Page images
PDF
EPUB

architectes des édifices religieux de cette époque firent entrer dans leurs constructions une grande quantité de briques d'une forme et d'une fabrication analogues à celles de l'antiquité. Non-seulement ils s'en servirent fréquemment pour faire les cintres, ils les établirent encore par zônes horizontales pour simuler des assises régulières, et quelquefois comme motif d'ornementation. La couleur vive du rouge, qui tranchait fortement sur le gris obscur de la muraille, leur parut produire un effet assez heureux. C'est ainsi que souvent les moulures et les corniches furent remplacées par une ou plusieurs rangées de briques, et qu'on chercha par l'opposition des couleurs à former sur les parois des murailles des espèces de dessins symétriques.

Si nous passons à l'examen des colonnes et de l'entablement, nous serons frappés de l'état de dégénérescence où l'art était tombé. Au lieu du fût taillé dans de si belles proportions, dans les temples antiques, au lieu de ce chapiteau si élégant, au lieu de cet entablement si harmonieux dans l'ensemble des parties qui le composent, on voit d'énormes piliers sans grâce et sans ornement, souvent carrés, et ne

rachetant leur lourdeur par aucune de ces moulures délicates et naïves qui font le charme et la décoration des édifices chrétiens aux âges postérieurs. Le chapiteau est remplacé par une simple corniche, ou par quelques sculptures grossières. Rien ne peut encore nous faire soupçonner ces demi-colonnes engagées d'un effet si pittoresque, ces faisceaux de colonnettes si capricieusement effilées, qui devront un jour remplacer ces informes supports. L'entablement éprouva les plus déplorables mutilations. On supprima l'architrave et la frise, et les arceaux des voûtes vinrent reposer immédiatement sur le sommet de la colonne.. Il est important de remarquer ici que les architectes chrétiens brisèrent entièrement l'entablement antique pour n'en conserver que la partie supérieure ou la corniche. Par une disposition qui leur est propre, ils appuyèrent les corniches sur des modillons de formes très-variées et souvent très-bizarrés. Dans leur plus grande simplicité, ces modillons représentérent l'extrémité d'une poutre taillée en biseau; mais le plus souvent ils offrirent des volutes, des feuilles, des fruits, 'des têtes d'animaux ou des masques humains. C'est surtout à la

seconde époque que nous aurons l'occasion de remarquer ces modillons chargés des figures les plus grotesques.

Un cachet, particulier à cette époque et à lá suivante, se trouve imprimé sur les édifices sacrés, par la forme des cintres, aux arcades, aux portes et aux fenêtres. Héritiers de l'arc si convenablement approprié par les premiers chrétiens à leurs constructions religieuses, les architectes de la période romano-byzantine s'en servirent sans mélange et surent lui donner un caractère spécial dans son appropriation. Les nombreuses arcades intérieures destinées à mettre la nef en communication avec les ailes latérales, ou simulées sur les murailles pour en déguiser la nudité, étaient toujours en plein cintre, et d'une très-grande simplicité. Elles étaient formées de pierres cunéiformes, souvent séparées par des briques posées symétriquement, absolument comme dans les arcades gallo-romanes, dont nous possédons un si curieux modèle dans les restes de l'aqueduc de Luynes. La grande arcade qui se trouvait au milieu des transsepts, entre le chœur et la nef, recevait ordinairement quelques décorations symboliques. Dans les anciennes basiliques la

tines, cet arc avait reçu le nom d'arc triomphal, et il fut conservé par une respectueuse tradition dans presque tous les édifices sacrés de la première moitié du moyen âge. Il était couvert d'incrustations, de moulures, de peintures, quelquefois de mosaïques, qui représentaient la mort et la résurrection de JésusChrist. C'était donc vraiment l'arc de triomphe du christianisme, sur lequel on avait placé le signe de la rédemption et de la régénération universelle. Dans une foule d'églises, on a conservé quelques vestiges de cette belle et chrétienne inspiration, en plaçant un crucifix à cette arcade mystérieuse qui dominait tout l'édifice.

L'ouverture des portes et des fenêtres est toujours formée par un cintre semblable à celui dont nous venons de parler. Les fenêtre sont petites, étroites, peu ornées, quelquefois si resserrées, qu'elles ressemblent à de véritables meurtrières. Les briques s'y montrent souvent, accolées deux à deux, trois à trois, formant une sorte d'archivolte grossière. Les cintres ne reposent jamais sur des colonnes, mais constamment sur des pilastres larges et écrasés.

Il en est de même généralement pour les portes leur cintre retombe rarement sur des colonnes, mais ordinairement sur de simples pieds droits. On y observe une égale sobriété d'ornements. On serait loin de prévoir à leur aspect les portails magnifiques des époques postérieures.

Une des principales beautés et un des éléments les plus surprenants de nos édifices religieux, résident dans les voûtes, noble et majestueux plafond hardiment suspendu à une immense hauteur au-dessus de nos tètes. Sans en aller chercher l'origine dans le ciel abaissé des catacombes et des cryptes chrétiennes pri

« PreviousContinue »