins elle ne saurait être pénible, car j'ai la conscience que cette année a été remplie dignement, et qu'après ce compte rendu, à quelque plume inhabile qu'il ait été confié, on ne demandera point à quoi la Société est bonne, on le verra.

Parlons d'abord des travaux des membres qui n'appartiennent à aucun de nos comités.

La science héraldique donne la solution d'une foule de problèmes qui, sans elle, demeureraient toujours insolubles pour l'historien; elle ne saurait done vous rester étrangère. Aussi avez vous reçu avec intérêt les Études sur le blason de M. l'abbé Du Neuf-Germain, et accepté avec empressement l'offre qu'il vous a faite de vous donner successivement l'ensemble des armoiries de Picardie.

Son premier travail est une Notice générale sur la science héraldique; l'auteur y expose les règles, la signification naturelle et le symbolisme des emblèmes, et terinine ses considérations par la description du tombeau de Jean de Béry et de Jeanne de Rubempré, que l'on voit dans l'église actuelle d'Essertaux. Quelques

notes biographiques, sur ce personnage, complètent le mémoire de notre nouveau collègue.

M. Labourt, dans une notice sur les enfants trouvés chez les anciens, à fait ressortir combien est puissante et généreuse la charité chrétienne auprès des réglements stériles de la philanthropie dans l'antiquité.

Les monuments n'appellent donc point seuls votre attention, les usages et les coutumes sont aussi partie essentielle de vos études. Vous ne négligez point non plus de recueillir les vieilles traditions, comme > par exemple, celle de la fête de Milly, qui se célèbre à Doullens, au mois de septembre, et dont vous a entretenu M. Demarsy; fête étrange et burlesque dont on ne peut encore expliquer ni le motif ni l'origine.

Vous devez aussi à M. Demarsy, une notice sur une médaille de Vétranion que distingue une particularité remarquable de l'exergue, que n'a point décrite Mionnet, et que ne possède point la bibliothèque royale.

Une femme dont la douce et harmonieuse poésie a été souvent applaudie dans cette enceinte, M.me Fanny Denoix, n'a point été étrangère à vos travaux. Dans une notice sur l'église de Laffraye (Oise), et sur son retable, qui présente plusieurs scènes de la vie et de la passion de Jésus-Christ, elle a appelé surtout l'attention sur une figure en pierre sculptée au-dessus de la fenêtre ogivale placée derrière le chœur.

Une plus imposante cérémonie a été le sujet d'une seconde communication, le sacre de Mgr. Gignoux évêque de Beauvais. Noble cortège, pompe triomphale de l'église, chants solennels, le poéte décrit tout avec cette richesse d'imagination, et ce coloris brillant qui distingue les œuvres de l'auteur des Heures de solitude.

Les communications du comité de Compiègne ont été plus importantes cette année qu'elles ne l'avaient été l'an dernier.

M. de Cayrol vous a fait part de ses conjectures sur une cérémonie de la religion chrétienne dont l'origine paraît remonter au culte druidique. Une notice de M. d'Herbes sur une procession qui s'appelait la grande Queroye, et qui avait lieu dans une épaisse forêt située près d'Ay, fait le sujet de ce mémoire. Une messe célébrée au pied d'une croix dite la croix Chipotet, et auprès d'une pierre fichée, le missel placé sur la pierre; une collation sur le gazon, servie au clergé et aux magistrats, et le retour de la procession par une autre route, chacun portant à la main des rameaux de génévrier ou de houx, composaient la cérémonie. A défaut de titres et de tradition M. d'Herbes a interrogé les étymologies. Mais, dit avec raison M. de Cayrol, quand on recourt à ce moyen, il faut y procéder avec une grande réserve, et ne pas se jeter dans des conjectures invraisemblables sur la foi d'un mot altéré et corrompu. Combattant une à une toutes les inductions de M. d'Herbes, M. de Cayrol renverse l'échafaudage sur lequel était bâti le système qui faisait de cette procession de la grande Queroye une fête consacrée à célébrer le retour du printemps. Parcourant à son tour le champ des hypothèses, M. de Cayrol fait voir quel parti en peut tirer une imagination laborieuse; il s'arrête, pour le mot Queroye, au sens de l'expression quère, quéte, recherche et traduit Chipotet par colonne ou temple de la forêt. Cette explication établit un rapport entre l'épaisse forêt au milieu de laquelle est placé le monument, et la cérémonie dont le christianisme

à conservé le souvenir. C'est donc ici la recherche du guy, cérémonie différente de celle de le couper.

Après quelques considérations sur la religion des Druides et le culte du guy, M. de Cayrol tire cette conséquence que si on se livrait à des recherches sur les différentes coutumes religieuses, on trouverait pour point de départ un usage auquel la religion chrétienne a substitué ses dogmes, en le remplacant par des cérémonies analogues. Mais avouons-le avec l'auteur, nous n'avons encore que des données fort vagues sur le culte extérieur des druides, et une critique judicieuse et sévère de la langue celtique, dégagée de tout esprit de système, est appelée à modifier grandement nos idées sur l'état religieux de la Gaule avant l'invasion des Romains.

M. de Cayrol vous à fait part également de la découverte et de l'achat qu'il venait de faire des papiers d'un ancien secrétaire du roi, Bousaroque de la Fons, parmi lesquels il a rencontré un manuscrit autographe des Mémoires du maréchal de Berwick, qui diffère en beaucoup d'endroits du texte imprimé; une lettre du duc d'Orléans, un mémoire, et l'apologie du maréchal au sujet de la campagne de 1716, pendant laquelle il ne crut pas devoir accompagner le prétendant. Félicitons notre collégue de tant de précieux documents qu'il vient d'ajouter à la nombreuse collection de manuscrits que possède sa bibliothèque, et remercions-le surtout de la générosité avec laquelle il veut bien les mettre à la disposition de la Société.

Nous regrettons que le travail annoncé de M. l'abbé Dupont sur la vieille et intéressante église de St.-Jacques de Compiègne ne nous soit point parvenu, non plus que le mémoire qn'il a composé sur un Christ en

pierre, portant quatre aîles adaptées aux épaules et deux autres placées de chaque côté des hanches. Ce Christ, trouvé dans les combles de l'église de Margny près Compiègne, et dont on retrouve une figure analogue à l'article des Abraxas de Montfaucon, à fourni à M. l'abbé Bourgeois le sujet d'un mémoire dont nous parlerons bientôt, et qu'il eût été curieux de comparer avec celui de son digne et savant ami.

Enfin Messieurs, une notice biographique sur Dom Gillisson, diâcre, bénédictin de la congrégation de St.-Maur, est venue venger de l'oubli le laborieux écrivain qui consacra à l'histoire de Compiègne une partie de ses veilles; nous la devons à M. de Crouy.

Dom Gillisson naquit en 1609 à Courboise, au diocèse de Soissons, fit profession à St.-Remy de Reims, et mourut à St.-Crépin-le-Grand en 1666. Moins heureux que les autres savants bénédictins, l'histoire ne garda point souvenir de son nom, et si la Bibliothèque historique de France indique ses ouvrages, elle n'apprend rien de sa vie.

C'est seulement dans les lettres qu'il adressa aux chefs de sa corporation, qu'il faut chercher quelques détails sur les nombreux travaux qu'il exécuta, malgré sa mauvaise santé et le mauvais vouloir de ses frères. Diverses copies de ses histoires de Soissons et de Compiègne ont été faites sur le Ms. autographe de la bibliothèque royale. Si l'on y remarque peu d'ordre, dit M. De Crouy, une foi trop explicite dans des assertions qui paraissent hasardées, ce ne sont pas moins des travaux pleins de faits curieux et de renseignements utiles que l'on chercherait vainement ailleurs. On se souviendra surtout qu'il n'a point trouvé autour de

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