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des Communes, avait présenté une motion sur la question turco-russe. La discussion s'est engagée sur ce sujet vendredi dernier, et, sur la prière de lord Palmerston, M. Layard a consenti à retirer sa motion.

« Il ressort de cette discussion plusieurs faits notables, dit M. Xavier Raymond dans le Journal des Débats. Sans parler de l'union de la France et de l'Angleterre agissant dans un intérêt commun, le principal, sinon le seul motif allégué par lord Palmerston pour obtenir l'ajournement indéfini de la motion, c'est la crainte de compromettre, par une discussion qui aurait pu facilement devenir irritante, les efforts que les deux gouvernements font encore, et sans nul doute avec espérance de succès, pour arriver à une solution amiable. Ainsi les négociations se poursuivent toujours; le fait est aujourd'hui certain. Dans un autre ordre de faits, nous voyons avec satisfaction démentir les bruits, dont M. Disraeli s'est fait l'organe avec un àpropos au moins contestable, de dissentiments qui auraient éclaté entre les principaux membres du cabinet anglais; nous pensons qu'il n'en restera plus rien maintenant, et que la meilleure réponse à tous ces bruits fâcheux, c'est le choix même du ministre chargé par ses collègues de demander à M. Layard l'ajournement de sa motion. Pour résister aux empiétements de la Russie, il serait fort à regretter d'avoir en Angleterre un gouvernement faible ou désuni ! »

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Nouvelle-Grenade. Il vient de se passer à Bogota une de ces scènes de violence dont les républiques américaines n'ont fourni que trop d'exemples. Bogota, qui persécute l'Eglise catholique et ses plus dignes ministres, a le malheur de posséder une association démocratique fort semblable aux trois cents clubs que Paris lui-même possédait en 1848. Cette association s'est posée en face du Pouvoir exécutif et du Congrès comme une puissance avec laquelle il faut compter. Aucune mesure ne peut être résolue sans son assentiment.

Or, la discussion d'un nouveau projet de loi sur les douanes ayant excité la fureur de la Société démocratique, celle-ci placarda son opposition sur les murs de la capitale : puis, les frères et amis ayant convoqué le ban et l'arrière-ban de leurs coreligionnaires politiques, envahirent les corridors de l'Assemblée et pétitionnèrent avec des menaces qui ne tardèrent pas à se traduire en voies de fait. Les membres du Congrès, bien qu'armés, avaient le désavantage lorsque la jeunesse des écoles accourut à leur secours : on l'avait en effet organisée la veille pour résister au coup de main qu'on cralgnait. Les émeutiers furent refoulés et perdirent quelques hommes. Quand le général Abando, président de la République, parut avec ses troupes sur le théâtre de la lutte, tout était terminé. La loi lui défendait d'agir plus tôt, Singulière loi que celle qui ne permet pas à un président de sauver la patrie !

ALFRED DES ESSARTS.

Dernières nouvelles.

Le Journal de Saint-Pétersbourg publie deux documents d'une grave importance. C'est une nouvelle circulaire de M. le comte de Nesselrode et une proclamation du prince Gortschakoff, commandant le corps d'arinée d'occupation en Moldavie et en Valachie.

La première de ces pièces est adressée aux agents russes accrédités près les cours étrangères. Elle doit être par eux communiquée à ces divers gouvernements. En voici une rapide analyse:

Le chancelier d'Etat de Russie soutient que l'empereur s'est vu obligé de faire occuper les Provinces danubiennes par ses troupes, d'une part à cause du refus persévérant que la Porte ottomane opposait aux demandes que le prince Mentschikoff avait été chargé de lui transmettre, de l'autre, parce que les deux puissances maritimes alliées de la Turquie avaient donné ordre à leurs flottes de se rapprocher des Dardanelles. Sur le premier chef, M. de Nesselrode avance que la Russie a déployé la plus grande modération dans ses prétentions; que le prince Mentschikoff, après avoir exigé un traité synallagmatique qui pût assurer le statu quo de l'Eglise grecque sous la protection de la Russie, a consenti, par concession, à se contenter d'une garantie moins solennelle; que n'ayant pas pu amener le Divan à ses vues, il a dû se retirer sous la menace de faire occuper les Principautés, menace qui laissait encore la voie ouverte à un accommodement.

Secondement, c'est alors que la Porte a invoqué l'appui de la France et de l'Angleterre et que ces deux puissances ont, en faisant avancer leur flotte, exécuté une mesure que le gouvernement russe qualifie d'effective en réponse à des déclarations pnrement comminatoires. Dans cet état, l'empereur de Russie a cru devoir répondre à l'acte des deux puissances par l'occupation effective de la Moldavie et de la Valachie.

Toutefois l'empereur ne veut pas, quant à présent, faire une guerre offensive contre la Turquie. Il s'est seulement saisi d'un gage qu'il rendra aussitôt qu'il aura reçu la satisfaction qu'il s'estime en droit d'exiger. C'est à la Turquie à voir ce qu'elle doit faire.

En terminant M. de Nesselrode reprend la question du Protectorat.

Il prétend que le traité de Kainardji stipule ce protectorat pour des points déterminés; que ce protectorat s'est exercé ab antiquo en faveur de l'Eglise grecque; que de tout temps il a paru parfaitement conciliable avec la souveraineté et l'indépendance du Sultan ; que ponr dire le contraire il faudrait déchirer tous les traits et toute l'histoire; et que l'empereur de Russie, fort de son droit et de son devoir, n'hésite pas à accomplir sa mission de défenseur de l'Eglise orthodoxe dans tout l'Orient.

On comprend toute l'importance d'une déclaration semblable. Qu'en sortira-t-il ?

Quant à la seconde, pièce c'est la proclamation du général en chef de l'armée d'occupation aux populations Moldo-Valaques. Le prince Gortschakoff leur explique que l'entrée des troupes Russes ne doit rien changer dans la forme de leur gouvernement, qu'elles peuveut vivre tranquilles et que l'occupation cessera quant la Russie aura reçu satisfaction.

Il leur annonce que toutes les dépenses faites par l'armée serant payées avec exactitude sur les prix convenus entre lui et le gouvernement des Hospodars. Charles DE RIANCEY.

L'Almanach impérial vient de paraître. Nous y trouvons sur la composition de la maison de l'empereur, et de l'impératrice les détails suivants, qui n'avaient pas tous été donnés par le Moniteur:

MAISON DE L'empereur.

M. Achille Fould, ministre de la maison de l'empereur.

Grande aumônerie: M.***, grand aumônier; M. Menjaud, évêque de Nancy, premier aumônier, chargé du service; M. l'abbé Tirmache, second au

mônier, chargé du service; M. l'abbé Mullois, premier chapelain; MM. les abbés Versini, Liabeuf et Laine, chapelains.

Grand maréchal du palais: S. Exc. M. le maréchal comte Vaillant, sénateur; M. le général Rolin, adjudant général du palais.

Préfets du palais: M. le baron de Béville, premier préfet; MM. le baron de Meneval, Merle, de Montbrun, de Varaigne.

Maréchaux des logis: M. le comte Lepic, premier maréchal des logis; MM. Mario de l'tle, le baron Emile de Tascher de la Pagerie.

Palais des Tuileries, du Louvre et de l'Elysée: M. le général Vaudrey, sénateur, gouverneur.

Grand chambellan: 5. Exc. M. le duc de Bassano, sénateur. Premier chambellan: M. le comte Bachiocchi, surintendant des spectacles de la cour, de la musique de la chambre et de la chapelle. - Chambellans: MM. le duc de Tarente, marquis de Belmont, le comte de Chaumont-Quitry, le marquis de Gricourt; le comte d'Arjuzon, le comte Olivier de Walsh, le vicomte Rodolphe d'Ornano, le chevalier de Fondville.

Cabinet de l'empereur: M. Mocquart, secrétaire de l'empereur, chef du cabinet; M. de Dalmas, sous-chef du cabinet.

Grand écuyer: S. Exc M. le maréchal de Saint-Arnaud, sénateur, ministre de la guerre. Premier écuyer: M. le colonel Fleury, aide de camp de l'empereur. Ecuyer commandant: M. de Valabrègue, chef d'escadron. Ecuyers: MM. le vicomte de Romans, le marquis de Puységur, le vicomte d'Aure, Rachon; M. de Burgh, écuyer honoraire.

Grand veneur: S. Exc. le maréchal Magnan, sénateur, grand veneur. — Premier veneur; M. le comte Ney, aide de camp de l'empereur.- Commandant des chasses à tir: M. le marquis de Toulongeon. Lieutenants de vénerie: MM. le baron Lambert et le marquis de Latour-Maubourg.- Lieutenant des chasses à tir: M. le baron Delage.

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Grand maître des cérémonies: S. Exc. M. le duc de Cambacérès, sénateur. -Introducteurs des ambassadeurs, maîtres des cérémonies: MM. Feuillet de Conches, le baron de Châteaubourg. Aides des cérémonies, secrétaires à l'introduction des ambassadeurs: MM. le baron de Lajus et Jules Lecocq. Trésorier général de la couronne: M. Bure. - Trésorier de la cassette: M. Charles Thélin.

Musique de la chapelle et de la chambre: M. Auber, membre de l'Institut, directeur; MM. Allary et Labarre, pianistes accompagnateurs.

Service de santé près LL. MM. : M. le docteur Conneau, premier médecin de l'empereur. Médecins et chirurgiens ordinaires: MM. Andral, Rayer, Jobert et Lamballe et le baron Hippolyte Larrey.

Chirurgien-accoucheur : M. le baron Paul Dubois. Médecins et chirur giens consultants MM. Lévy, Bouillaud, Gaultier de Claubry, Bérard, Cloquet, Bégin, Velpeau. Médecins et chirurgiens par quartiers : MM. Delaroque fils, Corvisart, Fleury, Tenain, Longet, Vernois, Boulu, Arnal.-Médecin adjoint secrétaire, M. Pietra Santa. Premier pharmacien : M. Acar.

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Maison militaire: S. Exc. M. le maréchal comte Vaillant, sénateur, grand maréchal du palais, commandant la maison militaire. Aides de camp de l'Empereur MM. le comte Roguet, sénateur, général de division; Canrobert, général de division; le comte de Goyon, le comte de Montebello, le baron de Lourmel, Espinasse, Vaudrey, généraux de brigade; le baron de Béville, le comte Ney et Fleury, colonels.

Officiers d'ordonnance de l'Empereur: M. le baron Excelmans, commandant les yachts de S. M.; MM. le marquis de Toulongeon, Favé et le baron de Meneval, chefs d'escadrons; MM. de Cambriels, le baron Berkheim, le baron Petit, Merle, Tascher de la Pagerie, le prince de la Tour d'Auvergne et Morand, capitaines.

MAISON DE L'IMPÉRATRICE.

Grande maîtresse de la maison: Mme la princesse d'Essling. — Damė d'honneur: Mme la duchesse de Bassano. Dames du palais : me la comtesse de Montebello, la comtesse Feray d'Isly, la vicomtesse Lezay-Marnezia, la baronne de Pierres, la baronne de Malaret, la marcuise de Las Marismas, la marquise de Latour-Maubourg. Dame lect.ce: Mme la com,

tesse de Pons de Wagner.

Grand maître de la maison: M. le comte de Tascher de la Pagerie, sénateur. Premier chambellan M. le comte Charles Tascher de la Pagerie, - Chambellan: M. le vicomte Lezay-Mar ezia. — Ecuyer: M. le baron de Pierres. Secrétaire des commandements: M. Damas-Hinard. Bibliothécaire particulier : M. de Saint-Albin.

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ÉTUDES RURALES.

Les grandes propriétés sont les greniers d'abondance du peuple.

Dès que la philosophie antichrétienne eut jeté son cri sinistre de guerre aux châteaux, on vit les spoliateurs de la révolution, et, après eux, les spéculateurs de la bande noire s'abattre sur la grande propriété, et la mettre en pièces.

Ce dépècement des grandes propriétés répondait à des convoitises éveillées depuis longtemps: il remplissait les coffres du fisc, il multipliait les affaires, et par conséquent doublait, triplait la valeur et l'importance des charges d'avoués, de notaires, d'huissiers; il grandissait démesurément la position des banquiers, des agioteurs, des prêteurs d'argent à tous taux, et il'ouvrait aux rêves de la cupidité les brillantes avenues des fortunes improvisées. Il rencontra donc d'ardents provocateurs et d'émerveillés panégyristes; et nous connaissons peu d'économistes, de légistes, de lettrés qui n'aient chanté le grand ébranlement de 91 comme le point de départ d'une civilisation sans pareille.

Pourtant, la stricte équité, la saine politique et le bon sens auraient bien quelques remontrances à faire à ces chanteurs; mais nous ne voulons toucher à aucune des mille couronnes qu'ils ont entassées sur le faitaccompli, et acceptant comme bonnes les conditions nouvelles où la France se trouve aujourd'hui placée, nous disons au nom des pauvres et dans l'intérêt des classes laborieuses des campagnes: Il est temps que le morcellement de la grande propriété

s'arrête.

Car, toute commune rurale qui n'aura pas au moins une vaste

propriété couronnée d'un château dignement habité, manquera d'un élément essentiel de bien-être et de moralisation.

En effet, le château est au village comme une fontaine publique où tous les habitants viennent puiser les ouvriers d'états divers y trouvent le travail, le journalier l'occupation quotidienne, l'indigent le secours, le malade le remède, l'homme embarrassé dans une affaire épineuse le conseil, l'opprimé un appui, les besoins, les intérêts généraux de la localité un intelligent interprète et un puissant défenseur, toute la population des exemples qui font autorité.

Le temps des phrases phosphorescentes et incendiaires sur le prolétaire est passé, grâce à Dieu; parlons de lui avec amour et avec vérité, et arrêtons un instant nos regards sur le journalier agricole, sur cet homme intéressant qui, ne possédant pas une motte de terre, n'a, selon l'énergique langage du peuple, que ses deux bras pour nourrir sa famille.

Pour être vrai, ajoutons qu'il a la ressource de la grande propriété.

Au milieu de petits cultivateurs de six, dix, vingt, trente arpents de terre, faisant tout par eux-mêmes dans leur modeste exploitation, le journalier trouvera difficilement du travail; il en manquera surtout l'hiver. Là, point de grandes entreprises de défrichement, de terrassement, de coupe de bois, ressources ordinaires du journalier dans la morte-saison; là, point de secours : tous ceux qui l'entourent ne vivent eux-mêmes qu'à force de sueurs et d'économie. Au moins si sa pauvre femme pouvait avoir une vache; toute sa petite famille serait alimentée par cette laitière; mais où prendre l'herbe pour la nourrir? Est-ce que la femme et la fille du petit cultivateur son voisin, ne veillent pas avec une jalouse avarice sur le moindre brin d'herbe de leurs champs?

Situation douloureuse, qui éveille en ce moment l'attention du gouvernement; car, voici les questions que sa sollicitude pour le journalier agricole a posées aux commissions de statistique établies par toute la France:

« Quel est le salaire habituel du journalier agricole pour le tra<< vail d'une journée d'été et d'hiver? - Quel est son salaire supplé<< mentaire pendant la moisson et la récolte? Quel est le nombre << moyen des journées de travail par an et par journalier?

-

« Quelles sont les dépenses habituelles d'une famille de journa<<< liers agricoles de cinq personnes (père, mère et trois enfants) de l'âge « de 6 à 11 ans? - Quelles dépenses pour le logement, << pain, - pour les légumes, la viande, le lait, « (cidre, bière, etc.), pour le sel, l'habillement, le blan«< chissage, le chauffage, l'impôt et autres dépenses diverses (1) ?»

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pour le -le vin,

(1) Voir le Questionnaire de Statistique quinquennale (1853), pages 31 et 32.

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