Page images
PDF
EPUB

« en communauté, et des statuts de ce séminaire, me soumets libre«ment aux règles et aux constitutions de l'un et de l'autre, et m'o« blige à les observer le plus fidèlement que je pourrai. De plus, « je promets et je jure de vivre et de mourir sous la juridiction de « vous, N***, mon très-révérend seigneur Evêque, sans nulle « exemption dans ledit Institut des clercs qui demeurent ensemble << par deux, trois ou en plus grand nombre, entièrement séparés des << femmes, mettent en commun tous leurs revenus ecclésiastiques, « et sont soumis à des supérieurs pour tout ce qui concerne la disci« pline intérieure de leur Institul. »

L'obligation de ce serment pour tous les séminaristes aurait de quoi surprendre, si l'on ne savait qu'à cette époque, le séjour dans les séminaires était purement facultatif, et que la plupart des aspirants au sacerdoce faisaient leur éducation dans les colléges et les universités. Aujourd'hui que le séminaire, parmi nous, est obligatoire pour tous les élèves ecclésiastiques, on comprend qu'un tel serment ne pourrait plus être exigé mais il y aurait encore pour déterminer un très-grand nombre de vocations à la vie commune, l'influence, si puissante sur l'esprit des jeunes gens, de la direction et de l'exemple de leurs maîtres. Et c'sst ce qui nous a toujours fait penser que le meilleur moyen, pour entreprendre avec succès, dans un diocèse, la formation d'un Institut semblable ou analogue à celui d'Holzhauser, serait de le commencer par les grands séminaires : Spes messis in semine.

Nous n'analyserons pas cette partie des constitutions relatives aux séminaires, et qui règlent, avec beaucoup de sagesse et dans le plus grand détail, tout ce qui concerne le spirituel et le temporel de ces maisons, les exercices de piété, l'étude, la distribution de la journée ces réglements different peu de ceux de nos admirables séminaires de France. Nous y remarquerons seulement deux points qui nous ont paru mériter une particulière attention.

Le premier, c'est le soin qu'on donnait à l'enseignement méthodique et approfondi de la vie spirituelle, chrétienne et ecclésiastique. Il y avait, dans chaque maison, un directeur spécialement chargé de cet important enseignement, et qui en faisait la matière d'un cours régulier et suivi. Il expliquait, successivement et par principes, tout ce qui regarde les vertus et les vices, la manière de combattre chaque passion, les remèdes à toutes les maladies de l'âme, les devoirs et les exercices de la vie chrétienne, sacerdotale et pastorale, etc. C'est là proprement la grande morale, dont les lumières, il faut l'avouer, sont bien supérieures à celles de la simple casuistique, quoique celle-là ne dispense pas assurément de celle-ci. Tous les hommes réfléchis comprendront facilement quelle devait être l'utilité d'un pareil cours. Dans nos séminaires, le même enseignement se donne au moyen des sujets d'oraison et des lectures spiri

tuelles glosées par MM. les Supérieurs. Il est peu de principes de spiritualité qu'on n'ait occasion, dans ces exercices, de présenter et d'expliquer pendant les années du grand séminaire. Toutefois, il nous semble que l'ordre et la suite y manquent trop; et il paraît difficile que l'enseignement spirituel, ainsi donné, puisse, malgré tout le zèle et les lumières des maîtres, former dans l'esprit des jeunes gens une véritable et solide science. Si l'on adoptait la méthode d'Holzhauser, on peut croire que nous arriverions à former un plus grand nombre d'habiles directeurs des âmes, et que nos sermons de morale deviendraient plus forts, plus nets, plus nourris et plus profonds.

Un autre point très-important à remarquer, c'est qu'il était de principe, dans les séminaires de cet Institut, de n'envoyer jamais, autant que possible, les jeunes prêtres dans le saint ministère, aussitôt après la fin des études scholastiques. On estimait qu'un noviciat pratique était indispensable pour achever entièrement leur éducation: c'est pourquoi, avant de les placer, on leur faisait passer un certain temps dans quelque paroisse bien réglée, où, vivant avec des prêtres zélés et pleins d'expérience, voyant agir ces prêtres dans leurs fonctions, et conférant souvent avec eux de toutes les choses du saint ministère, ils acquéraient sur la conduite des âmes, l'administration des Sacrements, la prédication, les catéchismes, les industries du zèle, les œuvres et le teniporel des paroisses, une foule de connaissances très-importantes, qu'on ne peut leur donner suffisamment dans les séminaires. Nous n'avons, chez nous, aujourd'hui, pour ce complément si nécessaire de l'éducation ecclésiastique, que les vicariats. Mais les vicariats, dans les grandes paroisses surtout, sont déjà le ministère, souvent même un ministère considérable. De plus, nos vicariats sont si peu nombreux! et il en est d'ailleurs où les vicaires ne demeurent pas avec les curés. Cependant il pourrait encore y avoir là, pour nous, une très-précieuse ressource, si le gouvernement, les communes et les fabriques se mon traient plus faciles pour l'érection de vicariats nouveaux, et si le zèle de NN. SS. les Evêques, pour procurer la cohabitation des vicaires avec MM. les curés, était toujours et partout secondé par le clergé. Nous avons connu un Prélat qui méditait, dans une semblable pensée, le projet d'un séminaire-pratique qui se serait fait pendant une année, après le cours de théologie, dans quelqu'une des grandes paroisses de la ville épiscopale. L'exécution d'un tel projet ne serait pas assurément sans difficultés, mais on ne peut nier qu'il ne fût réalisable, si l'on suppose un local suffisant, un presbytère et une paroisse modèles, et enfin une organisation habilement ménagée qui alliât, dans une mesure convenable pour les jeunes gens, les exercices de la vie intérieure, l'étude de la science pastorale, et une certaine part dans les travaux du zèle paroissial.

IV.

Des maisons de retraite pour le clergé.

C'est ici peut-être un des plus difficiles en même temps qu'un des plus importants problèmes de l'administration ecclésiastique. Voici comment l'Institut des clercs séculiers l'avait résolu :

Outre les paroisses et les séminaires, l'Institut avait des établissements qu'on appelait maisons de retraite, servant le plus souvent à plusieurs diocèses réunis, quelquefois aussi à un seul, quand c'était un diocèse considérable.

On y recevait :

1° Les prêtres âgés qui, après avoir vicilli dans les laborieuses fonctions du saint ministère, désiraient passer le reste de leurs jours dans un état plus tranquille et se préparer à la mort par les exercices de la vie intérieure:

Ceux que la maladie, des peines d'esprit ou quelque empêchement canonique rendaient impropres au ministère paroissial; 3. Les prêtres qui avaient besoin de pénitence;

4 Ceux qui, dégoûtés du monde et poussés par un attrait que l'Evêque et les supérieurs approuvaient, se sentaient appelés à la vie contemplative;

5. Les prêtres sans emploi, en attendant qu'on les envoyât dans une paroisse ;

6 Les ecclésiastiques qui se présentaient pour être admis dans l'Institut, et qu'on avait besoin de connaître et d'éprouver avant de les recevoir;

7° Ceux qui s'employaient aux missions.

8 Nous sommes fondé à penser qu'on y recevait aussi les sujets doués de grands talents, et qui étaient autorisés à consacrer leur vie à l'étude et aux travaux littéraires et scientifiques, pour le service de l'Eglise;

9. Enfin c'est dans ces maisons de retraite que les supérieurs majeurs de l'Institut faisaient leur résidence, hors le temps des visites.

L'article préliminaire de la partie des constitutions relative à ces établissements, fait admirablement ressortir l'utilité que les Evêques, le clergé et les fidèles en pouvaient retirer. Quelle ressource, en effet, n'y avait-il pas là pour les Evêques, et quel soulagement pour leur sollicitude pastorale ! quelle économie, en même temps, pour les diocèses, puisque c'était l'Institut lui-même qui, sur ses épargnes et avec l'aide de la charité publique, faisait toute la dépense de ces maisons! combien le désintéressement et la pauvreté personnelle, ce trésor de la vie apostolique, n'étaient-ils pas faciles pour des prêtres assurés de ne jamais manquer du nécessaire, ni dans la vieillesse, ni en cas de maladie ! quelle douce perspective, parmi les

rudes travaux du saint ministère, que celle d'une paisible retraite où Pon pourra tranquillement et saintement finir ses jours! quel heureux port dans les naufrages possibles de la vie sacerdotale! quel favorable hospice pour le traitement des maladies de l'âme et la réparation des forces spirituelles! quelle place honorable et quel abri contre les dangers de l'isolement et de l'oisiveté, pour les ecclésiastiques sans emploi ! quelles commodités pour l'étude et pour la piété, dans des maisons pleines de prêtres, pourvues de bibliothèques, sagement réglées, et où les pieux exercices et tous les secours spirituels abondent! et, pour les peuples, quel avantage dans des établissements qui permettent de retirer, en temps convenable, des paroisses, les ministres invalides qui, malgré leur zèle, ne peuvent plus suffisamment servir les âmes; de retrancher promptement du milieu ae T'Eglise le rare, mais si pernicieux scandale des mauvais prêtres ; et d'entretenir, parmi les exercices fortifiants de l'étude et de la prière, un certain nombre de bons ouvriers pour ces ministères extraordi naires, sans le secours desquels le ministère ordinaire ne peut toujours suffire!

NN. SS. les Evêques et ceux qui seraient chargés par eux de la difficile organisation des maisons de retraite pour le clergé, liraient, nous n'en doutons pas, avec le plus grand intérêt, les règlements faits pour les maisons de cette nature, dans l'Institut des clercs séculiers. Ils y remarqueraient la sage distribution du temps, l'ordre des exercices spirituels, l'alliance du repos réclamé par la vieillesse et l'infirmité, avec une certaine mesure d'occupations propres

pêcher l'ennui et à entretenir la vigueur de l'âme, la discipline spirituelle et réparatrice employée à l'égard des pénitents, le soin des infirmes, l'économie temporelle, etc. ; tout cela si prudemment et si saintement ordonné, qu'on ne peut se défendre, en lisant ces règlements, d'une double impression, et d'admiration pour la sagesse du fondateur, et de tristesse, en pensant à la lacune que laisse parmi nous l'absence de si nécessaires établissements.

Holzhauser, du reste, n'avait pas voulu que les prêtres même âgés et infirmes, qui vivaient dans ces maisons, fussent entièrement perdus pour le service des âmes, quand ils étaient encore capables de se rendre utiles. Ils entendaient les confessions dans leur chapelle domestique, faisaient des instructions familières, recueillaient des extraits de l'Ecriture sainte et des Pères pour les prédicateurs, etc., et, par ce touchant exemple du travail continué jusque sous les glaces de l'âge, ou parmi les infirmités d'une santé débile, ils maintenaient dans le clergé, et en présence des peuples édifiés, cette forte maxime, que l'exercice du zèle ne doit cesser chez le prêtre qu'avec la vie, et que la plus douce consolation d'un ministre de l'Evangile doit être de mourir en travaillant pour Dieu et les âmes.

Les constitutions, en indiquant les moyens de faire subsister ces maisons, prévoient qu'indépendamment des ressources de l'Institut, elles ne sauraient manquer de recevoir d'abondantes largesses de la part des fidèles, et même qu'elles ne tarderont pas à être suffisamment dotées. Quelle différence, en effet, au point de vue de l'excitation de la charité publique, entre des caisses diocésaines muettes qui reçoivent l'aumône, qui la distribuent, mais qui n'ont pas d'accent pour la demander, et ce spectacle vivant, parlant, et toujours si loachant, d'une maison remplie des vétérans, des infirmes du sacer doce que les filèles iront encore voir célébrer les saints mystères et les offices de l'Eglise, dont ils pourront consulter encore, dans leurs doutes, la sagesse et l'expérience, et dont les lèvres sacerdotales ne cesseront entièrement de faire entendre la parole divine, que quand la maladie les aura paralysées ou que la mort les aura closes.

Nous renvoyons à un prochain et dernier article quelques réflexions par lesquelles nous croyons devoir terminer ce travail. P. GADUEL, v. g.

Nous venons de recevoir les décrets de canonisation de sainte Germaine Cousin et de saint André Babola par S. S. Pie IX, le 24 juin, à Saint-Jean-deLatran.

Voici le premier de ces décrets:

DECRETUM

TOLOSANA

BEATIFICATIONIS ET CANONIZATIONIS

VEN. SERVEÆ DEI

Germanæ Cousin.

VIRGINIS SECULARIS OPPIDI PIBRAG TOLOSANE DIOECESIS.

Super Dubio

An stante adprobatione Virtutum, et quatuor Miraculornm tuto procedi possit ad solemnem Ven. Servæ Dei Beatificationem?

Optimam sibi partem eligens Ven. Virgo Germana Cousin ut sancta foret corpore et spiritu, volenti animo et munere simplici custodis gregis sine sollicitudine esse maluit, ut tutius valeret soli Domino, ac colesti Virginum Sponso deservire. Diluculo siquidem ad Arva assignatas oves pascendas ducens, animum interea contemplatione sacra recreabat, certumque locum parvo gregi assignans continentem ruralem Ecclesiam frequenter adibat, ut quotidie Sacro adesse valeret, ac Men

Prenant pour elle la meilleure part, la vén. vierge Germaine Cousin, dans le dessein d'être sainte d'esprit et de corps, adopta de grand cœur l'humble et paisible condition de bergère, afin de pouvoir avec plus de sécurité servir Dieu seul et le céleste Époux des Vierges. Tandis que dès l'aube du jour elle menait aux champs pattre les brebis qui lui étaient confiées, elle nourrissait son esprit de la sainte contemplation, et confinantson petit troupeau dans un lieu déterminé, elle se rendait à une

« PreviousContinue »