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canaux à creuser, de chemins de fer à construire, de routes à créer, de fleuves à ouvrir au commerce qui civilise et enrichit. L'État encourage et subventionne ces efforts, sans les centraliser despotiquement; les provinces déployent dans l'accomplissement de ces grands travaux une initiative qui les appelle à la vie et à la responsabilité. La France est là, comme partout, à la tête de la propagande civilisatrice: nos ingénieurs font l'éducation industrielle de ce peuple appelé, on peut le croire, à de hautes destinées.

EQUATEUR.

Deux faits principaux signalent l'histoire de cette petite république pendant l'année. C'est le rétablissement des rapports de bonne amitié avec le Pérou (traité du 8 avril), et la satisfaction donnée aux justes réclamations de la France. Déjà nous avons raconté les incidents de cette dernière affaire (Voyez France). Voici la lettre par laquelle fut notifiée à l'amiral français la réparation accordée:

Monsieur l'amiral,

Ambato, le 6 mai 1853.

Mon gouvernement a regretté que ma communication du 28 avril dernier n'ait pu remplir l'objet que se proposait, par cette lettre, S. Exc. le président de cette république, lequel objet était de manifester avec raison le regret réel que lui ont causé les circonstances qui ont motivé le départ de M. le comte de Montholon, consul général et chargé d'affaires de France dans l'Equateur.

Cette république étant liée par des liens étroits, tels que les traités publics passés avec l'empire français, elle n'en doit que déplorer davantage le motif désagréable qui a occasionné le départ du représentant d'une nation amie comme l'est la France. A cet effet, le gouvernement de l'Équateur déclare avec sincérité que les faits dont il a parlé, et qui ont occasionné l'interruption de ses relations diplomatiques avec la France, lui ont été on ne peut plus sensibles, et qu'en les blâmant comme il blâme tous ceux qui pourraient altérer ses relations avec une nation amie, rien ne peut lui être plus agréable, parce qu'il croit que c'est dù, que d'ajouter à ces regrets la déclaration que, si malheureusement il se présentait un cas semblable d'offense contre un envoyé diplomatique de la France, l'offenseur ou les offenseurs seraient punis avec une sévérité proportionnée à la gravité de semblables délits.

Comme, dans ma dernière Note, j'ai fait connaître à Votre Excellence que j'avais donné les ordres nécessaires pour qu'on mît à la disposition de M. Landreau la somme de 8,000 piastres, il m'est très-agréable d'aviser Votre Excellence que, faisant droit à sa dernière demande, j'ai ordonné au gouverneur de Guayaquil de faire remettre à bord de la frégate la Forte lesdites 8,000 piastres. Le même gouverneur a des instructions pour s'entendre avec vous sur la manière de régler le salut du drapeau français, de même que de vous remettre six exemplaires du journal officiel dans lequel se publient les pièces concernant la négociation à laquelle se rapporte la présente communication.

Que Votre Excellence veuille accepter les profonds respects, etc.

MARCOS ESpinel.

PERSE.

La lettre suivante d'un voyageur distingué, donne d'intéressants détails sur divers désastres qui affligèrent la Perse pendant cette année.

Vous saurez déjà, dit M. Fagergren, que la ville de Schiraz n'existe plus, qu'elle a été complétement anéantie à la suite d'un tremblement de terre. Jusqu'ici le tremblement de terre n'a pas encore cessé complétement, et Dieu sait quand nous serons délivrés de nos anxiétés. Il m'est impossible de décrire tout ce qu'il y a eu d'horrible dans la première secousse qui a duré cinq minutes. Tous les habitants étaient plongés dans un profond sommeil, dont ils out été tirés par un bruit plus fort que celui du tonnerre et par une masse de pierres qui tombaient dans les chambres. Du moins c'est ainsi que cela s'est passé chez moi. Ma première pensée fut de prendre la fuite. J'eus le bonheur d'atteindre le milieu de la cour avec ceux qui habitaient la maison, dans le moment où tout l'édifice croulait sur ses bases. L'immensité de ce désastre n'apparut que le matin, lorsque le soleil vint éclairer les décombres. De toutes parts, l'œil ne découvrait que des ruines, des rues remplies de pierres, des cadavres portés sur des brancards, hors des murs de la ville. Le cœur saignait à l'aspect des membres épars qui gisaient sous les maisons écroulées, et des malheureux parents, des hommes, des femmes et des enfants qui s'efforçaient de retirer de dessous les ruines les restes mutilés des leurs, en fouillant les décombres avec les dents, les mains et les ongles. De plusieurs milliers de victimes, on n'est parvenu à sauver la vie qu'à un très-petit nombre. Ces scènes se sont répétées cinq jours durant, pendant lesquels on a compté 12,000 cadavres. Le quatrième jour ont paru au dedans et au dehors de la ville des bandes de brigands qui ont pillé les malheureux habitants sans dé

fense et sans asile. Pendant trois jours, la ville a été livrée au pillage de ces brigands dont le nombre s'était augmenté à la fausse nouvelle que BeglerBey, gouverneur de Schiraz, était mort. Jusqu'à présent le sol ne s'est point encore raffermi et des secousses se font sentir continuellement. Elles se répè. tent trois ou quatre fois par jour, et sont encore si violentes que les ruines des habitations qui ont résisté jusqu'ici croulent maintenant les unes après les autres, Moi-même, à part ma vie sauve et celle de ma femme, j'ai perdu tout ce que j'avais amassé depuis mon arrivée en Perse. J'avais acheté une maison il y a trois mois, mais qui n'est plus à présent qu'un monceau de ruines.

Ce désastre n'est pas le seul qui ait affligé la Perse cette année, car les sauterelles ravagent les cercles de Fars, de Fereidun et la province d'Ispahan. A Ispahan même, le fleuve de Zaenderud est complétement tari; dans d'autres endroits la grêle a tout dévaste, et daus d'autres enfin les semences ont été détruites par les vers; dans la province d'Esd, l'inondation a détruit les plantations de tabac et d'opium.

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