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7. Verres dorés. On trouve dans les catacombes une grande quantité de fragments de verre doré, ornés de figures. Ce sont des fonds de vases, qui affectaient ordinairement la forme d'une patère ou d'une soucoupe.

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Quelques savants ont cru reconnaître dans ces verres des restes de patères ou de calices ayant servi autrefois à la distribution de la sainte Eucharistie sous l'espèce du vin. Mais cette opinion ne repose sur aucun fondement. Il est presque certain qu'on faisait usage de ces coupes dans les agapes ou repas fraternels que les chrétiens célébraient à l'occasion de l'anniversaire de la mort d'un martyr, de la naissance d'un enfant, d'un mariage ou de funérailles. En effet, les inscriptions qu'on y lit prouvent à l'évidence que ces coupes étaient destinées à des festins. Voici quelques-unes des inscriptions qui se rencontrent le plus souvent : 1o PIE ZESES, c'est-à-dire Is ons ou naas, Bois, tu vivras, ou que tu vives; 2° SPES HILARIS ZESES CUM TUIS; 3° DIGNITAS AMICORUM VIVAS CUM TUIS FELICITER; 4° DIGNITAS AMICORUM PIE ZESES CUM TUIS OMNIBUS BIBE ET PROPINA; 5° IN DEO ANIMA DULCIS PIE ZESES.

Ces verres datent pour la plupart du ne et du ive siècle. Telle est l'opinion du P. Garrucci, qui démontre très bien que Buonarotti et d'autres antiquaires se sont trompés en affirmant que ces curieux objets sont tous antérieurs à la paix de Constantin, et même à la persécution de Dioclétien.

Les fonds de coupe, dorés et ornés de figures, ont souvent été trouvés à l'intérieur des loculi des catacombes, ou fixés à l'extérieur dans la couche de ciment servant à fermer le tombeau.

Voici le procédé qu'employaient les artistes chrétiens pour dorer le verre et y tracer les figures. Sur une lame de verre

arrondie qui devait servir de fond à la coupe, l'ouvrier fixait une feuille d'or battu et dessinait à la pointe sèche les figures et l'inscription qu'il voulait y reproduire. Il indiquait également à la pointe, par des hachures légères, les ombres et les modelés. Cette lame, ainsi préparée, était ajustée au fond du vase, mise au four et soumise à l'action d'un feu assez violent pour unir les diverses parties entre elles.

Les sujets reproduits sur les verres dorés sont, pour la plupart, les mêmes que ceux des peintures des catacombes et des sculptures des sarcophages. Voici cependant quelques particularités qu'on y observe:

1° On rencontre quelquefois, réunis sur un même verre, plusieurs symboles de l'ancienne loi. Ce sont presque toujours,

Fig. 1.

comme dans l'exemple cicontre (fig. 1): a) une armoire ouverte et remplie de cinq, six ou neuf volumes, symboles des livres de l'ancien Testament; b) deux lions, préposés à la garde de la sainte Ecriture; c) le chandelier à sept branches; d) la palme, emblème de la Judée; et enfin e) le vase à deux anses, une corne d'a

bondance, des feuilles, des fruits et des oiseaux.

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ou deux autres personnages, les couronnant (fig. 2) ou les bénissant. D'autres fois il occupe le médaillon central d'une espèce de rosace formée par plusieurs figures de saints, soit Fig. 3.

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inscrites dans des encadrements circulaires (fig. 3) soit isolées et disposées autour du médaillon central comme les rais d'une roue autour du moyeu (fig. 4).

Le miracle de Cana, qu'on ne rencontre pas dans les peintures des catacombes mais sur les sarcophages, est assez

Fig. 5.

fréquemment reproduit sur les verres dorés. Bien que l'Evangile rapporte que les urnes contenant le vin miraculeux étaient au nombre de six, on en a toujours représenté sept sur les fonds de coupe (fig. 5); sur les sarcophages, au contraire, on n'en voit que cinq, trois et même une seule. La représentation de cette scène est donc, comme dans un grand nombre de peintures bibliques des catacombes, plutôt allégorique qu'historique. Elle renfermait une allusion évidente au saint Sacrement de l'Eucharistie, où le Sauveur se cache sous l'espèce sensible du vin.

3o La sainte Vierge est souvent représentée sous la forme

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Fig. 7.

d'orante placée entre deux arbres (fig. 6) ou deux saints (fig. 7).

Fig. 6.

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4o Sur un très grand nombre de verres on voit les apôtres saint Pierre et saint Paul, en buste, en pied ou assis. Souvent dans le champ entre les deux têtes, se trouve soit une couronne (fig. S), soit des fleurs, soit le monogramme symbolisant le Sauveur (fig. 9), soit enfin Notre-Seigneur lui

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même tenant une couronne au-dessus de la tête de chacun des deux apôtres (fig. 2). On remarque dans quelques fragments de verres, que les caractères iconographiques des deux apôtres sont différents de ceux que nous leur attribuons aujourd'hui ; c'est ainsi, par exemple, que la calvitie est souvent attribuée à saint Paul, tandis que saint Pierre a le front couvert de cheveux. D'autres fois les deux personnages se ressemblent complètement. Ils sont représentés tantôt imberbes, tantôt barbus.

5o On trouve aussi des verres ornés des images d'autres saints. Sainte Agnès, saint Laurent, saint Hippolyte, saint Sixte et saint Timothée y sont souvent figurés.

6o Quelques verres portent les images de deux époux. Très souvent ils se donnent la main ou sont accompagnés de leurs enfants.

7° Il y a également des fonds de coupe sur lesquels on a retracé des sujets profanes ou mythologiques.

Tous les verres dorés chrétiens que l'on connait jusqu'ici ont été trouvés dans les catacombes romaines, à l'exception de deux, découverts à Cologne, l'un en 1864, près de l'église de Saint-Séverin, et l'autre, en 1866, près de l'église de Sainte-Ursule.

ARTICLE II.

MONUMENTS CHRÉTIENS DES TROIS PREMIERS SIÈCLES EN DEHORS DES CATACOMBES.

Dans le premier paragraphe, nous traiterons des édifices religieux, dans le second, nous nous occuperons des vêtements sacrés et des instruments en usage dans la liturgie avant la conversion de l'empereur Constantin.

Nous n'avons pas beaucoup à dire sur ces différents objets. D'abord, les chrétiens poursuivis et harcelés n'avaient pas, aux deux premiers siècles, des édifices publics affectés au culte, mais se réunissaient ou bien dans des maisons particulières, ou dans leurs cimetières souterrains; ensuite, peu ou point de monuments antérieurs à Constantin ont échappé aux injures du temps et à la fureur des persécuteurs ou des barbares.

Les écrits des saints Pères et des auteurs ecclésiastiques, et non pas les monuments eux-mêmes, nous fournissent les preuves de la plupart des assertions que nous émettons.

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