Page images
PDF
EPUB
[graphic][subsumed]

Intérieur de la nef de la cathédrale de Tournai dans son état primitif (xie siècle).

En Belgique, plusieurs paroisses rurales ont conservé jusqu'aujourd'hui des églises romanes d'un style simple mais élégant. Voici la vue extérieure de la petite église de Celles, près de Dinant:

[graphic][merged small]

A l'imitation des églises orientales, principalement de celle du Saint-Sépulcre, on construisit, au xie et au XIe siècle, des chapelles et des églises rondes ou octogones. Ce furent surtout les commanderies de l'ordre des Templiers qui prirent ce type pour leurs églises, ou plutôt pour leurs oratoires. Toutes les églises romanes, sans exception, sont orientées. 2. Cryptes. Plusieurs églises romanes ont des cryptes situées presque toujours sous le chœur et formant des oratoires souterrains, ordinairement à trois ou à cinq nefs, dont les voûtes d'arête romaines viennent retomber sur deux ou quatre rangs de piliers peu élevés. Rarement les cryptes s'étendent, comme à Saint-Hermès de Renaix, non-seulement sous le choeur, mais aussi sous le transept. Les églises de Celles, près de Dinant, et de Notre-Dame de Maestricht possèdent

deux cryptes: une, plus grande, sous le chœur, et une autre, plus petite, sous la tour de la façade occidentale.

Les cryptes des églises dont le choeur est dépourvu de bas côtés reçoivent le jour par d'étroites fenêtres percées dans les murs extérieurs. Lorsque le chœur est entouré d'un collatéral, les cryptes sont régulièrement aérées et éclairées par des ouvertures pratiquées dans la muraille qui sépare le chœur des bas côtés; car, dans ces églises, le sanctuaire était beaucoup plus élevé que le pavement du pourtour; ce qui, tout en ajoutant à la solennité des offices célébrés dans le chœur, permettait aux assistants placés dans le collatéral de voir l'intérieur de la crypte. Beaucoup d'églises rhénanes et allemandes offrent cette disposition.

On descend dans la plupart des cryptes par deux escaliers placés dans le transept, à droite et à gauche des degrés qui conduisent au chœur. Lorsque la crypte n'a qu'une seule entrée, celle-ci se trouve ordinairement devant le chœur, dans l'axe même de l'église.

Les cryptes présentent généralement une très grande simplicité. Elles ont peu d'élévation et sont souvent dépourvues

[graphic][subsumed][merged small]

de toute espèce de sculpture d'ornement (Anderlecht); d'autres fois on y remarque des ornements sculptés aux bases et aux chapiteaux (cathédrale de Saint-Bavon, à Gand). Les cryptes de Rolduc (Limbourg hollandais) et de Saint-Gérard à l'abbaye de Saint-Bavon, à Gand, ont de plus les fùts de leurs colonnes couverts de moulures en losange et en spirale. En France et sur les bords du Rhin, quelques cryptes, construites avec grand luxe, sont ornées de peintures, de colonnes de marbre et de chapiteaux historiés.

En Belgique, il existe encore aujourd'hui des cryptes dans les églises suivantes : 1° à l'église de Saint-Pierre, à Anderlecht; 2° à la cathédrale de Saint-Bavon, à Gand; 5o deux cryptes dans les ruines de l'abbaye de Saint-Bavon de la même ville; 4° à l'église de Saint-Ursmer, à Lobbes; 5o à l'église de Limbourg, près de Verviers; 6o deux cryptes à l'église de Celles, près de Dinant; 7° à l'église de SaintHermès, à Renaix; 8° à l'église de Sainte-Gertrude, à Nivelles (1); 9° à l'église de Bornhem; 10° à l'église de SaintHubert; 11° la chapelle basse du Saint-Sang, à Bruges, peut aussi être rangée parmi les cryptes. L'église de St-Germain, à Tirlemont, possédait autrefois une crypte assez spacieuse.

Toutes ces cryptes datent du xre ou du XIIe siècle. A partir du XIe siècle, on abandonna, non-seulement en Belgique, mais aussi dans les autres pays, l'usage de construire des cryptes (2). Quelquefois cependant, comme à la cathédrale de Gand et à l'église de Renaix, les voûtes des cryptes ont été reconstruites ou remaniées pendant la période ogivale, lors d'une reconstruction de l'église supérieure.

3. Baptistères. Lorsque la coutume d'administrer solennellement le baptême aux adultes fut tombée en désuétude par la conversion au christianisme de tous les peuples de l'Europe, on ne construisit plus, dans la plupart des pays, des baptistères isolés. La cuve baptismale fut transportée ou dans la nef principale près de la portée d'entrée de l'église,

(1) La crypte de Nivelles, qui n'occupe plus aujourd'hui que les deux premières travées du chœur, s'étendait jusqu'au transept avant l'année 1753.

(2) Nous ne pensons pas que le réduit souterrain existant sous le chœur de l'église de Hal,qui date du xive siècle, ait jamais été affecté au service religieux.

ou dans les nefs latérales, ou dans une chapelle placée près de la façade occidentale. L'Italie cependant a conservé jusqu'aujourd'hui l'usage des baptistères isolés, et l'on y trouve, dans beaucoup de villes, des monuments de ce genre élevés non-seulement pendant la période romane, mais même, comme à Pise, pendant la période ogivale. Voyez ci-dessus, p. 282, une gravure du baptistère lombard de Padoue.

A Liége aussi, l'église de Notre-Dame-aux-Fonts a servi très longtemps de baptistère pour toute la ville. C'est de cette église que proviennent les beaux fonts du xre siècle qui se trouvent actuellement à l'église de Saint-Barthélemi et dont nous parlerons en traitant des cuves baptismales.

4. Matériaux et appareils de construction. Presque tous les monuments belges de la période romane sont construits en grès blanc ou en calcaire bleu. Cette dernière pierre n'a été employée que dans les provinces méridionales de la Belgique. Quelques édifices de la Flandre occidentale, par exemple l'église de Saint-Sauveur, à Bruges, sont construits en briques. Aux environs de Louvain et de Diest, on a parfois fait usage de pierres ferrugineuses.

"L'appareil dit Viollet-le-Duc, varie suivant la nature des matériaux, suivant leur place; l'appareil a donc une grande importance dans la construction: c'est lui qui souvent commande la forme que l'on donne à telle ou telle partie de l'architecture; puisqu'il n'est que le judicieux emploi de la matière mise en œuvre, en raison de sa nature physique, de sa résistance, de sa contexture, de ses dimensions et des ressources dont on dispose. Cependant chaque mode d'architecture a adopté un appareil qui lui appartient, en se soumettant toutefois à des règles communes. Aussi l'examen de l'appareil conduit souvent à reconnaître l'âge d'une construction... On ne disposait jusqu'au XIIe siècle que de moyens de transport médiocres, les routes étaient à peine praticables, les engins pour monter les matériaux insuffisants. Les constructions sont élevées en matériaux de petites dimensions, faciles à monter; les murs, les ntre-forts ne présentent que leurs parements en pierre,

« PreviousContinue »