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ecclésiastiques du moyen âge, il est nécessaire de posséder au moins quelques notions sur les antiquités chrétiennes; car on trouve dans ces ouvrages des difficultés qui ne peuvent être résolues qu'à l'aide des connaissances archéologiques. Tous ceux qui ont étudié les écrits des Pères de l'Eglise savent que ces écrits sont semés de traits, de phrases, d'expressions et d'allégories obscures et difficiles à comprendre. Cette obscurité et ces difficultés proviennent de ce que nous ignorons les rapports et les allusions qu'ont ces sentences avec les usages, les coutumes et le génie de ces temps et de ceux qui les ont précédés. Il faut donc étudier ces siècles sous toutes leurs faces, si l'on ne veut être privé d'une grande partie des fruits que l'on peut retirer de la lecture des Pères.

Ensuite, l'étude archéologique des premiers siècles du christianisme ouvre à la théologie une des sources fécondes de la tradition catholique; elle nous fournit des preuves éclatantes pour la confirmation des principaux dogmes de la foi. La vérité de cette assertion paraîtra dans toute son évidence, lorsque nous aurons examiné, au flambeau de la science archéologique, les catacombes de la Ville Eternelle, ces vastes souterrains qui ont été témoins des angoisses de l'Eglise naissante. C'est là que l'on trouve les autels destinés à la célébration des saints Mystères; les représentations symboliques sous lesquelles les premiers chrétiens cachaient aux profanes les principales vérités de la foi; les images du Sauveur, de la Sainte Vierge, des apôtres et des martyrs, dont quelques-unes, placées au-dessus des autels, sont une preuve certaine qu'elles n'y étaient pas seulement comme ornement, mais encore comme objet de vénération. La structure et la distribution des chapelles souterraines et des basiliques primitives établissent clairement la différence qui existait entre l'ordre des prêtres et les fidèles. Les autels formés des tombeaux des martyrs nous disent à quelle époque doit remonter l'usage de vénérer les reliques de ceux qui sont morts pour la foi, et combien grand était le respect que les fidèles portaient aux dépouilles mortelles des saints.

Enfin, ces études nous procurent encore d'autres avantages. Elles nous montrent le développement successif de la civilisation sous l'influence du christianisme, nous initient à l'intelligence des chefs-d'œuvre, produits du génie chrétien dans les siècles écoulés, et inspirent un saint respect et un amour sincère pour ces monuments antiques.

L'étude de l'archéologie offre également un agrément exceptionnel qui certes n'est pas la moindre récompense de celui qui s'y adonne. Cet agrément est bien défini par M. de Caumont, lorsque, dans l'introduction à son Cours d'antiquités (I, p. 10), il le nomme le bonheur qu'on éprouve en observant les ruines de l'antiquité. Il existe en effet, dit-il, un puissant attrait, une source d'émotions profondes dans ces traces de générations qui ne sont plus; on aime à oublier le temps présent pour se reporter à des époques reculées, et s'identifier, pour ainsi dire, avec elles. Ces illusions ont un charme qui se conçoit mieux qu'on ne peut l'exprimer, mais qui est bien connu de tous les hommes doués de quelque sensibilité. "

§ 4.

OBJET ET DIVISION DES ÉLÉMENTS D'ARCHÉOLOGIE

CHRÉTIENNE.

Les Eléments embrassent l'archéologie chrétienne proprement dite et l'iconographie.

L'archéologie chrétienne proprement dite a pour objet l'étude architectonique des édifices religieux et la description du mobilier ecclésiastique. L'iconographie, qui, comme le dit si bien M. Crosnier (1), est la partie poétique de l'archéologie, s'occupe des peintures et des sculptures chrétiennes.

Ces deux branches seront traitées simultanément : elles sont si intimement liées qu'il y aurait de graves inconvénients à les séparer. Il serait même impossible d'en expliquer une

(1) Iconographie chrétienne. Introduction.

sans faire de temps en temps une excursion sur le terrain de l'autre.

Après avoir exposé les principales règles de l'architecture classique, qui a exercé une grande influence sur les monuments chrétiens des premiers siècles, nous parcourrons suc cessivement les cinq grandes périodes de l'art religieux : la période des catacombes, la période latino-byzantine, la période romane, la période ogivale et la période dite de la Renaissance.

D'ARCHÉOLOGIE CHRÉTIENNE

CHAPITRE PREMIER

ARCHITECTURE CLASSIQUE

§ 1.

NOTIONS PRÉLIMINAIRES.

L'architecture classique, appelée aussi gréco-romaine, compte cinq ordres : 1o le toscan, 2o le dorique, 3o l'ionique, 4o le corinthien et 5° le composite.

On appelle ordre, en architecture, l'arrangement de diverses parties saillantes disposées d'après des proportions fixes pour composer une ordonnance régulière.

:

Un ordre se compose de trois parties d'un piedestal, d'une colonne et d'un entablement. Ces parties ont reçu le nom de membres. Chaque membre se subdivise en trois parties comme suit :

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