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six jours sain et sauf. Le prophète, ordinairement dépouillé

Daniel dans la fosse aux lions. Fresque du cimetière de Sainte- Priscille.

de ses habits, lève les mains au ciel dans l'attitude de la prière. Deux lions sont à ses côtés, bien que le texte sacré en mentionne sept.

Les chrétiens, en retraçant cette scène, se proposaient le même but que dans la reproduction des jeunes Hébreux au milieu des flammes. Daniel, comme ces jeunes Israélites, avait échappé miraculeusement à la rage de

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ses persécuteurs; et, pour cette raison, était aussi un symbole de la résurrection glorieuse qui attend les chrétiens persévérants.

12. Notre-Seigneur Jésus Christ. La première question qui se présente ici est celle de l'existence des portraits authentiques du Sauveur. Existait-il, aux premiers siècles, des images contemporaines retraçant les traits de l'Homme-Dieu? -Il serait difficile, croyons-nous, de prouver que, même au temps des apôtres, les fidèles aient possédé des peintures ou des sculptures reproduisant, d'une manière plus ou moins fidèle, l'image de Notre-Seigneur. En effet, les monuments historiques des premiers siècles gardent un silence complet sur l'existence de ces objets. Ce n'est que dans des écrits d'une date beaucoup plus récente, et dont l'autorité est nulle, ou pour le moins fort suspecte, que sont mentionnés les portraits de Jésus-Christ appelés acheiropoiètes, c'est-àdire faits sans le concours de la main de l'homme, (tels que le voile de Sainte-Véronique ou Sainte-Face, le portrait que Notre-Seigneur lui-même aurait envoyé au roi Abgare) et les portraits attribués à saint Luc, à Nicodème ou à Pilate.

Depuis le deuxième jusqu'à la fin du quatrième siècle les Pères de l'Eglise affirment généralement que Jésus-Christ, fidèle en tout point au rôle d'humiliation qu'il avait embrassé pour la rédemption du genre humain, s'était revêtu d'une forme corporelle abjecte et dénuée de beauté. Ils s'appuyaient principalement sur deux textes du prophète Isaïe, qui dit du Sauveur : Il paraîtra sans gloire devant les hommes, et dans une forme méprisable." (LII, 14); et: "Il est sans forme et sans beauté" (LIII, 2). Celse aussi reprochait aux chrétiens d'adorer un homme aux formes laides. Vers la fin du quatrième siècle, et surtout pendant les siècles suivants, cette opinion fut combattue par un grand nombre de Pères soutenant que, sous le rapport du corps comme de l'âme, Notre-Seigneur fut le plus beau des enfants des hommes, comme il est dit dans le psaume XLIV: Vous surpassez en beauté tous les enfants des hommes." Au huitième siècle, saint Jean Damascène se prononça énergiquement en faveur de la beauté du Christ, et nous le décrit dans les termes suivants : Taille élevée, sourcils abondants, œil gracieux, nez bien proportionné, chevelure bouclée, attitude légèrement courbée, couleur élégante, barbe noire, visage ayant la couleur du froment comme celui de sa mère, doigts longs, voix sonore, parole suave. Cette description s'accorde assez bien avec celle que, selon une tradition reçue du cinquième au huitième siècle, Lentulus, proconsul de la Judée avant Hérode, aurait envoyée au sénat romain. Ce portrait, bien qu'apocryphe, n'en est pas moins intéressant, parce qu'il correspond au type traditionnel adopté plus tard par les peintres chrétiens." Dans ce temps, dit Lentulus, apparut un homme, qui vit encore et qui est doué d'une grande puissance : son nom est Jésus-Christ. Ses disciples l'appellent Fils de Dieu; les autres le regardent comme un prophète puissant. Il rappelle les morts à la vie; il guérit les malades. de toute espèce d'infirmités et de langueurs. Cet homme est d'une taille haute et bien proportionnée; sa physionomie est sévère et pleine de vertu, de façon qu'à le voir on puisse l'aimer et le craindre aussi. Les cheveux de sa tête ont la

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couleur du vin, et, jusqu'à la naissance des oreilles, sont droits et sans éclat. Mais des oreilles aux épaules, ils brillent et se bouclent. A partir des épaules, ils descendent sur le dos, distribués en deux parties à la façon des Nazaréens. Front pur et uni, figure sans tache et tempérée d'une certaine rougeur, physionomie noble et gracieuse. Le nez et la bouche sont irréprochables. La barbe est abondante, de la couleur des cheveux, et fourchue. Les yeux sont bleus et très brillants. A reprendre et à blâmer, il est redoutable; à instruire et à exhorter, il a la parole aimable et caressante. La figure est d'une gravité et d'une grâce merveilleuses. Personne ne l'a vu rire une seule fois; mais on l'a vu plutôt pleurer. Elancé de corps, il a les mains droites et longues, les bras charmants. Grave et mesuré dans ses discours, il est sobre de paroles. De figure, il est le plus beau des enfants des

hommies."

Dans les catacombes on représentait ordinairement le Sauveur sous la forme symbolique du bon Pasteur, ou bien opérant des miracles, tels que la multiplication des pains et la résurrection de Lazare. Rarement les images du Rédempteur se trouvent isolées; celles qu'on rencontre datent de la période des visites pieuses, et présentent tous les caractères des peintures postérieures d'un ou de plusieurs siècles à la conversion de Constantin.

13. Le bon Pasteur. Notre-Seigneur lui-même s'était comparé au bon pasteur. "Je suis le bon pasteur, dit-il, et je connais mes brebis." (S. JEAN, X, 14). Et dans une autre occasion énumérant les qualités du bon berger: "Qui est celui d'entre vous, demande-t-il aux juifs, qui, possédant cent brebis, et en ayant perdu une, ne laisse les quatre-vingtdix-neuf autres dans le désert, pour s'en aller après celle qui s'est perdue, jusqu'à ce qu'il la trouve. Et lorsqu'il l'a trouvée, il la place sur ses épaules pour la ramener au bercail." (S. Luc, XV, 4 et 5). C'était sous le charme de cette riante parabole que l'Eglise, dès son berceau, aimait à rappeler aux fidèles la grandeur et les effets de la miséricorde divine. Aussi l'on peut dire, sans exagération aucune, que

de toutes les figures symboliques, c'est celle du bon Pasteur qui est le plus souvent reproduite dans les différents cimetières de la Ville Eternelle. On la retrouve dans tous les pays et sur tous les genres de monuments chrétiens, tels que lampes, sarcophages, pierres sépulcrales, verres dorés, etc.

Le bon Pasteur est représenté communément sous la figure d'un jeune homme imberbe et ayant les cheveux courts. Il porte une tunique descendant à peine jusqu'aux genoux, relevée par une ceinture à la hauteur des reins. Quelquefois la tunique, comme chez les esclaves, n'a qu'une manche ; parfois aussi elle est recouverte de la pèlerine en cuir ou scortea. Les jambes sont enveloppées d'une espèce de réseau, fasciae crurales. Le plus souvent le bon Pasteur, ramenant la brebis égarée sur ses épaules, est placé entre deux arbres sur lesquels sont perchés des oiseaux. Une ou plusieurs brebis l'accompagnent parfois et se pressent autour de lui. Ses principaux attributs sont le pedum ou bâton pastoral, le syrinx ou flûte à sept tuyaux, et le mulctra ou vase à lait. Tantôt ces objets sont tenus à la main ou portés au bras, tantôt ils sont déposés aux côtés du bon Pasteur. Voyez les gravures des pages 77 et 78.

14. La sainte Vierge Marie. Il en est des images de la sainte Vierge comme de celles du Sauveur; nous n'en possédons aucune qui soit authentique ou contemporaine : « Nous ne connaissons pas les traits de la Vierge Marie, " dit saint Augustin. Les artistes chrétiens se sont efforcés, dans la mesure de leurs forces, de réaliser dans les images de Marie ce caractère que saint Ambroise appelle la forme même de l'honnêteté, figura probitatis. Ils ont presque toujours représenté la Mère de Dieu sous les traits d'une jeune personne dont la tête est couverte d'un voile encadrant le visage et retombant sur les épaules. Lorsque Marie est sans voile, ses cheveux sont relevés au-dessus du front, où ils se divisent en deux boucles opposées. Son vêtement ordinaire est une tunique en forme de dalmatique, ornée de deux bandes de couleur, et quelquefois aussi de disques en métal ou de rondelles en étoffe vivement coloriée, appelés calliculae.

La sainte Vierge est figurée de deux manières dans les peintures des catacombes, sur les verres dorés et les sarcophages chrétiens des premiers siècles. Le plus souvent elle est assise et tient son Divin Fils sur les genoux; on la voit aussi, mais plus rarement, debout dans l'attitude de la prière.

Lorsqu'elle est représentée de la première manière, elle est régulièrement assise sur un siége semblable aux chaires épiscopales que l'on trouve dans les chapelles souterraines des catacombes, et presque toujours entourée des mages qui, debout, offrent leurs dons à l'Enfant. Ceux-ci, ordinairement au nombre de trois, sont vêtus d'une tunique courte et ceinte, au-dessus de laquelle ils portent souvent une espèce de chlamyde ou petit manteau; leur tête est coiffée du bonnet phrygien. Rarement les mages sont au nombre de deux, ou

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L'adoration des mages. - Fresque du cimetière de Domitille.

de quatre, comme dans la fresque ci-dessus qui a été découverte au cimetière de Domitille, et que nous reproduisons d'après l'ouvrage publié par le chevalier de Rossi sur les

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