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Un accident semblable à celui qui a eu Heu dimanche sur le chemin de fer de Bordeaux vient d'arriver sur le chemin de fer de Rouen. Par suite d'une erreur dans le placement des aiguilles, deux locomotives isolées marchant à grande vitesse et en sens inverse se sont rencontrées sur la même voie. Il en est résulté un choc terrible : l'une d'elles a été presque entièrement brisée; les deux hommes qui la montaient ont été violemment renversés et dangereusement blessés.

-Un premier avertissement est donné au journal l'Écho agricole, « attendu, dit ce matin le Moniteur, que l'Écho agricole n'a pas cessé de peser sur les transactions en matière de subsistances par une polémique systématique et alarmante, et de nature à produire une hausse factice. »>

- Le Moniteur du 20 publie deux décrets du 19 : l'un met fin à l'intérim du ministère de l'intérieur confié pendant l'absence de M. de Persigny à M. Abbattucci, garde des sceaux; l'autre confie à M. Ducos l'intérim du ministère de l'instruction publique pendant l'absence de M. Fortoul.

- M. le préfet de la Drôme vient de rendre l'arrêté suivant :

« Considérant qu'il arrive trop souvent que des offices religieux sont troublés par des personnes qui se réunissent dans les cabarets, débits de boissons, cafés, jeux de billard ou autres lieux publics; vu la loi de 1814, art. 5, et la jurisprudence de la cour de cassation, avons arrêté et arrêtons ce qui suit :

« Art. 1er. Dans les villes où la population est au-dessous de cinq mille âmes, ainsi que dans les bourgs, villages et hameaux, il est défendu aux cabaretiers, marchands de vins, débitants de boissons, cafetiers et maîtres de billards, de donner à boire et à jouer le dimanche et les jours de fêtes légales, pendant la messe paroissiale et pendant le prêche, dans les communes où il existe des temples.

« Cette prohibition ne s'applique pas aux voyageurs étrangers à la cómmune qui ne font qu'une halte momentanée.

« Art. 2. Il est défendu de jouer aux boules, aux quilles ou à tout autre jeu sur la voie publique, le dimanche, pendant les offices des cultes reconnus par la loi. Même défense est faite aux baladins, jongleurs, saltimbanques, de se livrer à leurs exercices pendant le même temps. Les chants, les danses et farandoles sur la voie publique sont aussi interdits pendant les hens des offices.

« Art. 3. Les mineurs au-dessous de dix-huit ans ne pourront être admis à jouer ou consommer dans les cafés, débits de boissons, cabarets et auber. ges, à moins qu'ils ne soient accompagnés de leurs parents ou tuteurs. »> Par décision du ministre de la marine et des colonies, en date du 13 de ce mois, MM. les aumôniers de la flotte, Chambon, Musy et Audibert, actuellement en disponibilité, sont nommés, savoir:

M. Chambon, aumônier du vaisseau mixte l'Austerlitz;

M. Muzy, aumônier du vaisseau le Duguesclin, qui font partie de l'escadre d'évolutions de l'Océan;

M. Audibert, aumônier de la station des Antilles sur la frégate amirale Iphigénie, en armement à Toulon.

M. le chevalier de Linas, membre de l'académie d'Arras, a reçu du ministre de l'instruction publique une mission scientifique ayant pour but d'explorer les anciens vêtements sacerdotaux et les anciennes étoffes dispersés dans l'Est et dans le Midi de la France.

On annonce que M. Frissard, inspecteur général des ponts et chaussées, est chargé de la direction des travaux hydrauliques qui vont être entrepris au port de Dieppe, en vertu du dernier décret de l'Empereur.

· La somme nécessaire pour élever, à Londres, un monument au docteur Jenner, inventeur de la vaccine, vient d'être complétée. Le comité des souscripteurs a décidé, à l'unanimité, que ce monument se composerait d'une statue colossale en bronze de Jenner, et il a chargé M. Charles Marshall, membre de l'Académie royale, d'en exécuter le modèle.

Magasin spécial de Thés de choix, à prix très-modérés; Chocolat fabriqué à froid. Maison Caron, 8, rue de la Bourse.

ETUDES RURALES.

LE CLOCHER DE SAINT-MARTIN D'ABBAT.

Vouloir, c'est pouvoir.

Dimanche, 11 septembre, une cérémonie attirait dans l'église de Saint-Martin d'Abbat, petite paroisse du val de la Loire, un grand concours de peuple. M. l'archidiacre d'Orléans bénissait une nouvelle cloche et présidait à l'inauguration d'une œuvre remarquable de réparation et de construction, achevée la veille et destinée à rendre à cette antique église ses formes et sa beauté primitives.

pas

Les guerres et les malheurs d'une époque déjà fort éloignée détruisirent le clocher et la tour de Saint-Martin; et deux siècles sèrent sur ces ruines sans qu'on ait tenté de les réparer, tant l'entreprise paraissait au-dessus des ressources du pays. Cependant, depuis vingt années un homme méditait en silence la résurrection du clocher et de la tour de Saint-Martin, mais cette longue préoccupation du zélé pasteur demeurait toujours sans résultats.

Un jour, vers la fin de 1850, un architecte de Paris, né à Châteauneuf, mû par un sentiment de religion et de reconnaissance, vint visiter la pauvre église de Saint-Martin et prier au pied de l'autel, où il avait fait sa première communion, en 1840.

Pendant ce pieux pèlerinage, une pensée tombe dans le cœur du jeune architecte, la pensée de restaurer l'église où il avait goûté pour la première fois le don de Dieu et prononcé solennellement les vœux de son baptême. A l'instant, il s'en ouvre au curé, et voilà que ces deux hommes se passionnent pour l'œuvre impossible; leurs projets et leurs plans sont grands et hardis comme leur cœur; mais l'un et l'autre oublient dans leur ardente inspiration qu'ils sont dénués de toutes ressources pécuniaires.

Voilà deux années que le vieux curé et le jeune architecte échangèrent ensemble ces rêves de restauration; el aujourd'hui, les populations de toute la contrée sont venues admirer à Saint-Martin d'Abbat, une tour aux larges et hautes proportions, surmontée d'un clocher qui, à son air à la fois dégagé et imposant, semble avoir la prétention de ne le céder à aucun en grâce et en majesté.

Et comment cette œuvre s'est-elle accomplie? Elle s'est faite comme se font toutes les œuvres où se trouve une inspiration divine: d'abord tout le monde s'y est opposé; puis, comme nos deux hommes de foi tinrent ferme et voulurent la restauration malgré tout le monde, tout le monde a fini par leur venir en aide, les petites et les grandes autorités ont voté des subventions; les particuliers ont apporté leurs offrandes; des convois se sont organisés pour le transport des matériaux; les habitants d'une paroisse voisine offrirent leur concours; un membre du conseil général, étranger à Saint-Martin, mit ses hommes, ses voitures et ses chevaux à la discrétion du curé, qui en usa largement; et, en deux mois, la pierre, le sable, la chaux, le ciment, le bois étaient gratuitement rendus à pied d'œuvre.

On vit donc, en 1853, à Saint-Martin d'Abbat, comme un souvenir et une apparition des temps de foi du moyen âge, où les seigneurs s'attelaient aux chariots pour amener les pierres des cathédrales et où les grandes dames apportaient le sable dans leur tablier d'étoffe précieuse.

Voilà comment se sont élevés la tour et le clocher de Saint-Martin. Ajoutons que l'entrepreneur et tous les ouvriers, maçons, charpentiers, couvreurs, plâtriers, etc., etc., ont apporté à cette œuvre une intelligence, une ardeur et un désintéressement qui les hono

rent.

Il est impossible de décrire la magnifique fête de village qui a inauguré ces travaux décoration, musique religieuse, procession, sermon, compliment, illumination, feu d'artifice, joie naïve et pure, concours immense, ciel splendide. Et à onze heures du soir, les habitants de Saint-Martin se disaient les uns aux autres, en se séparant « Ce n'est pas de cent années qu'on verra une pareille fête à Saint-Martin d'Abbat. » Un vieillard répondit : « S'il n'est pas donné à nos petits enfants d'assister à semblable fète, ils pourront du moins tirer profitable leçon du souvenir de la nôtre, et apprendre, en voyant notre fier clocher, que vouloir c'est pouvoir. »

METHIVIER, curé de Neuville.

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3 0/0, à terme, ouvert à 78 80

-

plus bas

plus haut, 79 20-plus bas, 78 80

fermé à 78 8. Au comptant, il reste à 78 00.

Valeurs diverses: Obligations de la Ville (1849), à 1,120 » (1852), a 1,120 ».

Fonds étrangers: Rome, 5 0/0 ancien, 97 »; nouveau, 98 gique, 5 0/0, 98 >>>> Espagne, 5 0/0, j. j. 1852, 40 ».

Rel

L'un des Propriétaires-Gérants, CHARLES DE RIANCEY

PARIS IMPRIMERIE DE H. V. DE SURCY ET C RUE DE SÈVRES,,37.

L'AMI DE LA RELIGION.

HISTOIE

POLITIQUE ET PRIVÉE DE CHARLES-MAURICE DE TALLEYRAND,
Ancien évêque d'Autun, prince de Bénévent,

Suivie d'un extrait des mémoires inédits de Sémallé, commissaire du roi en 1814, etc., par L. G. MICHAUD, auteur principal et éditeur-propriétaire de la Biographie universelle, 1 vol. in-8°.

M'accusera-t-on d'avancer un paradoxe si j'affirme qu'il est à peu près impossible d'écrire l'histoire contemporaine? Je sais bien ce qu'on sera tenté de m'alléguer pour soutenir l'opinion contraire. Saisir les faits à leur origine, les voir se dérouler sous ses yeux, les apprécier dans leurs conséquences, peindre d'après ses impressions vivantes les personnages qui ont marqué dans l'ordre politique, s'associer peut-être soi-même à leurs actes et revendiquer sa part des changements qui ont modifié la destinée des Etats, que peut-on souhaiter de plus heureux à un historien qui s'est chargé de raconler les faits dont il a été témoin, et de juger les hommes avec lesquels il a vécu? Mais cela ne suffit pas; il faut encore dévoiler les causes secrètes qui ont préparé les événements, découvrir les ressorts mystérieux qu'une politique habile a mis en jeu, noter les incidents, les circonstances soudaines et inaperçues, le caractère des acteurs, leurs petites passions qui souvent ont plus influé sur leurs actes que leurs savants calculs et leurs projets les mieux combinés. Les plus grands événements, dit Fénelon, sont souvent produits par les causes les plus méprisables. Ainsi, les contemporains pourront fournir d'excellents matériaux pour l'histoire, mais ils ne seront jamais euxmêmes de parfaits historiens.

Aucune époque de nos annales n'a été plus souvent décrite que celle de la Révolution française. Acteurs, spectateurs, bourreaux, victimes, se sont mis à l'œuvre pour retracer les mêmes faits, mais à des points de vue différents. Les uns ont prodigué des louanges frénétiques à des tentatives insensées, sources de crimes et de malheurs; les autres ont raconté des scènes d'horreur et de carnage, avec une apparente impartialité qui n'était qu'une approbation déguisée. Ceux-ci s'applaudissent d'avoir commis des actes qui voueront leur mémoire à l'exécration de la postérité; ceux-là, après avoir, selon l'expression de Tacite, survécu aux autres, et, pour ainsi dire, à eux-mêmes, tracent le tableau le plus touchant des calamités publiques et de leurs propres infortunes.

A travers ces jugements contradictoires, comment démêler la vérité? Sans doute nous ne la chercherons pas dans ces apologistes ef

L Ami de la Religion, Tome CLXI.

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frontés de tous les excès révolutionnaires. Mais ceux-là mêmes qui, pleins d'indignation pour les artisans de tant de calamités et de forfaits, ont déploré avec une amertume que l'on comprend très-bien les maux dont ils ont souffert, se sout-ils toujours fait remarquer par une entière bonne foi et une heureuse justice distributive? Pour éviter cet écueil, ce n'est pas trop, on le voit, d'un historien témoin désinteressé des faits qu'il raconte, voué depuis longtemps au pénible métier de les faire connaître, habile à réfuter les mensonges et à dévoiler les mystères dont on s'est efforcé de couvrir les plus grands événements, décidé à ne flatter aucun parti, à ne dissimuler aucun tort, et surtout connu par un attachement profond et invariable aux bons principes et aux saines doctrines.

C'est un éloge que je suis heureux d'appliquer à M. Michaud, et qui ne paraîtra nullement exagéré, si l'on veut se rappeler la longue et honorable carrière biographique qu'il a parcourue, et lire l'Histoire du prince de Talleyrand, dont je vais essayer de rendre compte.

D'abord, je félicite l'estimable auteur de nous avoir fait grâce de ces fables insipides et indécentes que trop de biographes débitent sur la jeunesse de Talleyrand. Sa vie n'est pas tellement édifiante qu'il faille encore y semer du scandale. On peut observer que la fiction ne s'attache plus comme autrefois à des personnages morts depuis longtemps. Ceux qui touchent à notre époque, qui sont à peine descendus dans la tombe et dont nous avons connu plusieurs, subissent mille travestissements bizarres; une nuée de romanciers s'est abattue sur nos plus fameux contemporains, et je suis persuadé qu'on trouverait moins de mensonges imprimés sur les consuls de Rome, les généraux et les ministres de Louis XIV, que sur Mirabeau, Danton, Vergniaud, Robespierre, Moreau, Ney, Murat, Napoléon et Talleyrand. A toutes ces historiettes, qui n'ont pas même souvent le mérite de la vraisemblance, je préfère ces graves et sages paroles; elles disent tout: «Talleyrand était à peine âgé de vingt ans, lors« que, accouru dans la capitale, il y augmenta le nombre de ces « jeunes abbés dont le caractère et les mœurs peu édifiantes con<< trastaient si étrangement avec la gravité, les vertus simples et mo« destes de ce vénérable clergé du presbytère et du cloître, que le <«< monde admira longtemps, que la révolution a si cruellement per<< sécuté.

J'ai cependant de la peine à croire que l'abbé de Périgord, à peine promu au sacerdoce, se soit prosterné devant Voltaire, qui venait d'arriver à Paris et qu'il ait reçu sa bénédiction dans une des réunions les plus brillantes de la capitale, en présence de plusieurs grands personnages. Talleyrand n'aimait la comédie que quand elle pouvait servir à ses projets; or, il était trop habile pour espérer que l'imposition des mains par le patriarche de l'incrédulité lui aplani

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