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hostilités éclataient en Bulgarie, le gouvernement turc pourrait mettre en ligne environ 160,000 hommes et, de plus, pénétrer dans le Caucase où il trouverait en Schamil un utile allié; on dit encore que les scheiks d'Alep auraient offert dix mille cavaliers et un million, et que six régiments d'infanterie, sous le commandement de Sélim-Pacha, sont prêts à quitter l'Egypte.

Ces préparatifs annonceraient donc une énergique résistance. Cependant une correspondance de la Presse contient ce qui suit:

« Après avoir reçu la nouvelle de l'invasion des Provinces, le conseil des ministres s'est réuni : la séance a été très-orageuse, mais aucune résolution n'a été prise dans cette première séance. Une nouvelle réunion a eu lieu le même jour chez le séraskier; dans l'intervalle, le divan avait consulté les représentants des quatre grandes puissances signataires, avec la Russie, du traité de 1841.

« Conformément à leur avis, le conseil des ministres a décidé que l'invasion des Principautés ne serait pas considérée comme un cas de guerre. » Tandis qu'on se demande encore quel parti définitif l'Autriche prendra dans cette grande querelle, voici un document qui ne peut laisser aucun doute sur les efforts que fait cette puissance pour obtenir des concessions de part et d'autre; c'est une circulaire que M. de Buol-Schanesteim a transmise aux agents diplomatiques de l'Autriche accrédités près les gouvernements étrangers, pour la communiquer à ces derniers :

« Tandis que le cabinet autrichien tenait au cabinet de Saint-Pétersbourg un langage dicté par la plus sincère amitié, et tendant à le dissuader de l'occupation des principautés, en faisant ressortir les nombreux inconvénients qu'entraînerait cette mesure, il conseillait au Divan de ne pas la considérer comme un acte de guerre, dans le cas où elle serait mise à exécution malgré nos efforts pour l'empêcher. Mus par un égal désir de maintenir l'empire ottoman comme élément de l'équilibre européen, et de préserver de toute atteinte l'alliance intime qui unit l'Autriche à la Russie et constitue à nos yeux une des barrières les plus fortes contre les tentatives de l'esprit révolutionnaire, nous avons consacré tous nos soins à prévenir une conflagration générale, tout en nous réservant une entière liberté d'action pour le cas où elle viendrait à naître, contre toute attente, de la complication qui nous préoccupe...

« Si, comme nous aimons à l'espérer, nos efforts étaient couronnés de succès; si les deux parties contendantes, ainsi que nous tâchons de l'obtenir, parvenaient à s'entendre sur un moyen terme entre la Note sur laquelle la Russie continue jusqu'ici à insister et celle que la Porte était prête à lui remettre, nous serions heureux d'avoir pu contribuer pour notre part à la solution pacifique d'un différend dont auraient pu sortir les plus grands dangers pour la paix de l'Europe. »

On n'a pas oublié l'Adresse de la communauté grecque au Sultan pour le remercier du dernier hatti-schériff. Dans son numéro du 29 juin, le Journal de Constantinople a publié deux autres pièces du même genre, émanant des communautés arménienne et juive.

On lit dans l'Adresse des Arméniens :

Les banquiers, les chefs de corporations et les autres personnes nécessaires s'étant réunis à notre patriarcat en conseil général, nous avons déplié et lu ce firman impérial avec le plus grand respect et nous en avons

fait connaître le juste contenu à tous. Cette nouvelle et éclatante preuve de la clémence impériale a comblé toute la nation d'une reconnaissance extraordinaire et sans bornes, et ainsi qu'il est le premier des désirs et le plus grand des buts de tous sujets fidèles, la langue de chacun de nous a commencé à répéter mille fois les plus ardentes prières par lesquelles nous demandons au très-juste Seigneur et donateur de tous les biens la continuation et la prolongation des jours précieux, du bonheur, de la gloire et de la hauteur de S. M. I. jusqu'à la fin du monde, et nous prions le TrèsHaut de ne jamais détourner de la tête de ses sujets fidèles l'ombre bienfaisante du très-auguste souverain notre maître.

Il nous est impossible d'exprimer la millième partie de la joie et du plaisir parfait que nous sentons en cette occasion, et nous prenons la liberté de présenter cette Adresse pour témoigner notre désir de faire au moins les plus sincères remerciments pour les bontés impériales et hauts bienfaits que S. M. I. vient de nous accorder. »>

L'Adresse remise à la Sublime-Porte de la part du grand rabbin de la communauté israélite exprime de même les plus chaleureux remercfments:

«Par ce firman, dit-il, nous, anciens rayas de votre glorieux empire, vous nous avez fait approcher encore davantage de votre infinie miséricorde, et notre nation en a ressenti une joie immense et universelle. Toutes les bénédictions parties du fond de nos cœurs resteront toujours au-dessous de ce que nous devons pour cette auguste marque de la bonté souveraine, et tout ce que nous pouvons dire, c'est que, grands et petits, nous adressons au ciel jour et nuit, et les yeux baignés des larmes de la reconnaissance, les prières les plus ardentes pour notre très-puissant souverain dont nous nous estimons heureux d'être les sujets soumis; et afin de témoigner solennellement de cette reconnaissance et de notre joie, nous osons vous présenter cette Adresse de remerciments pour le firman qui nous a été accordé, ainsi que pour l'ordonnance de Votre Altesse qui l'accompagne, et que nous révérons comme si elle était émanée de notre souverain maître. >>

Une importante nouvelle que nous apporte le Times semble démontrer que les plus grands dangers pour le Sultan ne viennent pas de ses sujets chrétiens:

« Vendredi dernier, au soir, ou samedi matin, on a vu passer dans Galata quinze imans ou loftas (étudiants musulmans) les mains liées derrière le dos et escortés par des soldats. Ce spectacle inaccoutumé a fait naître un sentiment mêlé de crainte et de curiosité, car ces gens à turban blanc sont considérés avec le plus grand respect par les bons Musulmans, aux yeux desquels ils sont les interprètes des préceptes sacrés du Coran. Ils étaient arrêtés sous la prévention d'avoir conspiré pour déposséder le Sultan Abdul-Medjid et le remplacer par son frère Abdul-Aziz. Quelques heures après, ils ont été étranglés. On dit que la population musulmane est très-opposée au ministère actuel et en voudrait un plus belliqueux. »

De tout côté se croisent les bruits, les nouvelles; nous ne pourrions suffire à les reproduire; et d'ailleurs dans le nombre il s'en trouve tant de contradictoires que la prudence nous commande une certaine réserve. Disons seulement que l'affaire du réfugié hongrois Costa, qui pouvait produire un déplorable conflit entre l'Autriche et les Etats-Unts, s'est termi

née par l'intervention du consul de France, qui a obtenu du consul autrichien la remise du prisonnier qu'on a conduit à l'hôpital.

Au.commencement de la dernière séance de la Chambre des Lords, le comte de Malmesmury, ancien ministre des affaires étrangères, a invité le gouvernement à publier les réponses qu'il a dû faire aux deux circulaires du comte de Nesselrode. Lord Clarendon a opposé à cette demande un refus fondé sur la nature des institutions anglaises, qui ne permet pas au gouvernement britannique d'imiter l'exemple donné par la France et la Russie. il a ajouté, d'ailleurs, que, pour la seconde circulaire, la seule où l'Angleterre fût nommément indiquée, la réponse était parfaitement semblable pour le fond avec celle que la France a publiée.

Danemark. On sait que les flottes de l'Angleterre doivent, en cas d'événements graves, se diriger vers la Baltique, aussi bien qu'en Orient. L'explication de ce mouvement se trouve dans la lettre suivante qu'on adresse des bords de la Baltique à la Gazette d'Augsbourg du 14 juillet :

« Il existe un traité entre la cour de Russie et celle de Danemark, de l'année 1767, renouvelé en 1773, et qui est toujours demeuré secret, d'après lequel les deux branches de la maison d'Oldenbourg se garantissent réciproquement leurs droits par une alliance offensive et défensive. Il est vrai que dans l'année 1822, le Danemark a abandonné cette alliance et a forcé ainsi la Russie à chercher une nouvelle alliance dans le Nord, par le traité d'Abo. Le Danemark aurait évité de perdre la Norwége s'il avait quitté en temps opportun son alliance avec Napoléon. Le souvenir de ce traité a suffi pour décider le Danemark à se ranger du côté de la Russie dans la question d'Orient, et des assurances formelles ont été données au cabinet de Saint-Pétersbourg. On a fait ressortir particulièrement le service éminent que la Russie avait rendu à l'unité de la monarchie danoise dans ees derniers temps et par son appui dans les négociations de Londres. Ainsi il est plus que probable qu'au besoin le Danemark se prononcera en faveur de la Russie. C'est ce qui a produit une grande sensation sur le cabinet bri tannique. Ce serait un événement très-important pour la Baltique. On peut expliquer par là cette circonstance que l'escadre anglaise à Spithead reçoit constamment des renforts, et que l'on rattache les résolutions de la GrandeBretagne concernant la Baltique aux événements possibles dans la mer Noire. On sait que l'Angleterre tient dans ses mains, non-seulement les deux grauds emprunts danois, mais aussi tout le système des chemins de fer. Le Danemark ne peut résister diplomatiquement à la Russie, et sous le rapport maritime il dépend de l'Angleterre.

« Que l'Angleterre place, en effet, un vaisseau de guerre dans le Belt et neuf autres à la hauteur des ports de Kiel et de Flensbourg, et tout mouvement du Danemark se trouvera paralysé. La Russie n'a qu'à invoquer ses anciens traités sur le Holstein pour mettre le Danemark dans l'impossibilité de faire ce qu'il serait cependant forcé de faire par la crainte de l'Angleterre. Ainsi la situation est très-pénible, mais il est certain que là Russie en est maîtresse. >>

L'empereur Nicolas songerait-il donc de Varsovie, d'où il menace l'Occident, à s'avancer par le nord de l'Europe en même temps qu'il en fait envahir l'Orient et le Midi ? Alfred DES ESSARTS.

ROME.

Nouvelles Religienses.

Sa Sainteté a daigné nommer le cardinal Savelli protecteur de la vénérable archïconfrérie de la Cour romaine sous le titre de Sainte-Marie du salut des Malades (S. Maria della salute degli infirmi), et le cardinal Caterini, visiteur apostolique de la maison pieuse des Orphelins.

DIOCÈSE DE LIMOGES. Nous avons annoncé la touchante cérémonie qui a eu lieu le 3 juillet, dans la métropole de ce diocèse, pour la bénédiction de la première pierre de la nouvelle Eglise placée sous l'invocation de S. Martial. A cette occasion, Mgr Buissas a prononcé un éloquent discours, dont Voici l'exorde :

« Il y a dix-huit siècles, un Apôtre, envoyé au nom du Seigneur par celui que l'Eglise a justement nommé le Prince des Apôtres, parut pour la première fois dans ces contrées. Il venait, au milieu des ténèbres de l'idolâtrie, faire briller le flambeau de la Foi catholique; au milieu du désordre et de la corruption des mœurs païennes, faire régner la pureté et la sainteté de la morale de l'Evangile; au sein d'un peuple subjugué par la double puissance de la tyrannie romaine et des préjugés philosophiques de Fancien monde, annoncer le dogme de la liberté des enfants de Dieu, et poser les premiers fondements de l'Eglise de Jésus-Christ. L'édifice spirituel qu'il s'appliqua à fonder s'éleva bientôt par de merveilleux progrès. L'Apôtre y prodigua ses travaux et ses sueurs; quelques-uns de ses disciples le cimentèrent de leur sang; ses successeurs y consumèrent héroïquement leur vie pleine de dévouement et de saintes œuvres. Les âges suivants saluèrent par les acclamations de la Foi les miraculeux développements de l'Eglise de Limoges, et les fruits divins de l'apostolat de saint Martial. La piété du peuple et la munificence des rois élevèrent en l'honneur de ce saint Apôtre des temples magnifiques; le temps qui renverse tout, mais qui peut tout reconstruire, les détruisit et les réédifia tour à tour; dans des jours de funeste mémoire, les débris en furent de nouveau dispersés, et enfin après dix huit cents ans de luttes et de revers, de combats et de triomphes, vous, N. T. C. F., enfants de saint Martial, et nous, votre évêque son successeur, nous sommes ici réunis aujourd'hui, pour relever ces saintes ruïnes, pour perpétuer sa gloire dans la fondation d'un nouveau temple élevé sous son patronage béni, ajouter un nouveau fleuron à la couronne de l'Eglise de Limoges en mémoire de l'Apôtre qui en fut l'héroïque et illustre fondateur.»> Sa Grandeur a fait ensuite ressortir l'admirable preuve que la perpétuité même de l'Eglise tire aux yeux des peuples, du renouvellement sans cesse reproduit de ses temples. Le vénérable prélat a rappelé que naguère encore, au moment où les trônes croulaient de toutes parts, sa noble et antique cathédrale voyait relever paisiblement sur ses murs séculaires le faîte glorieux qui la couronne. Le nouveau temple ne dira pas moins haut les triomphes du christianisme :

« Après une vie pleine d'œuvres, de labeurs et de mérites, a-t-il ajouté, vous viendrez vous reposer et dormir à l'ombre de ces murs pour y attendre le dernier réveil, et d'autres vous succéderont dans vos mérites comme dans votre foi. Un jour, dans des siècles peut-être, fragile ce temple, comme tout ce qui est de la main de l'homme, s'écroulera, sous le poids du temps; mais la Religion en sortira toujours également jeune, comme ce qui vient de Dieu; vos descendants lui élèveront, comme l'ont fait vos pères,

comme vous le faites aujourd'hui vous-mêmes, des temples glorieux, et la cité de Limoges, qui la verra à jamais fleurir dans son sein, sera toujours fidèle à sa foi catholique, et aux enseignements qu'elle reçut de son immor. tel Apôtre et de son premier Évêque saint Martial. »

DIOCÈSE DE Grenoble.

On lit dans le Courrier de l'Isère :

«Par décret du 7 juillet 1853, la nomination de MM. Orcel et Chambon, comme vicaires généraux du diocèse de Grenoble, a été agréée par S. M. l'Empereur. Le 11, Mgr Ginoulhiac a présenté ses grands vicaires titulaires aux autorités de Grenoble.

< Mgr l'évêque est allé aujourd'hui faire une visite au couvent de la Grande-Chartreuse. »

DIOCÈSE DE Soissons et LaoN. Mgr l'évêque vient d'adresser à MM. les curés de son diocèse une lettre-circulaire, en date du 1er juillet, pour annoncer que le dimanche suivant il sera célébré dans toutes les églises et chapelles un Salut solennel pour demander à Dieu qu'il rende le temps favorable aux moissons.

ANGLETERRE. Mgr Grant, évêque de Southwark, venant de Londres, est arrivé hier au Havre. Cette simple annonce fournit au Courrier du Havre l'occasion de nous révéler le fait suivant bien consolant pour la religion:

« Le diocèse de Southwark est formé de toute la partie sud de Londres. Le camp de Chobham étant situé sous sa juridiction épiscopale, Mgr Grant y va, chaque dimanche, célébrer la sainte messe. Il est curieux de considérer la disposition des esprits et le développement de la religion catholique en Angleterre. Ainsi, pendant que les ministres anglicans font leur prêche devant leurs co-religionnaires, dans le même camp, à quelques pas de distance, Mgr Grant célèbre la messe, en présence de près de 2,000 catholiques, agenouillés et la tête nue. Quel enseignement et quel progrès de la vraie liberté depuis un quart de siècle! »

SUISSE. On écrit de Suisse que Mgr l'évêque de Côme a adressé au gouvernement des Grisons une requête réclamant contre les calomnies et les attaques contre la religion catholique dans le Grigione italiano, publié à Paschiavo. Ces publications, dit le prélat, peuvent troubler la concorde des habitants, dont la majeure partie est catholique. L'évêque demande que le gouvernement fasse respecter la religion catholique et le Pontife son chef.

MISSIONS. On lit dans le Maine du 11 juillet :

« Hier, notre ville possédait dans ses murs Mgr Charbonneaux, de Vitré (Ille-et-Vilaine), depuis 23 ans dans les missions, évêque iu partibus, de Jassen, et vicaire apostolique du Meissour, vaste royaume dans l'intérieur de la presqu'île occidentale de l'Inde. Prélat plein de zèle et de dévouement; savant dans les langues Tamil ou Malabare, Canara et Tenegou, il a publié et imprimé lui-même quelques ouvrages en Canara. Il a pour collaborateurs dans sa mission, MM. Bigot, de Parigné-l'Evêque, et Bautelou, du Mans. Le désir d'avoir des Frères et des Sœurs pour l'instruction de la jeunesse le ramène momentanément en France.

• Mgr Charbonneaux appartient à la congrégation des missions étrangères. »

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