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LA COMTESSE LIBRARY

PAULINE DE BEAUMONT

PAR

A. BARDOUX

QUATRIÈME ÉDITION

C.L

PARIS

CALMANN LÉVY, ÉDITEUR

ANCIENNE MAISON MICHEL LEVY FRÈRES

3, RUE AUBER, 3

-

1889

Droits de reproduction et de traduction réservés.

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AVANT-PROPOS

Si la haute société de la première moitié du XVIII° siècle est bien connue, celle qui commençait, vers 1785, à remplacer les célèbres salons philosophiques et qui fut détruite par le bourreau ou par l'émigration, est moins étudiée.

N'y a-il pas cependant intérêt à savoir quelle influence la Révolution exerça immédiatement sur les rares survivants du monde aristocratique? Qu'étaient devenus la sociabilité et l'esprit? Le goût des lettres sans aucune affectation à tenir la plume, l'amour de la conversation, la passion pour ces réunions intimes où l'intelligence éloquente et spirituelle était souveraine avaient-ils déserté notre pays, remué

jusqu'au fond? En était-il des dernières marquises et comtesses comme de leurs pastels jaunis, fanés, percés de coups de pique, et qu'on vendait à vil prix sur les quais ? Ce fin sourire qui éclairait leur bouche avait-il disparu avec les robes à ramage et la poudre à la maréchale?

Si l'Empire devait commencer à rouvrir peu à peu les portes à quelques débris de l'ancienne noblesse, si la Restauration devait ramener avec elle les fidèles obstinés, aigris, désenchantés, ce n'étaient pas ces revenants qui pouvaient nous expliquer la brusque transition du vieux monde au monde moderne. Il fallait que le hasard, ou la pitié, ou bien une retraite profonde en France eussent permis à la descendante d'une famille illustre d'échapper à la hache, pour que nous pussions avoir, dès le lendemain. même du jour où les prisons se fermèrent, la réponse aux questions que nous venons de poser.

Une jeune femme du plus grand nom

a pu traverser la tourmente; elle s'appelait Pauline de Montmorin, devenue, par une union mal assortie, comtesse de Beaumont. Nous l'avons, pour la faire revivre, replacée dans son cadre, et, comme l'époque brillante de son existence a été le ministère de son père, nous avons cru devoir, avec des documents inédits, en écrire aussi l'histoire. Il le fallait d'autant mieux que Pauline était, à dix-neuf ans, le secrétaire de ce père vénéré, et que sa petite main a tracé des lignes graves es presque compromettantes dans la correspondance du comte de Montmorin avec le comte de la Marck. C'est notre réponse aux reproches des lecteurs qui prendraient pour un hors-d'œuvre le chapitre que nous avons consacré aux affaires étrangères, spécialement en 89 et en 90.

Les calamités de toute sorte qui atteignirent madame de Beaumont ont été si répétées et si imméritées, qu'il était nécessaire de justifier M. de Montmorin, d'établir qu'il ne mérita point

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