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F4:1167 Arc 1018.4

MAY 16 1881

Summer find. (Tom. I., II.)

TOUS DROITS RÉSERVÉS.

INTRODUCTION

§ 1.

DÉFINITION ET DIVISION DE L'ARCHÉOLOGIE.

L'archéologie (mot dérivé du grec apzios, ancien, et 20705, discours, science ou connaissance) est la science des antiquités. Prise dans sa signification la plus large, elle embrasse l'étude de tous les objets anciens, quels qu'ils soient.

Le mot archéologie n'a pas toujours eu une signification aussi étendue. Chez les Grecs et les Romains on donnait le nom d'archéologues à ceux qui recueillaient les souvenirs les plus anciens d'un pays ou d'une nation et s'occupaient de l'étude des origines historiques. C'est ainsi que Denis d'Halicarnasse, Pausanias et Flave Josèphe ont reçu ce titre. Ils ont, en effet, consigné dans leurs histoires la naissance et le développement de la nation grecque et du peuple d'Israël.

Il y a un siècle et demi à peine, dans la langue française, on attribuait à l'archéologie une signification bien plus étroite encore. On donnait ce nom à la partie des sciences grammaticales qui traite des locutions vieillies et surannées ainsi que des origines du langage.

Depuis cette époque la signification du mot archéologie est bien changée : l'archéologie embrasse maintenant l'étude de tout ce qui est relatif aux mœurs et aux usages des anciens ou se rapporte à l'histoire des arts et des monuments qui nous ont été légués par les temps passés.

L'archéologie, entendue dans cette signification large,

comprend plusieurs grandes divisions qui portent toutes un nom spécial.

1o La paléographie, ou la science des anciennes écritures, apprend à lire et à expliquer tous les monuments écrits de l'antiquité et du moyen-âge. On la nomme épigraphie, lorsqu'elle s'attache à interpréter les inscriptions que l'on trouve sur les monuments et les objets d'art; - et diplomatique, lorsqu'elle trace les règles à suivre pour déchiffrer les anciens manuscrits, le diplômes, les chartes et les titres sur parchemin, ou lorsque, par la critique, elle juge de la valeur historique de ces documents.

2o La numismatique a pour objet l'étude des médailles et des monnaies.

3o La glyptique recherche et décrit les pierres fines gra

vées.

4° La sphragistique nous initie à la connaissance des

sceaux.

5o La céramique étudie les poteries.

6o La toreutique s'occupe des ciselures.

7° L'archéologie proprement dite a spécialement pour objet l'étude du mobilier et des monuments d'architecture. C'est d'elle que l'on entend parler quand on mentionne simplement l'archéologie. - Elle se divise en archéologie sacrée et profane. L'archéologie sacrée, souvent aussi appelée religieuse, comprend l'archéologie biblique et l'archéologie chrétienne.

8° L'iconographie, ou la science des images, explique les compositions sculptées, peintes ou gravées.

Chacune de ces divisions offre un vaste champ aux investigations des savants, et chacune d'elles a été cultivée par des hommes spéciaux.

§ 2.

L'ART ET L'ARCHÉOLOGIE.

Dans le langage archéologique on entend par monument un objet plus ou moins ancien, propre à fournir des données sur l'état de la civilisation et sur l'histoire des arts chez les

peuples d'autrefois. Le nom de monument s'applique nonseulement aux constructions architecturales, mais aussi à des objets mobiliers, tels que sculptures, statues, peintures, tableaux, médailles, pierres gravées, etc.

:

On peut envisager les monuments sous deux aspects différents d'abord sous le rapport archéologique, en tant qu'ils sont destinés à perpétuer le souvenir des événements, des personnes ou des usages des temps passés; ensuite sous le rapport artistique ou relativement à la convenance et beauté de la forme.

Celui qui considère archéologiquement un monument quelconque fait souvent abstraction du mérite artistique de l'œuvre; il n'a en vue que l'étude des mœurs, des usages, des croyances et des cérémonies religieuses d'un peuple ou d'une époque. Pour lui tous les monuments, qu'ils aient ou non une valeur artistique, offrent de l'intérêt. Les moindres objets, des débris informes, des inscriptions presque effacées, une pierre mal sculptée ou gravée, peuvent fournir des renseignements aussi précieux que les œuvres les mieux conservées et les plus estimées pour la correction de la forme et les détails de l'exécution.

Celui, au contraire, qui juge du mérite artistique d'une œuvre, la considère uniquement comme expression du beau idéal. L'art, en effet, lorsqu'il s'agit de peinture et de sculpture, consiste dans l'expression du beau idéal, faite sous une forme sensible, noble et harmonieuse.

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Pour atteindre son but, l'art ne peut pas, comme le voudraient les partisans du réalisme, être la reproduction servile, la photographie de la nature réelle, mais il doit, conformément aux principes de l'idéalisme, exprimer le réel idéalisé et transformé par le génie de l'artiste. L'art véritable, comme disait naguère l'orateur de la chaire de Notre-Dame de Paris, c'est le mariage indissoluble, c'est l'union harmonieuse de l'idéal et de la nature; c'est la nature couverte des reflets de l'idéal, ou l'idéal réfléchi dans la nature; et c'est le propre du génie artistique de saisir la proportion où ces deux choses doivent s'unir pour faire éclater la splendeur de l'ordre, c'est-à-dire la beauté même. L'art exprime la réalité,

mais la réalité transfigurée par l'idéal; l'art exprime l'idéal mais l'idéal réalisé dans un type de la nature. Le réel tout seul est une erreur; l'idéal tout seul en est une autre. Le réel tout seul est un être brut, qui supprime, en se montrant, toute la raison de l'art. La reproduction pure et simple du réel n'est que la photographie de la nature. Et qui osera dire que le métier de photographe doit être le dernier terme de l'art? (1)"

que

Les monuments qui font l'objet des études archéologiques sont le plus souvent des œuvres d'art. Il convient donc l'archéologue, sans se contenter d'avoir saisi le sujet et l'idée que l'auteur d'un monument a voulu représenter, s'efforce aussi d'en apprécier le style et le mérite artistique. Il faut, en d'autres termes, qu'à la science et à l'érudition de l'antiquaire il unisse ce goût et ce sentiment des beautés de l'art qui ne s'arrête pas aux émotions vagues, mais apprécie, comprend et juge.

$3.

UTILITÉ DES ÉTUDES ARCHÉOLOGIQUES.

Il serait superflu d'exposer les difficultés que l'on rencontre dans l'étude des auteurs profanes, lorsqu'on l'aborde sans avoir une idée exacte des antiquités, c'est-à-dire des mœurs et des usages des peuples dont on veut étudier l'histoire ou la littérature. Tous nous connaissons plus ou moins par l'expérience que nous en avons faite pendant nos premières études, les inconvénients qui résultent de ce défaut de connaissances pour l'intelligence des auteurs classiques, grecs et latins. Les mêmes inconvénients se présentent dans l'étude des saintes Ecritures. L'interprète qui entreprendrait d'expliquer les Livres saints sans connaître à fond les antiquités bibliques s'exposerait à tomber, pour ainsi dire à chaque pas, dans les plus grossières erreurs. Pour bien comprendre les écrits des Pères de l'Eglise et des auteurs

(1) P. FELIX, L'art devant le christianisme, p. 204.

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