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moins l'amertume. La profession la plus modeste se relève et s'enuoblit par lui; la profession la plus élevée acquiert par lui un nouveau lustre.

Ce que je dis, Messieurs, n'est qu'une vérité vulgaire. Mais si une preuve était ici nécessaire, elle nous apparaît bien évidente dans les prodiges que nous voyons aujourd'hui se dérouler à nos yeux par le travail de l'esprit humain. La science, le premier de tous ses fruits, la science, poussée à ses dernières limites, a surpris tous les secrets de la nature. Si la chimie les analyse, la physique en exploite les ressources, dont s'emparent l'agriculture, l'industrie et les arts. Les espaces que la nature a semés entre les nations éparses sur le globe ont disparu et bientôt passeront à l'oubli. Les distances se calculent par quelques heures, tout au plus par quelques jours; mais le terme extrême des efforts de l'intelligence humaine, la pensée, se transmet plus rapide que l'éclair d'un pôle à l'autre. Rien ne l'arrête, pas même les profondeurs et l'agitation des mers. Enfin, tous les peuples semblent réunis aujourd'hui dans un immense forum où chacun peut causer de ses affaires, discuter ses intérêts, se communiquer ses idées sans être arrêté par les considérations, jadis si influentes, des distances et du temps.

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Tel est, cependant, le spectacle que nous offre la puissance du travail. En présence de pareils faits, que pensez-vous, Messieurs, de l'existence des hommes qui les ont créés? Ne nous parait-elle pas et belle et bien remplie ? Qui de nous n'envierait les jouissances qu'elle leur a procurées, et ne reconnait leurs légitimes droits

à la renommée qui portera leurs noms à la postérité la plus reculée ?

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Après ce court exposé des plus éclatants résultats des travaux de nos jours, je dois rentrer dans la sphère plus modeste, mais non moins utile, de nos travaux agricoles. Eux aussi ont leurs peines, leurs déceptions trop souvent trop amères; mais eux aussi ont leur part de gloire, d'honneur, de jouissances: ils ont l'inappréciable avantage d'ètre exempts de l'agitation inséparable des grands travaux que j'ai présentés à vos yeux. Vivant de la vie paisible de la famille et des champs, s'ils ne cherchent pas à s'élever à une hauteur qui surprenne ou éblouisse l'imagination, ils tendent à montrer partout qu'en eux réside la plus grande force des nations, ainsi que leur première richesse; enfin, que, par le travail de ses bras et de son intelligence, l'homme livré à la culture de la terre y trouve à la fois honneur, bien-être et prospérité.

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Persévérez, Messieurs, dans la noble tàche à laquelle vous vous êtes voués; continuez vos encouragements à nos laborieux cultivateurs; justes appréciateurs de leurs efforts, vous avez vu les fruits qu'ont portés vos récompenses loyalement et généreusement distribuées; tout vous fait prévoir que la voie de progrès dans laquelle est entrée l'agriculture de notre département s'élargira chaque année et reconnaîtra ainsi l'intérêt et les soins que vous ne cessez de lui prodiguer.

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RAPPORT

DU

SECRÉTAIRE ADJOINT.

MESSIEURS,

Dans cette solennité, appelé à rendre compte des travaux qui vous ont occupés pendant l'année qui vient de s'écouler, votre secrétaire adjoint saisit avec empressement cette circonstance pour vous remercier de l'honneur que vous lui avez fait en le donnant pour successeur à M. Marchand, qui remplissait avec zèle les fonctions auxquelles vous l'aviez élevé; sa perte a été vivement sentie. Bibliothécaire-archiviste de la Société d'archéologie, il a publié sur les verrières du XIIIe siècle qui ornent notre cathédrale, un ouvrage qui, par la fidélité du dessin et la vérité des couleurs,fa laissé bien loin derrière lui tout ce qui a paru jusqu'à ce jour, et a obtenu les honneurs de l'exposition. L'auteur, allait mettre la dernière main à son ouvrage, lorsqu'un accident à jamais déplorable vint le frapper au milieu de ses études, et nous l'enlever avant le temps. Ami dévoué et sincère, artiste passionné, d'une probité sévère,

d'une grande simplicité de mœurs, Marchand joignait à un beau talent une modestie à toute épreuve, compagne naturelle du vrai mérite.

M. Delaunay, qui depuis de longues années, s'occupait avec un zèle au-dessus de tout éloge des observations météorologiques, a prié la Société de vouloir bien lui donner un remplaçant, son âge avancé et sa mauvaise santé ne lui permettant plus de continuer ses travaux. La Société s'est vue avec regret privée de l'un de ses membres les plus distingués. M. Tassin qui lui a succédé a transféré au jardin botanique les instruments destinés aux observations météorologiques, et la précision de ses résultats est telle, qu'ils offriront à la science de précieux renseignements.

La maladie de la pomme de terre et celle de la vigne vous ont sérieusement occupés. Parmi les nombreuses observations que vous avez reçues, celles de MM. de Vonnes, Lesèble, Lambron de Lignim et du général d'Outremont ont fixé plus particulièrement votre attention. Seuls les noms de ces différents membres indiquent suffisamment la nature de leurs travaux.

Votre secrétaire perpétuel vous a donné lecture d'un travail de M. le colonel Vauvilliers sur le même sujet, dans lequel il a su concilier les opinions diverses émises par les agronomes.

Le rapporteur de la commission nommée pour l'examen du pain de pommes de terre par le procédé Gallois, vous a communiqué son travail, dont les conclusions ont été transmises à M. le ministre. Après la discussion et les observations judicieuses de MM. Hulin, Boutard,

Minangoin et Sandras, le président a résolu la question en ces termes : 1o Le pain ainsi fabriqué perd réellement en qualité nutritive ce qu'il pourrait peut-être gagner par une économie' insignifiante et nulle aujourd'hui, attendu le prix élevé de la pomme de terre; 2o Ce pain n'est pas assez substantiel pour un homme dont le travail exige une nourriture solide; 5o Ce pain. conservant une humidité lente à disparaître, ne peut être mis en soupe; enfin, la Société pense que le procédé Gallois, mis en pratique, ne donnerait aucun des avantages qu'il semble promettre, ni au gouvernement ni aux consommateurs. A cette occasion M. de Vonnes a communiqué le résultat d'une expérience qu'il a faite sur la panification. Au prix actuel, 50 centimes le kilogramme, le riz, mêlé à la farine dans la proportion de 15 à 20 010 donne une économie de 10 centimes par kilogramme. Ainsi obtenu, le pain est plus blanc, et conserve mieux sa fraîcheur que celui de froment pur. Ila -rendu également compte d'un mémoire de M. Charlot sur la panification des céréales d'un prix inférieur, mémoire qu'il a jugé d'une manière très-favorable.

La Société a adressé à l'autorité supérieure une demande pour lui signaler les fraudes du commerce des engrais, et solliciter des mesures de répression contre un mal qui tend à envahir la France entière.

M. Derouet, qui, sur la conservation des grains et les divers procédés employés jusqu'à ce jour, a déjà présenté plusieurs rapports d'un mérite incontestable, vous a donné connaissance d'un mémoire intitulé: Recherches sur l'alucite des céréales, l'étendue de ses ravages

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