Page images
PDF
EPUB

Côte-Saint-André, Saint-Georges-d'Espéranche), Marseille, &c. Par le nombre d'ouvriers, la production, le chiffre d'affaires, ces trois groupes sont d'importance sensiblement égale. Le groupe de l'Est se distingue des autres par la concentration de la fabrication en huit établissements tous considérables, ce qui permet le perfectionnement de l'outillage, & par une spécialité dont il a de fait le monopole, celle des chapeaux (chapeaux de palmier latanier, chapeaux dits de Panama) tressés d'une seule pièce.

Hors de France, la chapellerie de paille compte parmi ses sièges principaux :

En Italie, la Toscane, avec Florence;

En Suisse, l'Argovie, avec Wohlen ;

En Angleterre, le comté de Bedford, avec Luton, au nordest de Londres;

En Allemagne, la Saxe, avec Dresde;

En Belgique, Liège.

Le chapeau de paille se fait encore dans de nombreuses contrées, aux degrés les plus différents de civilisation. La Chine occupe, sous ce rapport, le premier rang dans le monde; on sait d'ailleurs combien sont innombrables les emplois auxquels servent, dans l'Extrême-Orient, les végétaux tressés.

L'industrie des chapeaux de paille est de celles auxquelles, par le goût, l'ingéniosité, le fini, notre pays semble prédestiné. Elle est florissante aujourd'hui chez nous & plus d'une raison donne lieu de penser que sa prospérité ne s'arrêtera pas. Ce qui nous manque, c'est le marché de la matière première, la tresse. La tresse, avons-nous dit, est fournie surtout par l'Extrême-Orient. Or, avant de nous arriver, elle passe en majeure partie par le marché anglais de Luton.

C'est là une situation à laquelle il faut remédier. Déjà des efforts ont été faits & plusieurs maisons françaises, notamment une à Lyon, une autre à Bordeaux, importent directement, entre autres articles, les tresses de Chine & du Japon; en 1894, près du tiers des tresses de Chine nous sont venues sans passer par l'Angleterre. Dès à présent aussi une partie des tresses subit en France les opérations du blanchiment & de la teinture dans six fabriques de chapeaux de paille du groupe lorrain, à Lyon

& aux environs. La teinture sur place est un des termes du problème du déplacement du marché de la tresse, car le profit de l'importation directe serait perdu si la tresse reçue à l'état grège devait aller se faire blanchir & teindre en Angleterre ou en Suisse. Que des établissements de blanchiment & de teinture soient annexés à chacun de nos trois groupes français de chapeaux de paille, & la difficulté sera près d'être résolue. Affranchissons nos fabriques de l'intermédiaire de l'étranger; à cette satisfaction d'intérêt matériel & d'intérêt moral tout le monde trouvera son compte, & Bordeaux la première, car Bordeaux est le port désigné du Bas-Quercy.

Ma tâche serait inachevée si je ne disais, au risque d'être indiscret, ma profonde gratitude envers ceux qui m'en ont rendu possible l'accomplissement. M. le Dr Noaillac, de Réalmont, M. Nonorgues, notaire à Septfonds, ont facilité ma petite enquête; ils m'ont entouré des prévenances les plus obligeantes & m'ont valu des relations précieuses. M. Adrien Coanet, de Nancy, à qui j'avais, pour une comparaison, adressé un léger questionnaire, m'a répondu par un document de premier ordre; j'ai beaucoup pris à son manuscrit & j'aurais eu tout à y prendre. M. Coanet voudra bien, je l'espère, confier au Bulletin de la Société géographique de Bordeaux le travail qu'il avait rédigé pour moi & qui mérite d'être connu du public. Que toutes les personnes que je n'ose nommer — il en est dont j'ai visité les fabriques & qui m'ont assisté, que tous mes correspondants reçoivent l'expression de ma sincère reconnaissance.

J. GEBELIN'.

1. Le travail ci-dessus est extrait du Bull. de la Soc. de géogr. de Bordeaux, 1895, no 21. Son auteur est le très distingué rédacteur en chef dudit Bulletin, professeur à la Faculté des lettres, et il nous pardonnera sans doute d'avoir voulu faire partager à nos amis le plaisir que nous avons eu à le lire.

FORMULES DE CONJURATIONS CONTRE LE MAL

DANS LES PAYS DE LANGUE D'OC.

Ces formules sont très anciennes, puisque nous en retrouvons une en latin barbare contre la paralysie, le refroidissement & les fièvres dans le manuscrit 13 246, fo 253 vo de la Bibliothèque nationale, fonds latin, données par M. Boucherie, in Rev. lang. rom., t. V, pp. 104-105, 1874, & dont voici la traduction :

[ocr errors]

+ Devant l'huis du seigneur centurion paralytique est tourmenté (trois fois); +toi, seigneur centurion, délivre un tel de la puissance de la paralysie, de la puissance de la langueur, de la puissance de la fièvre, -de la puissance du refroidissement, des accès de la fièvre quotidienne.

[ocr errors]

Cette formule est donnée comme antérieure au huitième siècle & l'on en retrouvera une autre dans Mélusine, t. V, n° 9, col. 225, 1891, incantation énumérative de la même époque ou à peu près.

La première formule en langue romane contre le mal de tête est, à notre connaissance, la suivante qui se trouve dans la Scala cæli, écrite entre les années 1322 & 1330 par Jean Gobil.

Lo cap ti dol

E dolre no ti sol,

Dol li venga, que ben ti vol
Vai a ta mayre, o fara t'an
E trenta diables, ti pourtaran.

La tête te fait mal

Et n'a pas coutume de te faire mal ;

Qu'il advienne mal à celui qui te veut bien,

Va à ta mère, elle t'accueillera

Et trente diables t'y porteront.

(A. Roqueferrier, in Rev. lang. rom., t. XX, p. 101. 1881.)

La seconde, de l'année 1397, c'est-à-dire du quatorzième siècle comme la précédente, se trouvait dans le manuel d'actes de Jean Ornas, notaire à Perpignan, où elle a été relevée par M. Alart & publiée, loc. cit., 2me sér., t. III, p. 10, 1877. Elle est écrite en catalan, idiome très voisin du roman.

Conjura falsa alias, buba negra

En vi se Bon mal de Jhu Xe.

Ami lo se dix nostre senyor deu Jhu Xe,

En te conjur de part de Deu e de mosse Sent Feliu
E per les misses que provera dire

Que aci no metre branche ni rahitz
Mor te mal, que deu t'o dix.

Et postea dicatur Pater noster & Ave Maria, & dicantur hæc omnia tribus vicibus.

Conjuration contre la tumeur ou bubon noir,

Ainsi soit-il. Bon mal de Jésus-Christ

A moi me le dit Notre-Seigneur Dieu Jésus-Christ,
Je te conjure de la part de Dieu & de messire Saint Félix
Et par les grâce que repandra Dieu,

Ici ne mets ni branches ni racines,
Meurs, mal, Dieu te le dit.

Ces formulettes deviennent plus nombreuses au dix-septième siècle.

Joubert, Des Erreurs populaires, p. 381, 16c2, nous en a conservé une contre la maladie de la matrice (la maire), qui semble dériver directement de celle que nous venons de faire connaître.

[merged small][merged small][ocr errors][merged small]
[blocks in formation]

Le P. Amilha, dans sa Bido del parfet chrestia, Tolose, 1683, nous signale plusieurs conjurs que nous n'avons pu encore retrouver, mais qui doivent se rapprocher de ceux donnés par M. Sauvé dans Mélusine, t. III, p. 116. Oraisons, conjurations & gardes du pays vosgien.

As conjurat le foc salvatge

Aurios fait de conjurs per gari la couliquo
Cervel bas, mal de dents, la luseto ni l'el,
O per gari le mal que se porto al poupel.

As-tu conjuré les dartres du visage (feu sauvage),
As-tu fait des conjurations pour guérir la colique.
Esprit lourd, mal aux dents, la luette ou l'oeil
Ou pour guérir le mal qui est au bout du sein.

Elles persistent pendant le dix-huitième siècle.

L'abbé de Sauvages, Dicton languedocien, Vo Gari, 2e édit., 1785, nous dit :

« PreviousContinue »