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Un grand nombre de cultivateurs d'Indre-et-Loire ont su trouver et mettre en activité ce trésor si précieux, cette richesse cachée sous la bruyère improductive; et, votre commission le proclame hautement pour encourager les défrichements, ce sont les blés sur terres nouvelles qui ont le mieux résisté aux influences météorologiques de l'hiver dernier : nulle part nous n'avons observé des blés plus vigoureux, donnant de plus belles espérances.

Médaille d'or à M. Faure, de Lille, propriétaire à la Ronde, commune de Ceré. - Parmi les exploitations qui ont concourú au prix de défrichement, la terre de la Ronde se place en première ligne par l'importance de son étendue et de

ses travaux.

L'initiative des premières opérations est due à un agriculteur célèbre, aux idées neuves, à l'imagination féconde, M. Malingié. C'est sous son inspiration que M. Faure, originaire, comme lui, du département du Nord, est devenu propriétaire de la Ronde, associant ses capitaux à l'intelligence de l'agriculteur. Une mort prématurée est venue enlever M. Malingié au début de l'entreprise; M. Faure la continue avec le concours intelligent de M. Mirel, son régisseur; tout ce que nous avons vu nous prouve qu'il est admirablement secondé.

La bruyère qui couvrait la plus grande partie des 950 hectares acquis par M. Faure aura entièrement disparu dès l'année prochaine; elle aura fait place ici à des céréales, le froment, l'orge et l'avoine; là à des plantes industrielles, le colza et le lin; ailleurs à des plantes fourragères, la betterave, le navet, le topinambour, les prairies naturelles ou artificielles; plus loin

à la vigne, à des essais de houblon. Sur les terrains destinés au boisement, M. Faure tire d'abord de la lande défrichée une récolte de colza, puis deux récoltes de blé et enfin une récolte d'avoine dans laquelle il procède au semis de bois. Cette manière d'opérer est plus économique que celle de M. Malingié qui avait boisé d'abord par voie de plantation avec des façons réitérées d'entretien pendant les premières années : abstraction faite du prix de revient, la méthode primitive a donné naissance à du bois dont nous avons admiré la régularité et la vigueur. La Ronde nous a offert un magnifique champ de colza de 32 hectares, sa végétation vigoureuse et régulière paraissait promettre un rendement de 30 hectolitres à l'hectare; au prix actuel du colza, la valeur de cette récolte serait le triple de celle du sol qui la portait (1).

Médaille de vermeil à M. Thomassin, propriétaire à Nouans. -M. Thomassin, convaincu des avantages que présente la culture des landes défrichées, considérée comme préparation au boisement, se charge d'opérer le défrichement des landes situées autour de lui, moyennant jouissance pendant quatre années: il obtient ainsi pour récompense de son travail. 2 récoltes de blé et 2 d'avoine; dans l'avoine de la quatrième année, le propriétaire fait son semis de bois. Par la culture de ces quatre années, la bruyère et les mauvaises herbes ont disparu, et le terrain, tout en produisant des récoltes qui viennent augmenter la masse des denrées alimentaires du pays, se trouve mieux disposé à recevoir un semi d'essence forestière. Un des champs de M. Thomassin, d'une conte

(1) La valeur primitive de ces landes varie entre 300 et 400 fr. l'hectare,

nance de 15 hectares, nous a offert le blé le plus beau que nous avons vu dans notre parcours.

Médaille d'argent à M. Grosset, maire de Brizay.-M. Grosset opère sur des bois mal meublés dont le sol est très-propre à la production des céréales; d'après son assertion, 24 hectares de mauvais bois qui ne rapportaient autrefois qu'un produit net insignifiant de 200 francs, produisent maintenant des récoltes de céréales dont le produit net dépasse 1800 fr. Pour obtenir cette transformation, il a suffi d'arracher le bois sur une partie de la propriété qui est calcaire; l'autre partie a été traitée par des marnages. M. Grosset, aux yeux de votre commission, a eu le mérite de rechercher les variétés de blé les meilleures pour sa contrée et de les propager. Nous avons trouvé chez lui le Saint-Laud, le richelle de Naples, le froment Anglais dit Européen et celui du comté de Kent. Cette dernière variété est très-estimée des cultivateurs pour la qualité et l'abondance de ses produits, et surtout pour la rusticité de sa paille qui résiste parfaitement à la verse.

Médaille de bronze et 80 francs à M. Lecomte-Berruet, cultivateur au Serrain, commune de Semblançay. Enfin les résultats obteuus par M. Lecomte, au Serrain, complètent, pour ce paragraphe de votre programme, la série des faits. remarquables soumis à votre examen. Ce cultivateur a su, par un travail opiniâtre et par l'emploi de la marne, obtenir sur les terres qu'il a défrichées de belles récoltes de céréales.

§ 2. Mise en valeur de terres incultes par le boisement. A côté de la production des denrées alimentaires, que les défrichements dont nous venons de vous entretenir tendent

à augmenter, vient se placer une autre production qui satisfait également à un des besoins les plus impérieux de l'humanité, nous voulons parler de la production forestière; transformer des landes en forêts, faire surgir d'un sol jusque là stérile ces grands végétaux qui, après avoir été pendant leur vie l'ornement de la nature, sont destinés à satisfaire plus tard à des besoins nombreux, c'est aussi rendre service au pays.

Médaille d'or à M. le marquis de Quinemont, président du comice agricole de Chinon. - En tête des travaux forestiers que nous avons été appelés à visiter, viennent se placer ceux de l'honorable président du comice agricole de Chinon, M. le marquis de Quinemont. Ils sont remarquables surtout par les essais et les résultats obtenus dans la culture du pin sylvestre; les faits observés sur 200 hectares par M. de Quinemont, et vérifiés par votre commission, prouvent que, sur la terre de Pavier, cette essence n'est dans aucun cas inférieure en végétation au pin maritime et que le plus souvent elle lui est supérieure; or, comme d'un autre côté son bois peut servir à la charpente et aux autres besoins de l'industrie, tandis que le pin maritime ne peut guère servir qu'au chauffage, le sylviculteur a tout intérêt à semer le pin sylvestre préférablement à l'autre, malgré le surcroît de dépense qui résulte du prix élevé de sa graine (1).

Médaille de vermeil à M. Luce de Trémont, à Saint-Senoch. Sur une surface de 300 hectares environ, M. Luce de Trémont s'est occupé avec succès de reboisement dans de vieux bois dégarnis et de boisement sur des landes défri

(1) Voir à la page 140,

chées; dans le premier cas il sème le pin après avoir Jetiré 3 ou 4 récoltes épuisantes; dans le deuxième il le sème, après une coupe, par bandes alternatives de 2 mètres placées à 6 mètres de distance; les pins qui proviennent de ce dernier mode de semis, non-seulement repeuplent par eux-mêmes, mais encore favorisent le reboisement par le chêne en étouffant la bruyère. Les portions de landes les plus propices à la culture sont emblavées en céréales après essartage.

§ 3.

Exploitation la mieux dirigée, entretenant relati vement à sa surface, la meilleure proportion du meilleur bétail.

Médaille d'or à M. Bordes, à la Bellangerie; médaille d'argent et 100 francs, à M. Hingot, son régisseur. L'exploitation de la Bellangerie, dont l'organisation primitive est due au génie créateur de feu M. Bonjean, continue à se développer et à prospérer sous l'impulsion de M. Bordes, son gendre, puissamment secondé par le zèle et l'intelligence de M. Hingot, son régisseur. Sur une étendue de 72 hectares, M. Bordes entretient en moyenne 116 têtes de gros bétail; c'est plus d'une tête 12 par hectare. La présence d'une aussi grande quantité de bestiaux a amené rapidement les terres à un haut degré de fécondité et les a rendues éminemment propres à la culture de la betterave: cette racine occupe le tiers de la surface de la propriété : pour en tirer le meilleur parti possible, M. Bordes a été naturellement conduit à établir une distillerie qui, après avoir extrait de la betterave un produit industriel très-recherché dans ce moment, laisse encore, pour l'aliment des bestiaux, des résidus dont la valeur

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