Page images
PDF
EPUB

DE L'AVEYRON.

PROCÈS-VERBAL

DE LA

Séance du 2 décembre 1880.

Présidence de M. E. DE BARRAU, vice-président. Présents: MM. Maisonabe; Albespy; Truel, vicaire général; l'abbé E. Marcorelles ; le vicomte d'Armagnac ; Vergnes; Cabrol; Durand, curé de Marcillac; l'abbé Bessou; Estienne; Jules Viala; Routaboul; l'abbé Jalbert; l'abbé Vidal; l'abbé Alazard; Vanginot; Durand, d'Arsac, et l'abbé Alibert, secrétaire.

M. Lefranc s'excuse par lettre de ne pouvoir se rendre à la réunion.

Le procès-verbal de la séance du 29 juin est lu et adopté.

M. le président donne lecture d'une lettre de M. Quitard remerciant la Société de l'avoir admis parmi ses membres. Cette lettre est accompagnée de la copie d'un travail inédit de Laromiguière.

Un membre fait observer que ce travail pourrait être mis dans le volume qui s'imprime en ce moment. L'assemblée prenant cette proposition en considération renvoie la copie à la commission chargée des publications de la Société et vote des remerciements à M. Quitard.

Admissions. L'assemblée, sur l'avis favorable donné par le Comité permanent, prononce successivement et par voie de scrutin secret l'admission comme membres titulaires de MM. Georges de Bonald, de Rodez; Vayssettes, d'Espalion, auteur de plusieurs ouvrages et ancien interprète assermenté pour la langue arabe; Louis Alvernhe, membre de la Société des Félibres, et Albert d'Ardenne, de Labastide-l'Evêque. Elle admet ensuite au nombre de ses membres correspondants M. l'abbé de Labonnefon, vicaire à Notre-Dame de Rochefort.

167° Séance.

3

M. le président fait remarquer que M. l'abbé de Labonnefon est le fils de l'honorable inspecteur des écoles primaires qui, obligé de quitter l'Aveyron, son pays natal, pour aller exercer les mêmes fonctions dans un autre département, a voulu rester attaché à la Société, dont il était membre titulaire, en se faisant inscrire parmi ses correspondants.

M. Georges de Bonald, en demandant de faire partie de la Société, lui a offert 11 volumes contenant les divers rapports publiés sur l'Exposition universelle de 1878 avec un extrait, dont il est l'auteur, et le rapport sur les concours régionaux agricoles qu'il a adressé à M. le ministre de l'Agriculture et du Commerce. La Société lui vote des remerciements.

La demande d'admission de M. Alvernhe était accompagnée d'un volume de poésies intitulé: Los flous dé lo mountagno, dont il est l'auteur. M. l'abbé Bessou est chargé de présenter un rapport sur eet ouvrage à l'une des prochaines séances de la Société.

M. le président rappelle qu'aux termes du testament de M. de Guizard, qui, durant sa longue administration comme préfet de l'Aveyron, a donné tant de preuves de sa bienveillance à la Société, une copie de son portrait serait faite par M. Castanié d'après l'original dû à l'habile pinceau de madame de Guizard et offert par ses héritiers à notre musée. A la demande de la famille, M. Castanié s'est acquitté de l'honorable mission qui lui avait été donnée et il l'a remplie avec le sentiment d'un artiste de cœur et de talent.

Le portrait exposé dans la salle de réunion a aussitôt attiré les regards de tous les membres présents, et de flatteurs témoignages ont répondu aux paroles de M. le président.

Une lettre de M. Faraguet, membre correspondant, remercie la Société de ses communications et s'associe aux regrets exprimés par M. E. de Barrau au sein de la Société à l'occasion de la mort de M. de Guizard.

M. le président fait savoir que M. Jaudon, procureur de la République à Espalion, offre à la Société de faire une préface pour mettre en tête de l'histoire de Bonal, actuellement sous presse, en demandant qu'on lui communique les feuilles tirées de cet ouvrage avec tous les documents qu'on aura recueillis sur l'auteur.

L'assemblée accepte avec reconnaissance l'offre de M. Jaudon et décide que les feuilles demandées lui seront envoyées à mesure qu'elles paraîtront.

Lettre de M. l'abbé Cérès sur les fouilles par lui faites au Puech-du-Cayla pour le compte de la Société :

Rodez, le 2 décembre 1880.

Monsieur le Président,

Vous avez bien voulu, dans le courant du mois dernier, affronter un bien mauvais temps et gravir de bien pénibles sentiers pour visiter, en compagnie de M. de Pompignan, mon chantier de fouilles établi sur la cime élevée du Cayla. Les travaux étant à peine commencés, vous n'avez pu, par conséquent, augurer de leur succès, ni rien affirmer de leur importance. Sur votre gracieuse invitation, je promis de descendre le lendemain au château de La Contie pour vous rendre compte des résultats de notre première journée. Malheureusement le temps étant devenu plus mauvais, les chemins plus difficiles, je ne pus pas, malgré mon grand désir, me trouver au rendez-vous. Permettez-moi de venir aujourd'hui, jour de réunion générale de notre Société, à laquelle de malencontreux embarras ne me laissent pas le plaisir d'assister, permettez-moi, dis-je, de vous donner les quelques détails de travaux que cinq ouvriers ont exécutés sur le plateau en question durant deux jours seulement. Ces détails ne sauraient être longs puisque nos recherches ont été de si courte durée.

Dans une des dernières séances de la Société j'ai rendu compte d'un tout petit sondage effectué dans le courant de mai et sur deux points d'environ 500 mètres l'un de l'autre. Les divers objets que j'avais rencontrés et que j'ai eu l'honneur de soumettre aux yeux de la Société, m'avaient déjà fait présumer du long séjour d'une peuplade gauloise sur ce plateau. Dans cette première fouille comme aussi dans la dernière, nous avons trouvé d'innombrables débris de poteries aux marques incontestables de l'origine que j'ose leur attribuer, de grandes quantités d'ossements de boeuf, de chèvre, de mouton, de cerf, de sanglier, de volailles, abandonnés autour de plusieurs foyers; plusieurs grosses rondelles en terre cuite percées au milieu que certains archéologues ont appelées fusaïoles; mais qui pourraient être aussi des boutons pour attacher un grossier vêtement. Ces trouvailles, communes aux deux fouilles, suffiraient pour

justifier ma présomption; mais certains objets appartenant spécialement à la dernière, me sembleraient lui donner plus de force: ce sont des débris d'os travaillés en forme de poinçon ou d'aiguille, des fragments de bronze dont l'an provient du labrum d'un vase, et l'autre d'une fibule; deux pierres (serpentine) dont l'une est un polissoir, l'autre une hache dite celtique. Or, j'ai moi-même rencontré tous ces divers objets absolument les mêmes, dans les cavernes de la Jonte, de Bouche-Rolland, de Sargel, d'Ols, etc., habitées par des tribus gauloises durant des siècles. La fibule ne diffère pas de celles qu'on a recueillies et qu'on recueille encore tous les jours dans les cimetières gaulois de la Marne et sur le mont Beuvray.

Deux fortes murailles concentriques, encore très visibles du côté du sud-sud-est et distancées l'une de l'autre de trente à quarante mètres, l'élévation du sommet du Cayla dominant majestueusement les hauteurs voisines et les riches vallées de Saint-Christophe et de Valady, enfin la petite somme des objets recueillis, ne permettraient-ils pas de supposer que les Gaulois de la contrée avaient choisi cette cime éminemment stratégique pour se retrancher contre les attaques des Romains? Au reste, je dois ajouter qu'il s'est trouvé là quelques minces fragments de la céramique de ce dernier peuple comme il s'en est également rencontré, du reste, dans les cavernes mentionnées ci-dessus; ce qui prouverait tout au plus que les Romains victorieux occupèrent au moins pour quelque temps l'importante position qu'avaient choisie nos malheureux prédécesseurs.

Voilà, monsieur le Vice-Président, ce que j'avais à Vous communiquer sur nos travaux du Cayla, travaux qu'il serait, à mon avis, utile de continuer pour de nouveaux éclaircissements à notre histoire locale qui est encore en partie à faire.

Veuillez agréer, monsieur le Vice-Président, l'hommage de mon profond respect et de mon dévouement.

CERES, prêtre.

L'assemblée, après l'examen fait par M. Vergnes approuve les comptes de M. le trésorier pour l'année 1879.

M. le président communique à l'assemblée la liste des établissements auxquels le Comité permanent propose d'envoyer les exemplaires du Cartulaire de Conques don

« PreviousContinue »