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SATIRARUM

LIBER SCUNDUS.

SATIRA VI.

MULIERES.

Credo Pudicitiam, Saturno rege, moratam
In terris, visamque diu, quum frigida parvas
Præberet spelunca domos, ignemque Laremque
Et pecus et dominos communi clauderet umbra;
Sylvestrem montana torum quum sterneret uxor
Frondibus et culmo, vicinarumque ferarum
Pellibus haud similis tibi, Cynthia; nec tibi, cujus
Turbavit nitidos extinctus passer ocellos;
Sed potanda ferens infantibus ubera magnis,
Et sæpe horridior glandem ructante marito.
Quippe aliter tunc orbe novo coloque recenti
Vivebant homines, qui, rupto robore nati,
Compositive luto, nullos habuere parentes.
Multa Pudicitiæ veteris vestigia forsan,
Aut aliqua extiterint et sub Jove, sed Jove nondum
Barbato, nondum Græcis jurare paratis

Per caput alterius; quum furem nemo timeret
Caulibus et pomis, et aperto viveret horto.
Paulatim deinde ad superos Asti ea recessit
Hac comite, atque duæ pariter fugere sorores.

DE JUVENAL

LIVRE SECOND.

LES FEMMES.

On dit, et je le crois, que la Pudeur austère
Longtemps avec Saturne a régné sur la terre,
Quand des antres glacés, asiles protecteurs,
L'ombre abritait foyer, dieux, troupeaux et pasteurs;
Quand sur les monts voisins, de larges peaux couverte,
L'épouse sur un lit de chaume et d'herbe verte,
Plus rude que l'époux nourri d'un gland grossier,
Abreuvait ses grands fils de son lait nourricier,
Bien autre que Cynthié, et toi, dont l'œil en larmes (1)
A la mort d'un moineau vit se flétrir tes charmes !
Pétri d'argile, ou né des chênes entr'ouverts,

Sous le ciel jeune encor du nouvel univers,

L'homme avait d'autres moeurs, l'homme enfanté sans pères. De l'antique Déesse, en des temps moins prospères,

Sous Jupiter peut-être un vestige survit,

Sous Jupiter imberbe, avant que l'on ne vît
Jurer sur d'autres fronts le Grec plein d'imposture (2)
Et le voleur piller les jardins sans clôture.
Plus tard, quand la Pudeur qu'Astrée accompagnait
Déserta notre globe, où le vice régnait,

Vers l'Olympe à la fois les deux sœurs s'envolèrent.

Antiquum et vetus est, alienum, Postume, lectum
Concutere, atque sacri genium contemnere fulcri.
Omne aliud crimen mox ferrea protulit ætas :
Viderunt primos argentea secula mochos.
Conventum tamen et pactum, et sponsalia nostra
Tempestate paras, jamque a tonsore magistro
Pecteris, et digito pignus fortasse dedisti.
Certe sanus eras. Uxorem, Postume, ducis!
Dic, qua Tisiphone, quibus exagitare colubris?
Ferre potes dominam, salvis tot restibus, ullam?
Quum pateant alta caligantesque fenestræ?
Quum tibi vicinum se præbeat Æmilius pons?
Aut si de multis nullus placet exitus, illud
Nonne putas melius, quod tecum pusio dormit?
Pusio qui noctu non litigat? exigit a te
Nulla jacens illic munuscula; nec queritur quod
Et lateri parcas, nec, quantum jussit, anheles.

Sed placet Ursidio lex Julia: tollere dulcem
Cogitat heredem, cariturus turture magno,
Mullorumque jubis, et captatore macello.
Quid fieri non posse putes, si jungitur ulla
Ursidio? si mochorum notissimus olim
Stulta maritali jam porrigit ora capistro,
Quem toties texit perituri cista Latini?
Quid quod et antiquis uxor de moribus illi
Quæritur. O medici! mediam pertundite venam.
Delicias hominis! Tarpeium limen adora
Pronus, et auratam Junoni cæde juvencam,
Si tibi contigerit capitis matrona pudici.

Dès longtemps, Postumus, les humains violèrent
De la couche d'autrui le mystère sacré,
Profanateurs d'un culte à l'hymen consacré :
L'âge de fer jeta les crimes sur la terre,
L'âge d'argent vit naître un premier adultère.
Cependant fiancé devant le magistrat,
Tu cours impatient de signer un contrat ;
Le coiffeur te parfume, et gage de tendresse,
Déjà ton anneau brille au doigt de ta maîtresse :
Toi, qu'on tenait pour sage avoir un tel dessein,
Quels serpents Tysiphone agite dans ton sein!
Toi, subir un tyran! N'est-il pour rester libre (3),
Plus de haute fenêtre ou de pont sur le Tibre,
Plus de corde?-As-tu peur? Il vaut mieux qu'en ton lit
Dorme ce doux enfant, que son age embellit,
Qui n'exige aucun don et jamais ne se fâche,
Lorsque frustrant ses feux, ton ardeur se relâche.

A la loi Julia Postumus se soumet (4);
C'est un doux héritier que l'espoir lui promet;
Plus de gras tourtereaux ; il faut qu'il abandonne
Ces surmulets barbus que le captateur donne.
Ne peut-on croire à tout? l'adultère fameux
Au licou des maris tend la tête comme eux,
Lui, qu'on a vu souvent, blotti sous une table,
Fuir, nouveau Latinus, une mort redoutable (5).

Tu veux les vieilles mœurs, toi, l'homme aux doux larcins!

O fou! livre ta veine au fer des médecins !

Être faible! à Junon, dans son temple adorée,
Immole une génisse à la corne dorée:
Gloire au dieu Tarpéïen, si les destins jaloux

D'une austère matrone un jour te font l'époux !

Pauca adeo Cereris vittas contigere dignæ,
Quarum non timeat pater oscula. Necte coronam
Postibus, et densos per limina tende corymbos.
Unus Iberonæ vir sufficit! ocius illud
Extorquebis, ut hæc oculo contenta sit uno
Magna tamen fama est cujusdam rure paterno
Viventis. Vivat Gabiis, ut vixit in agro;
Vivat Fidenis, et agello cedo paterno.

Quis tamen affirmat, nil actum in montibus aut in
Speluncis? adeo senuerunt Jupiter et Mars?

Porticibusne tibi monstratur femina voto
Digna tuo? cuneis an habent spectacula totis
Quod securus ames, quodque inde excerpere possis?
Chironomon Ledam molli saltante Bathyllo,
Tuccia vesicæ non imperat; Appula gannit
Sicut in amplexu subitum et miserabile longum
Attendit Thymele; Thymele tunc rustica discit.
Ast aliæ, quoties aulæa recondita cessant,
Et vacuo clausoque sonant fora sola theatro,
Atque a plebeiis longe Megalesia, tristes.
Personam thyrsumque tenent et subligar Acci.
Urbicus exodio, risum movet Attellanæ
Gestibus Autonoes; hune diligit Elia pauper.
Solvitur his magno comodi fibula. Sunt quæ
Chrysogonum cantare vetent; Hispulla tragoedo:
Gaudet: an exspectas ut Quinctilianus ametur?
Accipis uxorem, de qua citharœdus Echion

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Aut Glaphyrus fiat pater, Ambrosiusque choraules.

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