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d'architecture, la Numismatique, qui traite des médailles ou monnaies des anciens, la Glyptique, qui recherche et décrit les pierres fines gravées, et la Paléographie, qui lit et explique les anciennes inscriptions.

L'antiquité païenne est, pour ainsi dire, sortie de dessous les ruines de ses monuments. Elle a été étudiée par un grand nombre de savants, et, grâce à leurs persévérants efforts, l'Archéologie égyptienne, grecque, étrusque et romaine est presque arrivée à sa perfection.

Il n'en est pas ainsi de l'Archéologie chrétienne elle est loin encore d'être parvenue au même degré. Pendant longtemps on négligea, que dis-je, on méprisa les monuments du moyen âge, de ces siècles si poétiques, si catholiques et si grands. On se contentait de jeter à nos merveilleuses cathédrales l'humiliante dénomination de gothiques et

de barbares, pour se croire justifié de son ignorance et de son dédain. On a mieux compris aujourd'hui toute l'importance et tout l'intérêt qui s'attachent à nos monuments chrétiens, la plus glorieuse portion de nos antiquités nationales. Leur réhabilitation ne tarda pas à être complète. Une foule d'hommes sérieux se préoccupèrent de la conservation et de l'intelligente restauration de ces immortels chefs-d'œuvre, l'honneur de l'art et de la Religion. Leur zèle et leurs travaux ont porté des fruits. Les édifices religieux ont repris la place qu'ils n'auraient jamais dû perdre..

Nous avons voulu contribuer pour notre faible part à ce mouvement qui entraîne les esprits vers l'étude des édifices sacrés du moyen âge. Nous avons voulu mêler notre voix à des voix plus éloquentes, unir nos efforts à des efforts plus puissants, persuadé

que nous pourrions encore rendre quelques services à l'art catholique en cherchant à en populariser la connaissance. C'est là la pensée qui nous a dirigé en écrivant cet ouvrage. Nous n'avons jamais eu la prétention de faire avancer la science; nous avons essayé de la rendre accessible à tous. Ceux qui chercheraient autre chose dans notre opuscule seraient trompés dans leur attente. Nous ne l'avons pas écrit pour des savants déjà versés dans la connaissance du moyen âge, nous l'avons entrepris pour les personnes qui désirent prendre une notion exacte de nos monuments chrétiens, sans faire une trop grande dépense de temps et d'argent.

Nos efforts seraient largement récompensés, si nous pouvions ranimer dans quelques cœurs le respect et l'amour dont nous devons entourer nos églises. Ce n'est pas seulement comme archéologues que nous devons nous

server pur et intact; pur de toute souillure, intact de toute mutilation. Nous devons faire tous nos efforts pour sauver des injures du temps, peut-être aussi des injures des hommes, nos antiques sanctuaires, afin qu'ils apprennent aux siècles à venir ce que peut le génie fécondé par la Religion.

Jusqu'ici, il faut l'avouer, le Clergé, participant à l'indifférence générale pour les anciens monuments, n'a pas paru toujours assez empressé pour l'étude des principes de l'archéologie religieuse, indispensable pourtant soit pour apprécier dignement, soit pour restaurer convenablement les édifices sacrés. Il serait fàcheux qu'il restât plus longtemps étranger à la connaissance d'un art qu'on a désigné par le nom d'art religieux, d'art chrétien, d'art catholique. Les travaux que nous possédons sur ce sujet sont dus en partie à des hommes imbus de froides théories, qui ne voient dans nos églises que des pierres bien travaillées, que des monuments dignes d'attirer l'attention des artistes, et qui semblent ne pas comprendre les pieuses émotions, les religieux souvenirs qu'elles rappellent à la mémoire du chrétien.

L'administration civile déploie un grand zèle et une activité prodigieuse pour la description, la conservation et la restauration des monuments religieux du moyen âge. Sans négliger l'intérêt historique et artistique, son principal mobile, laissons-nous guider par des pensées plus nobles, par des sentiments plus élevés. Nous avons été préposés à la garde du temple, et puisque Dieu veut bien habiter parmi nous, consa

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crons nos efforts les plus généreux, nos soins les plus vigilants, à conserver sa demeure dans sa plus pure beauté.

Nous avons observé et loué le zèle de plusieurs d'entre vous pour la décoration des églises, mais aussi nous avons été souvent affligés de prétendues restaurations qui sont venues souiller la simple, belle et majestueuse architecture de plusieurs monuments antiques. Le beau architectural, comme le beau dans tous les arts, dépend d'une perfection de formes souvent insaisissable pour les yeux qui n'ont point été instruits par l'étude et par l'observation.

N'oubliez pas, Messieurs, que pour réparer une église, il faut nécessairement harmoniser les restaurations avec le corps de l'édifice, de manière à ne jamais rompre l'unité de style. En agissant autrement, ou l'on fait des contre-sens propres à choquer les hommes de goût, ou l'on détruit les heureux rapports que l'architecte avait établis dans son plan primitif.

Pourquoi, par exemple, défoncer une magnifique fenêtre traversée par les légers meneaux et les gracieux compartiments du style ogival secondaire ou tertiaire? Pourquoi cacher, par de massives constructions, par de lourds frontons, de beaux trèfles et de belles roses du treizième ou du quatorzième siècle? Pourquoi fermer les fenêtres symboliques qui rayonnent autour de l'autel au fond de l'abside? Heureuses les églises dont on a respecté l'architecture, et qu'on pourra, plus tard, réparer en les débarrassant de ces substructions hybrides! Le désir immodéré d'embel

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