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1,500 lettres, et pour laquelle M. Le Blanc-Hardel a obligeamment prêté ses caractères, entraînera une dépense de 480 fr. Elle ne peut être couverte que par des dons volontaires. M. Marie a pensé que notre Société, si soucieuse de perpétuer le souvenir de nos illustrations normandes, ne refuserait pas de s'associer à une œuvre aussi éminemment patriotique.

Après avoir pris connaissance de l'avis favorable émis par le conseil d'administration, la Compagnie décide qu'elle contribuera pour une somme de 50 fr. à l'œuvre dont M. Marie a pris l'initiative.

M. le Président donne lecture d'une note intitulée : Soucy ou Solsis, excursion philologique.

Dans cette intéressante étude, M. Joly n'essaie pas de démêler les causes multiples de la disparition subite de la rivière d'Aure au lieu dit la Fosse-du-Soucy : c'est là un phénomène physique sur lequel bien des hypothèses contradictoires ont été émises et dont il abandonne l'étude aux géologues de profession. Il se borne, pour lui, à rechercher quelle peut être la signification vraie et précise de l'appellation la Fosse-du-Soucy, donnée à l'un des endroits où se produit l'absorption du cours d'eau. Après diverses considérations basées sur des textes, M. Joly inclinerait à voir dans le mot Souci, dérivé pour lui du radical solvere un équivalent des mots fissure ou trou. C'est le sens positif qui est attribué à ce mot dans un texte français fort important emprunté au Roman de Thèbes. M. Joly ne se dissimule pas que, dans un document du XVIe siècle, conservé aux Archives de Caen, le moulin de la Fosse-de-Soucy est désigné sous le nom de Molendinum de Sorsis, ce qui tendrait à faire considérer ce mot comme dérivé du mot sourdre et se rattachant aux mots sources, sourcis,

d'où, par corruption, soucy. Il pense, toutefois, qu'il n'y a pas lieu de s'arrêter à cette manière de voir, la Fosse-du-Soucy étant tout le contraire d'une source, puisque c'est le lieu où la rivière se perd et non le lieu où elle prend naissance. Quelle que soit du reste l'opinion que l'on adopte sur ce problème philologique, le mémoire du savant doyen de la Faculté des Lettres a le mérite assez rare de nous offrir réunis les divers textes anciens sur lesquels peuvent s'appuyer l'une et l'autre hypothèse.

M. Eudes-Deslongchamps reçoit la parole et donne lecture d'un travail très-étudié sur la station d'Olendon découverte par M. Costard. Ces recherches, dont il a déjà été rendu compte dans le Bulletin, paraîtront dans le prochain fascicule de nos Mémoires in-4°. Elles seront accompagnées de quatre planches dues à l'habile crayon de M. Costard.

M. Eugène Chatel, qui nous avait entretenus, à la dernière séance, des pains de Pâques, présente à la Société quelques remarques sur les refus de sacrements et les billets de confession en France et particulièrement en Normandie, à la fin du XVIIIe siècle. Ces détails, qui ont trait à des mœurs et à une législation déjà bien loin de nous, sont écoutés avec intérêt.

M. Hippeau, membre correspondant de la Société, autrefois l'un de nos membres titulaires les plus zélés et les plus laborieux, qui a profité d'un court séjour au milieu de nous pour venir assister à notre séance mensuelle, informe la Compagnie qu'il poursuit avec activité la rédaction du dictionnaire topographique du département du Calvados. Ce travail, plusieurs fois annoncé, touche à son terme et pourra,

sous nos auspices, être transmis à M. le Ministre de l'instruction publique dans le courant de l'année.

Jusqu'ici un seul dictionnaire normand, celui du département de l'Eure, a été publié. Le dictionnaire du département de la Seine-Inférieure est aujourd'hui achevé, et, grâce à M. Hippeau, celui du Calvados le sera très-prochainement.

M. Buret fait connaître à la Société que la maison Mauger, qui forme une partie essentielle de l'hôtel de la Bourse, sera très-prochainement mise en adjudication, et, après avoir fait ressortir l'intérêt de ce monument au point de vue artistique, il demande à la Société d'émettre le vœu que la ville de Caen, qui a déjà acquis la portion principale de cet immeuble, intervienne à l'adjudication et acquière la maison Mauger.

La Société des Antiquaires, prenant en considération l'importance archéologique du monument et les souvenirs historiques et littéraires qu'il rappelle, émet à l'unanimité le vœu que la ville acquière la maison. Mauger.

Le secrétaire est chargé d'écrire à ce sujet à M. le Maire et de lui faire parvenir un extrait du procèsverbal.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.

Séance du 3 décembre.-Présidence de M. Joly.

Après la lecture du procès-verbal de la précédente qui est adopté sans modification, le secrétaire fait connaître diverses lettres du R. P. Robert, de M. l'abbé Gombert, de M. Lair, curé-doyen de Fécamp, et de M. Corroyer, architecte, relatives aux découvertes qui ont eu lieu dans le courant du mois de septembre der

nier au Mont-St-Michel, à Fécamp et à St-Pair, près Granville; il signale ensuite, parmi les livres offerts, une publication locale due à la plume de l'un de nos confrères et intitulée : Bulletin des autorités constituées.

M. Dupont reçoit la parole et rend compte d'un volume publié par la Surtees Society sur le droit d'asile. Les textes qui s'y trouvent édités ont trait aux individus qui furent admis pendant un certain laps de temps dans deux établissements ecclésiastiques jouissant de l'immunité. Les différents détails relevés par M. Dupont présentent, au double point de vue du droit et de l'histoire, un sérieux intérêt et complètent les monographies qui ont été composées en France sur ce sujet important.

Le secrétaire présente un rapport sur les découvertes du Mont-St-Michel et de St-Pair, près Granville: il annonce qu'il a pris les mesures nécessaires pour faire reproduire dans le Bulletin de la Société les disques funéraires en plomb des abbés Robert de Torigni et Martin.

Après la lecture d'une note de M. Le Breton relative à la découverte de monnaies du moyen âge faite récemment aux environs de Trévières, la séance est levée.

Séance du 7 janvier 1876.—Présidence de M. Joly.

Après la lecture du procès-verbal de la précédente séance, qui est adopté, le secrétaire fait connaître diverses lettres de MM. Legrand, Delisle, Sarot, de Merval, annonçant l'envoi à la Société d'ouvrages qu'ils ont récemment publiés.

Parmi les volumes offerts, le secrétaire signale parti

culièrement les Documents relatifs à l'histoire du Havre, édités par la Société de l'Histoire de la Normandie, et les Annales de Marmoutier, par Dom Edmond Martène, religieux bénédictin de la congrégation de St-Maur, mis au jour pour la première fois par M. l'abbé Chevalier, président de la Société archéologique de Touraine. Cette publication importante, qui rappelle les travaux analogues de dom Huynes et de Thomas Le Roy, a d'autant plus d'importance pour nous que Marmoutier avait de nombreux rapports avec les principaux établissements religieux de la Basse-Normandie.

MM. Sarot, présenté par MM. Des Devises du Dézert et de Beaurepaire; Pepin, présenté par M. Travers et par le secrétaire, ayant réuni l'unanimité des suffrages, sont proclamés membres titulaires de la Compagnie.

La Société aura à voter, dans une prochaine séance, sur l'admission de M. Eugène de Vignaux, auteur de recherches sur Malesherbes, présenté comme membre titulaire, par MM. Émile Travers et de Beaurepaire.

M. Dubus reçoit la parole et rend compte d'une trèsremarquable étude publiée par M. Loiseleur dans le XII volume de la Société archéologique de l'Orléanais, sur la doctrine secrète des Templiers. Comme la plupart des érudits modernes, M. Loiseleur n'est pas favorable aux chevaliers du Temple. Pour lui, leur hérésie et les pratiques impures qui s'y rattachent ne constituent point un fait isolé dans l'histoire des ordres religieux de l'époque ces étranges aberrations de sens moral leur sont communes avec les Gnostiques, les Manichéens, les Cathares, les Bogomiles, les Lucifériens, les Enchêtes et les sectes Ismaéliennes. Il n'a pas fallu moins, dit M. Dubus, que la pénétrante sagacité de

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