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de Napoléon; toutes sont pavées de larges dalles de pierre, comme Livourne et Florence.

Non loin de la ville, et sur la pointe du cap Blanc, sont construits d'immenses et magnifiques magasins pour le sel que. fournissent cinq salines de l'île, et qui forme un des principaux objets de commerce de Porto-Ferrajo.

Les autres édifices de cette ville sont les bureaux de santé, le bagne des forçats, le palais de justice, celui du gouverneur, rebâti par Napoléon; deux jolis marchés couverts pour le poisson et le jardinage, l'hôpital des Carmes, qui est tenu avec un ordre et une propreté remarquables; Ja maison de ville et le fanal élevé de 300 pieds au-dessus de la mer. Il fut construit en 1791 par l'ingénieur Mori; c'est un des plus beaux de l'Europe. La lanterne qui le domine est faite avec de forts pilastres en fer, pesant 17 milliers; elle est fermée par de belles glaces de Bohême; sa coupole est couverte de plomb et doublée de lames de cuivre, surmontée d'une boule dorée et d'une croix. Le foyer est composé de vingt-quatre lampes, qu'on peut augmenter de six autres dans les nuits sombres et orageuses. On l'aperçoit de six lieues en mer la nuit.

Enfin, on compte six places principales. Celle du Canto peut contenir trois mille hommes rangés en bataille. La place d'armes est carrée, et quatre mille hommes peuvent y manoeuvrer à l'aise.

La place du Théâtre peut laisser stationner vingt voitures ou équipages.

Celles des Carmes, de l'Arsenal, de la Boulangerie sont plus petites.

La position de Porto-Ferrajo est très belle et l'air Y est extrêmement pur et sain. En observant la ville de la mer, on trouve sa situation semblable à celle de l'antique Jérusalem.

La seule autre ville après Porto-Ferrajo est Porto-Lon

gone, située au fond d'un petit golfe sur le canal de Piombino. Sa fondation ne remonte qu'à 1603. Ce petit port servit long-temps de point de réunion aux corsaires barbaresques qui infestaient les côtes occidentales de l'Italie. On y fait un commerce assez considérable de transport de minérai de fer pour les fonderies de Canino, appartenant à Lucien Bonaparte, et pour celles des états pontificaux.

Peu de pays contiennent proportionnellement autant de mines métalliques que l'île d'Elbe ; il y en a d'or et d'argent à l'est, à l'ouest et au sud. Le territoire de Porto-Ferrajo en a une de cuivre et d'autres de fer, de plomb, d'étain, des carrières de marbre blanc, mêlé, brocatelle, des mines de soufre, de bol blanc et rouge, et d'excellent vitriol.

Mais la plus considérable est celle du fer située dans le territoire du Rio, près de la mer, vers le levant; c'est la plus riche du monde. Elle a de nombreux filons, dont l'un s'étend à plus d'un mille dans la montagne, et s'enfonce à une très grande profondeur dans les entrailles de la terre; on prétendait que le minérai ne pouvait se fondre dans l'île à cause d'une disposition particulière de l'aìr, et qu'il fallait faire cette opération en terre ferme. Mais ce fait est inexact, car on trouve dans plusieurs endroits de l'île une quantité énorme de scòries de ce métal, qui prouvent qu'il y exista jadis des fonderies.

La quantité de minérai de fer qu'on retire du Rio est si énorme, que plusieurs historiens anciens ont pensé qu'il se régénérait au bout de 25 ans; mais si ces auteurs eussent exploré cette mine et s'ils en eussent sondé la longueur et la profondeur, à coup sûr ils eussent changé d'opinion à cet égard. Rien de plus beau, de plus riche et de plus brillant que les échantillons de cette mine, dont les cristallisations sont très belles et ornent les cabinets de tous les curieux. On trouve encore à l'orient de l'île, à deux lieues du châfeau de Capoliveri, dans la montagne appelée della Cala

mita, de l'aimant blanc et noir : le premier, appelé pierre calamite, est employé en médecine; l'autre est un aimant pur, jouissant de ses propriétés d'attraction au plus haut degré.

L'amiante est aussi assez commune dans plusieurs parties de l'île ; on prétend que les Romains en tiraient une grande quantité pour fabriquer les linceuls dont on enveloppait les cadavres qu'on faisait brûler pour en conserver les

cendres.

Sur le rivage méridional, dans le territoire de Campo, il existe une carrière de beau granit à Secchetto. Les Pisans en firent extraire, en 1159, trois magnifiques colonnes pour leur église de Saint-Jean. On y trouve encore sur place d'énormes colonnes seulement ébauchées.

La mer qui entoure l'île abonde en toute espèce de poissons; on y pêchic parfois des perles, mais la pêche la plus considérable est celle du thon; on emploie à cet effet deux madragues ou filets; l'une dans le golfe de Marciana, où la pêche de ce poisson est affermé 2,000 piastres par an, et dont les fermiers en retirent parfois 12,000 piastres.

L'autre est dans le golfe de Porto-Ferrajo, mais elle est moins abondante; elle n'est affermée que 1,200 piastres. Les Napolitains, les Génois, les Corses et les Sardes viennent aussi pécher sur ces parages.

L'île produit peu de bois; on n'y trouve que du buis, des prtineliers, du romarin dont les abeilles se nourrissent et dont elles composent un miel excellent.

Il n'y a aucune rivière dans l'île, mais un grand nombre de fontaines abondantes, et d'une eau très limpide et fraîche; il en est une très remarquable, c'est la fontaine de 'Canali, dont l'eau est si abondante, qu'elle fait tourner dix-huit moulins avant de se jeter dans la mer, sur la plage du Rio. Elle jouit du phénomène singulier de croître et de décroître, selon le cours du soleil, de sorte qu'à l'époque Alutinn Páú elle sourde en telle abondance, au'elle forme

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un lac, tandis qu'au solstice d'hiver elle diminue de moitié. Les animaux domestiques sont les boeufs, les vaches, les 'moutons et les chèvres. Les plantes aromatiques dont ils se nourrissent en rendent le lait et la chair très savoureux.

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Les lièvres, les martres, les hérissons et les porcs-épic sont assez nombreux. On trouvait jadis beaucoup de sangliers dans les bois, surtout vers le cavo di S. Andrea, mais les chasseurs les ont presque tous détruits.

Dans le temps d'automne, on prend une grande quantité de perdrix, d'étourneaux, de cailles, d'alouettes, de merles et de tourterelles. On ne trouve pas d'animaux venimeux et peu de reptiles.

très

L'île produit d'excellent vin blanc et rouge, du muscat, de l'aleatico; le blé est abondant, et l'on recueille un peu d'huile, du lin et quelques menus grains. La récolte du vin s'élève souvent à 60,000 barils, pour en charger 10 à 12 bâtimens gênois. (Le docteur 0-m. )

Nous avons en français un ouvrage remarquable sur cette fle. Voici le titre : Voyage à l'ile d'Elbe, suivi d'une Notice sur les îles de la mer Tyrrhenienne; par M. A. Thiébaut de Berneaud. Paris, 1807. Un vol. in-8°, avec deux planches. L'auteur connaissait le livre de Lombardi; il le cite dans sa préface, ainsi que d'autres où il est question de cette île.

Dietrich, traducteur des Lettres de Ferber sur la minéralogie de l'Italie, fait mention de l'île d'Elbe, qu'il avait visitée en 1772.

Swinburne, voyageur anglais, a également donné des détails sur l'île d'Elbe; on les trouve de la page 2 à la page 21 du t. I de la traduction française de son Voyage dans les Deux-Siciles, imprimé à Paris en 1785; en 5 volumes in-8°. Depuis 1815, un Voyage à l'ile d'Elbe a été publié en anglais.

E-s.

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