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n'approuvent pas les mesures du consul espagnol, qui sera juge entre eux et leurs frères?

Mais nous n'avons pas intention de discuter le décret. Nous avons gardé jusqu'à présent le silence sur de fâcheuses tendances dont nous avons suivi avec soin les symptômes; nous le garderons encore. Aussi bien, Mgr le Patriarche, comme la reine d'Espagne, s'en rapporte à la décision de Rome: c'est donc une affaire entamée seulement et dont nous attendrons la solution.

Quoiqu'il y ait quelque chose de puéril à rappeler comme une bravade l'établissement d'une maison consacrée à l'éducation des missionnaires Franciscains destinés à la Terre-Sainte, nous voyons avec plaisir que le gouvernement espagnol n'a pas oublié la promesse qu'il avait faite, il y a assez longtemps déjà, et nous en saluerons l'accomplissement avec reconnaissance. Personne plus que nous ne désire voir les enfants de saint François continuer leurs glorieux travaux dans l'Orient, et bientôt, grâce au noviciat établi en France, nous serons fiers aussi de leur fournir notre contingent de cœurs dévoués. Le bien qu'ils ont produit, alors que leur Eglise était veuve de son Pasteur, est garant de ce qu'ils sauront faire sous la conduite de celui dont Rome a relevé le siége. E. DE VALETTE.

L'Independence Belge a donné l'analyse d'une réponse qui aurait été faite par M. Drouyn de l'Huys à la note de M. de Nesselrode. Nous aurions voulu, pour être mieux en mesure d'apprécier ce document, en avoir le texte même sous les yeux. En attendant cette publication, nous devons cependant reproduire un passage de l'analyse fournie par le journal belge et qui nous paraît trop grave pour qu'il nous soit permis de le passer sous silence.

Ce serait en effet la confirmation des craintes que nous avait inspirées la notede M. de Nesselrode, annonçant que l'affaire des LieuxSaints avait été terminée à la satisfaction de toutes les parties, c'està-dire, pour être vrai, au gré des prétentions russes et au détriment des droits des Catholiques. Voici les paragraphes dont il sagit :

«M. Drouyn de l'Huys ajoute que si la Russie fait à la Porte un grief de ses tergiversations dans l'affaire des Lieux-Saints, la France ne serait pas moins fondée à lui adresser les mémes reproches, et que si elle s'en est abstenue, c'est qu'elle a pris en considération les embarras d'une puissance, entraînée par deux courants contraires et d'une force égale.

» Le même esprit de modération a porté le gouvernement français à tenir compte de la différence des temps, des changements opérés depuis un siècle dans les rapport des diverses puissances, et de la Russie en particulier, avec l'empire Ottoman ; et bien que la France pût alléguer, à l'appui des réclamations des Pères de TerreSainte, les clauses d'un traité formel, elle n'a rien demandé qui pût priver les Grecs des avantages que les évènements avaient placés entre leurs mains; loin de là, elle a consenti à ce qu'on leur ouvrit un sanctuaire, celui ds la mosquée de

PAscension, dont l'accès leur était interdit, et que les efforts tout récents d'un am basseur de France, l'amiral Roussin, avaient en partie restitué au culte chrétien.

Quant à cette clef de la grande porte de l'église de Bethléem dont on a tant parlé, M. Drouyn de l'Huys fait observer que l'on a seulement oublié de dire que les Grecs en possédaient une toute semblable, et que celle des Latins, loin de leur assurer la propriété d'un temple toujours réservé à l'autre communion, ne leur accordait qu'un simple droit de passage. On n'a pas rappelé non plus qu'en réparation de l'oubli d'une promesse donnée à la légation de Russie par le Divan, quand l'ambassade de France en recevait une différente, l'un des deux firmans destinés à régler la question des LieuxSaints a concédé, sur la demande du prince Mentschikoff, au patriarche grec de Jérusalem la surveillance exclusive des travaux de reconstruction qu'exigeait l'état de la grande coupole de l'église du Saint-Sépulcre.

« Tous ces faits, s'ils ne peuvent pas plus invalider les titres du gouvernement français, sous peine du renversement des principes généralement reconnus du droit public, que ne le ferait même un traité conclu sans la participation de ce gouvernement, constituent néanmoins autant de dérogations plus ou moins importantes, sinon aux récents engagements de la Porte envers la France que sa dignité lui imposait le devoir de faire respecter intégralement, du moins au texte précis des capitulations de 1740.

» M. Drouyn de l'Iluys conclut que si la France eût eu des intentions moins conciliantes, elle aurait pu, elle aussi, non-seulement opposer des réserves, mais faire entendre des menaces. Elle a tenu une autre conduite et la modération dont elle a fait preuve, outre qu'elle lui ôte foute part de responsabilité dans la crise actuelle, lui donne également le droit d'espérer que les sacrifices qu'elle a faits pour le maintien de la tranquillité en Orient ne seront pas perdus, et que le cabinet de Saint-Pétesbourg, mû par des considé- rations analogues, saura aussi trouver un moyen de concilier ses prétentions avec les prérogatives de la souveraineté du Sultan, et trancher autrement que par la force un différend dont tant d'intérêts attendent la solution. »>

Nous comprenons bien que les hommes d'État aient soin d'invoquer leurs condescendances dans la question des Lieux-Saints comme un gage de leur modération et de leur amour pour la paix; mais les Catholiques n'en auront pas moins le droit de gémir sur les sacrifices auxquels la diplomatie, en cette circonstance, s'est vue obligée; et en effet, soit que la paix ou la guerre sorte désormais des négociations, le fait qui reste certain est l'affaiblissement de la situation que l'Église latine possédait depuis des siècles sur cette terre de Palestine, consacrée par la vie et les souffrances du divin Rédempteur et tant de fois arrosée par le sang des Chrétiens d'Occident. Charles DE RIANCEY.

ROME.

CORRESPONDANCE particulière de l'Ami de la Religion.

Le 28 juin, veille de la fête des SS. Apôtres Pierre et Paul, principaux patrons de Rome, les premières vepres ont été célébrées dans la basilique patriarcale du Vatican. Le Saint-Père arriva assis et porté dans son fauteuil.

11 bénit ensuite, pour les remettre aux patriarches et archevêques, les sacrés Pallium qui sont gardés sur le tombeau du prince des apôtres.

Le 29, le Souverain-Pontife retourna avec la mêine pompe dans l'auguste temple où il célébra la messe pontificale assisté par LL. EEm. les cardinaux Patrizi, Santucci, Fieschi et Ugolini, et Mgr de Ségur, auditeur de Rote, sous-diacre apostolique.

La veille au soir, avait eu lieu l'illumination de la place, de la façade et de la coupole du Vatican, et dans la soirée du 29 un feu d'artifice fut tiré sur le versant occidental du Pincio.

Nous avons mentionné les fêtes commémoratives de l'élection et du couronnement de notre Saint-Père Pie IX. On sait qu'elles ont été célébrées les 17 et 21 juin. La distribution d'abondantes aumônes aux pauvres, par les soins de Mgr Maccioti, aumônier de Sa Sainteté, a signalé la journée du 21. La population de Rome, dont les sentiments ont été si calomniés, a saisi cette occasion pour témoigner à son souverain toute sa filiale et respectueuse affection, ainsi que la reconnaissance qu'elle éprouve en voyant le gouvernement pontifical s'imposer les plus grands sacrifices pour extirper tout le papier-monnaie dans le plus bref délai possible.

De son côté, l'armée se réjouit à bon droit de la restitution de ses épaulettes. Dans ces derniers temps, le gouvernement a fait beaucoup pour elle; de sages mesures ont été prises pour accroitre l'esprit d'ordre et de religion parmi les officiers et les soldats, régler l'avancement, épurer le personnel par la formation de compagnies de discipline, et introduire l'assiduité aux manoeuvres. Les officiers français eux-mêmes paient un tribut d'éloges à la bonne tenue et à l'habileté des chasseurs à pied pontificaux qui ont été organisés depuis 1851.

Le jour où le Saint-Père a proclamé les décrets de béatification de sainte Germaine Cousin et de saint André Bobola, il a excité une vive émotion parmi les assistants en exprimant ses regrets de la perte douloureuse que l'Eglise romaine vient de faire dans la personne du cardinal Brignole. Personne, à Rome, n'ignore que le cardinal consacrait ses revenus ecclésiastiques et son immense fortune patrimoniale au soulagement des pauvres. Son testament est un véritable monument de charité chrétienne. C'est le 26 et le 27 juin que les dépouilles mortelles du cardinal Brignole ont été exposées dans la grande salle du palais Pamphili qu'il habitait; la cérémonie funèbre a eu lieu en présence de N. S. Père qui a fait l'absoute, à l'église des SS. Lorenzo e Damaso.

Le Journal de Bruxelles, en annonçant l'élection du nouveau général des Jésuites, ajoute les détails suivants que nous reproduisons avec empressement :

Le R. P. Beckx a rempli en Belgique les fonctions de secrétaire du Provincial et de recteur de la maison de Louvain. Il était en dernier lieu provincial d'Autriche.

Toutes les personnes qui ont été à même d'apprécier le mérite du nouveau général de la Compagnie de Jésus, applaudiront à ce choix. D'un jugement consommé dont il a donné des preuves dans plusieurs circonstances difficiles, il a rendu d'éminents services à la Compagnie. L'aménité de son caractère et son esprit conciliant, lui gagnaient les cœurs. Il fallait l'avoir

fréquenté quelque temps pour découvrir à travers le voile d'une aimable modestie, les vertus et les qualités qui distinguent le parfait religieux.

Affaire de Bulle.

M. Charles de Riaz, dont il a été tant question dans la dernière et triste affaire de Bulle, vient de prendre la plume pour rétablir tous les faits tels qu'ils se sont passés; le témoignage de cet homme honorable el courageux confirme les détails contenus dans la Gazette de Lausanne, que nous avons citée.

Dans l'impossibilité où nous sommes de reproduire intégralement la lettre de M. Charles, datée de Berne, 30 juin, nous en donnons du moins les passages qui révèlent des faits nouveaux :

. . . . . Je reconnais, avec le sentiment de la plus vive gratitude, que je ne dois la vie qu'au courage et au dévouement avec lesquels M. Perrier, préfet de la Veveyse, m'a couvert de son corps en s'écriant, tant qu'a duré cette lutte, qu'on ne me tuerait qu'après l'avoir tué. Si des gendarmes, on du moins un gendarme, que j'ai parfaitement vu, m'a frappé à coups de crosse de fusil, M. Eicher, lieutenant de gendarmerie, a puissamment contribué à me sauver en me tenant à bra-le corps par derrière, tandis que M. Perrier me tenait par devant et en me soustrayant avec M. Jacques Savoye d'Attalens, par un mouvement de recul, au coup de poignard qu'on me portait dans le ventre.

« Je n'avais d'abord pas compris comment on avait pu m'arracher à la foule acharnée qui m'entourait et qui s'était précipitée sur moi. Je ne m'en suis rendu compte que lorsqu'on m'eut appris qu'elle était accourue au château quand elle entendit le cri: Aux canons !

« Il n'y a point eu de carte déchirée ni une question quelconque soulevée sur quoi que ce soit. J'en appelle au témoignage non-seulement des douze contrôleurs-conservateurs qui étaient là, mais dans le camp opposé, à celui de MM. le préfet Perrier, Eicher, lieutenant, Jacques Genoud-Colliard et Jean Genoud, receveur, mon collègue au bureau, auquel je dois aussi beaucoup de reconnaissance pour les efforts qu'il a faits conjointement avec les personnes que j'ai nommées et d'autres que je n'ai pas pu reconnaître, pour empêcher la perpétration d'un assassinat.

...... On a dit que les conservateurs avaient abandonné la place au mɔment de l'arrivée de l'artillerie et des fusils. C'est une erreur. La seule partie d'entre eux qui s'est trouvée dans la rue de Bouleire, en face de la bouche des canons, s'est ou retirée ou transportée ailleurs. Tous les autres, c'est-à-dire la très-grande masse, sont restés à leur poste, où je les aí trouvés lorsque M. Perrier m'eut remis entre leurs mains, après m'avoir arraché à celles de mes ennemis. Ils voulaient tirer vengeance de ce qui venait de se passer dans l'allée des Tilleuls sans qu'ils s'en fussent presque aperçus; mais on parvint à les contenir dans la crainte de plus grands malheurs. Les hommes du parti gouvernemental avaient été les premiers à quitter en masse le lieu de l'élection pour se porter sur le château et s'emparer des canons; les membres du bureau étaient ou dispersés ou blessés. L'assemblée se trouva dissoute d'elle-même, d'un consentement unanime, sans que personne ait rien fait pour la retenir. Au lieu de pouvoir conti

nuer ses fonctions de président du bureau électoral, M. le préfet se vit obligé de revêtir celles d'agent de la police judiciaire.

« Un rassemblement tumultueux et menaçant s'était formé devant la pharmacie de M. Ruffieux, où je m'étais réfugié. M. le syndic de Bulle, propriétaire de la maison et membre du grand conseil, avait été insulté en cherchant à le dissiper. M. le lieutenant de gendarmerie Eicher vint me dire qu'il ne répondait plus de ma sûreté, si je ne partais pas immédiatement. J'acceptai alors l'escorte que M. le préfet m'avait offerte et que j'avais d'abord refusée. Une centaine de bandits étaient rassemblés devant cette maison et poussaient des cris de mort contre moi, lorsque je montai en voiture pour rentrer à mon domicile, où je fus obligé de me faire garder pendant la nuit contre les invasions possibles du dehors. Un coup de feu fut tiré contre la maison d'un de mes amis. Le lendemain, comme une partie des hommes les plus dangereux étaient restés à Bulle et faisaient avec ceux de cette localité les mêmes menaces en y ajoutant de plus celle d'incendier le village de Riaz, on alla demander des sûretés à M. le préfet qui, tout en témoignant de la meilleure volonté, doit avoir dit qu'il ne pouvait plus répondre de rien. Sur quoi, le conseil communal de Riaz, informé qu'on avait effectivement vu circuler autour de quelques maisons, à la chute du jour, un homme suspect qu'on disait appartenir à la bande meurtrière de Châtel, décida, à 9 112 h. du soir, de faire faire la patrouille toute la nuit, circonstances qui me déterminèrent à venir pour la seconde fois, dans l'espace de deux mois, chercher la sécurité dans la ville hospitalière de Berne. » On lit dans l'Ordre :

« Il paraît que le conseil fédéral va donner des ordres au sujet d'une nouvelle élection à Bulle, élection qui serait, cette fois-ci, faite par communes. » En sera-t-il de cette élection comme des précédentes? On peut le craindre; car, aujourd'hui, dans le canton de Fribourg, sous le règne du radicalisme, l'émeute s'est faite gouvernementale.

L'abbé J. Cognat.

Mgr Vecchiotti, auditeur de la nonciature, a remis au ministre des affaires étrangères les lettres qui l'accréditent en qualité de chargé d'affaires du Saint-Siége près le Gouvernement de l'Empereur.

(Moniteur.)

NAPOLEON,

Actes officiels. Décrets.

Par la grâce de Dieu et la volonté nationale, Empereur des Français,
A tous présents et à venir, salut:

Sur le rapport de notre ministre de l'instruction publique et des cultes;
Vu les art. 4 et 5 de l'ordonnance du 23 décembre 1816;

Vu le décret du 25 mars 1852;

Vu le décret du 9 mars 1853;

Voulant donner aux membres de notre chapelle impériale des marques de notre estime et de notre bienveillance.

Avons décrété et décrétons ce qui suit:

Art. 1. Les membres de notre chapelle impériale seront chanoines honoraires du chapitre impérial de Saint-Denis; ils auront le droit d'en pren

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