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26 de sa catégorie, c'est-à-dire située comme les précédentes dans la zone comprise entre Mars et Jupiter. A peine mentionnerais-je le nom qui lui a été donné, s'il était, comme les autres, le nom de quelque déesse céleste; mais l'astronome inventeur a voulu sortir de l'ornière et faire niche, à ce qu'il paraît, aux compagnes de sa pupille en leur associant une déesse infernale; la nouvelle venue s'appellera Proserpine. Cette idée médiocrement heureuse est la propriété incontestée de M. Luther, astronome de Dusseldorf, déjà connu par la découverte de la planète Thétis, et qu'on dit descendant direct de son célèbre homonyme. Celui-ci, comme on sait, se vantait d'être en fort bons termes avec le diable, dont il suivait les conseils, tout en lui jetant son encrier à la tête. Evidemment le grand Martin aurait approuvé le nom de Proserpine, qui porte un fumet infernal dont l'odorat de son descendant paraît avoir été flatté !

-L'Académie s'est trouvée récemment constituée en jury à l'effet de décerner la palme après un concours ouvert entre diverses races de singes. Non pas, il est vrai, qu'elle eût à décider laquelle était la plus gracieuse ou la plus jolie. Sur ce point, personne ne se fait illusion, si ce n'est peut-être... au banc des naturalistes. Mais il s'agissait de savoir laquelle des quatre tribus de singes anthropomorphes devait marcher en tête de cette grande famille. Laquelle de ces quatre caricatures de l'homme s'éloigne le moins de la forme humaine; telle est la question; et sur ce point les avis paraissent très. partagés. Toutefois, on met unanimement au panier les titres des orangs et des gibbons, dont les bras ont beaucoup trop de longueur; et la lutte n'a plus lieu qu'entre les gorilles et les troglodytes dont le chimpanzé est une espèce. M. Duvernoy plaideen faveur du chimpanzé, et se prévaut au bénéfice de son client de la forme générale du squelette. Sous ce rapport, le gorille qui est plus cambré doit céder le pas à son rival; mais il reprend l'avantage en montrant au tribunal ses mains; organe important, par la perfection relative duquel il se rapproche beaucoup plus de l'humanité. C'est ce titre que fait valoir avec chaleur son avocat, M. Geoffroy Saint-Hilaire; et si l'on considère que les rapports du singe avec l'homme consistent autant dans la mimique de ses mouvements que dans une sorte de similitude des formes, on comprend que cet argument du gorille est d'une grande valeur. Sur cette base même, on pourrait établir une grosse dissertation philosophique, après laquelle chacun, probablement, serait aussi éclairé que ci-dessus, et l'on pourra toujours dire sans doute comme Horace... ou quelqu'autre :

Præstet uter formis, anceps Academia certat.

Et à ce sujet, il n'est peut-être pas hors de propos de rappeler une de ces bonnes thèses qui, depuis Lucrèce, ont passé de main en main chez les plus hardis tenants de la philosophie. Si les animaux,

-La partie officielle du Moniteur était chargée hier de onze décrets et d'un arrêté du ministre de l'instruction publique, qui transfère au château de Vanves la division élémentaire du lycée Louis-le-Grand.

- Notre Saint-Père vient d'adresser un nouveau bref à la Société de Saint-Vincent de Paul pour bénir et encourager ses travaux. Les développements continus de cette société prouvent les progrès de la charité au milieu des populations catholiques. Pendant l'année 1852, il a été fondé 230 nouvelles conférences de Saint-Vincent de Paul. Le Manuel de la société est à sa 4o édition et a été traduit en plusieurs langues étrangères.

-Sur un rapport adressé à l'Empereur par le ministre de la marine, une médaille de 1 classe en or vient d'être accordée à Mme Roques (Rosalie), sœur Marthe, de la congrégation de Saint-Joseph de C'uny, qui s'est consacrée pendant quinze années au service des lépreux de la Guyane française.

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Le ministre de l'instruction publique et des cultes vient, sur la demande de toutes les autorités du département du Morbihan, d'accorder une somme de 15,000 fr. à la ville de Lorient, pour lui faciliter les moyens d'ériger à perpétuité en école publique l'établissement privé que les Frères des écoles chrétiennes y dirigent.

- Le prince Napoléon est arrivé avant-hier à Saint-Omer. Le lendemain il a passé la revue des troupes et assisté aux manœuvres à feu.

- Une lettre d'Athènes du 18 annonce que le gouvernement du roi Othon venait de décider qu'une division de trois bâtiments de guerre serait armée pour protéger les sujets grecs, dans le cas où les affaiers du Levant viendraient à se compliquer.

-Le Sénat, par suite des décrets parus au Moniteur, il y aquelques jours, se compose aujourd'hui de 154 membres, à savoir: 2 princes de la famille impériale, 6 cardinaux, 6 maréchaux et 2 amiraux, tous sénateurs de droit et 138 membres nommés directement par l'Empereur; on sait que la Contitution fixe le nombre de ces derniers à 150. Par conséquent il reste encore 12 vacances.

On lit dans le Courrier de Saumur du 26 juin :

«La Loire a commencé à croître et continue son mouvement ascensionnel. Pour la troisième fois depuis quarante jours, les prairies sont encore inondées.

La rivière, depuis hier soir, est couverte de foins qu'elle entraîne après les avoir enlevés aux prairies du haut pays. La température continue à être de plus en plus défavorable pour nos blés et nos vignes. Encore un mois de temps semblable et tout espoir de récolte est à peu près perdu. »

Une deuxième inondation de la Garonne vient de produire des ravages plus considérables encore que ceux de la première.

ACADÉMIE DES SCIENCES.

Vous me demanderez tout d'abord, n'est-ce pas, si je ne dois point vous annoncer une nouvelle planète ? C'est aujourd'hui passé en usage qu'une chasse à courre mensuelle dans les broussailles du firmament, et l'on y force un astéroïde comme un cerf dans une forêt princière. En effet, nous avons encore une nouvelle planète, la

26 de sa catégorie, c'est-à-dire située comme les précédentes dans la zone comprise entre Mars et Jupiter. A peine mentionnerais-je le nom qui lui a été donné, s'il était, comme les autres, le nom de quelque déesse céleste; mais l'astronome inventeur a voulu sortir de l'ornière et faire niche, à ce qu'il paraît, aux compagnes de sa pupille en leur associant une déesse infernale; la nouvelle venue s'appellera Proserpine. Cette idée médiocrement heureuse est la propriété incontestée de M. Luther, astronome de Dusseldorf, déjà connu par la découverte de la planète Thétis, et qu'on dit descendant direct de son célèbre homonyme. Celui-ci, comme on sait, se vantait d'être en fort bons termes avec le diable, dont il suivait les conseils, tout en lui jetant son encrier à la tête. Evidemment le grand Martin aurait approuvé le nom de Proserpine, qui porte un fumet infernal dont l'odorat de son descendant paraît avoir été flatté !

-L'Académie s'est trouvée récemment constituée en jury à l'effet de décerner la palme après un concours ouvert entre diverses races de singes. Non pas, il est vrai, qu'elle eût à décider laquelle était la plus gracieuse ou la plus jolie. Sur ce point, personne ne se fait illusion, si ce n'est peut-être... au banc des naturalistes. Mais il s'agissait de savoir laquelle des quatre tribus de singes anthropomorphes devait marcher en tête de cette grande famille. Laquelle de ces quatre caricatures de l'homme s'éloigne le moins de la forme humaine; telle est la question; et sur ce point les avis paraissent très. partagés. Toutefois, on met unanimement au panier les titres des orangs et des gibbons, dont les bras ont beaucoup trop de longueur; et la lutte n'a plus lieu qu'entre les gorilles et les troglodytes dont le chimpanzé est une espèce. M.Duvernoy plaideen faveur du chimpanzé, et se prévaut au bénéfice de son client de la forme générale du squelette. Sous ce rapport, le gorille qui est plus cambré doit céder le pas à son rival; mais il reprend l'avantage en montrant au tribunal ses mains; organe important, par la perfection relative duquel il se rapproche beaucoup plus de l'humanité. C'est ce titre que fait valoir avec chaleur son avocat, M. Geoffroy Saint-Hilaire; et si l'on considère que les rapports du singe avec l'homme consistent autant dans la mimique de ses mouvements que dans une sorte de similitude des formes, on comprend que cet argument du gorille est d'une grande valeur. Sur cette base même, on pourrait établir une grosse dissertation philosophique, après laquelle chacun, probablement, serait aussi éclairé que ci-dessus, et l'on pourra toujours dire sans doute comme Horace... ou quelqu'autre :

Præstet uter formis, anceps Academia certat.

Et à ce sujet, il n'est peut-être pas hors de propos de rappeler une de ces bonnes thèses qui, depuis Lucrèce, ont passé de main en main chez les plus hardis tenants de la philosophie. Si les animaux,

si l'homme en particulier se servent de leurs organes pour exécuter certaines fonctions, ce n'est pas que les organes aient été façonnés dans ce but par une nature intelligente, mais c'est tout simplement que l'homme, jeté en ce monde par une « force inconnue,» ayant trouvé que ces organes d'origine fortuite pouvaient recevoir tel ou tel emploi, il aura décidé de s'en servir pour ces usages; c'est tout bonnement cela, et rien de plus. La « force inconnue » qui lui a créé des pieds, si tant est que ceux-ci soient créés par quelqu'un ou quelque chose, n'avait nullement l'intention que ces pieds lui servissent pour marcher, plutôt que pour se moucher ou couper son pain; et en lui donnant des mains, si toutefois elle s'en doutait, ce n'était pas en vue des usages habituels de cet organe, plutôt que pour mettre des bottes ou porter des lunettes. Savait-elle que l'oeil qu'elle construisait ne servirait pas à parler ou à écouter de la musique; que l'oreille n'aurait pas pour fonctions de regarder le soleil ou de déguster le chocolat? Non, elle est restée tout à fait étrangère aux intentions que lui ont prêtées le commun des esprits. Si la poule pond des œufs, organisés pour produire à leur tour des poulets, la force inconnue en est très-innocente; c'est la poule qui, trouvant en elle un organisme propre à cela, a décidé qu'il serait très-convenable de pondre, et qui a fait comprendre au poulet en germe, qu'il serait très-sot de ne pas se développer, puis après casser son œuf, puisque, par hasard, la constitution intime de l'œuf se prêtait merveilleusement à ce genre d'évolution. Mais, pour en revenir spécialement à la main de l'homme, il y a une grande Ecole qui attribue à cet organe capable de tant de choses, la supériorité de l'homme sur les autres animaux ; et il est vrai que le sabot de l'âne est assez impropre à tenir une plume, ce qui l'empêche, j'en conviens, de rédiger des feuilletons académiques.

Il est vrai que la main joue un grand rôle dans la civilisation de l'homme, mais en dehors de ces esprits détraqués, qui ne comprend que l'organe est un instrument calculé pour produire les effets dont se compose la supériorité de l'homme sur la brute? Eh! mon Dieu ! la main elle-même serait-elle capable de bien des choses, si elle ne s'aidait d'une foule d'outils en tout genre? Dira-t-on que cette matn, trouvant à sa portée des couteaux, des scies, des clous et des marteaux, venant on ne sait d'où, s'en est servie parce qu'elle a trouvé ces agents propres à produire certains effets? Et n'est-il pas évident que si les outils ont préexisté à leur emploi par la main, à fortiori, leur conception, c'est-à-dire un but déterminé par une intelligence, a précédé les usages auxquels on les applique? Nos organes ont été, pour la cause intelligente qui les fit, ce que furent ces instruments pour le premier ouvrier qui les fabriqua. Cela est clair pour les esprits, ou, si l'on veut, pour les yeux du commun; mais n'oublions pas que les yeux les plus philosophiques, bien et bellement enfoncés dans des

coquilles de noix, ne voient pas plus la lune et le soleil qui si l'on regardait les astres avec le poing, par exemple, ou avec les talons. -Parmi les progrès de l'industrie, nous devons signaler les procédés de gravure photographique sur acier, présentés récemment à l'Académie par M. Talbot et M. Niepce de Saint-Victor. Jusqu'à présent, il manquait à la photographie la reproduction de ses figures; chaque dessin était isolé; pour cent dessins il fallait cent opérations identiques. Le problème de la multiplication de ses produits par l'impression ou la gravure restait à résoudre; aujourd'hui, sauf quelques perfectionnements de détail, il est résolu. Nous n'exposerons que le procédé français, communiqué par M. Niepce, et qui BOUS semble véritablement supérieur à celui de M. Talbot. Sur une plaque d'acier, préparée convenablement, on étend une légère couche d'un vernis de bitume de Judée dissous dans l'essence de lavande; sur ce vernis on applique une épreuve photographique faite sur albumine ou papier ciré d'après les procédés ordinaires, et l'on expose le tout au soleil pendant un quart d'heure. La lumière agit sur le vernis, mais inégalement, et l'on conçoit que les points soustraits à l'action de la lumière par les lignes noires de l'épreuve, soient moins influencés. Si l'on verse ensuite sur le vernis un composé de trois parties d'huile de naphte et d'une partie de beuzine, ce liquide dissoudra le vernis, mais plus vivement suivant les lignes que la lumière n'aura pas frappées. On ne lui laisse pas le temps d'agir sur le reste du vernis, et après un lavage on reconnaît que ces lignes noires ont été enlevées par le naphte et laissent des sillons où le métal se trouve à nu.

On fait agir alors un mordant d'eau forte alcoolisée, qui attaque l'acier d'abord, puis agirait sur le vernis ambiant, si l'on n'y mettait obstacle par un prompt lavage. On a donc des traits noirs légèrement creusés par le mordant. Un peu de poudre de résine qu'on sème sur la plaque fortifie le vernis au point de le rendre plus difficilement attaquable à l'eau forte; une nouvelle mouillure de ce mordant sans alcool creuse plus profondément les traits, avant d'altérer le vernis; alors, un dernier lavage enlève tout ce qui touche la surface du métal, et on a une planche d'acier qui reproduit exactement en creux l'image daguerrienne qu'on lui avait appliquée. C'est une véritable planche matrice qui donnera des épreuves de gravure en nombre illimité. On voit qu'un pas immense vient d'être fait dans cet art merveilleux, qui jusqu'à ce jour se réduisait à un simple dessin. La lumière dessinait, aujourd'hui elle grave; demain elle devra peindre; car il nous reste encore à fixer les couleurs d'une manière permanente; mais déjà on les arrête pour quelques in-. slants. Dut toutefois cette dernière conquête nous échapper, notre ambition pourrait être satisfaite par la création d'images parfaitement ressemblantes, d'images sur papier, débarrassées du miroitage

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