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2o le baptême qu'on appelle baptême de pénitence, administré saint Jean; 3° le baptême de Notre-Seigneur; 4° le baptême du centurion Corneille par saint Pierre; 5° le baptême du philosophe Craton par l'apôtre saint Jean. Le couvercle, qui n'existe plus, représentait les apôtres et les prophètes. Voici comment l'évêque Otbert décrit les fonts qui nous occupent :

Fontes fecit opere fusili
Fusos arte vix comparabili.
Duodecim, qui fontes sustinent
Boves, typum gratiae continent:
Materia est de mysterio
Quae tractatur in baptisterio.

Hic baptizat Johannes Dominum; Hic gentilem Petrus Cornelium; Baptizatur Craton philosophus ; Ad Johannem confluit populus; Hoc quod fontes desuper operit Apostolos, prophetas exerit.

La face reproduite dans notre gravure représente le baptême de Jésus-Christ. Au milieu se trouve le Sauveur, couronné du nimbe crucifère; les eaux lui montent jusqu'à micorps. Le saint Esprit, figuré par une colombe à nimbe simple, plane sur la tête du Sauveur; le Père éternel, sous la figure humaine, portant également le nimbe simple, fait entendre du haut du ciel les paroles: Hic est filivs mers dilectvs in quo michi complacvi. Le ciel est représenté par un demi-cercle entourant la tête du Père éternel. A la droite du Christ se trouve saint Jean Baptiste, à sa gauche on voit deux anges pour le servir: Angeli ministrantes.

Pendant toute la période romane, on a représenté le bap tême de Notre-Seigneur de cette manière. Sur les fonts de Pont-à-Mousson et même sur ceux de Hildesheim, qui datent de la dernière moitié du XIIIe siècle, le nombre et la position. des personnages sont identiquement les mêmes. Sur les fonts de Fenal (Namur) on voit également le Christ plongé dans l'eau, la colombe, les anges et saint Jean Baptiste; mais la figure du Père fait défaut. A Bruges, dans la chapelle basse du Saint-Sang, le même sujet a été représenté sur le tympan d'une porte le Sauveur, ayant a sa gauche le Précurseur, se trouve au milieu des eaux qui lui montent jusque près des épaules; le saint Esprit, sous la forme d'une colombe, plane au-dessus de l'épaule droite du Christ.

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§ 8.

GRILLES.

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Les Romains faisaient souvent des grilles coulées en bronze. Jusqu'au x1° siècle, les grilles en bronze furent encore quelquefois employées en Italie et dans la partie sud de l'Allemagne. Charlemagne même s'en servit au dôme d'Aix-laChapelle; mais ces grilles en bronze étaient,comme l'édifice lui-même où elles sont placées, une importation méridionale. Nous donnons cicontre une gravure représentant une partie de ces intéressantes clôtures.

"L'art du forgeron, dit Viollet-le-Duc, se perfectionna singulièrement pendant les x1o et XIIe siècles. Il faut savoir qu'alors on n'avait pas les moyens de fabrication introduits par l'industrie moderne; le fer était étendu en plaques ou corroyé en forme de barres, à la main, sans le secours de ces cylindres puissants qui, aujourd'hui, réduisent instantanément un bloc de fer rouge en fil de fer. Obtenir une barre de fer longue, d'une égale épaisseur, bien équarrie et dressée, c'était là une première difficulté, dont nous ne pouvons avoir une idée, puisque tous les fers nous sont livrés, par les usines, réduits en barres de toutes grosseurs et de sections très variées, sans que la main du forgeron ait en rien participé à ce premier travail... On comprendra sans peine que, lorsqu'il fallait réduire à la main un morceau de fer

rougi en une barre, on évitait autant que possible de donner à ces barres une grande longueur. Le forgeron, obligé de retourner le bloc sur l'enclume et de l'amener peu à peu aux dimensions d'une tringle équarrie, ne pouvait dépasser certaines dimensions assez peu étendues, et devait chercher, par des combinaisons d'assemblage, à éviter les pièces très longues, par conséquent très lourdes. Cela seul explique pourquoi les plus anciennes grilles sont composées, autant que possible, de petites pièces de forge." Dictionnaire de l'architecture, VI, p. 55.

Pendant le x1 et le XIIe siècle, les grilles se composent toujours de montants verticaux compris dans un châssis et renfermant des ornements formés de brindilles en fer à section carrée ou rectangulaire. Ces ornements consistent le le plus souvent dans des enroulements du genre de ceux que nous donnons ici.

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§ 9. -MOBILIER ECCLESIASTIQUE.

1. Émaux et nielles. Avant d'aborder l'étude du mobilier ecclésiastique, il est nécessaire de posséder des notions.

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exactes sur les émaux et les nielles qui, pendant tout le moyen âge, ont fourni un des plus puissants moyens d'ornementation aux objets d'orfévrerie.

On donne le nom d'émail à des masses vitreuses diversement colorées par des oxydes métalliques mêlés à leur substance dans de très faibles proportions. L'émail est donc le produit de deux substances différentes: la pâte vitreuse incolore, servant de base à la composition, et l'oxyde métallique qui donne la coloration. L'oxyde de cobalt produit le bleu; le rouge est dû à l'or; le violet, au manganèse, et le vert, au cuivre. Les émaux sont opaques ou transparents; l'opacité s'obtient principalement au moyen de l'oxyde d'étain, qui produit aussi l'émail blanc.

On peut peindre, au moyen de l'émail, sur le métal, sur le verre et sur les poteries. Nous ne nous occupons ici que de la peinture en émail faite sur des métaux.

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L'application de l'émail sur un excipient métallique se fait de trois manières différentes; de là trois espèces distinctes d'émaux sur métal 1° les émaux incrustés; 2o les émaux translucides ou dé basse taille; et 3° les émaux peints. Dans les premiers, le métal, exprimant les contours et les principales lignes du dessin, et quelquefois les figures enentières, reçoit, dans des cavités ou interstices artistement ménagés, les masses vitreuses opaques et diversement colorées. Dans les seconds, le dessin est rendu sur le métal par gravure ou par une ciselure légèrement en relief; la plaque métallique est ensuite couverte d'une couche très fine d'émail coloré et transparent, à travers laquelle on voit les figures et les ornements. Dans les derniers, l'émail n'est autre chose qu'une couleur vitrifiable et opaque au moyen de laquelle on peint sur un fond métallique; le métal n'a d'autre valeur que celle de la toile ou du panneau de bois dans la peinture à l'huile; des couleurs vitrifiables sont étendues au pinceau soit directement sur la surface du métal, soit sur une couche d'émail dont il est préalablement enduit, et rendent le dessin et le coloris.

Ces trois manières d'émailler correspondent à trois époques

distinctes. Les émaux incrustés ont été en usage dans l'antiquité et surtout pendant le moyen âge jusqu'à la fin du XIIIe siècle; les émaux translucides ont été inventés en Italie et atteignirent leur plus haute perfection au xive siècle; les émaux peints furent introduits vers 1475, et on continua d'en fabriquer jusqu'au commencement du XVIIIe siècle.

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Il y a deux sortes d'émaux incrustés: 1° les émaux cloisonnés, appelés aussi dans les inventaires du xive au XVIe siècle émaux de plique ou de plite, et 2o les émaux champlevés, connus autrefois sous le nom d'émaux en taille d'épargne.

Les émaux cloisonnés, qui ont été les premiers en usage, sont généralement sur fond d'or. La plaque de métal destinée à servir de receptacle, préalablement disposée dans la forme qu'on voulait lui donner, était munie d'un petit rebord pour retenir l'émail. L'émailleur prenait ensuite des bandelettes de métal très minces et dont la largeur égalait la hauteur du rebord, les recourbait et les attachait de champ au fond du receptacle, de manière à leur faire tracer les principales lignes du dessin; il remplissait ensuite de poudre d'émail de diverses couleurs les interstices formés par le rebord et les petites cloisons, et plaçait la plaque ainsi préparée dans un fourneau chauffé à un degré suffisant pour fondre la matière vitreuse sans altérer la forme du métal. Lorsque la fusion de l'émail était complète, la plaque était retirée du fourneau. Après qu'elle s'était refroidie graduellement, on polissait la surface de l'émail. C'est surtout à Constantinople et en Italie qu'on a fabriqué des émaux cloisonnés; beaucoup de ceux que l'on voit en Occident sont d'origine byzantine. Ils ont été d'un usage général jusqu'au XIIe siècle; ils devinrent rares au XIIIe, et très rares au xive; ce n'est que par exception qu'on en fabriqua encore au commencement du xve.

Pour faire des émaux champlevés, l'émailleur prenait une plaque de métal, ordinairement en cuivre rouge, de quelques millimètres d'épaisseur; puis, avec des burins et des échoppes, il fouillait toutes les parties destinées à être émaillées. Dans les creux ainsi champlevés, il plaçait la poudre

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