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de mer, le quatrième violet, etc. Dans la région située audessous du Christ, étaient figurés vingt-quatre vieillards vêtus de blanc, portant à la main des couronnes d'or, qu'ils lui présentaient, après s'être levés de leurs siéges... Au-dessous des vieillards, dans la frise inférieure, était tracé le monogramme du Christ. Cette voûte curieuse et unique dans le nord existait encore au xvIIe siècle, Ciampini l'a fait graver dans son ouvrage Vetera monimenta (II, p. 134 planche 41). Du sommet de la voùte pendait une vaste couronne d'or, qui fut remplacée par celle qui s'y voit aujourd'hui; ouvrage remarquable d'orfévrerie, en cuivre doré, orné d'émail." Architecture monastique, II, pp. 129 et suiv. Des recherches faites récemment dans la coupole du dôme d'Aixla-Chapelle pour retrouver les traces des anciennes mosaïques que la main dévastatrice des modernisateurs du XVIIIe siècle a fait disparaître ont été couronnées d'un plein succès. On a découvert entre autres un fragment considérable représentant le corps d'un des vingt-quatre vieillards. Un projet de restauration, dressé d'après la gravure de Ciampini et les parties retrouvées, est soumis en ce moment à l'approbation de l'autorité supérieure.

Dans plusieurs basiliques de Rome, l'abside voûtée en cul-de-four, renferme au centre l'image du Christ debout ou assis, bénissant de la main droite ou l'étendant, et tenant un rouleau ou un livre dans la gauche. Aux côtés du Sauveur se trouvent les apôtres ou d'autres saints. Le sol qu'ils foulent aux pieds est celui de la Judée, comme le prouvent la représentation du Jourdain, dont le nom est souvent inscrit sous les pieds du Christ, et la présence des palmiers, qui furent, depuis les premiers siècles de l'ère chrétienne, le symbole de la terre promise. A la partie inférieure de la partie cupuliforme de l'abside s'étend sur toute la largeur une zone étroite, au centre de laquelle on voit l'Agneau divin nimbé, avec ou sans croix, placé sur un tertre d'où jaillissent les quatre fleuves du paradis : Gehon, Phison, Tigris et Euphrates, symboles des évangélistes. Douze brebis, six de chaque côté, se dirigent veas l'agneau et semblent sortir des villes saintes Hierusalem et Bethleem qui occupent les

extrémités de la zone, et sont représentées par des portes et des murailles crénelées. Ces agneaux sont les symboles des apôtres ou des fidèles.

Voici, en gravure, la mosaïque de l'abside de l'église des Saints-Cosme-et-Damien, dans laquelle sont reproduits les sujets que nous venons d'indiquer. Elle date de l'année 527.

INGY

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SPESCERTA SALVTISLOPTVLITHO CONOFELIXANTISTIT ERICHY

VSFIDEL
LVX
PRETIO
SA
MICAT
TVENITETEX
SACRO
CREVIT
HONORELOCYSTMVNVSVTAETHERIA
VIVATINARCEP

Mosaïque absidale de l'église des Saints-Cosme-et-Damien, à Rome.

A la droite du Sauveur on voit saint Pierre, saint Cosme et saint Félix, et à sa gauche saint Paul, saint Damien et saint Théodore. Saint Cosme est présenté à Notre-Seigneur par saint Pierre, et saint Damien par saint Paul. Saint Cosme, saint Damien et saint Théodore portent une couronne dans le pan de leur vêtement. Pendant la période latine, on a souvent donné cet attribut aux apôtres et aux saints. Le pape saint Félix tient dans ses mains un petit modèle d'église pour signifier qu'il est le fondateur de la basilique. Un phénix, à nimbe radié, est perché sur le palmier qui se trouve derrière saint Félix.

L'inscription qui occupe la zone inférieure doit se lire de

la manière suivante :

AVLA DI (DEI) CLARIS RADIAT SPECIOSA METALLIS

IN QVA PLUS FIDEI LVX PRETIOSA MICAT.
MARTYRIBVS MEDICIS POPVLO SPES CERTA SALVTIS
VENIT ET EX SACRO CREVIT HONORE LOCUS.
OPTVLIT HOC DNO FELIX ANTISTITE DIGNVM

MVNVS VT AETHERIA VIVAT IN ARCE POLI.

Les noms des quatre fleuves du paradis sont orthographiés de la manière suivante : GEON, FYSON, TIGRIS, Evfrata. Quelques mosaïques représentent la vision que saint Jean raconte au chapitre IV de l'Apocalypse, c'est-à-dire les quatre animaux, symboles des évangélistes, et les vingt-quatre vieillards revêtus de manteaux blancs et offrant leurs couronnes à l'Agneau. Ce sont ces mêmes vieillards qui étaient figurés dans la mosaïque d'Aix-la-Chapelle.

8. Pavements. Pour couvrir l'aire de leurs basiliques, les premiers chrétiens se servirent des différentes espèces de pavements en usage chez les Romains, que nous avons décrites p. 34 et suiv. Dans le commencement, ces pavements n'offraient aucune recherche : ils reproduisaient le plus souvent des figures géométriques très simples. Ainsi, par exemple, une des plus anciennes mosaïques de Rome, celle de Saint-Martin-des-Monts, que l'on attribue à l'empereur Constantin le Grand, est composée de petits cubes en maibre blanc, ayant un centimètre sur chaque côte, et formant des

carrés de 32 centimètres environ. Ces carrés sont séparés les uns des autres par de larges bandes noires composées de cubes de la même dimension.

Plus tard les différents modes de pavement empruntés aux anciens Romains furent remplacés par un travail d'un nouveau genre, appelé opus Alexandrinum, parce qu'il fut d'abord employé à Alexandrie, en Egypte, et importé de là en Occident. Quelques auteurs cependant prétendent qu'il a été ainsi nommé parce que son invention date du règne d'Alexandre Sévère. La première hypothèse paraît la mieux fondée; car tous les matériaux employés dans l'opus Alexandrinum sont d'origine africaine. L'opus Alexandrinum consiste dans un assemblage de marbres de différentes couleurs où les porphyres rouge et vert dominent généralement. Il représente des enroulements, des entrelacs, des cordons tressés et des figures géométriques. On dirait voir un riche tapis étendu sur le sol. Ce mode de pavement, qui n'est qu'une variété de l'opus sectile des anciens, est resté en usage jusqu'au XIIe siècle. Plusieurs anciennes églises de l'Italie possèdent encore de nos jours des pavements en opus Alexandrinum.

Voici la gravure d'un fragment du pavement en opus Alexandrinum que l'on voit à l'église de Saint-Clément, à Rome :

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Pavement en opus Alexandrinum, à l'église de Saint-Clément, à Rome. L'opus Alexandrinum a été très rarement employé dans l'Europe occidentale et septentrionale. Il paraît cependant

avoir été en usage à Cologne; car on y voit encore maintenant, dans le pavement de la sacristie de la cathédrale, quelques rares fragments de marbre provenant d'un ancien opus Alexandrinum.

11 y eut parfois des pavements où l'argent et les métaux précieux étaient prodigués. Le pape Adrien I fit couvrir de lames d'argent une partie du sol du sanctuaire dans la basilique du Vatican. Item, dit Anastase, in eadem basilica (S. Petri) ab introitu de rugas usque ad confessionem pavimentum vestivit de argento purissimo, quod pensabat libras centum quinquaginta. Le même historien, en parlant du pape Léon III, dit Pavimentum ipsius confessionis (S. Petri) investivit ex auro fulvo nimis.

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L'usage de célébrer les saints Mystères sur les tombeaux des martyrs a pris naissance dans les catacombes. Dès le Ie siècle, cet usage fut sanctionné par l'Eglise. Anastase nous apprend que le pape saint Félix, mort en 274, ordonna d'offrir le saint Sacrifice sur les tombeaux des martyrs Hic constituit, dit-il, supra sepulchra martyrum missas celebrari. Plusieurs lois ecclésiastiques ont renouvelé dans la suite la prescription de saint Félix. C'est dans cette prescription que nous trouvons la raison pour laquelle, en Occident, l'autel était presque toujours dressé au-dessus du tombeau d'un martyr. Les restes mortels du saint se plaçaient immédiatement sous l'autel dans un sarcophage, ou plus souvent encore reposaient dans une crypte située audessous du sanctuaire. Si, par exception, il ne se trouvait pas de tombeau dans le lieu choisi pour bâtir une église, on allait chercher des reliques dans les cimetières sacrés pour les placer sous l'autel. En Grèce et en Orient, l'autel n'a jamais été, et n'est pas encore de nos jours une tombe, mais une table, a panta, qui rappelle celle sur laquelle le Sauveur institua la sainte Eucharistie. L'autel des Grecs et des Orientaux se compose ordinairement d'une tablette de

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