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dos une corbeille couverte de pains à sa partie supérieure, dans laquelle on remarque à l'intérieur, à travers un treillis,

Fresque de Saint-Calliste.

un objet rouge ressemblant à un petit vase de verre rempli de vin. L'ouverture du treillis est marquée dans notre gravure par une teinte plus foncée. Lorsque j'aperçus pour

la première fois cette peinture, dit le chevalier de Rossi, je me rappelai immédiatement les paroles de saint Jérôme : Nihil illo ditius qui corpus Domini in canistro vimineo, et sanguinem portat in vitro, c'est-à-dire : Il n'y a pas de plus 'riche que celui qui porte le corps du Seigneur dans une corbeille d'osier, et son sang dans un vase de verre. Cette représentation est un des plus beaux symboles de la sainte Eucharistie. En effet, dans d'autres peintures, que tous cependant regardent comme renferinant une allusion évidente à la sainte Eucharistie, on trouve des pains isolés, ou des pains et des poissons frits; dans cette peinture, au contraire, le poisson est représenté vivant, et nous fait penser aux paroles de saint Faulin, nommant le Sauveur le pain véritable et le poisson de l'eau vive; panis ipse verus et aquae vivae piscis.

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2. L'ancre et la croix. La croix ne paraît dans les monuments chrétiens des quatre premiers siècles que sous une forme dissimulée. L'ancre, qui était en même temps un symbole de l'espérance, servait, dès le premier siècle, à rappeler aux fidèles le signe de la rédemption. Tertullien atteste que le tau des Grecs et le T des Latins étaient aussi, quoique rarement, employés comme symboles de la croix. Voyez les gravures des pages 40 et 108. Une autre forme dissimulée de la croix en usage au troisième siècle, non-seulement en Italie mais aussi en Grèce et en Asie, est la suivante :.

3. L'agneau a été employé dès les premiers siècles pour représenter Notre-Seigneur Jésus-Christ. Dans les plus anciennes peintures, il est quelquefois accompagné du vase à lait, qu'il porte soit sur le dos, soit suspendu au bâton

pastoral, comme dans l'exemple ci-dessous. Cette représentation, évidemment destinée à rappeler la sainte Eucharistie, offre une grande analogie avec celle

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Fresque du cimetière

de Domitille.

où le poisson porte sur le dos une corbeille de pain (p. 110).

Dans la partie la plus ancienne du cimetière de Saint-Calliste on trouve le vase à lait posé sur un tertre entre deux agneaux. Ces agneaux, comme ceux que l'on voit dans la scène du bon Pasteur, symbolisent probablement les apôtres ou les chrétiens en général.

A partir du Ive siècle les agneaux ont été souvent employés comme symboles des apòtres.

4. Les orantes. Les premiers chrétiens avaient coutume de prier debout, les mains étendues et élevées vers le ciel. La plupart des monuments chrétiens primitifs offrent des fidèles des deux sexes, et surtout des femmes, représentés dans cette attitude. Ces figures, qui ont reçu le nom d'orantes (du mot latin orare, prier), se distinguent par l'élégance et la richesse de leurs vêtements; elles portent souvent des dalmatiques à larges manches et garnies de bandes de pourpre, clavi (voyez la gravure de la page 78, n° 4). Quelquefois même elles sont parées de colliers, de bracelets et d'autres bijoux. Nous donnons à la page 112 une figure d'orante que l'on voit au cimetière de Saint-Calliste; elle ne porte pas les clavi. Cette peinture, qui semble remonter à la fin du jer ou au commencement du IIe siècle, se rapproche, par les caractères qu'elle présente, des bonnes fresques de l'antiquité.

L'orante est le symbole de l'âme chrétienne, devenue l'épouse de Jésus-Christ. Les deux arbres qui, dans quelques monuments, se trouvent à ses côtés, désignent le paradis ou la félicité éternelle. Quelquefois aussi l'orante symbolise

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Figure d'orante de la fin du premier ou du commencement du IIe siècle, au cimetière de Saint-Calliste.

l'Eglise. Enfin plusieurs savants, comme nous l'avons déjà fait remarquer à la page 97, voient dans les orantes la représentation de la Mère de Dieu, surtout lorsque la figure de l'orante se trouve en rapport avec celle du bon Pasteur.

5. La colombe se rencontre très fréquemment sur les monuments chrétiens primitifs de tout genre, et surtout dans les épitaphes des six premiers siècles de notre ère. Dans les catacombes elle symbolise ordinairement l'âme pure et innocente des fidèles défunts dont la dépouille mortelle repose en ces lieux. Le rameau d'olivier qu'elle porte est le symbole de la paix dont jouit l'âme fidèle, et équivaut à la formule IN PACE, si souvent employée dans les épitaphes. La colombe avec la branche d'olivier n'est donc qu'une espèce de signe hiéroglyphique, équivalant à l'acclamation si fréquente sur les marbres chrétiens: SPIRITUS IN PACE OU SPIRITUS TUUS IN PACE. Voyez les gravures des pages 40, 77, 78 et 108. Quelquefois aussi la colombe symbolisait le Saint-Esprit.

6. Le paon était le symbole de la résurrection parce que, de même que cet oiseau en muant se revêt de plumes éclatantes au printemps, notre âme à la résurrection se revêtira d'un corps glorieux. Peut-être cet oiseau était-il aussi un symbole de l'immortalité; les anciens croyaient, en effet, que la chair du paon était incorruptible. Voyez la gravure page 77.

de la

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7. Le phénix. Dans sa première épître aux Corinthiens,

ch. 25, saint Clément de Rome nous enseigne que le phénix est le symbole de la résurrection, et explique la signification mystique de cet oiseau fabuleux. Le phénix porte quelquefois le nimbe radié, d'autres fois il est sans nimbe. Dans ce dernier cas on le reconnaît à la palme qu'il tient dans son bec. Ce symbole se rencontre aussi dans les épitaphes des catacombes.

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8. Le navire et le phare. Les premiers chrétiens comparaient souvent la vie humaine à une périlleuse navigation. qui doit nous mener au port du salut éternel. Le navire symbolisait cette pensée et rappelait aux fidèles les dangers auxquels l'homme est exposé sur la mer du monde. Le port est parfois indiqué par un phare. Très souvent aussi le navire était le symbole de l'Eglise du Christ, ballotée par les tempêtes. Les mâts du navire, par l'antenne qui y était attachée transversalement, fournissaient des représentations dissimulées de la croix. Quelquefois même on arborait, sans dissimulation aucune, une croix sur la poupe du navire figurant l'Eglise. Le navire de la scène de Jonas jeté à la mer, page 88, porte une croix qui n'est cachée

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Phare.

reproduit ci-dessus

par aucun accessoire.

L'usage d'employer le navire comme symbole, très fréquent dans les épitaphes jusqu'au milieu du Ie siècle, se perd insensiblement à partir de cette époque.

9. La palme. Chez les anciens comme chez les modernes, la palme a toujours été regardée comme le symbole du triomphe; aussi les premiers chrétiens l'ont-ils souvent

placée sur leurs tombeaux

pour rappeler la victoire du défunt sur les ennemis de la foi.

Dans les catacombes la palme se rencontre sur les tombeaux de tous les fidèles

Palmes, au cimetière de Saint-Calliste. indistinctement. Quelques

savants cependant, surtout

au XVIIe siècle, ont vu dans ce signe un emblème du martyre. Mais il est prouvé maintenant que la palme seule ne fournit pas un indice certain du martyre.

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