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Dans un éternel silence,
Tout s'affaisse autour de lui,
La solitude est immense,
Nous sommes son seul appui.

Et quand tout change, et tout passe,

Par l'ouragan dévasté,

Dans le temps et dans l'espace,
Nous rêvons l'éternité.

Mais, débris, c'est de la gloire,
Que vous exaltez bien haut;
Je crois que votre mémoire,
Vous fait aujourd'hui défaut?

Sous le poignard de vos maîtres,
L'histoire dira toujours
Que nos modestes ancêtres
Bâtissaient pour des vautours.

Ils construisaient sous le glaive
De vos princes fainéants;

Et sans relâche et sans trêve,
Ils créaient des monuments:

Sur cette rive flétrie,
Et parqués comme des cerfs,
Ils passaient leur triste vie,
Courbés sous le poids des fers.

Plus de chaînes, plus d'entraves,
Le temps a tout emporté;
Le volcan n'a plus de laves,
L'herbe croît en liberté.

Notre vallée est fleurie,

Nos toits aujourd'hui sont sûrs,
Nous avons une patrie,

Et la mousse est sur vos murs!...

Votre espoir en vain vous flatte
De beaux jours et d'avenir...
Pas un son! pas une date!

Pas le moindre souvenir !

Chez vous tout est décadence,

La mort a passé par là,

Rien! Rien! Rien ! Et l'espérance

Jamais ici n'entrera.

Oh! qui vous eût dit, tourelles,
Qu'un jour votre fondateur,
De vos cryptes éternelles,
Ne verrait qu'avec horreur

Vos murailles lézardées
Jusqu'à leurs soubassements,
Vos ogives dégradées

Par d'affreux écharpements.

Vos corniches et vos frises
Ont roulé dans le néant,
Rien n'en parle que les brises,
Et les regrets du savant.

Et si quelque pavé tombe,

Du haut de vos vieux remparts,

C'est votre future tombe,

Qui s'entrouvre à nos regards.

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Mais si l'on franchit la crête
De ces rustiques coteaux,
O! combien vite on apprête

Sa palette et ses pinceaux.

Déjà loin de la ruine,

Notre œil cherche à l'horizon, Le mont qui penche et s'incline De la cascade au vallon.

Quel site! quel frais asile!
Quel paysage riant!,

Le moderne Fontiville,
A l'éclat du diamant.

Vaux légamment s'étale,
Sur le sommet d'un coteau,
C'est une charmante opale,
Dans un chaton de bouleau.

Couzières, dont les fontaines. Bondissent sur des rochers, Verse ses eaux dans des plaines D'où surgissent vingt clochers.

Quelle est donc cette émeraude,
Qui brille au milieu des bois?
C'est la noble Guéritaude,
Digne d'abriter des rois.

Que j'aime la Tortinière !
Quel charmant petit château!
Cette fraîche bonbonnière

Sourit à plus d'un hameau.

Thorigny, douce retraite,
Brillant écrin des amours,
Le villageois vous souhaite
Du bonheur et d'heureux jours.

Et vous, Candé solitaire,
Manoir par trop dégradé,

Sous votre froc séculaire,
Dieu vous a sauvegardé.

Les beaux arts et la science,
L'or de l'Inde et du Pérou,
Le goût et l'intelligence,
De vous feront un bijou.

Dans une touffe de lierre,
Assis en face du nord,
Comme un aigle dans son aire,
Le Puy repose et s'endort.

Et puis l'Indre carressante,
Dont le flot baise le bord,
Berce la barque élégante,
Qui navigue au gré du sort.

Sur cet élément liquide,
Elle glisse sans effort,
Et sous la main qui la guide,
Gaîment elle arrive au port.

Salut, enfin, ma patrie,
Montbazon divin séjour,
Sois toujours, ville chérie,
Coquette comme un beau jour,

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