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dérable, et dont plusieurs piliers et colonnes ont été trouvés en place sur une hauteur de 70 à 80 centimètres; les profils des bases, quelques chapiteaux et autres détails d'architecture appartiennent à cette époque; ils ont été recueillis avec soin: sous le sol de cette seconde église, dont on a pu reconnaître en partie l'étendue, ont été trouvées plusieurs sépultures établies soit dans des cercueils, soit en pleine terre; l'une d'elles qui contenait les restes d'une femme dont le squelette offrait des proportions assez remarquables pour que le docteur Srres l'ait réclamé pour ses études anthropologiques, présentait une douzaine de vases de terre dont quelquesuns étaient de grande dimension.

La troisième et grande église des xiv• et xv° siècles, qui fut détruite à la révolution de 1789. et dont l'abbé Vilain a fait connaître par des plans les accroissements successifs, a montré ses ruines au-dessus de celles des deux premières; de très-nombreux fragments, qui ont pu être rapprochés, font connaître le style de son architecture. Un petit caveau portant quelques traces de coloration a été dessiné; on le considère comme la sépulture de Nicolas Flamel. La tour de Saint-Jacques-la-Boucherie a été l'objet de nouvelles investigations; on y a reconnu des peintures curieuses : des travaux de restauration se préparent pour assurer la conservation de ce beau reste de l'église. Les nombreux documents archéologiques contenus dans ce rapport ont tous été réunis avec soin; les plus importants par leur étendue ou par les formes monumentales qu'ils présentent, seront publiés dans la statistique de Paris: ceux pour lesquels un plan topographique suffira pour en conserver le souvenir, trouveront place dans le grand plan archéologique de Paris, dont plusieurs feuilles déjà gravées ont été mises sous les yeux du Comité de la langue, de l'histoire et des arts de la France.

Bulletin politique de l'Etranger.

Affaires d'Orient, Il n'y a qu'un thème dans les journaux français et anglais : le refus fait par l'empereur de Russie d'accepter la Note de Vienne avec les modifications que le gouvernement turc y avait introduites. Le champ est de nouveau ouvert aux controverses, aux conjectures. Chacun dit son mot, chacun s'ingénie à lire dans l'avenir qui nous semble, à nors, plus obscur que jamais.

Voici le dilemme que formule le Morning-Post:

Ou la Note admet le droit de la Russie dans les affaires intérieures de la Turquie, ou elle ne l'admet pas. Si elle l'admet, la Porte a raison de ne pas signer et doit être soutenue dans son refus ; si elle ne l'admet pas, et c'est notre opinion, le sultan doit signer, et avec d'autant plus de raison, que cette note, émanant des puissances, non-seulement règle les difficultes actuelles, mais équivaut à une garantie pour l'avenir, et il devrait d'autant plus y consentir lorsque les grandes puissances interprètent cette Note dans le sens qui lui est le plus favorable, qu'en cas de discussion ultérieure il ne peut y avoir aucun doute sur ce sens.

« L'immense utilité de la Note de Vienne pour le sultan tient à ce que cette note met fin aux prétentions de la Russie, avec le concours de la force morale de toutes les puissances de l'Europe. C'est pour la Porte une garantie donnée par les quatre grandes puissances qu'à l'avenir aucun différend sur les matières auxquelles se rapporte cette note ne pourra s'élever entre

la Russie et la Turquie sans amener l'intervention directe des puissances qui ont concouru à la rédaction de la Note de Vienne; si bien qu'à l'avenir il sera pourvu à ces querelles qui ne sont dangereuses que parce que les choses se passent en tête à tête entre le sultan et le tzar. »>

Un officier adresse de Rustschuk, sur le Danube, en date du 13 août, au Morning-Chronicle une lettre qui contient ces détails curieux sur l'armée turque et sur le quartier-général d'Omer-Pacha à-Schumla:

« Les fortifications de Schumla, dit cet officier, sont énormes et trop éterdues; il faudrait une armée pour les défendre et une armée y serait affamée. Les troupes turques sont beaucoup trop disséminées le long du Danube. Il y a trop peu de détachements et trop peu de troupes concentrées. OmerPacha est un officier brave et plein d'activité, mais il s'occupe trop de détails: il est obligé de s'occuper de tout ce qui, dans nos armées régulières, est du ressort de l'intendance. Les Russes ont fait, dit-on, des marchés de neuf mois pour leurs approvisionnements. Ils ont interrompu toute communication entre les deux rives du Danube. »

La presse russe est généralement montée à un diapason de violence contre les Turcs, et elle ne néglige rien pour exciter les sentiments belliqueux de la nation. Nous devons cependant faire observer qu'elle annonce, à dessein sans doute, le départ pour l'étranger d'un grand nombre de personnages considérables: ce qui semblerait une contradiction avec les symptômes de guerre.

On remarquera, en outre, par le fait suivant que nous trouvons dans le Journal de Saint-Petersbourg, que la cour de Russie n'est pas avec le shah de Perse en aussi mauvaise intelligence qu'on l'avait prétendu :

« L'empereur de Russie a daigné, en témoignage de sa bienveillance particulière, conférer l'ordre de Saint-Stanislas de la première classe, avec les insignes en diamants, au Sadi Mirza Mohammed-Hussein, envoyé extraordinaire de S. M. le 'shah de Perse près la cour impériale; faire le don d'une ́tabatière en or enrichie de diamants et ornée de son chiffre au sartipe Mahmoud-Khan, chargé d'affaires de Perse à Saint-Pétersbourg; nommer chevalier de Sainte-Anne de la deuxième classe, avec les insignes en diamants, David-Khan, premier drogman du ministère des affaires étrangères de Perse, et chevalier de l'ordre de Saint-Stanislas de la deuxième classe le major Yahia-Khan, drogman de la légation de Perse; enfin faire présent d'une bague en diamants à Mirza-Bouzourg, attaché à la même légation. » Une lettre de Saint-Pétersbourg nous apprend que le mémorandum explicatif du refus d'accepter les modifications proposées par la Porte à la Note de Vienne allait être expédié aux chancelleries européennes. Notre correspondant nous dit que le ton de ce mémorandum est conciliant, et la Russie a voulu se donner les avantages de la modération vis-à-vis la Turquie. Ce document se résume dans les trois points suivants: Motifs qui ont déterminé l'empereur de Russie à repousser les modifications; maintien de l'acceptation de la Note de Vienne; déclaration que la Russie ne fera aucua mouvement si elle n'est pas attaquée.

Nous avons parlé des placards qui ont été affichés sur les murs de Constantinople. On ne lira pas sans intérêt le texte d'un de ces placards que nous trouvons ce matin dans une correspondance du Journal des Débats.

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» O très-puissant Padischah ! pour l'amour de votre auguste personne, tous vos sujets sont prêts à sacrifier leur vie, leurs biens et leurs familles;

» mais, vous aussi, vous êtes en devoir de tirer du fourreau le sabre du vic>> torieux Mahomet que vous avez ceint dans la mosquée d'Eyoub Ansari » à l'exemple de vos iliustres aïeux et prédécesseurs.

>> Vos ministres montrent de l'hésitation, dominés qu'ils sont par la pas>>sion des plaisirs et le désir qu'ils ont de ne pas s'en priver.

» Un grand danger nous menace.

» Dans un tel état de choses, Dieu veuille nous en préserver tous; aussi » votre armée victorieuse et la nation tout entière demandent-elles abso» lument de combattre pour la défense de vos droits incontestables.

» O Pad chah ! ouvrez les oreilles, écoutez la voix de vos enfants!!! » Personne ne s'est mépris sur celui des ministres que désigne cette pièce anonyme: évidemment c'est Reschid-Pacha, dont la politique de conciliation excite l'indigation du musulmans exaltés.

Le Journal de Constantinople du 29 août contient une longue lettre d'Andrinople du 18 août, sur l'arrivée à Andrinople de Mehemet-Pacha, nommé récemment gouverneur de cette ville, seconde capitale de l'empire. Nous y trouvons l'allocution que Mehemet-Pacha a adressée aux musulmans pour leur recommander de regarder les chrétiens comme leurs frères et de ne se permettre en eux aucune acte de violence.

Un journal at once, comme le tenant de bonne source, que la communauté israëlite de Constantinople a offert à S. M. le Sultan un million de piastres (250,000 fr.) pour contribuer par un sacrifice spécial aux dépenses qu'occasionnent les préparatifs militaires de l'empire. On assure que les chefs de la communauté israëlite de Smyrne se proposent aussi de réunir une somme pour l'offrir au gouvernement dans le même but.

Le vaisseau l'Iéna, parti de Toulon vers le milieu du mois d'août, était arrivé le 1er septembre au mouillage de Bésika, et il avait pris immédiatement son poste dans l'escadre.

Les esprits à Constantinople sont dans une grande agitation. Que fera le sultan? De nouvelles concessions sont devenues impossibles de sa part, Alfred DES ESSARTS d'après l'état d'exaltation où sont arrivés les Turcs.

Nouvelles Religieuses

DIOCÈSE DE PARIS.-Le 18 septembre, a eu lieu l'ouverture du pèlerinage de Montmartre, à l'occasion de la fète de l'Exaltation de la Sainte-Croix. M. l'abbé Auger, chanoine honoraire de Beauvais et de Bayeux, a officié solennellement à la grand'messe et aux vêpres. M. l'abbé Leblastier, chanoine honoraire de Carcassonne, missionnaire apostolique, a prêché le sermon et les stations du Calvaire, qui ont été suivies de l'adoration de la vraie croix. Le lundi, M. l'abbé Faudet, curé de Saint-Roch, a officié toute la journée, entouré de son clergé. Le mardi, M. le curé de Passy et son clergé; le mercredi, M. le curé de Saint-Etienne-du-Mont; le jeudi, M. le curé de Saint-Merry et son clergé; le vendredi, M. le curé de Ménilmontant; le samedi, M. le curé de Bagnolet; le dimanche 25 septembre, jour d'ouverture de la retraite ecclésiastique du diocèse de Paris, Mgr Pallegoix, évêque de Malos, vicaire apostolique du royaume de Siam, officiera pontificalement toute la journée.

M. l'abbé Leblastier continuera ses pieuses prédications, ainsi que le lund suivant, jour de clôture de l'octave du pèlerinage à ce mont sacré, que sa

Denis, saint Rustique et saint Eleuthère, ses compagnons ma rtyrs, arrosèrent de leur sang. Un service funèbre sera solennellement célébré à dir heures du matin pour les bienfaiteurs de l'église de Montmartre et les fidèles trépassés inhumés dans le cimetière de la paroisse. Le chant du Te Deum et l'adoration de la vraie croix termineront ces exerci ces, auxquels Sa Sainteté le pape Grégoire XVI attacha une indulgence plénière.

DIOCÈSE DE MARSEILLE. La pose de la première pierre du nouveau sanctuaire dédié à N -D. de la Garde à Marseille s'est faite avec une grande et imposante solennité; on nous envoie le récit de cette fète, et nous l'iosérons malgré sa longueur, à cause de l'intérêt général que présente le sanctuaire de N.-D. de la Garde, l'un des plus anciens et des plus vénérés de l'Eglise de France.

Toutes les cérémonies religieuses, à Marseille, parlent au cœur de la population et excitent ses sympathies: mais entre toutes les dévotions, il n'en est point qui réveille son enthousiasme comme celle qui se rapporte an culte de la Ste Vierge. La journée d'hier en a fourni une preuve éclatante. Il s'agissait de la pose de la première pierre du nouveau sanctuaire, qui sera érigé en l'honneur de N. D. de la Garde pour remplacer la chapelle actuelle. Toute la ville était en fête, l'empressement, immense et la joie éclatait sur tous les visages.

La procession générale partie de la paroisse de St Joseph (intra muros), était composée d'une foule considérable de femmes, de toutes les associations d'hommes marchant sous leur guidon. des sept confréries de pénitents de la ville, des congrégations religieuses, du clergé de toutes les paroisses, et du chapitre de la Cathédrale. Monseigneur l'Évêque y assistait en crosse et mitre, distribuant partout ses bénédictions aux nombreux fidèles agenouillés ou respectueusement inclinés sur son passage. Le maire et le conseil municipal suivaient Monseigneur, et la musique militaire fermait le cortège.

Le seul défilé de la procession a duré plus d'une heure. Elle a parcouru la rue Paradis, le cours Bonaparte et a pris ensuite le chemin de la chapelle de N.-D. de la Garde par la colline qui y conduit. C'est sur les flancs de cette colline que la procession entière a stationné. Les femmes ont été réunies au grand oratoire, les hommes sur le plateau de la croix, et le clergé s'est placé au milieu par l'escalier de la montée. La partie de la population qui n'avait pas assisté à la procession était accourue sur le lieu de la station et achevait de remplir l'espace considérable qui du fort où s'élève le sanctuaire s'étend jusqu'aux maisons de la ville.

Rien de beau comme ce spectacle d'hommes et de femmes rangés en ordre et en masse innombrable couvrant le versant de la sainte montagne dont on n'apercevait plus une seule pierre!

En fendant les flots de ce peuple si empressé, Monseigneur ne pouvait s'empêcher de lui témoigner sa joie et sa satisfaction par un sourire affectueux et de plus affectueuses paroles. Le vénérable prélat se trouvait au milieu d'une famille chérie, et sur tout les rangs il était accueilli comme un père bien-aimé. Il voyait là Marseille telle qu'elle est avec sa foi vive, sa tendre piété et son ardent enthousiasme. Cette vue avait ému son cœur et avait tout à la fois réjoui et rajeuni sa vieillesse; aussi l'on peut dire qu'il a gravi ces sentiers escarpés avec une ardeur juvénile.

Après une visite au St-Sacrement, Sa Grandeur est entrée dans le fort ac

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compagnée des Chanoines, des curés et du conseil municipal. Une estrade avait été dressée sur le lieu de la cérémonie et elle était assez élevée pour que tous les fidèles pussent en être témoins. Au milieu était un autel surmonté de la statue d'argent de N. D. de la Garde. La première pierre était suspendue sur un appareil au haut du rempart de manière à être aperçue de toutes parts.

Quand Monseigneur eut achevé les prières prescrites par le Pontifical, M. Cailhoit, vicaire général, a lu à haute voix l'inscription latine de cette première pierre qui a été immédiatement transportée à l'emplacement préparé. Alors le clergé a entonné le Salve Regina, et plus de quatre-vingt mille voix ont fait retentir la montagne de ce chant d'espérance et d'amour, qui était aussi en ce moment un chant d'allégresse et de reconnaissance.

La pierre étant posée, on y a introduit une boîte de tôle renfermant des pièces de monnaie en or et en argent à l'effigie de Pie IX et de Napoléon III, et l'inscription gravée sur une plaque de cuivre. L'original, écrit sur parchemin, signé par Monseigneur, revêtu de son sceau, a été mis dans une bouteille en verre et le tout dans cette boîte qui a été posée et scellée par Monseignenr en présence du chapître, du conseil municipal et de MM. les administrateurs du temporel de la chapelle. Sa Grandeur a ensuite béni les fondations de la nouvelle Eglise.

Cette cérémonie finie, le cortége est retourné à l'autel en chantant l'Ave Verum. Mgr l'Évêque a entonné le Tantum ergo qui a été conti nué par les fidèles restés sur la montagne; après les oraisons prescrites, le vénérable vieillard a paru sur les bords du parapet, la face tournée vers l'assistance qui couvrait la montagne, levant les mains au ciel avec une émotion visible et en chantant le Benedicat vos omnipotens Deus. Puis, comme à un ordre donné, toutes les voix humaines se sont tues, tous les genoux ont fléchi et toutes les têtes se sont respectueusement courbées à la fois à l'aspect du Saint des saints dans le sacrement de son amour qui venait les bénir. A la seule voix du Pontife se sont alors mêlés les sons de la musique militaire, le bruit des tambours, les détonations du canon des forts et la grande voix du bourdon de la chapelle, donnant le signal à toutes les cloches de la ville et de la banlieue qui ont continué leurs volées pendant une demi-heure.

De mémoire d'homme, on n'avait rien vu de si religieusement expansif, de si spontané, de si émouvant. Ce sont de ces spectacles dont on n'est témoin qu'une fois en sa vie. La ville qui l'a produit en conservera longtemps les douces impressions, et l'Eglise de Marseille en perpétuera le souvenir en transcrivant une belle page de plus dans ses annales.

Le jour de cette importante fète était celui où l'Eglise universelle célébrait le saint nom de Marie; or, nous pouvons affirmer avec un légitime orgueil que nulle part hors de Marseille dans tout le monde catholique le nom de notre bonne Mère n'a été plus solennellement glorifié.

SAVOIE. On lit dans l'Echo du Mont-Blanc, journal d'Annecy:

« Notre ville vient d'avoir le bonheur de posséder, depuis samedi soir, S. G. Mgr Billiet, archevêque de Chambéry; ses suffragants, MMgrs Jourdains, évêque d'Aoste; Vibert, évêque de Maurienne, et Turinaz, évêque de Tarentaise, ainsi que Mgr Moreno, évêque d'Ivrée.

Mgr Marilley, évêque de Lauzanne et Genève, se trouvait à Annecy depuis quelques jours et en est reparti hier matin.

« Mgr Dupanloup, évêque d'Orléans, est arrivé lundi soir et a quitté notre ville aujourd'hui. »

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