Page images
PDF
EPUB

C'est le deuxième membre, ou la colonne, qui, à notre point de vue, présente la plus grande importance. L'entablement mérite aussi de fixer quelque peu notre attention. Nous négligeons presque complétement le piédestal, car souvent on le remplace par un simple socle, tantôt carré, tantôt octogone, ou bien, comme chez les Grecs, on le supprime totalement.

Les ordres se distinguent les uns des autres par leurs proportions relatives et leur ornementation diverse. En pratique, la vue seule du chapiteau fournit les données nécessaires pour déterminer un ordre.

La hauteur ou la largeur des parties d'un ordre se mesure au moyen du module. Le module est une mesure de convention dont la longueur est celle du demi-diamètre inférieur de la colonne. Remarquez les mots demi-diamètre inférieur; car, d'après les règles adoptées dans l'architecture classique, le diamètre du sommet du fût sous le chapiteau a un sixième de moins que le diamètre inférieur. Cette diminution commence à partir du tiers inférieur du fût. Quelquefois le fût présente un renflement sensible vers le milieu de sa hauteur.

Ces dernières règles ne sont pas applicables aux pilastres, ou piliers plats et carrés en saillie sur un mur. Ceux-ci ont, immédiatement au-dessous du chapiteau, la même largeur qu'au-dessus de leur base.

Avant d'aborder la description des ordres, il est indispensable de connaitre et de pouvoir désigner par leur nom technique les moulures et les principaux ornements qui entrent dans la composition des ordres.

On appelle moulures les ornements creux ou saillants qui décorent, ou forment par leur assemblage, les parties d'un ordre d'architecture classique. Les principales sont les sui

vantes :

Le filet, nommé aussi listel ou réglet, est une moulure carrée et étroite, dont la saillie égale la hauteur. Cette moulure est d'un usage trèsfréquent; on s'en sert pour séparer ou couronner les autres moulures.

[ocr errors][merged small]

La plate-bande ou bandeau est une moulure dont la largeur est beaucoup plus grande que la saillie.

Le larmier est une moulure très-saillante a placée dans les corniches, et servant à faire égoutter l'eau (fig. a). Sa partie inférieure est souvent munie d'une gorge ou petit canal (fig. 6).

в

M

Le quart de rond ou échine est une moulure convexe dont la section donne un quart de cercle.

Le cavet est une moulure en creux formée également par un quart de cercle.

Le congé n'est autre chose qu'un cavet de petite dimension, dont on se sert pour adoucir l'angle droit produit par les intersections perpendiculaires de certaines parties d'un ordre; on le nomme aussi apophyge.

La baguette est une moulure saillante très étroite dont la section ou profil forme un demicercle.

Le tore ou boudin est une moulure saillante semi-circulaire, semblable à la baguette, mais d'un diamètre plus grand.

La gorge est l'inverse du tore; c'est une moulure semi-circulaire creuse ou concave.

La bravette est une moulure convexe dont le profil paraît décrit par des arcs appartenant à deux ou plusieurs cercles différents. La gravure ci-contre donne le profil et montre la construction de cette moulure.

La scotie est une moulure concave dont le profil paraît décrit par des arcs appartenant à deux ou plusieurs cercles différents. Cette moulure est d'un usage fréquent dans les bases des colonnes.

L'astragale est une moulure composée d'une baguette et d'un filet réunis.

P

Le talon est une moulure mi-convexe et miconcave, composée d'une échine et d'un cavet. L'échine forme la partie la plus saillante.

La doucine est également formée d'une échine et d'un cavet, mais disposés en sens inverse. C'est le cavet qui, dans cette moulure, a le plus de saillie.

On appelle cymaise toute moulure courbe ou ondulée qui termine une corniche. C'est ainsi que le talon, la doucine, et même quelquefois l'échine, reçoivent le nom de cymaise.

Les bossages sont des saillies placées sur une surface plane, par exemple sur le mur d'un édifice. Ils sont ordinairement séparés par des espèces de canaux qu'on appelle refends.

A l'explication des principales moulures employées dans les ordres classiques nous joignons immédiatement celles de quelques termes fréquemment employés dans la description des monuments.

On appelle arcade l'espace ménagé entre deux colonnes ou deux piliers, et surmonté d'un arc de forme quelconque. Cet arc abc, tantòt simple, tantôt couvert de moulures et d'ornements divers, prend aussi le nom d'archivolte (du latin arcus volutus).

L'intrados d'un arc ou d'une archivolte est la surface concave intérieure def de l'arc, l'extrados la surface convexe extérieure goi. Le claveau b est la clef de l'arc. On appelle pied-droit la partie k du jambage d'une porte ou d'une croisée qui supporte l'imposte m; celle-ci n'est autre chose qu'une sorte de chapiteau engagé supportant le sommier c ou claveau inférieur de l'archivolte. Les parties & portent le nom de reins.

Le fronton est un couronnement triangulaire qui surmonte les façades des édifices ou leurs portes et leurs fenêtres. Il se compose de deux parties : le tympan n et la corniche r. Le

tympan n est le panneau triangulaire compris entre la corniche et les rampants. Par extension on appelle quelquefois

[blocks in formation]

tympan de porte ou de fenêtre la partie comprise entre l'intrados de l'arc qui les couronne et une ligne horizontale passant par les points de naissance de cet arc.

Les distances ou vides compris entre deux colonnes s'appellent entre-colonnements.

Les chambranles sont des moulures qui encadrent les portes et les fenêtres.

Un stylobate est un soubassement ou piédestal continu qui supporte les colonnes et s'étend dans toute la longueur de l'édifice.

On appelle attique l'ordre ou étage supérieur d'un bâtiment ou d'une façade, lorsqu'il est de hauteur moindre que les étages inférieurs.

§ 2.

DESCRIPTION DES CINQ ORDRES D'ARCHITECTURE.

Nous n'exposerons pas toutes les règles des cinq ordres de l'architecture classique. On les trouve dans les ouvrages qui traitent ex-professo de la composition des ordres et les analysent dans leurs moindres parties. Nous nous contentons d'indiquer quelques-uns des grands principes qui les régissent, et d'en exposer en peu de mots les caractères distinctifs, la connaissance approfondie de ces ordres ne nous étant pas nécessaire pour pouvoir nous appliquer avec fruit à l'étude de l'archéologie. Dans notre exposé, nous suivons les indications fournies par Vignole et d'autres architectes. Les principes auxquels Vignole a ramené, au seizième siècle, les proportions des diverses parties des ordres d'architecture sont bien plus simples et plus clairs que ceux que Vitruve, écrivant du temps de l'empereur romain Auguste, nous a transmis pour les ordres classiques. Ces règles, faciles à saisir, dérivent d'ailleurs de l'examen d'un grand nombre de monuments antiques, et s'écartent peu des résultats généraux déduits de cet examen.

Nous ne donnons pas les proportions de chaque membre ni de chaque partie de membre; mais nous nous bornons à indiquer la hauteur relative de la colonne, en y ajoutant le profil des différentes parties et l'ornementation caractéristique de chaque ordre.

Voici d'abord le tableau comparatif de la hauteur de la colonne dans chacun des cinq ordres. Il est à remarquer que cette hauteur se mesure en y comprenant la base et le chapiteau.

toscan de 14 modules ou 7 diamètres.

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][ocr errors]
« PreviousContinue »