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délivrer les hommes de l'esclavage du péché et promulguer la loi évangélique?

5. Moïse frappant le rocher. Ordinairement Moïse tient à la main une verge avec laquelle il touche le rocher d'où s'échappe une abondante source d'eau. Voyez les gravures de la page précédente et de la page 78, n° 2. Souvent on voit un ou plusieurs Israélites se précipitant vers le rocher pour se désaltérer.

Cette scène, qui se rencontre non-seulement dans les catacombes, mais aussi sur les sarcophages et les verres dorés,

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était destinée à symboliser le baptême. Moïse était la figure de saint Pierre, qui, établi chef de l'Eglise, fait jaillir de la pierre qui est Jésus-Christ (I COR., X, 4) les eaux de la vie éternelle. Cette interprétation est confirmée par quelques verres dorés où, comme dans l'exemple ci-contre, le

nom de Petrus se trouve à côté du personnage frappant le rocher.

Les artistes chrétiens ont aussi quelquefois représenté Moïse recevant les tables de la loi, ou montrant la manne aux Hébreux, ou divisant les eaux de la Mer Rouge. Le passage de la Mer Rouge était la figure du baptême: Per mare transitus, dit saint Augustin, baptismus est.

6. Elie enlevé au ciel sur un char traîné par quatre chevaux. Le prophète tient son manteau qu'il donne à Elisée. Ce sujet, qui se rencontre le plus souvent sur les sarcophages, était destiné à rappeler aux chrétiens le dogme de la résurrection. Saint Jean Chrysostome y voit un symbole de la transmission de la doctrine et de la dignité de prophète d'Elie à Elisée.

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7. Tobie et le poisson. Tobie est presque toujours représenté portant le poisson ou le retirant de l'eau. Le poisson

Tobie retirant le poisson.

Fresque du cimetière de Saint-Thrason.

était, dans la primitive Eglise, le symbole le plus connu et le plus répandu du Sauveur. De même que le poisson de Tobie délivra Sara du démon qui l'obsédait, et rendit la vue au vieux Tobie, de même Notre-Seigneur chassa le démon du monde et dissipa les ténèbres dans lesquelles l'humanité était plongée. On ne peut pas confondre la scène de Tobie retirant le poisson de l'eau avec celle du pêcheur, représentée plusieurs fois sur les parois des chambres sépulcrales dites des sacrements, au cimetière de Saint-Calliste. Dans ces dernières peintures on voit un personnage retirant un poisson, pris à l'hameçon, du ruisseau même, formé par l'eau que Moïse fait jaillir du rocher. Cette scène est une figure du baptême.

8. Le saint homme Job est ordinairement représenté assis sur un monceau de fumier ou de cendre, dans l'attitude de la tristesse et de la mélancolie. Quelquefois il est entouré de sa femme et de ses amis. Cette scène rappelait aux fidèles le dogme de la résurrection, que Job avait professé dans les termes les plus clairs, lorsqu'il répondit à ses amis: "Je sais que mon Rédempteur est vivant, et que je ressusciterai

Le saint homme Job.

au dernier jour. Je serai de
nouveau revêtu de ma peau,
et je verrai mon Dieu dans
ma chair. Je le verrai moi-
même, et non pas un autre ;
et je le contemplerai de mes

propres yeux : cette espé-
rance repose
repose dans

mon

sein." JOB, XIX. La scène de Job est très commune sur les sarcophages chrétiens des premiers siècles. Voyez ci-dessous (p. 124) la gravure représentant le sarco

Fresque du cimetière de Saint-Calliste. phage de Junius Bassus. 9. Jonas. Le prophète Jonas est un des personnages bibliques le plus fréquemment reproduits dans les fresques des catacombes, dans les bas-reliefs des sarcophages et sur les autres monuments chrétiens des premiers siècles. Les saints Pères sont unanimes à regarder l'histoire de Jonas comme la la figure de la résurrection de Jésus-Christ; ils basent leur interprétation sur les paroles mêmes du Sauveur : " Comme Jonas fut pendant trois jours et trois nuits dans le ventre de la baleine, de même le Fils de l'homme sera dans les entrailles de la terre pendant trois jours et trois nuits. S. MATTH., XII, 40. La résurrection du Christ étant le type et la garantie de la nôtre, l'histoire de Jonas était très apte à exciter dans l'âme des chrétiens des sentiments de foi et d'espérance et à leur inspirer le courage pour supporter avec résignation les persécutions dirigées contre eux.

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Jonas avait été aussi le prophète des gentils. Les scènes de la vie de Jonas, et surtout celle où on le voit couché sous l'arbrisseau, symbolisaient donc aussi la vocation des gentils, la pénitence qui leur était prêchée, et la confusion des juifs égoïstes qui se prétendaient seuls appelés à la foi. Jonas est représenté par les peintres des catacombes dans trois circonstances de sa carrière prophétique : 1o jeté à la mer

et englouti par un monstre marin; 2° rejeté par le monstre sur le rivage; 3° couché sous l'arbrisseau. On introduit parfois dans cette dernière scène quelques légers changements en retraçant le prophète reposant tristement soit sous l'arbuste desséché soit sans aucun abri. Il n'est pas rare de trouver réunies, dans le même tableau, toutes les phases de cette histoire, conime dans l'exemple suivant que nous empruntons aux peintures du cimetière de Saint-Calliste."

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Fresque du cimetière de Saint-Calliste.

On a beaucoup discuté sur la nature du monstre qui engloutit Jonas et sur celle de la plante qui l'abrita contre les ardeurs du soleil. Quoi qu'il en soit, les artistes des premiers siècles ont toujours fait du poisson un monstre marin extraordinaire aux formes bizarres et fantastiques, et de l'arbrisseau, à peu près constamment, une courge ou citrouille garnie de feuilles et de fruits (1).

10. Les trois jeunes Hébreux dans la fournaise. Sidrach, Misach et Abdenago sont ordinairement représentés debout dans la fournaise et étendant les bras comme les personnes en prière. Ils sont souvent coiffés du bonnet phrygien; plus rarement ils ont la tête découverte. Presque toujours vêtus, ils portent une tunique tantôt unie, tantôt ornée de deux bandes de pourpre, que les anciens nommaient clavi. Cette scène était très propre à encourager les chrétiens persécutés en leur rappelant la délivrance miraculeuse des jeunes Hébreux. Elle était encore, d'après S. Irénée (liv. V, ch. 5) et Tertullien (De resurr.), un des nombreux symboles de la résurrection en usage chez les premiers chrétiens.

(1) Voyez dans MACARIUS, Hagioglypta, p. 211 et suiv., une dissertation très intéressante sur le monstre marin et l'arbrisseau de l'histoire de Jonas.

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J.M.

༣ Y

Les jeunes Hébreux dans la fournaise.

Fresque du cimetière de Saint-Hermès.

On représente aussi les jeunes Hébreux conduits devant la statue du roi Nabuchodonosor et sommés de l'adorer (DAN., III). Ils sont vêtus d'une tunique liée au-dessus des hanches, et coiffés du bonnet phrygien. L'un d'eux a ordinairement les mains liées par devant; les autres ont les mains libres. Nabuchodonosor, en costume d'empereur romain, se trouve à côté d'eux montrant du doigt son propre buste placé au sommet d'une colonne; il semble par ce geste intimer aux Israélites l'ordre de se prosterner. Un personnage, vêtu en soldat romain, mais portant le bonnet phrygien, se tient debout près du roi.

11. Daniel dans la fosse aux lions. Ce sujet est encore un de ceux qui se rencontrent très fréquemment dans les fresques des catacombes. L'histoire du prophète nous est racontée dans les livres saints (DAN., ch. XIV). Daniel avait empoisonné le dragon adoré par les Babyloniens; il fut, à cause de la mort du faux dieu, précipité dans la fosse aux lions. Il y resta

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