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cution est plus étonnante, s'il y a de plus grandes difficultés vaincues pour tracer un profil hardi, pour conserver la pureté des angles, pour fouiller tous les interstices, l'effet général de la perspective perd une de ses principales beautés. L'oeil ne saurait embrasser à distance les détails minutieux des innombrables faisceaux de nervures tranchantes; il se repose au contraire avec plaisir sur ces grandes et belles lignes, que la saillie des colonnes et des colonnettes établit dans toutes les parties de l'édifice. La substitution des nervures aux colonnes est donc un triste signe de décadence dans le goût des architectes. C'est la création d'un esprit étroit, qui considère plus les détails que l'ensemble, qui sacrifie la grandeur et la majesté à quelques accessoires sans importance. Souvent les nervures suivent le contour des arcades, s'élèvent le long des murailles jusqu'aux voûtes qu'elles traversent pour venir se réunir à la clef, délicatement ciselée. Toute trace de chapiteau a disparu sur la plupart des piliers, ou bien la magnifique corbeille du chapiteau du treizième ou du quatorzième siècle, avec tout le luxe de cette végétation riche et variée, est simplement remplacée par deux

bouquets de feuilles frisées, ou par une guirlande de feuilles profondément découpées. Quelquefois encore on plaça entre les nervures de riches garnitures de feuillages lacinés, frisés, déchiquetés, qui en parcourent toute l'étendue.

Les arcades conservèrent fidèlement la forme pure de l'ogive pendant la première partie du style flamboyant. Mais bientôt elles subirent un changement important. Les lignes, au lieu de suivre la direction de la courbe naturelle

pour former l'amortissement de l'ogive, se relèvent subitement vers le point de jonction pour former un angle très-aigu. Cette arcade

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rarement aux fenêtres. Au commencement du seizième siècle, ce système prévalut tellement, qu'on ne retrouve aucune large ouverture qui n'ait été faite d'après ce procédé.

Ce mouvement, que l'on observe souvent dans l'architecture mauresque, se reproduit non-seulement dans les portes, les fenêtres, les arcades simulées, mais encore dans tous les ornements où la forme elliptique de l'ogive est employée, comme dans les lobes des trèfles, des quatre feuilles et des rosaces.

Les anciens architectes cherchaient toujours la forme élancée, celle qui semblait d'ellemême tendre et aller au ciel, emblème de leurs sentiments et de leur foi. Oubliant les vieilles traditions, les architectes du quinzième et du seizième siècles abaissent l'ogive et la contraignent à s'incliner vers la terre.

Quelques portes se trouvent placées dans une sorte d'encadrement carré; d'autres, et c'est le plus grand nombre, ont, de chaque côté, des pilastres divisés en plusieurs panneaux et surmontés d'aiguilles et de pinacles. La plupart des portes offrent encore un fronton pyramidal, garni sur les côtés de crosses végé tales, portant à son sommet un acrotère ou

piedestal destiné à recevoir une statue. Du reste, les parois du grand portail sont toujours, comme aux siècles précédents, chargées de statues, de dais, de sculptures de toute

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Les fenêtres ont généralement, au quinzième siècle, plus de largeur et moins de hauteur qu'au quatorzième, et le triangle, formé par l'arcade en tiers-point, depuis les impostes jusqu'au sommet, a souvent plus de la moitié de l'élévation totale. Le réseau, qui en remplit le tympan, est formé de lignes ondulées, prismatiques, présentant quelque analogie avec une flamme droite ou renversée : c'est ce qui a fait donner à la fenêtre de la dernière épo

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que le nom de fenêtre flamboyante, lors même que ses meneaux représentent toute autre chose, par exemple, des fleurs de lis ou des étoiles, ainsi que cela arrive souvent en France, surtout dans les fenêtres de grande proportion.

Les meneaux compliqués des roses subis

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