Page images
PDF
EPUB

notre savant auteur dans les descriptions qu'il donne des meilleures variétés de ces diverses régions au nombre d'environ 400, car je dois vous dire qu'il a éliminé les cépages qui, connus depuis longtemps pour n'avoir aucune qualité recommandable, n'étaient pas dignes d'être mentionnés. Qu'il me suffise de vous dire que l'orthographe des noms et de la synonymie ont été, de la part de M. le comte Odart, l'objet des investigations les plus rigoureuses; qu'il a semé ces descriptions de remarques judicieuses sur les qualités spéciales de ces cépages, sur celles des vins, et sur la culture et la taille de la Vigne dans diverses localités. Les œnologues y trouveront une ample moisson de renseignements d'une grande importance et d'une utilité plus incontestable encore.

Mais je dois signaler à votre attentien un chapitre des plus intéressants pour vous surtout, Messieurs, qui vous occupez plus spécialement d'horticulture; c'est celui qui traite des Raisins de table, appartenant à toutes les régions dont je viens de vous donner une idée. Cette partic, qui n'occupe pas moins de 72 pages, est pleine d'observations utiles et propres à guider sûrement dans le choix des variétés qu'on serait curieux de cultiver. J'y ai remarqué, entre autres, le conseil de semer des pepins du Muscat d'Alexandrie, qui réunit au suprème degré toutes les qualités désirables, excepté celle de mûrir régulièrement sous notre climat. Ce serait effectivement une tentative des plus judicieuses que l'essai d'obtenir par ce moyen une variété plus précoce, à laquelle ne manquerait certes pas

l'accueil le plus empressé. C'est dans cette partie que sont décrites les familles des Chasselas, des Corinthes, des Kechmishs de la Crimée, des Kokours de la Tauride, des Muscats, des Olivettes de la Provence, des Panses de nos départements méridionaux, des Pirans, dont une espèce donne un bon vin dans l'Aude, et des Ulliades du Languedoc. Là ne se bornent par les familles groupées par l'auteur; il en a établi quelques autres plus spécialement destinées à fournir des vins estimés; telles sont celles-ci : les Klevener ou Plants gentils, et les Traminers de la région occidentale (Alsace); les Malvoisies de l'île de Madère, les Mauzacs des coteaux du Tarn et de la Garonne, les Picpouilles de nos départements du Midi ou de l'Espagne, toutes appartenant à la région méridionale; les Gamays et les Pinots de la Bourgogne, région centrale qui est la plus riche en vins, et enfin les Pinots de la Loire, région occidentale, et dont la maturité arrive six semaines après celle des Pinots de la Bourgogne. Précisément, à cause du soin extrême qu'a mis M. le comte Odart à ne composer ces familles que des cépages montrant entre eux la plus grande analogie, un très grand nombre n'a pu y trouver place, à cause des caractères spéciaux qui les en excluaient; mais ils ont été classés dans la région à laquelle ils appartiennent, et décrits selon leurs qualités externes et le mérite oenologique de leurs produits.

Enfin, un dernier chapitre, et qui n'est pas le moins utile, est celui où l'auteur groupe les cépages par époque de maturité; il en indique cinq qui diffèrent

entre elles d'une dizaine de jours, et il laisse en dehors ceux qui ne mûrissent pas habituellement en Touraine, où se trouve la collection qui lui a fourni les données de cette utile remarque.

Me voici parvenu au terme de ce rapport. Grâce à votre indulgence habituelle, vous me tiendrez compte de ma bonne volonté, à défaut des connaissances qu'il aurait fallu pour apprécier cet immense travail; mais si vous voulez bien me tenir quitte envers vous et admettre ce rapport dans vos Annales, le serais-je, en vous demandant cette insertion, envers le savant auteur d'un ouvrage aussi utile? je ne le pense pas, et c'est pourquoi, Messieurs, je viens solliciter de votre justice le renvoi à la commission des médailles. Si j'ai pu vous donner une idée des immenses difficultés de cette œuvre, du temps qu'elle a coûté à l'auteur, de la persévérance et de la sagacité qu'il a mises dans ses recherches et ses expériences, je me flatte de l'espoir de voir cette proposition accueillie à l'unanimité.

Il est digne de vous d'offrir ce témoignage de satisfaction à ce vénérable ampélologue, dont le souci le plus vif, à la fin de sa longue et honorable carrière, est de n'avoir pas un jeune remplaçant capable de suivre ses observations et d'en communiquer les résultats au public; il l'avait demandé au ministre de l'agriculture, mais sa demande est restée sans succès. Ecoutez-le lui-même exprimer ses regrets et sa résignation. Le cours de mes expériences, dit-il, est donc menacé d'une interruption ou prochaine ou peu éloignée; mais je crois n'en laisser d'importantes que sur les cépages

étrangers, dont les plus intéressants pour nous sont certainement ceux de la Perse, de l'Arménie et des rives de l'Euphrate, le pays des anciens Nabathéens; or, avant que ces observations soient possibles, il se passera bien du temps. Plus jeune, j'aurais demandé encore une fois à M. le Ministre de l'agriculture une mission spéciale pour ces pays lointains; mais... j'ai vécu, j'ai parcouru la carrière que la Providence m'avait indiquée, en me faisant naître à la campagne, d'un père possesseur de biens ruraux. Que mon front, habituellement tourné vers la terre, se relève donc vers le ciel et avec sérénité? Loin d'être attristé par cette perspective rapprochée, je veux, à l'exemple de l'aimable vieillard de Téos, me couronner de pampres pour me préparer au sacrifice. >

Il vous appartient, Messieurs, d'offrir votre tribut d'estime à ce savant et respectable patriarche de la viticulture, qui, dévouant sa vie entière à une étude, aux résultats si lents et si chèrement achetés, n'a jamais eu d'autre ambition que celle d'être rangé au nombre des hommes utiles à leur pays. Que la modeste récompense dont vous pouvez disposer soit votre hommage à son véritable mérite.

ROUSSELON, rapporteur.

RAPPORT SUR L'HORLOGE,

DITE CALENDRIER MOUVANT,

Du sieur Joseph Cusson, cultivateur à Aiguillon, fait à la Société d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Lettres d'Indre-et Loire, dans sa séance du 8 février 1851.

Messieurs

Invité par notre honorable président à visiter une horloge exécutée par un jeune cultivateur du département du Lot, nous avons, de concert avec M. Caranda, qui m'avait été désigné comme adjoint procédé à un examen minutieux de cette œuvre dont je vais essayer de vous rendre compte.

L'auteur l'appelle Calendrier Mouvant; en effet, c'est plutôt un calendrier qu'une horloge, comme vous pouvez en juger. Elle marque sur neuf cadrans : 1° Les heures et les minutes; 2' Les secondes; 3° Les jours de la semaine; 4° Le quantième de tous les mois que nous nommerons perpétuel, puisque, quelque soit le nombre des jours dont chacun se compose, l'aiguille franchit d'elle-même, à la fin, le nombre nécessaire de chiffres (1, 2 ou 3) pour se trouver sur le premier du mois suivant; 5° Les mois de l'année avec les douze signes du zodiaque; 6° Les années communes et les bissextiles ou le siècle; 7° Les phases de la lune et son âge; 8° La place que la lune occupe dans le

1

« PreviousContinue »