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Bulletin Politique de l'Etranger.

Au Moniteur d'abord, la parole officielle :

■Le Gouvernement a reçu de Bucharest, le 2 juillet, une dépêche télégraphique ainsi conçue :

« Aujourd'hui, 2 juillet, le corps d'armée qui doit occuper la Valachie passe le Pruth, par Léova. Il est commandé par le général Dannenberg. Le général Gortchakoff est attendu à Bucharest. Demain, le corps destiné à là Moldavie passera également le Pruth par Skouleni.

« M. Ozeroff se rend à Constantinople pour entamer de nouvelles négóciations. On a donné aux hospodars l'assurance qu'aucune modification ne serait apportée aux gouvernements des principautés. »

Le second de ces paragraphes est évidemment destiné à atténuer l'effet du premier. La médaille a ainsi son revers; à côté d'un commencement d'hostilités dans le présent, il reste des espérances d'arrangement pour l'avenir. D'une part, l'invasion des Principautés pour contraindre Constantinople à céder; de l'autre, le retour de l'ancien ambassadeur, dont le prince de Mentschikoff était venu, par sa mission extraordinaire, interrompre les travaux et les efforts moins bruyants.

Mais, si la politique russe se montre encore sous deux faces à l'Occident, elle se déclare et se manifeste avec un autre éclat aux peuples dont elle veut enflammer l'enthousiasme. Aujourd'hui, ce n'est plus un des grands dignitaires de l'Empire, c'est l'empereur Nicolas lui-même qui fait entendre à ses sujets sa voix souveraine. Les journaux n'ont fait connaître encore que des extraits fort incomplets et inexacts de ce manifeste. Nous donnons la traduction entière du texte qui a été publié officiellement à SaintPétersbourg:

Par la grâce de Dieu, nous, Nicolas Ier, empereur et autocrate de toutes les Russies, roi de Pologne, etc., etc., etc.

« Déclarons à tous nos peuples :

«Il est connu de tous nos bien-aimés et fidèles sujets que la défense de l'orthodoxie a été, de tout temps, le vœu de nos bienheureux ancêtres. Depuis l'époque où il a plu à la toute-puissante Providence de nous confier le trône héréditaire, la conservation de ces saints devoirs qui en sont insépa rables a été l'objet constant de notre sollicitude et de nos soins. Et ces devoirs ayant pour base le célèbre traité de Kainardji, confirmé par des trai-tés solennels subséquents avec la Porte-Ottomane, ont toujours eu pour règle la garantie des devoirs de l'Eglise orthodoxe.

«Mais, à notre extrême douleur, dans ces derniers temps, malgré tous nos efforts pour défendre l'inviolabilité des droits et priviléges de notre Eglise, orthodoxe, plusieurs actes arbitraires de la Porte ont attenté à ces droits et menacé d'une complète destruction l'ordre consacré par les siècles et si cher à l'orthodoxie. Nos efforts pour empêcher la Porte de commettre de pareils actes sont demeurés vairs; et la parole solennelle qui nous a été donnée par le Sultan lui-même a été bientôt traîtreusement violée.

« Ayant épuisé tous les arguments et avec eux tous les moyens d'obtenir la satisfaction pacifique de nos justes demandes, nous avons jugé indispensable de faire entrer nos troupes dans les principautés du Danube, afin de montrer à la Porte où pouvait la conduire son opiniâtreté.

<< Mais maintenant notre intention n'est pas de commencer la guerre. Par l'occupation des principautés danubiennes nous voulons avoir entre nos mains un gage qui- garantisse dans tous les cas le rétablissement de nos droits.

«Nous ne cherchons pas de conquêtes, la Russie n'en a pas besoin ; nous cherchons la satisfaction d'un droit juste si évidemment méconnu. Nous sommes même encore prêt à arrêter le mouvement de nos troupes si la Porte s'oblige saintement à conserver l'inviolabilité de l'Eglise orthodoxe. Mais si la résistance et l'aveuglement veulent le contraire, alors, appelant Dieu à notre secours, nous lui laisserons le soin de résoudre le débat, et avec un plein espoir en la Providence toute-puissante, nous marcherons en avant pour la foi orthodoxe!

■ Donné à Peterhoff, le 14 juin depuis la naissance de Jésus-Christ, 1853, et de notre règne l'an vingt-huitième. »

Rien assurément de plus hautain et de plus décidé que ce langage. On veut bien encore ici laisser entrevoir quelques chances de paix. Mais à quelle condition ? à la condition que la Porte cédera. Sinon, on ne rendra pas le gage qu'on détient, et même ensuite on poussera peut-être plus loin! Et déjà il ne s'agit plus simplement de menaces mais d'un fait accompll," d'un commencement d'exécution en règle !

Chose étrange toutefois : le Constitutionnel qui n'embouchait depuis quelques jours que la trompette, vient subitement de changer de ton pour chanter une hymne à la paix et prodiguer aux Turcs des exhortations à la prudence et à leurs protecteurs des conseils de modération:

Si le gouvernement turc, dit-il, qui est le plus intéressé dans la question, et qui est sur le théâtre même du débat, trouvait, ou par la médiation de l'Autriche, ou autrement, que son droit peut être complétement sauvegardé par des voies pacifiques, le bon sens et l'intérêt du monde entier défendraient bien évidemment aux alliés de la Turquie, moins intéressés qu'elle, de marcher au même but par des voies violentes. »

Cassagnac.

Granier de

C'est tout simplement ce qu'on appelle une volte-face, et elle est d'autant plus frappante que le Constitutionnel se met à espérer le retour de la concorde au moment même où, par le passage du Pruth,-ce Rubicon de 1853, -elle semble le plus compromise!

Voici ce qu'on savait le 20 juin, à Péra, sur les mouvements de la flotte anglo-française:

Le 16 juin sont arrivées ici deux frégates à vapeur anglaises, le Niger et la Rétribution. La première a apporté à lord dé Redcliffe la nouvelle de l'arrivée de l'amiral Dundas dans la baie de Besika, à 6 milles des Dardanelles, et que l'escadre française l'avait rejoint. La flotte anglaise compte 8,000 hommes avec 700 canons, la flotte française, 10,000 hommes et 900 canons. Le Friedland, de 120 canons, le léna, de 120, le Marengo et le Duperré, de 80 canons chacun, sont attendus ici, ainsi que 3 ou 4 frégates.

• La flotte française déploiera en conséquence une grande énergie. L'escadre anglo-française sera placée sous les ordres de l'amiral Dundas, et les troupes de débarquement sous les ordres d'un général français. »

Est-ce aux graves événements qui s'accomplissent qu'on doit attribuer le voyage d'inspection entrepris par M. le ministre de la marine dans nos ports

militaires ? Le 4 juillet, M. le ministre était au Havre; le soir, il partait pour Cherbourg. Espagne. On n'a pas oublié les scènes de discorde qui ont éclaté dans le cabinet espagnol et ont failli en amener la dissolution. Un conseil des ministres a eu lieu le 1" juillet, et il y a été convenu qu'on ajournerait à quinzaine la solution des questions pendantes. Voilà donc le cabinet de Madrid assuré de vivre encore, ne fût-ce que quinze jours.

Le 30 juin, la Gazette de Madrid a enregistré le décret suivant de la reine, contresigné par le président du conseil don Francisco de Lezsundi :

• Désirant honorer la mémoire de don Juan Donoso Cortès, marquis de Valdegamas, et donner un témoiguage public de la haute considération que méritent les services signalés qu'il a rendus pendant sa vie à la religion, à la société et à la monarchie par ses éminents talents et sa haute probité, je décrète, d'accord avec mon conseil des ministres, ce qui suit:

«Art. 1er. Il sera procédé, dans les termes convenables, après avoir rempli les formalités d'usage dans les cas semblables, à la translation des restes mortels du défunt marquis de Valdegamas, de l'église de Saint-Philippe-duRoule de la capitale de la France, dans laquelle ils se trouvent déposés, à Madrid, où ils resteront, jusqu'à ce qu'il ait été pourvu à un plus digne enterrement dans les caveaux de l'église de San-Isidro-el-Real, toutes les dépenses nécessaires étant au compte de l'Etat.

« Art. 2. Il sera expédié de la présidence du conseil à tous les ministres, les ordres nécessaires pour l'accomplissement et la bonne exécution du présent décret.>

Ce nouvel hommage honore à la fois l'homme d'Etat illustre et le chrétien dévoué. Alfred DES Essarts.

Nous venons de recevoir la nouvelle de l'élection qui a eu lieu au Gésu le 2 juillet.

Le nouveau général de la Compagnie de Jésus est le P. BECKS, provincial de la province d'Autriche et belge de nation.

LISTE DES GÉNÉRAUX DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS.

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9 févr. 1645, 82 8 juin 1649, 56 17 juin 1651, 69 12 mars 1652, 75 31 juill. 1664, 82

26 nov. 1681, 81

Belge,
Espagnol,

2 juill. 1682,

21 déc. 1686, 71

6 juill. 1687, 27 oct. 1705, 84

14. Mic-Ange Tamburini de Modène, 31 janv. 1706, 28 fév. 1730, 82 de Bohême 30 nov. 1730, 19 nov. 1750, 77

15. François Retz,

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On a remarqué que pas un de ces généraux n'est français d'origine.

DIOCÈSE DE PARIS.

Nouvelles Religieuses.

Dimanche dernier, en l'église Ste-Geneviève M. l'abbé Etienne a reçu l'abjuration d'un jeune Allemand, qui a fait des études classiques très-distinguées à Stuttgard et avait été préparé à Gre– nelle par les soins de ce digne ecclésiastique.

C'est, depuis quelques mois, la sixième abjuration que M. l'abbé Etienne a le bonheur de recevoir, et la deuxième depuis huit jours.

DIOCÈSE DE BEAUVAIS. La ville de Beauvais célèbre en ce moment la fête commémorative dela délivrance de cette ville par Jeanne Hachette. La procession de l'Assaut a été célébrée dimanche avec une pompe remarquable. La population tout entière avait prêté un concours des plus empressés à cette cérémonie.

Les bannières des corps d'industrie étaient nombreuses et brillantes. Entourées de jeunes filles vêtues de blanc, elles présentaient un spectacle varié et imposant. La garde nationale et le régiment de hussards formaient une double hale qui encadrait le cortége. Les deux musiques se succédaient sans relâche et animaient cette fête, à la fois pieuse et patriotique. Le concours de toutes les autorités contribuait à lui donner plus d'intérêt.

On a remarqué le costume que la magistrature, en corps, portait en public pour la première fois. Il était près de quatre heures quand Mgr l'évêque de Beauvais est arrivé près de la statue, où il a trouvé M. le préfet entouré de tous les fonctionnaires de la ville. Des jeunes filles vêtues de blanc et coiffées de la couronne de chêne, sont venues déposer la châsse de sainte Andradrême au pied de la statue. M. le maire et ses adjoints, les membres du corps municipal, ont conduit plusieurs d'entre elles auprès des pièces auxquelles, selon l'usage, elles ont mis le feu.

La procession est retournée ensuite à Saint-Pierre, où un Te Deum en musique a été chanté d'une manière très-remarquable par les élèves du séminaire, sous la conduite de M. l'abbé Marthe. La cérémonie était terminée à cinq heures du soir. (L'Union.)

DIOCÈSE DE LUGON.-Mgr l'Evêque de Luçon a publié : 1° une indiction du Synode diocésain de Luçon pour le 13 du présent mois, et 2° une lettre Pastorale pour annoncer le second concile de la province ecclésiastique de Bordeaux. Le bonheur des Evêques, dit le vénérabie prélat, c'est d'entourer le Saint-Siège apostolique de leur obéissance entière autant que de leur vénération profonde et de leur filiale tendresse... Et voilà pourquoi lorsqu'il

s'agit de se réunir en Assemblée provinciale, le décret du concile de Trente, qui avait presque cessé d'être observé depuis deux siècles, fait moins d'impression sur leur esprit que la voix de celui qui est chargé de confirmer ses frères, et qui, par un pouvoir unique, personnel, ineffable et de droit divin, peut seul lier et délier, et que nul ne peut lier ni délier malgré lui en opposition à sa volonté :

Tel est l'esprit de l'Eglise, telle est la pratique la plus chère au cœur des Evêques. Ils veulent que le successeur de Pierre bénisse toutes leurs réunions, leurs délibérations, leurs décisions, bien convaincus qu'alors JésusChrist les bénira lui-même. Aussi dans les circonstances mêmes où les saints canons ne leur imposent pas une obligation rigoureuse, ils comprennent que l'honneur des Enfants étant de relever et d'exalter le plus qu'ils le peuvent la gloire de leur Père, ils doivent savoir aller au-delà même de ce qui est commandé, pour ne jamais s'exposer à rester en deçà du précepte. » ECOSSE. L'excellent journal le Catholic Standard, nous fait connaître en ces termes les progrès que fait le catholicisme dans le Ayrshire (Ecosse):

Le dimanche 12 juin, le Tr. rév. docteur Murdoch, évêque du district de l'Ouest s'est rendu à Girvan pour y administrer le sacrement de confirmation. Quatre-vingt-treize personnes ont reçu ce sacrement, et c'est un nombre vraiment remarquable pour cette localité où la foi s'était altérée de plus en plus jusqu'au moment où à force de sacrifices notre bon évêque eut réussi à nous envoyer un prêtre. Depuis cet heureux jour, bien des cœurs égarés sont revenus à la foi de leurs pères. »

SUISSE. FRIBOURG.

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On nous communique une lettre adressée de ' Divonne, par Monseigneur Marilley, évêque de Lausanne et de Genève, à ses grands-vicaires, à l'occasion de son voyage à Rome. Il nous a été permis d'en extraire les lignes suivantes :

Vous n'ignorez pas, Monsieur le vicaire-général, combien de calom«nies et d'insinuations aussi perfides que mensongères on a répandu con<tre le clergé et contre moi en particulier, à l'occasion de mon retour ici « et du dernier mouvement insurrectionnel de Fribourg. Pour vous, qui • connaissez tous mes sentiments et les directions que je n'ai céssé de ' donner aux prêtres comme aux fidèles du diocèse, il serait superflu de dé⚫ mentir ici les incriminations dont j'ai été spécialement l'objet. Je suis en « mesure néanmoins, comme vous le savez bien, de donner à toutes ces ca<< lomnies le démenti le plus formel, et je le donnerai, même d'une manière < publique et officielle, si cela est jugé nécessaire ou utile pour le bien de • la religion et l'édification des fidèles. »

Nous appelons de tous nos vœux le moment où Monseigneur jugera opportun de mettre un terme à cette sage réserve qui lui est sans doute imposée par de graves motifs.

EGYPTE. La procession du Saint-Sacrement s'est faite cette année, pour la première fois, dans les rues d'Alexandrie. Mgr Perpetuo Guasco, évêque de Fez et vicaire apostolique de l'Egypte, se trouvant malade, la cérémonie a été présidée par le R. P. président des Franciscains. Les Sœurs de Charité et les Frères de la Doctrine chrétienne y assistaient avec leurs élèves. La population, même musulmane, s'est montrée partout sympathique et respectueuse.

Nouvelles et Faits divers,

M. le comte de Thieffries avait été condamné par le tribunal de Valenciennes à un emprisonnement, et par la cour de Douai à une amende, pour

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