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autres ont des attitudes de fierté orientale et semblent dire au public Admirez les richesses que nous avons apportées!

Mais, en revanche, parlez-nous du Martyre de saint Pierre, par M. Armand-Dumaresq: voilà de la vigueur, de l'effet, une couleur qui porte un bon reflet du Titien. Le saint Augustin, de M. Delaborde; la délicieuse sainte Geneviève, de Mme Verdé de l'Isle ; Jésus guérissant l'aveugle-né, par M. Marquis, dont le seul tort est d'abuser des tons noirs; le saint Bernard, de M. Lécurieux, page ferme et qui rappelle les énergiques compositions de cet artiste habitué à tailler en grand; la Prière à l'Hospice, par M. Pils, scène touchante destinée à rappeler le souvenir d'une femme dévouée, la Sœur SaintIsidore, religieuse hospitalière de l'ordre des Augustins; J.-B. de La Salle, par M. Colix, excellent portrait du grand fondateur de la Doctrine chrétienne; la Vierge et l'Enfant Jésus, par M. Auguste Van-Den-Bergh, artiste aussi distingué que laborieux et qui a produit tant de bons ouvrages; enfin les Deux Anges en adoration devant la couronne d'épines, par M. Croneau: telle est, avec les toiles que nous avons signalées précédemment, la partie notable des sujets religieux qui figurent à l'Exposition.

Mais il est un genre qui y tient une place assez large pour que nous devions le signaler dès ce moment: c'est le genre décoratif; car aujourd'hui la peinture dite religieuse tend à s'exécuter moins sur la toile que sur les vitraux et par la fresque. Le mouvement qui s'opère en faveur de la foi, l'impulsion donnée soit à l'érection d'églises nouvelles, soit à la réparation et à l'entretien de celles que le passé nous a léguées, tout contribue à imprimer à l'art cette heureuse et féconde direction. Aussi avons-nous, au Musée de cette année, des œuvres qui bientôt iront orner nos temples. Sainte-Clotilde possédera le saint Leon et la sainte Pulchérie, dont M. Jourdy nous a offert les cartons; les saints Docteurs de l'Eglise latine: Salvien, Césaire, Jérôme et Augustin, autres cartons de M. Louis Lamothe, destinés également à être convertis en vitraux. M. Didron aîné a exécuté trois vitraux: sainte Rosalie, la Sainte Vierge tenant l'Enfant Jésus, et saint Jean l'Evangéliste. C'est surtout dans ces ouvrages bien appropriés à leur but et remplis d'une pensée éminemment chrétienne qu'il faut chercher maintenant l'art religieux. Nous le répétons, les fresques et les vitraux parmi lesquels nous citerons en première ligne la sainte Clotilde, de M. Maréchal, de Metz, nous consolent amplement de bien des tableaux où l'effet ne répond guère à la bonne volonté.

Mais puisque nous en sommes venu à parler de cartons, nous ne passerons point sous silence la curieuse exhibition qu'a faite M. Chenavard de trois des pages de son œuvre panthéistique. On n'a pas oublié sans doute qu'un des premiers soins du Gouvernement provisoire, en 1848, fut de confier à M. Chenavard la décoration com

plète du Panthéon, plus que jamais alors le temple du paganisme de la philosophie et de la révolution. Cet artiste se mit résolument à l'œuvre, acceptant de grand cœur une tâche qui eût pu effrayer un esprit moins confiant en ses propres forces. Cinquante-trois cartons furent destinés, dans sa pensée, à glorifier toutes les religions, toutes les hérésies, toutes les sectes, toutes les écoles philosophiques, sans compter les orages révolutionnaires. Ce devait être un mé lange inouï du Christ et de Brahma, de Moïse et de Confucius, une Babel où le socialisme ferait surtout entendre sa voix. Les coryphées de l'école matérialiste entonnèrent l'hymne de l'admiration. Mais les jours de l'émeute étant passés, le Panthéon ayant été rendu à Dieu, l'auteur de l'histoire des religions en peinture a dû se rési gner à exposer tout simplement trois cartons où nous reconnaîtrons de la puissance d'imagination et les qualités d'un dessin ferme et hardi. Mais quelles que soient ces qualités, elles ne sauraient racheter ce que la pensée d'ensemble avait de choquant. L'exécution n'eût offert qu'un véritable chaos, que le spectacle déplorable de toutes les aberrations humaines. Tel n'est certes pas le but élevé de l'Art dont les œuvres doivent porter le cachet de la sérénité, et nous sommes heureux que ce pamphlet colorié ne se soit pas écrit pour des siècles sur les nobles murailles que la prière avait jadis sancti❤ fiées. Alfred des ESSARTS.

OCCASION.

Une Collection complète de l'AMI DE LA RELIGION, depuis l'année 1814 jusqu'à nos jours, formant 159 volumes in-8. S'adresser au bureau de l'AMI DE LA RELIGION, 12, rue du Regard.

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plus haut, 102 00
Au comptant, il reste à 102 80.
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Au comptant, il reste à 76 50.

3 0/0, à terme, ouvert à 76 00 - fermé à 76 15.

Valeurs diverses: Obligations de la Ville (1849), à 1,185 » (1852), à

1,285 ».

Fonds étrangers: Rome, 5 0/0 ancien, 98 »; nouveau, 98 ". gique, 5 0/0, 100 »>

On a coté le 4 0/0 à »

Espagne, 5 0/0, j. j. 1852, 49 ».

Actions de la Banque, 2,640 ».

Bel

L'un des Propriétaires-Gérants, CHARLES DE RIANCEY.

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IMPRIMERIE DE H. V. DE SURCY ET Co, RUE DE Sèvres, 37.

(N° 5552.)

L'AMI DE LA RELIGION.

Note de S. E. 'le cardinal Antonelli

SUR LES AFFAIRES RELIGIEUSES DES PAYS-BAS.

Le journal hollandais, le Handelsblad, a publié une traduction hollandaise de la réponse qui aurait été faite par le Saint-Siége, le 1 juin dernier, à une note du ministre néerlandais à Rome, en date du 10 mai 1853. La presse française n'a donné jusqu'à présent que des extraits de ce document. Nous le publions aujourd'hui tout entier d'après la version de l'Echo Universel de la Haye. Nous ferons remarquer cependant que, n'ayant pas le texte même sous les yeux, et n'en ayant point connaissance, nous ne reproduisons que sous toutes réserves, surtout quant aux termes et aux expressions, cette pièce importante qui ne passe que de seconde et peut-être de troisième main dans notre langue. On verra d'ailleurs avec quelle mesure et quelle dignité elle défend et fait ressortir les droits de l'Eglise et la sagesse du Saint-Siége, dans une affaire où tous les bons procédés ont été, comme toujours, du même côté que le droit et la justice. Charles DE RIANCEY.

« A Son Ex. l'envoyé extraordinaire et Ministre plénipoten-› tiaire de S. M. le Roi des Pays-Bas près le Saint-Siege.

« Rome, le 1er juin 1853.

• Par une Note en date du 10 mai dernier, V. E. a adressé, au nom de son royal gouvernement au cardinal secrétaire d'Etat de S. S. soussigné, une communication relative aux actes par lesquels le S. S. a procédé peu auparavant à l'organisation de la hiérarchie catholique épiscopale dans le royaume des Pays-Bas.

« Dans le préambule de cette Note il est fait allusion à une communication antérieure, savoir : une lettre ministérielle verbalement communiquée, il y a quelque temps, au soussigné par V. E. dans le but de témoigner le déplaisir du royal gouvernement de ce que de la part du S. S. on aurait manqué de donner avis préalable de l'exécution des actes précités.

« A la suite du préambule viennent les plaintes concernant la publicité donnée à l'allocution pontificale du 7 mars, et quelques observations sur les termes de cette allocution, termes non conformes à la dénomination exacte du Royaume des Pays-Bas et de plus désavantageux, comme il est dit dans ce passage, à la partie non-catholique de ce Royaume.

S'occupant ensuite de l'objet principal, on manifeste l'intention du royal gouvernement d'examiner mûrement le fait du rétablissement de la hiérarchie catholique en le confrontant avec les lois fondamentales du Royaume, et de communiquer ensuite au S. S. le résultat de ces délibérations.

A la fin de la Note on demande des éclaircissements sur la formule du serment qui doit être prêté par les prélats catholiques, et l'on manifeste en même temps le vif désir d'apprendre de quel avis serait le S. S. relativement à quelques modifications que le royal gouvernement, même dans l'intérêt des catholiques, croirait opportunes d'introduire dans l'organisation de la hiérarchie épiscopale.

L'Ami de la Religion, Tome CLXI.

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« Pour remplir son devoir, le soussigné s'est empressé de mettre la Note de V. E. sous les yeux de S. S., et il se hâte aujourd'hui de vous donner la réponse dont il a été chargé.

Comme V. E. sait parfaitement ce qui s'est passé entre la nonciature pontificale à la Haye et le Ministère des Pays-Bas longtemps avant que le S. S. n'ait procédé à l'organisation de la hiérarchie ecclésiastique dans ces pays, le soussigné n'a nullement besoin d'examiner ici la suite des communications qui ont eu lieu de part et d'autre, et ce besoin se présente d'autant moins après ce que les journaux néerlandais eux-mêmes ont publié à ce sujet à l'occasion des interpellations parlementaires relatives à la hiérarchie épiscopale adressées aux prédécesseurs des honorables membres du ministère actuel. C'est alors qu'on a dû reconnaître et déclarer que la promesse supposée d'une communication ultérieure, quant au temps et au mode de l'organisation épiscopale par le S. S. n'existait pas. Et quoique le royal gouvernement ait cru peut-être qu'une telle communication lui convenait, il n'en saurait résulter aucun titre d'irrégularité de la part du S. S., d'autant plus que celui-ci avait expédié à temps, par l'intermédiaire de son représentant, au royal gouvernement les communications officielles et complètes sur la substance de l'affaire.

« Or, le S. S. tenait à faire ces communications après la déclaration expresse du royal gouvernement qu'il n'existait aucun obstacle pour le S. S. à pouvoir organiser librement l'Eglise catholique des Pays-Bas, le principe établi par la loi fondamentale du royaume accordant à chaque communion religieuse la liberté de prendre telle forme d'organisation qui lui convient. Cette déclaration se trouve dans la Note de M. le Ministre des affaires étrangères, en date du 24 mars 1852, en réponse à une communication officielle qui lui a été faite à ce sujet par l'internonce apostolique à la Haye, le 5 décembre de l'année précédente.

.a Cependant, voulant donner une preuve de la condescendance qui lui est habituelle lorsque les circonstances ne s'y opposent pas, S. S. n'a pas manqué de faire parvenir au royal ministère, par voie officieuse, l'avis préalable qu'on désirait. De plus, le S. S. est en possession de documents positifs, d'où il résulte que cet avis a été donné en effet à plusieurs membres du ministère qui peu après s'est retiré des affaires, et que, dans cette conjoncture, on a donné l'assurance relative que l'érection des cinq siéges épiscopaux ne rencontreraient aucune opposition.

« L'exposition de ces faits étant exacte, le S. S. ne peut pas trouver de fondement aux plaintes et manifestations que renferme la lettre ministérielle susmentionnée; car il lui semble, au contraire, que de son côté il a fait ce qu'il fallait pour que le royal gouvernement des Pays-Bas fut préalablement et suffisamment informé des intentions du S. S. En outre, il comprend difficilement comment la publicité donnée à l'allocution pontificale du 7 mars ait pu être un objet d'étonnement pour le royal gouvernement. En effet, quoique les allocutions que le S. P. prononce dans les consistoires roulent souvent sur des matières qui ne sortent pas de l'enceinte de cette S. congrégation, il est vrai aussi que les événements publics ne sont ordinairement pas compris dans la catégorie de ces matières, parce qu'ils ont trait aux intérêts généraux de l'Eglise; et c'est pour cette raison que les allocutions pontificales destinées à annoncer ces événements sont ordinairement divulguées au moyen de la presse publique.

«Il serait superflu et trop long de rappeler ici, d'après leurs époques respectives, les précédents de divulgations de cette nature.

Du reste, il ne semble pas que l'allocution du 7 mars puisse donner au royal gouvernement aucun sujet de sollicitude fondée, soit qu'on la considère sous le point de vue de sa publicité, soit qu'on l'envisage par rapport à sa teneur. Ce sage gouvernement n'ayant pas voulu insister sur les expressions en usage ici pour désigner le royaume des Pays-Bas, de même le

soussigné est d'avis qu'un incident pareil ne peut pas mériter la peine de l'examiner particulièrement; car il est impossible de supposer qu'on ignore, pas plus que les choses de l'intelligence la plus vulgaire, la véritable dénomination de ce royaume. Au surplus, on sait bien qu'en traduisant des noms ou des mots d'un idiome dans un autre, il convient quelquefois d'avoir recours à la phraséologie, afin de mieux maintenir la dignité des termes à la conservation de laquelle une traduction littérale ne se prête pas toujours.

Dans la même Note on donne plus de relief et l'on proteste même contre quelques allusions historiques qui se trouvent dans l'allocution, allusions qui rappellent les hostilités auxquelles, à une époque reculée, la religion catholique fut en butte dans les contrées qui sont maintenant l'objet du rétablissement de la hiérarchie épiscopale. Cependant en cela même l'acte pontifical ne fait que signaler à peine, et comme à vol d'oiseau, quelque chose de ce qu'on trouve amplement rapporté non-seulement par les historiens catholiques, mais encore par les auteurs protestants qui se sont attachés à raconter impartialement la véritable histoire des faits. Et qu'il soit ici permis au soussigné de faire remarquer que si le royal gouvernement voudra bien porter une plus grande attention au texte de l'allocution pontificale, il y retrouvera tous les motifs pour se défaire de la funeste impression qu'il en a reçu. Il y trouvera, en effet, bien relevé la juste comparaison entre les adversités dont les catholiques furent autrefois l'objet dans ce pays, et la meilleure condition qu'ils obtinrent successivement et spécialement dans le temps actuel, grâces à la tendance bienveillante du souverain régnant à leur égard, et grâces aussi à l'équité et à l'esprit éclairé de ceux qui font partie de la direction et du gouvernement des Etats

royaux.

L'établissement de la hiérarchie catholique dans le Royaume des PaysBas étant une conséquence naturelle du bon droit garanti aux catholiques par la loi fondamentale du Royaume, et solennellement reconnu par le royal gouvernement par acte ministériel susmentionné, le S. S. ne voit pas ce qui jamais pourrait donner lieu à un examen attentif et consciencieux, auquel V. E. fait allusion dans sa Note, examen qui aurait pour but de confronter l'organisation épiscopale avec les dispositions de la loi fondamentale susmentionnée. Néanmoins quand on est résolu de conduire un tel examen consciencieusement, comme on le dit, il est indubitable qu'un gouvernement, qui d'habitude ne le cède à aucun autre en sagesse et en loyauté, ne soit conséquent avec ses précédentes déclarations formelles, et que, lorsqu'il s'agit d'un fait légalement établi et consommé, il ne reconnaisse pleinement qu'on ne saurait raisonnablement revenir sur ce fait dans le but d'en altérer sa substance et les formes qui s'y rattachent intimement. D'ailleurs le gouvernement lui-même, dans son jugement apte et pénétrant, ne pourra pas se dissimuler que dans le cas présent on ne peut se fonder sur aucun titre d'exception, par cela seul que les lois ne font une mention expresse de l'organisation des Eglises; car ce droit se trouve suffisamment exprimé, tant pour les catholiques que pour les autres, dans le principe établi par les lois du Royaume et qui garantit à chaque communion religieuse la liberté de se donner telle organisation qui lui convient.

Et pour faire mieux ressortir cette preuve, il est à propos de rapporter ici textuellement la déduction faite à cet égard dans la note ministérielle susmentionnée. Après avoir dit que « d'après les principes de la loi fonda◄ mentale du Royaume, chaque communion religieuse est libre de se don◄ner l'organisation qui (lui) convient» on en déduit « en conséquenec rien a de ce côté ne s'oppose à ce que l'Eglise catholique des Pays-Bas ne soit librement organisée par le Saint-Siége. » Cette déclaration venait parfaitement à l'appui de l'intention qu'avait manifestée le S. P. d'organiser la hiérarchie épís

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